tion de n en l : ainsi dit-on Ningiuèn, au lieu de Linguien, et
Yunlan pour Yunnan, Yunlang sen pour Yunnang sen; mais
en somme, la dissemblance n ’est pas grande.
Tel qu’il résulte de son ascendance chinoise avec mélanges
d indigènes, spécialement de Lolo, le Yunnanais est hautain,
méprisant pour les étrangers, qu’il abaisse tous, Européens
compris, au niveau des aborigènes ses voisins, méprisés de lui
depuis tant de siècles. Il est, d’après Madrolle, peu hospitalier
point généreux, et il aime à faire « mousser » sa qualité de
Chinois.
L’élément mahométan a une grande importance en Yunnan.
On estime que les Musulmans sont au nombre d’un million
dans la province, et l’on dit communément qu’ils ont à eux
seuls autant d’énergie que tous leurs co-provinciaux ensemble :
en tout cas ils les méprisent souverainement.
L insurrection qui éclata en 1855 et qui eut pour résultat
de constituer pendant quelques années un État indépendant
dans le Yunnan occidental, commença par une simple dispute
entre mineurs bouddhistes et musulmans, les uns et les autres
exploitant des veines d ’argent à Chiyang, vers les sources du
neuve Rouge.
, aucune province de la Chine, la religion mahométane
n avait fait autant de progrès que dans le Yunnan. Issus de
quelques émigrants arabes venus peu de temps après l’Hégire
et de soldats bokhares qu’amena Koublaï khan dans une expédition
de guerre au milieu du xm” siècle, les Hol'-hoï du
Yunnan ne se distinguent pas physiquement des autres Chinois
de la province, auxquels les ont mêlés de ■ continuels croisements.
Mais la différence de la nourriture, surtout la haine
fanatique des Mahométans pour la viande de porc, la différence
des cultes, et bien plus encore les luttes d’intérêts entre les
groupes de mineurs, ont fait surgir des conflits et causé des
massacres.
Toutefois les éléments les plus divers se rencontrèrent
parmi les rehelles, désignés d’ordinaire à l’étranger par le nom
barman de Panthé : à côté des Mahométans se trouvaient des
Chinois bouddhistes et taoïstes, ainsi que des Lolo, des Paï,
des Miaotze de toutes les tribus ; d’autre part, des musulmans
étaient restés fidèles au gouvernement, et c’est un Hoï-hoï
qui, après avoir fait triompher les siens,! ramena la victoire du
côté des Chinois.
assez grand nombre des Panthé vaincus allèrent s’établir
dans les montagnes de la frontière fie Siam et de Bar-
manie parmi les Chan et les Katchyen; mais les vides se sont
comblés par des immigrants du nord, venus pour la plupart
du Setchouen, qui fut toujours pour le Yunnan le grand réservoir
des hommes.
La guerre civile et religieuse, la famine, le typhus et autres
épidémies qui suivirent, ne sont pas les seuls fléaux qui aient
visité le Yunnan dans la seconde moitié du xixB siècle : la lèpre
s’est répandue dans le pays. On a prétendu que cette maladie
était inconnue au Yunnan et que son apparition coïncida avec
l’arrivée des Européens; mais il faut peut-être voir l’origine
de cette rumeur dans la malveillance des mandarins pour les
étrangers. . ■ . . . ..•>■ .
La peste a fait aussi de grands ravages dans la contrée, à
la fois sur les hommes et les animaux. Il paraît que l’épidémie
commence toujours par les rats.
La capitale du Yunnan a nom Yunnan sen.
iv . . Sen signifie à la fois province et chef-lieu de
v il l e s province : Yunnan.sen équivaut donc tout sime
t l ie u x , plement à « chef-lieu de. la province du YunrEu
a r- nan ». Et en rétablissant la signification de
q u a b le s Yunnan,vil se trouve que ces trois syllabes
répondent à : « -la capitale de la province qui est
au Sud des nuages » S d’un côté trop de concision, et de. l’autre
trop de particules. - . ■ ■ ■ ■ ■
Yunnan sen, à près de 2 100 kilomètres au sud-ouest de
Peking, à 1960 mètres au-dessus des mers, avoisine la rive
septentrionale de la nappe d’eau majeure du Yunnan, le Tien
che ou Tien haï, la c merde Tien», ainsi nommée d’un antique
royaume occupant jadis la plus grande partie du plateau. Ce
Tien che, sorte de Léman dont le croissant se courbefiu sud au
nord, au lieu de Test à l’ouest, peut avoir 150 kilomètres de
tour, à 1950 mètres d’altitude entre monts de 2 000. Ses campagnes
riveraines sont riches en céréales, en champs de lin et
de tabac, en vergers; çà et là des troupeaux de moutons, de
chèvres, de boeufs et de buffles paissent sur le flanc des collines.
La culture du pavot a fait disparaître une denrée très importante,
la cire : les gens racontent que les abeilles, attirées vers
la fleur du pavot, comme le sont les Chinois vers l’opium, ont
toutes fini par succomber après la deuxième saison, empoisonnées
par le suc délétère de la plante. Les eaux du lac s’écoulent
vers la rive droite du Yangtze kiang par une rivière qui
devient peu après un torrent rapide à la descente des monts.
L’illustre Garnier attribuait 50000 habitants à Yunnan sen,