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cet arrangement, les effets de la dilatation & de
la condeniationpourroient avoir lieu fans occafionner
de gonflement, & lans nuire à la folidité de cette
efpèce de couverture.
Lorfque le cuivre eft fort mince , il eft bon qu’il
Toit étamé pour boucher exaôement tous les pores
de fa fuperficie , & obvier aux défauts qui peuvent
s’y trouver.
On a cherché à faire des couvertures avec un
métal compofé de plomb & de zinc; mais on a
trouvé que ce mélange réfiftoit moins à l’air que le
plomb.
On en a fait avec de la tôle enduite d’une com-
pofiùon qui la garantifloit de la rouille.
Enfin , il y a en France des provinces oh l’on
couvre les églifes & les clochers en fer-blanc. Toutes
ces couvertures peuvent s’ajufter de même que
nous venons de l’indiquer pour le cuivre.
Au palais Bourbon , on a fait ufage , pour couvrir
les combles qui font en briques, de tuiles plates
de fer fondu, qui portent, en leurs joints montans,
des rebords pour fe recouvrir mutuellement, de
manière que lorfqu’elles font en place , ces rebords
forment des cotes faillantes, comme on le voit à la
figure a n .
Ces tuiles ne fe recouvrent que d'un cinquième
de leur hauteur , au lieu de fe recouvrir des deux
tiers comme la tuile ; & comme elles n’ont qu’une
ligne & demie d’épaiffeur , elles ne pèfent pas plus
fur le comble que les tuiles en terre cuite, & font
plus durables.
Ces tuiles ont par derrière deux crochets pour
fe pofer fur des lattes comme les tuiles plates ; mais
il eft à propos qu’elles foient plus fortes.
Dans plufieurs endroits, au défaut d’ardoife &
de tuile , on fe fert d’une efpèce de pierre
qui fe refend facilement, que l'on nomme improprement
lave, & qu’il ne faut pas confondre avec
la lave des volcans. La lave dont nous parlons
eft fort fouvent une pierre calcaire ; elle fe tire
à découvert de certaines carrières , dont elle
forme la fuperficie. La grandeur de ces laves eft
depuis un pied jufqu'à dix-huit pouces, quelquefois
même de deux pieds. Leur moindre épaif-
feur eft de 5 à 6 lignes. On pofe la lave la plus
épaiffe fur les murs de face & les pignons ; on
garde la plus mince pour la partie qui doit recouvrir
le milieu de la charpente du comble.
Comme ces pierres font tout-à-fait irrégulières,
le couvreur lés taille aveçune hachette faite comme
celle des maçons.
On ne peut pofer cette efpèee de couverture
que fur des combles qui ont peu d’inclinaifon ,
pour que ces pierres pofées à plat fe maintiennent
en place par leur propre poids.
Lorfque cette couverture eft bien faite avec une
bonne qualité de pierres qui ne craignent pas la
gelée, elle eft fort folide & durable. Danç les
pays oh l’on en fû t ufage , on voit de ces cou-
ver-cures faites depuis cent ans , qui font encore en
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très-bon état, & qui fe font maintenues ainfi,
exiger aucunes réparations. Dans les endroits oh 1»
lave eft plus tendre, on eft obligé de la renou-
veller tous les trente ou quarante ans. On voit
de ces couvertures en Bourgogne , en Franche-
Comté , en Lorraine ; j’ en ai vu auffi en Savoie.
De la couverture en bardeaux.
Le bardeau eft une efpèce de tuile plate ea
bois de chêne , faite avec des douves de merain
ou de • vieilles futailles. On n’en fait guère ufage
que pour couvrir les moulins , les échoppes &
autres bâtimens femblables.
