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«nfuite que cette mafle eft environnée d’une enceinte
à l’extrémité de laquelle eft une porte com-
prife entre deux malles pyramidales ; & qu’entre
cétte porte & celle du premier portique, il exifte
un grand efpace dont on a fait un périftyle en
plaçant des colonnes tout autour, c’eft-à-dire,
fix à la façade du premier portique, dix au côté
oppofé, 8c douze aux parties latérales , en tout
frente-huit, à caufé des colonnes, des angles qui
fout communes à deux rangées : ces colonnades
(dont l’eutre-colonnement eft d’un diamètre & | )
forment une galerie couverte, fort lpacieufe &
continue.
Telle eft en peu de mots la difpofition générale
de ce grand édifice. Pour mettre un peu d’ordre
dans la defcription d’un monument dont il eft
àffez difficile de fe faire une jufte id é e , fans avoir
les dèffins fô'us les y eu x , nous nous arrêterons fuc-
ceuivement aux parties qui fe préfenteroient aux
regards d’un voyageur entrant par la porte principale,
& d’abord à la mafie pyramidale, que les
nouveaux voyageurs ont appelée pylône.
Cette mafie ,1a plus élevée de toutes les parties
du monument, frappe l’oeil du voyageur par la
grandeur de fes proportions : les miléràbles cabanes
des fe lla h bâtis au p ied, contribuent encore
, par leur petiteffe, à faire reffortir fa grau- ;
deur & fa magnificence. Elle fe compofe dé deux
maffifs principaux, dont toutes les parois, légèrement
inclinées à l’horizon , lui donnent un afpeâ
pyramidal; ces deux màffifs font féparés par'la
porte d’entrée, & par un intervalle ménagé dans
le prolongement decetteporte. La longueur totale
eft de 69m. (212 p .) ; la hauteur de 55 m. (loypé) ;
. a profondeur t t m. (34-p.).
M. Jomard croit devoir'reconnoître dans ces
deux màffifs, qui fevetrouvent ailleurs, & notamment
dans l ’île de Philæ (1) , ce que Strabon
àppéllewgiiirüA«)' ftey<*,'&. Diodore de Sicile'îrt/Awv,
& les raifons dont il appuie fon opinion lui ont
paru affez plaufibles pour qu’il propofe de fran-
cifer ce mot, en donnant au maffif en queftion le
nom de pylône.
Ce n’eft pas icHe lieu de difcu-ter la jufteffe ou
l ’impropriété'de celte expreffion : nous nous contenterons
de décrire la partie du monument quelle
fert à défigner.
Chacun des màffifs eft remarquable par la difpofition
parfaite & la pureté d-exécution de fon éf-
oalier ; il- eft formé d e vis rectangulaires, compo-
fées de onze révolutions, ayant huit marches dans
un feus-•& cinq dans l ’autre. Il y a quatre étages
de chambres & quarante-deux paliers éclairés par
des jours étroits : les chambres font auffi éclairées
par des fenêtres de mêméforme, maisplus.gran-‘
des. L ’obfervateur;eft furtout frappé de deux rainures
prifmatiques, placées de chaque côté de la
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porte; elles font exécutées avec un foin infini - fe
î’infpeôtion de quelques bas-reliefs a fait Y! -,
qu’elles lèrvoient à recevoir une êfpèce de m'i:
triomphal, que l’on ornoit de pavillons (i)r
Quant à la porte qui fépare ces deux maffifs
elle étoità deux battans, haute de 16 m. (5o p y
& large de 5f (16 p. "-) : ainfi la hauteur étoij
triple de la largeur; ce qui lui donne un aipeQ ^
peu grêle , quoi qu’en dife M. Jomard.
Après avoir franchi cette porte, on entre daift
la grande cour en parallélogramme, entourée de
colonnes. La difpofition a cela de particulier que
chaque colonne, à partir de l’entrée, a laVafe
plus élevée que la précédente; en forte que cet
efpace eft partagé en douze degrés auffi larges que
l ’entre-colonnement, c’eft-à-dire, de douze pieds
fans avoir plus de quatre pouces & demi de haut:
le dernier de ces degrés reçoit le portique i y
de parvis au temple.
