
rence des travaux de conftruôlion auxquels ils
's’appliquent.
ŸJ ingénieur militaire eft un homme qui doit
être parfaitement inftruil de tout ce qui regarde
la'Conftruâion & l’entretien des fortifications, des
édifices militaires néceflaires dans les places de
guerre, & doit par conféquent connoitre à-fond |
tout ce qui regarde l ’attaque 8c la ' défeiîfe des
places.
Relativement à la-marine, Y ingénieur militaire
eft tenu d’être verfé dans tout ce qui a rapport à
la conftruclion. des vaifleaux , des ponts, des
jetées, des môles & autres édifices de ce genre.
U ingénieur c iv il, 8c qui appartient à ce qu’on
appelle Fétablijjement des ponts & chauffées, eft
un homme qui a fait les études de conltruôlion
qui s'appliquent à la bâlilTe des ponts, des mars
de quai, des turcies & levées, 8c à la formation des
routes ou des grands chemins publics.
INGÉNIEUX, adi. m., fembleroit devoir fe dire
en général de tout ouvrage ou de tout arlifte qui dénote
du génies Cependant ce-mot exprime une
nuance d’idéeaffe% diftérenle. Ainfi,en,pa.rlanl d’un
ou v rage qui auroit exigé les plus grandes co-m b in allons
& toute la profondeur du .génie, on n’appellera
pas(eet ouvrage ingénieux. On donnera plutôt
ce nom' à l’ouvrage dont le travail aura demandé
de l’e fpnt, qui fe fera remarquer par un
emploi d’inventions fines & délicates, par une
économie de moyens 8c par des effets qui provoquent
lu lurprife p-Ius que l ’admiration. Celui
qui découvrit les lois delà pefauteur, fut un homme
de génie. Celui qui imagina le baromètre fut un
homme ingénieux.
Appliqué à tous les arts du deffin 8c à l’architecture
, le mot ingénieux défigne moins l’invention
en yau.d , que cette in vention de détails qui femblc
fjnjiiyme d’adrefle 8c d'intelligence.
On ne.donnera pas le nom d'ingénieux aux
grandes penfées, aux Conceptions neuves 8c hardies
des grands peintres, aux comportions fu-
blimes des fculptures fameufes que tout le monde
connu! t 5 niais on le donnera, comme Pline lüi-
mcinc le donnoit en parlant du peintre Nealces ,
à ces ép:Iodes adroits qui expliquent un fitjet , à
ces refîources de motifs indireôls, qui aident à deviner
ce qui pourroit refter une énigme pour les
yeux.
Ain G Pline difant du peintre qu’on vient de
nommer , qu’il étoit ingeniofus &Jbtersin arte 3 j
in g é n ie u x a d r o it dans fon-art, définit par cette
aflociation d’idées le mot dont il s^agit;, de la manière
dont nous l’avons défini nous-mêmes. Neal-
ces a voit à peindre un combat naval entre les
Egyptiens 8c les Perfes, 8c le combats’êtoit donné
fur le Nil, dont l’étendue , vers fon embouchure,
préfente l’immenfilé de la mer. Pour faire entendre
au fpeclateur que ces - eaux étoient celles
du Nil, il fit voir fur le rivage un âne fe-défaiterant
dans ces eaux, 8c un crocodile en embiifJ
cade. |
T e même écrivain fe fert des mots -argument
ingeniofo, motif ingénieux, pour exprimer l’inyeid
tion-allégorique, au moyen de laquelle le peinirel
P ai-rh afin s • a v o i t > r é uHi à repréfenter dans tiu feuJ
j 8c même fujet, lesTept ou huit caraêlères difïérens
ou contraires enlr’eux , fous lefqiTels-.il a voit voulu!
exprimer les variations 8c les conlradiGions dj
peuple d’Athènes.
Le PoufGii eft celui des peintres modernes, an-|
quel on pourroit le plus juftement appliquer le]
nom d'‘ingénieux dans le fens de -Pline, & dans!
celui de cet article. Plufteurs de fes tableaux I
comme lavdanfe des quatre conditions de la vie j
comme le- paÿfage de- l’Arcadie., • brillent par ces J
•motifs ingénieux y réfullat d’une imagination' quel
l ’étude a ornée, '8c qui a fait appeler ce peintrele
peintre des gens d,efpnt.
