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aux deux extrémité du parement, en les bomoyant
l'une fur l’ autre du même point de vue.
C ’eft dreffer une pièce de bois de charpente pour
la rendre droite , ou pour la raccorder félon le
biais de la place où elle doit être pofée.
C ’eft dreffer une pîanch : un paneau, un bâtis •.
en le bornoyant, pu félon une cherche propofée.
C ’eft auffi raccorder un talus avec une pente de
terreiq.
D ÉG O R G ER ,-v . a£t. Se dit des tuyauxv de
conduite que l’on vide pour les nétoyer..
- DÉG R AD A T IO N , f. £ Eft l’effet du défaut
d’entretien des parties d’ un bâtiment , ce qui le
rend caduque ou inhabitable. „
' DÉG R ADÉ , adj. m. On cara&érife ainfi un bâtiment
qui eft devenu inhabitable , faute d’en .
avoir entretenu les couvertures, ou d y avoir fait
les autres réparations néceffaires.
II ne fiiffit pas de faire des bâtimens folides, les
mieux conftruirs exigent des foins continuels. .C’eft
- à eux qu’eft due leur confervation. L ’entretien-d’un
bâtiment confifte à'y réparer les plus légers com-
ir.encemens de dégradation & à ne leur donner jamais
le temps de s’accroître. Un pareil entretien
n’eft jamais difpen dieux. Si l’on a le malheur de
le difeontinuer , la fomme annuelle d’entretien ne
fe trouve plus en proportion avec les réparations
à faire, le'mal fait des progrès, & bientôt pour
réparer un édifice, il en coûte autant que pour en
çonftretire un "nouveau. Ainfi périfïènt~par des dégradations
incurables des monumens que les plus
légers foins euffent confervé pendant des fiècles.
On dit d’ un mur qu’il eft dégradé, lorfque fon
enduit ou crépi eft tombé , & que fes moëlons
font fans liaifons.
- DÉGRADER, T. aô. Ç e ft détruire la couverture,
les enduits ou revêtifiemens des rnurs, -gâter
& arracher les peintures, dorures, ornemens &
décorations d’un édifiée.- C ’eft produire ce qu’or-
di-airement. beaucoup mieux & plus vite que le
temps , favent faire l ’ignorance , la barbarie &
les pallions produites par le fanatifme politique ou
religieux.
DÉG RAVOYEMENT, f.m. C’ eft l’effet que
produit l’eau courante en d échauffent & défaeô-
lant les pilotis de leur terrain, par un bouillonnement
continuel. On prévient cet effet ou l’on
y remédie en faifant une crèche autour du pilotage.
DÉGRAVOYER , v. a&. Dégrader, déchaufler
les pilotis, ( voyt\ l'article f recèdent, ) J
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DEGRÉ., f, m. Ce mot dérivé du latin p'adut'
eft en archite&ure fynonyme de marche. Mais lV
fage veut qu’on l’ applique particulièrement ai(x
grands édifices & aux monumens publics,
Ainfi l’on dit les dègrés d’un temple & les mar-
ches d’ un efcalier en bois.
Vitruve nous enfeigne la proportion des degrés
dont fe formoient les efcaliers des temples.
« Les' degrés , dit-il, de la face intérieure du temple
doivent être ordonnés de telle forte', qu’jjj
loyent toujours en nombre impair, afin qu’ayant mis
le pied droit en montant fur le premier degré,
il arrive qu’on le mette auffi le premier fut le
haut des degrés pour entrer dans le temple. »
« La hauteur des degrés, a mon avis, ne doit point
être de plus de dix pouces, ni moindre de neuf,
C e t t e ' proportion rendra la montée facile. Le giron
des degrés n’aura ni plus de d e u x pieds d e large
ni moins d’un pied & demi, & fi l’on pratiane
des degrés tout à l’entour du temple , iis doivent
fe faire dans la même proportion. »
Cette proportion affignée par Vitruve aux Je-,
grés des temples e ft, ainfi que l’obferve Galiani,
un peu différente de celle que fuivent les moderne?.