Le bardeau a 12 à 14 pouces de longueur fur
différentes largeurs, & 5 à 6 lignes d’épaiffeur. Ce
font les couvreurs qui employent le bardeau, qui
le taillent, & ils ont pour cela une hachette faite
exprès. On pofe le bardeau fur des planches jointives,
& on les arrête avec des doux comme l’ar-
doife. Le couvreur a foin de percer les bardeaux
avec une vrille, pour empêcher qu’ils ne fe fendent
en enfonçant le clou qui doit les arrêter. Cette
efpèce de couverture qui eft fort légère-, réfifte
mieux aux coups de vents que l ’ardoife. C ’eft pourquoi
on la préfère quelquefois pour couvrir des
flèches deJ cloches. Pour la rendre plus durable,
on la goudronne , ou on la peint à l’huile en noir
ou en gros rouge; il faut renouyeller cette peinture
tous les deux ou trois ans , pour que la couverture
fe conferve bien.
Dans plufieurs villages on couvre les maifons
en chaume, c’eft-à-dire, en paille de feigle ou
de froment & quelquefois en rofeaux. Pour faire
cette efpèce de couverture après que les faîtages
& pannes du comble font pôles, on y attache
avec des ofiers , des perches au lieu de chevrons,
& des perchettes en travers, fur lefquelles le couv
re u r applique le chaume avec des liens de
paille; plus ces liens font ferrés, plus la couverture
eft folide.
Cette couverture fe commence par le bas comme
toutes les autres ; chaque lit ou rang fe nomme
javelle. Gomme les brins de chaume font fufeep-
tibles de s’ affaiffer , on ne fait cette couverture
que par intervalle, c’eft-à-dire , qu’ on l’interrompt
pendant un ou deux jours, avant de la terminer
tout-à-fait. Au bout de ce temps, le couvreur la
vifite, pour y introduire, s'il eft néceflaire , de nouveau
chaume dans les endroits qui ne font pas
àffez garnis ; il fe fert pour cela d’un inftrumént
qu’il appelle palette. C’eft un morceau de bois de
forme elliptique à manche court. Enfin il finit la
couverture, en poliffant le chaume avec un ra'teau
de bois, dont les dents font fort, ferrées, & perpendiculaires
au manche, qu’il appelle peigne.
Les couvertures en rofeaux, qui croiffent dans
les marais , s’exécutent, à peu de chofe près,
comme celle en paille , avec cette différence , que
les lattes ou perches doivent être moins éloignées
les
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Ifii unes des autres. Leur diftance doit être d environ
trois pouces ; & comme les rofeaux font
Aiiets à couler, on les lie en plufieurs endroits.
Cette couverture qui exige plus d adrefle que celle
de paille , coûte auffi davantage. Mais lort-
au’elle eft bien faite , elle peut durer au moins
quarante ans, fans qu’on foit obligé d’y faire au:
[ cune réparation.
Les couvertures dont nous venons-de parler
ne conviennent pas également, à toute forte de
(pays & d’ édifice; c’eft à la fagacité de l’archi-
, |eae à déterminer les cas oh l ’on doit employer
•les unes préférablement aux autres. Tel eft le mo-
tif qui nous a engagé à détailler toutes celles que
[Ton a coutume de mettre eii ufage.;
COUVREUR, f. m. C’eft le nom de l’ouvrier
qui fait les couvertures. Il y a dés couvreurs en
Ichaume , en tuile , en ardoife, &c. ( Voyez COUVERTURE.
)
CO Y AU X , f. m. pi. Morceaux de bois, qui
^.portent' fur le bas dès chevrons & lur la faillie de
l ’entablement , pour faciliter l’écoulement des eaux
jjV& pour former l’avance lie i’égoût d’un comble.
i COYER, 1. m. C’eft une pièce de • bois qui
,étant pofée diagonalement dans l’enrayure du com-
: ble, s’affemble dans le pied du poinçon & ré-
ipond fous l ’arêtier.
CRAMPON, f. m. Morceau de fer ou de bronze,
pointu, à crochet ou à queue d’aronde , qui fert à 1
[retenir & à confolider les aflifes de pierre ou de
f marbre.
I Les anciens employèrent des crampons de bronze
dans prefque toutes leurs eonftruâions. La cupidité
de ce métal n’a pas peu contribué, dans lès ;
temps de barbarie, à la deftruâion des monumens.