On.dàftingueïa de mêm e en architeâure, l’ar-l
tîfte inventif de farlifte ingénieux. Cet art eomi'J
porte plus-peut-être, qu’aucun autre, l’emploi delai
quali té que défigne ce mot. Cette -qualité ni Il pas j
celle qui produit les grands;effets, mais’ celle qui
fait-profiterde tout, 8c même des défauts de régu-j
larité , du manque d’efpaee , des fujétions les plus
gênantes ,& fait tirer d’un obftacle, des beautés qui
empêchent de foupçonner qu’il y ait eu une diHi-
culté vaincue.''Si l’on demandoi l un exemple de ce
genre de mérite , je «rois, qu’aucun arcliiteclel
n’héfiteroit à citer le palais de Maflimi , ouvrage
de Yingénieux Balthazar Peruzzi, qui fut tirer le
parti le plus heureux d’un file ingrat, irrégulier.
Toutefois ce parti eft tel qu’on le croiroil inventé
à plaifir; ce qui plait dans cet enfemble , eft pré-1
cilément ce qui-auroit pu rendre très-déplaifanle
l’architeôlure d’un arlifte moins ingénieux. Tou! y fl
eft commandé par le file , 8c l’on croiroit que far-1
chiteêle a commandé lui-même l’emplacement.I
1/efpace eft petit 8c étroit; tout ce qui le remplit I
eft grand 8c y paroi t à l’aife.
C’eût encore dans le choix fk l’emploi des orne- I
rüens ,'8c anfli dans leur application aux différent !
efpac.es '& dans la lignification qu’ils peuvent te? I
cevoir par des comhinaifons. nouvelles, que lar-l
elnle&e fait preuve d ’un talent ingénieux.
JNGRAT, f. ta. Cemot fe dit, en architecture,
de tout ce qui fe montre rebelle,. foil à rmven- j
tion, l’oit-à l ’exécution.
Il y a dans cet:art, comme dans-les autres, des
fujels ingrats j ceft-^à-dire, qu’il y a des édifices
dont la deftination ne préfènte point à Tirnagi-
nation de partis heureux, ni un caractère facile»
exprimer.
Il y a des terrains '8c des1 emplacemens mgwü
qui fe prêtent avec beaucoup de - peine à des inventions
riches, à des combinai tons régulières. |
Ingrat Y&dit aiifïi dans l’exécution , des matières
ou trop-mollet 8c qui ne fau-rcient recevoir defer-
I pié dans-lés formes, ou trop dures 8c. réfractaires
f l’outil' ou comppfées de parties inégales &
I ? îiéroffènes .q u i en rendent le travail pénible 8t
I cfuelque-fois impoftibl-e. f . a _
1 Le mot ingrat s’applique quelquefois, dans
l’ordre moral-, aux difpofitions même de Bel prit
Lui reudent certains fujets inhabiles - à apprendre
| i à retenir ce qu’ils ont appris , ou. à en,faire un
lemploi convenable. On dit dans,ce fens,.un,.nar
\iJel ingrat, une• mémoire in g r a t e des.dijpofi-
» ingrates,
INIGO. JONES , areh-itefte anglais» '
Sou nom propre -8c. de famille eft J o n e s . I n i g o ,
Ifoa prénom , que l’on affocie touj ours à fon vrai-nom*
leftefpaguol, 8c, lui fut donné au baptême par-des
marchands d’Efpagne qui étoient liés d’affaires
I avec f o n - p è r e ; I
qnaviffilôt après fun arrivée en Angleterr», la
Reine le fit fon arehiteefe, 8c bientôt, fous le
même litre , il fat attaché au fevvice du prmee
Henri, à la confiance duquel il répondit avec
tant de probité & d’intelligence, que le Roi lui
donna la.furvivance de la place d’mlpcaeur-ge
aérai de fes bàiimens. . ..