Tout dépendant de l ’habitude , il eft clair que
fi les degrés anciens nous paroiffent peu commodes
les nôtres ne l’auroient pas paru davantage aux
anciens.
Peut être auffi l’entrée des temples étant moine
publique chez les anciens que chez nous, eut-ca
auffi moins de raifons de facrifier à la commodité
le.bon effet que produit dans l’architeélure la hauteur
des degrés.
Au refte , lorfque tes degrés dont fe formoit la
circonférence des théâtres & des temples étoient trop
élevés > on taiiloit dans leur épaiffeur de plus petits
degrés , c’eft-à-dire , que d’un degré l’on en faifott
deux, ou bien , on établiffoit fur lés degrés de
pierre un efcalier poftiche* qui doubloit le nombre
des degrés. Le P. raoli prétend avoir vu les trac«
de cette pratique à des temples de Poeftum.
La proportion des degrés n’étoit pas la même
chez les anciens dans leurs édifices privés. Virruve,
T,, o , ch. 2 , nous apprend qu’elle fe régloic f°r
celle du triangle de Pythagore r ce qui devoir rendre
leurs efcaliers plu» roides que les nôtres. (
MARCHE , ESCALIER. )
DÉGROSSIR, v . aâ. C*eft donner à un ouvrage
la première façon & le difpofer à recevoir les au-
très qui le conduifent à fa perfection.
On dégrojjit la pierre & le marbre avec d«*
cizeaux & maillets , ou avec une pointe affutee
de court, & une maffe ; le fer au carreau & a 4
lime \ le bois de charpente avec la coignée & **
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kaclie pour.l’équarir; le bois de menuiferie arec
la demi - vârloppe.
DÉJETTÉ, adj. m. On dit que la- menuiferie
eft dcjetiée, lorfqu’étanf faite d’un bois qui n’a pas été
employé fec, fes panneaux s’ouvrent, fe cambrent
& Portent de leurs emboîtures ou rainures.
DÉJOINT, adj. m. Se dit de toute .défunion
des parties dont fe compofe un alïemblage de planches,
de-folives, de pierres , &c.
DÉLARDER, v. aét. C ’eft en maçonnerie piquer
avec la pointe d’un marteau le lit d’une
: pierre , & démaigrir ce qui en doit être pofé en
recouvrement. C ’eft auffi couper obliquement le
deffous d’une marche de pierre. Ainfi on dit qu’elle
porte fon dèlardement.
' DÉLARDER, terme de charpenterie. C ’eft: rabattre
en chanfrein les arêtes d’une pièce de bois , comme
dorfqu’on taille l’areftier de la coupe d’un comble,
& le deffous des marches d’un efcalier de bois
[pour en ravaler la coquille.
r DELÏQUIÆ. Terme employé par Vitruve pour
défigner les chevrons qui forment les arëftiers des
[croupes des combles , & rejettent l’eau d’un côté &
de l’autre, par oppofition avec côlliquict qui re-
[jCueillent les eaux dans les noués. ( Voyeç CoLH-
[QUIÆ. )
I' DÉLIT, f. m. C ’eft le côté, le fenç différent du
! lit que la pierre a voit dans la carrière.
[ Mettre une pierre en délit , c’e ft, au lieu de la
rpofér de niveau, ou en joints fur fon lit de carrière,
|faire de cè lit un parement. Cela s’appelle une
mal-façon • la pierre alors eft fujette à fe fendre &
tne peut porter de grands fardeaux.
[ DÉLITER, v. aél. Pofer une pierre dans un bâ-
Fftment, d’un fens contraire à oel ni qu’elle'avoit
■ dans la carrière, quand elle étoit fur fon lit -naturel.
