
c’cit de fervir d’interprète au monument fur le- l
quel elle le place. C ’eft alors qu’identifiée en 1
quelque lorte avec lu i, elle joue véritablement
un rôle important. Elle celle d'être- acceffoire, &
parvient à réunir le plus haut degré d’utilité.
L a décoration d’un édifice, quand elle puife dans
la fource de l’allégorie les motifs qui lui font
propres, fert encore après fa ruine a nous apprendre
fa defini a tien. Combien de monumens
nous 1 croient parvenus fans nom, fans emploi
connu, fi des fragmens de leur décoration, fi quelque
relie d’allégorie ne nous apprenoient & ce
qu’ils furent, & l ’ufage auquel ils fervirent.
L’allégorie offre à la décoration une vafte carrière.
Si l’on confidère les agens qu’elle emploie,
les fujets qu’elle embraffe , on verra qu’elle rend
tous les arts d’imitation tributaires de l’architecture,
& que le domaine de fes inventions n’a d’autres
limites que celles même de l ’imitation.
Tout ce que la décoration doit à la peinture &
à la fculpture eft d’un détail trop nombreux pour
entrer dans' une analyfe fuccincte. Cependant on
peut diviler en trois claîTes les principaux objets
d’allégorie que la décoration, par le moyen de la
peinture ou de la fculpture, fait-appliquer à l’àr-
chitecturè.
L a première claffe comprend les attributs.
La fécondé fe compofe des figures.
La troifième embraffe les fujets de compofition.
Je comprends fous le nom d’attributs tous les
fymboles , tous les emblèmes , qui rendus vifibies
par le moyen delà fculpture ou de la peinture,
deviennent par leur concifion des efpèces de monogrammes
dans l’écriture figurée dont il s’agit,
& q ui, employés avec la précifion & la convenance
néceflaire, fervent à l’explication de l’édifice.
A la tête de ces attributs, l’on doit ranger sans
doute la plus grande partie de ces feuillages , de ces
plantes, dont l ’art de l’ornement-s’eft fait une attribution
particulière. C’eft aux cérémonies reli-
^ieufes des peuples encore fimplesc’eft au défir de
parer & d’embellir, par les dons de la nature, les
demeures des dieux; c’eft aux offrandes de fruits,
déplantés, de légumes, aux oblations & aux fa-
cnnces, que font dus pour la plupart, ces rinceaux
chargés de fleurs ou de fruits, ces enroule-
xr.ens contournés ou modifiés par l’art & le goût.
Il eft difficile de fe rtful’er à une celle étymologie,
quand en voit qu’au milieu même du luxe artificiel
de la décoration dans les édifices, les décorations
naturelles dont on vient de parler, n’ont pas
ceffé d’être mis en ufage pour les cérémonies 8t.
-dans les fêtes reü^ieules ou civiles.
Àinfi les guirlandes, les fêlions, les fleurs, |e,
couronnes, les feuillages divers deschaoiîeaut
auront dû leur origine aux cérémonies religieuft;’
Chacun de ces objets peut donc, comme attribut
comme emblème d’un ufrge fenfible & connu
figurer dans la décoration avec une fignification
fpéciale & caractériftique.
Les inftrumens de facrifice, les ornemens des
facrificateùrs, les vafes faints, les têtes des ani-
maux facrifiés, les bandelettes , les patères, & tout
ce qui entreit dans cette partie du culte des an.
ciens, eft paffé comme attributs dans la 'décoration
des édifices facrés. L’architecture a fait de
tous ces emblèmes des lignes de convention, qui,
"malgré les différences d’ufiages .fur venus. dans les
cultes modernes, n’en font pas moins reçus connue
moyens d’indication métaphorique de la deftinacion
des monumens auxquels ils s’appliquent.
Chaque divinité avoit chez les anciens ses attributs
particuliers, ( attributs ). Mais chaque
divinité n’étoit elle même qu’ une, efpèce-d’attribut
des diverfes propriétés de la nature.& des
diverfes relations des chofes, foit dans l’ordre phv-
fiqué, fci’t dans l’ordre moral. Ainfi, quoique l’on
ne croye plus à Jupiter, à Y ciras, à 'Neptune,
aux Nymphes, à Diane, à A p o llo n a u x Mules.