Il nous femble que le motif d’une telle ordou- !
nance a pu être d’augmenter la longueur apparente
de la cour, en ajoutant, par l ’élévation artificielle
du fol, à l’effet produit par la perpeélive
linéaire, lequel confifte dans le rapprochement
progreffif des lignes inférieure & fupérieure. Quoi
qu’il en foit de cette dilpofition, il en réfulle une |
diminution progreffive des -colonnes , depuis l’en-
trée jufqu’au portique ; car on remarquera que la
ligne de l’entablement refte 'toujours parallèle à I
l’horizon.
Le portique qui termine cette cour eft tellement
encombré d’immondices dépofées par iQsfelluhA
que l’on voit à peine les chapiteaux des colonnes:
en quelques endroits on a peine à paffer fous les
foffites : en forte que pour connoître la hauteur
& la décol-ation de fes colonnes , il a fallu faire
une fouille de i 5 à 20 p. autour de l’ime d’elles qui
étoit la moins enfouie; mais auffi c’eft là, plus
qu’ailleurs, qu’on admire à loïfir la belle tête du
palmier que l’art égyptien a il heureuferaent traiif*
portée dans l ’architeâure , .pour -en former fes
magnifiques chapiteaux. Ce monument eft fort peu
dégradé, les arêtes font -encore très-vives, les or-
nemens ont confervé toutes leurs fin elles.
La hauteur de ces portiques, jufqu’au hftél de
1 lu corniche, eft de 16 m. ( 5o p. ) , la même que
5 celle de la porte principale. Son entrée eft moins
large que celle de-cette même porte , l'entrce I
du fécond portique l’eft encore-moins. Les epail’ l
i fenrs des murs diminuent de même fueceffi renient»
il en eft ainfi "des colonnes & par eoriféquent des
hauteurs des" faites ; enfin, les trois portes qui 1 uivent j
le fécond portique, diminuent auffi de plus enpjuS
de hauteur : la dernière, qui eft la fixièore,
traduit dans le fanôtuarre.
Pour entrer du premier portique dans le fa«0' I
tuaire, on paffe • donc fou? un fécond p0i'tiq4*|
(i~) Deßription de Phllte, par Laueret, p. 7, .tome I ,
de la grande d,efcription. ( ï ) Lancret, Defcription de Phila, page 2 5.
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' lotalement encombré ; enfuile o.n traverfe
B S gm dont la première eft longue de ao m.
i f n ï Urge de i3 M B p .? J la fécondé
Lme de l3 (40. P -) & bli-ge de 4 K ' *4 P- )•
M f p fancluaire a intérieurement i.O, m. de long
K * j ) ffir environ 5 de large ( i 5 p. ), Deuj cir-
nfknces le rendent remarquable; l’une eft que
B °L ta io n fe trouve en fëns contraire de toutes
précèdent,çefl-à-dire, que I | g
Kieiir eft dans le fens de l ’axe; 1. autre, e eft qu il
Blifolé de toutes parts,, au moyen de. plnüeurs
corridors dont le premier eft fort .étroit. A cet
Broiement parfait, il faut ajouter 1 epaifteur des
Kun-S. Ainfi le faufluaire étpit garant! de 1 a.ppro-
E e des profanes,, d’un côté par fix portes de
Riite & furies trois: autres côtés par quatre mu-
rSilles, en y comprenant la.grande enceinte.
' p eft à, peu près inutile de s’arrêter à. décrire les
Ifalles | H & les. couloirs du temple : il
■ raut mieux ajouter quelques note? fur la déçorar
|tioii de ce. magnifique monument.
" Si on: l’examine avec, attention, onde voit tout
Couvert de fculpture.s, Colonnes., chapiteaux, dés,
-murailles, pieds-droits, cordons., corniches, &
■ cependant les lignes de ces colonnes & de ces
parchitraves, les. galbes de, ces corniches , d.e ces
| chapiteaux font intaôls ; il fu.ffit d’une attention
Mégère pour expliquer cette heur.eufe alliance de
la décoration & de l ’architeâure, : toutes les fçulp-
tures ayant peu de faillie fe détachent doucement
■ fur un fond parfaitement liffë : « Ce font des ta—
» hleaux tous de même hauteur, t.ous. encadrés
| » placés parallèlement fur les fa.ces.. des murs., o,u
-» des fujets qui fe répètent d’c.fpace en efpa.ee fur
K lesfrilè.s, les colonn.es & les; cprniches, ou enfin
Iv des colonnes d’hiéroglyph.e.s. également efpa-
» cées, qui rempliffent lès intervalles des figures;
toutes fculp tures extérieures qui font prefque
? liiperficielles, eu égard à la mafie du monu-
I» ment..» ,
- Les maffifs du pylône, la façade du portique, le
Ipériftyle, ont tous le même couronnement,; c’eft
pu tore ou cordon qurl.es encadre, & un.e: corniche
lereulee en gorge dont le profil eft affez. gracieux ;
laucentre eft un grand cfilque ailé, accompagné à
»droite & à gauche de l’efpèce de ferpen.t appelé-
pàoeny,- les ailes repréfentent celles de l ’épe.rvier.