[ ^ y a des pierrès qui fe délitent d’elles-mêmes :
I y en a d’autres fi dures, qu’elles ne paroiffent
lavoir ni lit, ni délit ; tels font les marbrés.
DELORME ( Philibert ) naquit là Lyon *
|vers le commencement du fiîizième fiècle. On ne
Clt.® 1 époque précife de fa naiffance. Quant à
|fe *e de fa mort, les uns la rapportent à l ’an 1577,
les autres à 1570.
[•. Philibert Delorme peut fe regarder comme un des
renovateurs de la bonne architeélure en France.
•„1°’'t^mPS>rain de Pierre Lefcot, le plus grand ar-
[ e«e français, il n’eut ni la délicateffe de fon
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goût, ni la richeffe d’invention, ni la pureté d’exécution
qui caraélérifent l ’archite&e du Louvre ;
mais il s’appliqua davantage à cette autre partie
de l’architedure qui eft la conftru&ion , & fous ce
rapport, il s’eft fait mü nom durable & une réputation
qui a furvécu à fes monumens.
Delorme eut l’avantage d’étudier de. bonne
heure les grands modèles de l ’art de bâtir. A
l’âge de quatorze ans il étoit déjà en Italie. Il y
trouva pour proteâeur & .pour guide, Marcel Cer-'
vin ,..amateur dés arts', qui devint pape fou$ le
nom de Marcel II. Témoin du zèle & des progrès.
de ce jeune artiftç, Marcel le reçut dans fon
palais & fe fit un devoir de contribuer à fon inf-
truélion. 11 lui confeilla de renoncer au pied frap- *
çais dans la mefure des édifices antique», & d’u-
fer ou du palme romain, ou du pied antique dont
il lui donna les mefures, d’après un marbre ancien
fur lequel elles fe font confervées.
Enrichi des dépouilles de l ’antiquité, Delorme
revint à Lyon fa patrie en 1Ç36. 11 y conftruifit le
portail de Saint Nizier , qui confifte dans un renfoncement
en cul-de-four, orné de colonnes &
de pilaftres d’ordre dorique, avec des niches entre
deux. Get ouvrage fut interrompu par le voyage
que lui fit faire à Paris le cardinal du Belley. I l eft
probable même qu’il ne fera jamais achevé, à
moins qu’on ne fe détermine à abattre le clocher
élevé fur une des portes latérales, & que furmonte
une aiguille en pierre d’une grande hauteur. On admire
encore à Lyon, de notre artifte ,,deux voûtes
en trompe, dont la coupe des pierres eft d’un artifice
favant & hardi pour le temps où travailloit
Delorme. Elles font dans la rue de la Juîrie. Leur
faillie eft confidérable eu égard à la place qu’elles
occupent. L ’une eft biaife, rampante, furbaiffée
& ronde par devant ; les trois quarts environ de
fa circonférence font en faillie. L ’autre qui occupe
l ’angle oppefé eft également ronde & fon
port-à-faux eft auffi faillant. Toutes deux décorées
des ordres dorique & ionique, portent un
cabinet accompagné d’une galerie ful'pendue ÔC
qui fert à la communication des deux maifons.
Le cardinal du Belley, après avoir attiré Delorme
à Paris , le fit çonnoître à la cour de
Henri* II , & de fes fils. Le fer à cheval de
Fontainebleau fu t fa première entreprife. Il ne tarda
pas à être chargé de, travaux plus importans. Les
châteaux d’Anet & de Meudon furent bientôt
conftruits lur fes, plans. On remarquoit dans le
premier la décoration fingulière de fa façade,
ainfi que fon horloge, ornée de quatre chieus dé
bronze^qui annonçoient les heures par leur aboye-
ment, & d’un cerf qui la frappoit avec L pied
droit de devant. On y admiroit auffi une trompe
*très-hardie qui foutenoit feule le cabinet du roi. U
Hé fubfifte plus des ouvrages de Delorme à Meu-
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