& à ce peuple d’êtres far.taftjques, dont le génie
des, poètes avoit fait un monde imaginaire ,:
comme l ’on ne peut ceffer de croire aux idées
attachées à ces êtres allégoriques, aux rapports
qu’ils expïimoient, aux qualités diverfes dont leurs’
noms & leurs figures étoient l'expreffion, les attributs
qui formoient leur cortège., fort devenus
autant de devifes ou d’emblèmes , qui conftituent
le langage figuré des arts d’imitation. La décoration
de l’architecture s’en eft ‘ emparé 'fur-tout
pour caractérifer les édifices.
Rien n’empêche que l’aigle -& le foudre nere-
préfentent l’éternité, la toute - puiffance ; que le
myrtHe & la colombe n’expriment l’amour; quels
lyre & le laurier ne lignifient l’harmonie, & la
gloire; que les coquillages, les dauphins & les
rofeaux n’indiquent dans un édifice, une deftina*
tion aquatique; que.le casque &. la lance de Mars,
ne délignent la guerre; que la palme & la couronne
. n’annoncent la viéfoiré,- l’olivier la paix.
Pourquoi la balance ne vôudroit plus- dits
juftice ? Les Lèches & le carqti,oi!s ne font ils pas
fy non y mes d’amo.ui f Les épis de Cérès , le-ferptnt
*d’£fculd;. e , i’oifeau de Minerve, le coq de Mercure,
ne peuvent-ils pas être les 'équivale'ns da-
bondance,de fcience, de vigilance?
Lés inftrumens des arts, des feiences, -tousI#
objets qui fervent aux diverfes inftit tuions pour
lefqueiles un édifice ’eft fait, deviennent naturel'
lernent les enfeig-.es même de l ’édifice.,- Le champ
que trouve Part de la décoration dans l’emploi^
la combinaifon des attributs, eft donc auffi fW
reffources font horpbreufes,
îffi de. ne , point les éc«ïer
pas en faire un emploi ban-
[«rëtenao. Mais fi. ces
combien il importe ai
fans motif, ou de ne '
L l & confis I
I Tous ces attributs -font ou les lettres , ou les
î ou les piirafes d’une langue. Que. faitts-
| L | i quand vous placez des inftrumens ne lacn-
1 c » , ou de culte , là , oit il n y a ni culte ni facn-
Ë c e • quand vous décorez des appareils les plus
Ifeftovans, l’ordonnance d’mi lieu qui n’eft propre
l à aucune fête ? vous mentez au fpectateur. Que
Ifaites-vous, lorfque tranfpofant arbitrairement tops
Iles attributs, plaçant indiftin^emènt dans la dem
i if M des chapiteaux , 'des frifes, ccs profils , des
ï frontons, tous les lignes repréfentatifs des qualités,
ïpropriétés ou fubstances■ des objets, vous croyiez
| jyoïr décoré un édifice 1 vous reffemblez a un
I homme, qui, ignorant la valeur des caractères
Kde l’écriture, s’amuferoit à les tracer oapricieuse-
’i ment, fans s’inquiéter du fens qui en ré.ulteroit,
. à un homme qui profererott des
J’appelle figures fimnles toutes, celles qui o*t
cl ans' la nature' ‘un modelé connu. C ’eft en ce
genre fur-tout que le génie de l’aljegorie ne conçoit
plus de bornes. L’art de la décoration y
trouvera une matière auffi riche qu’-mepuifable.
Comme la fculpture & la peinture peuvent per-
fdnifier toutes les qualités morales, toutes les idées
abftraites, & reproduire fous la forme corporelle
prefque tout- te q u i; compofe le ’domaine’de la
poéfie, il eft peu de fujets-qui ne puifi'ent recevoir
du décorateur une explication naturelle par.
le moyen .des figures allégoriques.