( Voye^ Bronze. )
Tous les édifices qui nous font reftés des Roumains
portent encore les flétriffures de la barbarie
qui les a dépouillés. On eft même redevable
| | t leur confervation à l’induftrieufe cupidité , qui
tavoit trouvé le fecret d’extraire les crampons de
bronze, fans renverferles pierres qui les reeeloient,
en fearifiant les blocs par les côtés fur deux faces,
; jufqu’à. ce qu’on put atteindre le métal. ,
. Oes trous fi multipliés qu’on rencontre aux
joints des aflifes, dans prefque tous les monu-
|mens de Rome, ont exercé de plus d’une manière la
, critique & l’art conjectural des antiquaires. Je
vais rapporter ici les diverfes explications qu’on
a donné de cette fingularité, qui eft encore à certains
égards une efpèce d’énigme.
Prefque tous ceux qui ont décrit les monumçns
■ de Rome , & fur-tout le Colifée, ont effayé de
découvrir quelques raifons plaufibles des trous innombrables
qu’on apperçoit dans ce vafte édifice.
Di£l. d1 Àrshiteâ. Tome I I .
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Il parut en 1651 une lettre latine de Suare z,
évêque de Vaifon, adreffèe au prince Barberin,
laquelle avoit pour titre ; diatriba de fora minibus,
lapidum in prifeis aedificiis. L ’auteufjraffemble dans
cette differtation fept opinions différentes fur le
point qu’il s’agiffoit d’éclaircir, ôc il les adopte
toutes, quoi qu’a ffurément il y en ait quelques-unes
qui doivent paroître ridicules à tout antiquaire intelligent.
Je vais rapporter ici ces opinions,& je les tire
de l’abrégé qu’en a fait Marangoni, & qui fe
trouve dans fa differtation fur le colifée , imprimée
en 1746. J’y joindrai la réfutation qu’il a faite
de chacune.
i ° . Les barbares en différens temps prirent &
saccagèrent Rome. Jaloux de fa magnificence, &
ne pouvant en renverfer les plus beaux monumens ;
ils firent au moins ce qu’ ils purent pour les défigurer.
De là les trous fans nombre du colifeé
faits à coups de bélier, de pic, &c.
Rcponfe. Il eft certain que les barbares en vou-
loient plus autrefois à Rome qu’a fes pierres.
S’ils avoient eu réellement envie de renverfer le
“colifée, ils 11’auroient manqué ni de force ni d’in-*
duftrie pour y réuflir, fi cependant on leur eût
accordé le temps néceffaire pour une pareille opération
; mais à coup sûr ils ne l’auroient pas
commencée par le premier ordre. Le plus co urt
étoit de gagner le haut de l’édifice , au lieu de
s’amufer à creufer les pierres du rez-de-chaùffee.
2q. Ces pierres ont .été forées par_ ceux à qui
l’on accorda des log'emens dans le colifée , & qui
ne purent s’y ménager des appartemens fans faire
dans les murs des trous propres à recevoir les têtes
des poutres , chevrons, &c.
Réponfe. Cette opinion explique bien la caufe
des cavités intérieures; mais elle ne rend pas raifont
de celles de l’extérieujs. Pour fe, ménager des appartemens
:, il n’étoit pas neceffaire de forer la fa-:
çade, les colonnqs, les entablemens.
30. Dans les fa&ions qui divisèrent fi fouvene
Rome, & dans les guerres que fe faifoient fes propres
habitans, ceux qui pouvoient fe rendre maîtres
du Colifée , s’en formoient un rempart contre
leurs ennemis ; ils s’y fortifiaient par des paliff.ides,
des herfes, &c. Pour les appuyer, il étoit néceffaire
d’entamer les murailles. •
Réponfe. Ici on trouve une raifon des trous exté;
rieurs, mais non de ceux du dedans des voûtes &
des arcades les plus proches de l ’arène.
4° Ces trous marquent que les pierres du Colifée
étoient autrefois liées par du fer ou par des
crampons de bronze fcellés avec du plomb , & que
ces métaux ayant été enlevés , ont laiffé les vide*
qu’on voit aujourd’hui.
I Réponfe,' Ce fentimçnt eft le’plus général ; mais