Ket ornement eft du plus grand effet far toutes les
■ portes .égyptiennes..
i , G’eftàJft/ptt qn onpeut étudier particulièrement
[tes chapiteaux des périftyles. Ces chapiteaux font
| différemment ornés ; mais la différence, n’a rien,
qui choque , parce que le galbe eft généralement
| .e. ®eaa6- D’ailleurs , -fi dans une même rangée ils
[diffèrent tous d’une colonne à l ’autre , comme d’un
pitre coté ils fe répètent fymétriquement en face ,
Kette fymétrie n’eft pas dénuée d’agrémens.
I Le galqe de tous les chapiteaux eft à peu près le
p?eme; c’eft toujours le caliqe du lotus ou du né-
nnphar; il n’y a d’exce.ptionque pour celui & feuilles .
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de dattier qui eft le plus beau de tous, & pour celui
du fécond périftyle qui offre l’image du ciborium
ou fruit du lotus., décrit par Hérodote, Athénée
& Théopbrafte..
II. Petit temple.
On a dit qu’il eft à peu de diftance du grand;.
Son axe failrun angle de 66° à 1 oueft du méridien
magnétique. Sa longueur eft de 24 m. (74 p* ) S
fà largeur de 14 (45 p. )., & fa hauteur de 7 f
(à5 j p.)^Il eft compofé de deux falles, & environné
de quatre côtés par une galerie de colonnes.
Aux angles font des piliers maffifs; les façades
latérales ont fix colonnes & les autres deux; mais
les entre-colonnemens de ces dernières font plus
larges..
Ce temple eft confidérablement enfoui à l’ex térieur..
Les colonnes latérales font enterrées ju squ’aux
chapiteaux. C’eft principalement dans la=
galerie du nord que le fol eft le plias exhauflé.
Le diamètre des colonnes de ce temple eft d’un;
peu plus de deux pieds huit pouces ; la colonnç a
environ cinq diamètres & demi. Elles fönt fur- *
montées d’un, dé alongé qui porte fur les quatre
faces une figure de Typhon ;.la dimenfion de oette
figure eft un peu- au-deffbüs de nature ; fon attitude
a quelque chofe de pénible; elle a les jambes
écartées & les mains app.uyées fur les hanches; fes
membres font courts ; la groffêur en eft difpropor-r
tionnée ; mais celle de la tête l’eft davantage._
La faijliß eft plus qu’en demi-relief;. & les pieds
pofènt far le chapiteau. Au refte , toutes les fculp-
tures renferment ou l ’image de Typhon ou. celle
d’Ifis; 8c de fon fils Iiorns : 8c M. Jomard ne fait
aucun doute que ces petits temples qui accom-
pagnent prefque toujours les grands ne ïoient prefque
tous confacrés à Typhon-. Auffi propofe-t-il.
de les appeler Typhomum.,, mot que Strabon-.
femble d’ailleurs avoir confacré.
ÉTIENNE, appelé Masucio second-, né en 1291
& mort e n 'l5p8...
Cet architeâe fut ainfi furnommé du nom de-
fon. maître. Le nouveau M a ß t e 10 l’emporta fur
l’ancien en pureté de goût 8c de ftyle. Il étoit encore
à Rome étudiant'd’après l’antique-, lorfque le
roi Robert l’appela à Naples pour là conftruéKon
de la grande églife de Sainte-Claire. Mais ayant
qu’il put fe rendre à celte invitation, l’édifice fut
commencé dans le goût le plus gothique-. Mafucio
en fut vivem.eirt affligé, 8c chercha à corriger de
fon mieux les vices de la première conception. 11
conftruifit enluite l’églife 8c le couvent délia Grèce
di Palazo , la vafte 8c belle chartreufe de Saint-
Martin,Scie cbâteau5 aint-Elme. dansla même ville.
Architecte 8c. fculp teur tout à k fois, félon l’u -
fage de ces premiers temps, Mafucio fit divers
tombeaux..
Le campanile de Sainte-Claire eft auffi fon om