A quelqu’emploi que foit deftiné un édifice,
quel que foit le mode de fon architeélure, les figures,
fi elles font caraâériftiques, ajouteront beaucoup
èffon effet : un arc,de triomphe , une^perte
de ville ,ù n théâtre, un*'hcfpice , un marché , un
grenier-d’aboodancë , une fontaine , un palais public
ou particulier, un temple , un arfenal , tous
les monumens: enfin preïentent a la fculpture des
motifs d’allégorie de tout genre & de toute me-
, fure.
t C’est à refpeâer ces signes & leurs rapports
[avec l’édifice auquel on des applique, que le décorateur
doit, mettre fes foins., s’il veut m’atta-
teher & meVaire, & contenter tout à la fois nies
yeux & mon efprit. 11 ne 1er a pas moins .ferupu-
leux observateur de ces convenances dans la le-
tconde âpèce d’objets allégoriques.
| J’ai rangé les figures dans la fécondé claffe d’allégories
ou d’objets, par lefqUêls la décoration éx-
î piique les fujets que traite rarcmteêiure.
| Les figures fe confidèrent ou par rapport aux
‘ fujets qu’elles expriment, ou par rapport à la ma-
, nière dont l’art les employé.
Quant aux fujets, les figures ? comme moyen al-
I légoriqùe de décoration ? fe divifent en figures fimples
& en figures compofées. J’ appelle figures
compofées toutes celles que le génie de la déco-
f ration a empruntées de l’ancienne manière d’écrire
hiéroglyphique , & qui n’étant alors que les fi-
l gnes des objets, ou de véritables lettres , font,
P par une efpèce d’abus fort ancien 9 paffées dans l’ar-
[ chite&ure & l’ornement, quoique leur fens & leur
| valeur littérale foyent perdus. De ce genre font
Eî- tous ces affentblages d’animaux -de1 demi-figure.,
| tous ces açcouplemens.d’.qfpèces diverfes, dont l’art
de l’arabçfque, fur- tout femble avoir .fait • fon pa-
F trimoine ,( yo/e{ arabesque). II eft atTez'difficile
Æujourd’hui'de ratta.c^ie)r tous ces objets, eu q"uel-
| que forte monftrueuxy à une chaîne d’idées pré-
cifes & fignificatives. Aufti le décorateur n’en fera-
t-il qu’un, fobre ufage : & s’il, parvient, comme il
r n’eft pas in ip o ffib le à les faire ercrer dans un
f fyftême raiïoriné ‘ d’iiUegorié^ il aur.i bien mérite
1' du b0:1 g, ût & des vrais connoifleurs- du beau
f en architeSure.
L ’artiffe décorateur fe gardera cependant d’abii-
(er rie ces reflburces. L’indiicret emploi ttn’on en a
fait n’ a pas peu contribue à diminuer la valeur
du langage allégorique de la fculpture dans
les édifices, Bientôt l’équivoque & une forte de cacophonie
en ont vicié les cléméns. Les artilles &
les décorateurs fe font habitués à n’y voir que de»
fujets propres à exercer leur génie , au lieu d’y
veir des figues, dont il faut refpecler les^ convenances.
De-là l’incertitude & la drfette meme des
caractères de cette écriture emblématique.
Rien de pire atiffi dans ce genre que l’obfcurité,
Evitez fur-tout de prendre vos lu jets dans les
fphères de ifabifràction & dans les régions d’une
métaphyfique trop fubtilifée. Malheur à toute dé-
coration qui a beloin d’un clef pour erre entendu«
du plus grand nombre. N’allez pas placer des^énigr*
mes qui ayent befoin d’ être expliquées elles-mêmes 3
pour expliquer votre monument.
Les figu r e si trouvent place dans la décoration ,
foit en bus - relief , foit en ronde boffe , cornai«
ftatues*
Sous ce dernier rapport, on s’habitue plu* qu’ort
ne devroit à regarder les figures comme objet
purement décoratoire. L’arcbiceéle fait des niches,
des piédeftaux, des colonnades, & fou vent y place
des ftatues pour l ’effet feul de la compofition, &
s’inquiète peu des rapports de lenrfujet avec l’objet
& la de (filiation de l’édifice. Sans vouloir mettra
trop de rigueur dans la critiqua qu’on peut faiie
de cet emploi, on ne fauroit cependant recommander
au décorateur trop de circonfpecfion aufti ,
& trop.de ménagemens.à ufer des ftatues comme
jnoyen fimple d’embeiliffemsuç» Je ne nie pus qu»