Le prince Iîcnri étant mort en 1612, Inigo
Jones fit un fécond voyage en Italie, & y relia
quelques années, s'exerçant de plus en plus clans
> l’archileêlure, fou art favori, jufqu’au moment ou
vint à vaquer-la place d’infpeêteui; des bâti meus,
à laquelle il fat appelé : en y entrant, ilh t preuve
d’.un délintéreflcment allez rare. Son predecenei r
avoit, pardescircon(tances extraordinaires grove
fon département d’une de.l te très-craifidéraMe. Le
confeil privé fit venir, le nouvel infpetlenr, pour-
avoir fon opinion fur les moyens d’éteindre cette
dette fc.dlen opérer le dégrèvement. Inr,go Jones
alors offrit non-feulement de fervir fans emolu-
mens, dans tout ce qui dépendait de lui, mais
encore il p.-i-fuadaA. tous ceux qui lui et oient allr-
ciés, de faire de même, jnfqu’à c e que la dette lut:
entièrement acquittée. Bar ce moyen, 1 arriéré tut.-
bientôt payé. ' . ,
jfàm J o n e s naquit vers. 1072,, dans le voiünage
[de l’ancienne églile de- Saint-Paul,à Londres, où
[fou p.è-re é to it., à ce.qu’on, croit, tailleur d’habits»
I Les uns difent qu’il .reçut une éducation foignée ;
[les autres,, qu’il Lut mis en apprenliffage -chez un
Invemùfier. Toujours eft-il certain quOj de très-
i bonne heure, il montra beaucoup de gont 8c,de diL
pofisionsipour le deffin 8c même pour la peinture ,
fartant celle-du payfage, genre dans lequel il
[montra du talent-, comme le prouvent quelques
[ouvrages- de: lu i, confer-vés- à. G.hifwick-Houfe
jmaifoa de campagne- du duc de Deyonshire,.à
j quatre milles.de L o n d r e s * > 1 Scs talens le- recommandèrent au comte d.Arun-r
dcl, ou ,, félon d’autres-, à.Guillaume, . comte de
jHeBibrolse. Ge fut aux frais d’un de ces deux fei-
Jgneurs,, qu’il, voyagea, en Italie 8c dans d autres
T part ies- de l’Europe, où,. pour- perfectionner fon
[goût &• accroître fes connoiftances, il*.étudia, ce
! que chaque pays avbi t de plus.1 remarquable.
I Mais l’Italie' furto.ut fixa l'an gpnt 8c le-gcnre, de
I les éludes. Veuife étoit Je-beu de fa réfi.de-nce-;or^-
Idiivaire, 8c. fa prédileçl 10*11 pour, cette ville- fem-
I bloit déjà préfager en lui un rival du célèbre ai\-
Iclnteftè qui emb.elliffoit alors ce-pays ;des produc-
[ tions-.de. fon art. Inigo Jones n’étoi-t encore qu étu-
jdiant, 8c déjà une réputation; prématurée indi-
: q110.1t en lui un maître habile;. Cette réputation
le lit appeler par Chriftian IV , roi de. Danemarck,
i qui.le nomma fon arehiteêle. |
Inigo Jones étoit depuis quelque temps-.en pof-
felîiou de cette place, borique le prince dont .la
feeur avoit époufé JaoquesIur. ,.roi d Angleterre, i
vint dans, ce pays 8c y ramena notre arclnteèle.
h’amour de. la patrie l’y. retint , 8c bientôt il
trouva dans la:magnificence- du roi Jacques.,.plus
1 dune oocafîon d’exercer fes talens.
G’eft dans l’intervalle qui fépare le premier duj
fécond, voyage de Jones en. Italie , queWalpole
penche à placarda conftru&iou des édifices de cet;
archileêie, dont le gont. eft: moins pur, 8c lient,
encoreun.peu de.la.maniérégoihique?
L eR o i, :ènl’année: 1.620 , étant à Wilton-, habitation.
Mi Seward. dit ( on-.ne voit .pas fur quel fonde-
^unl) que le premier ouvrage texécuté par Jones.j
apres fan puémier voyage en.Italie.,,fut la deco-
r»‘ion de l’intérieur de. iléglife de Sainte-Gathe— I
'tue, dans Lendenh all-rSir ce t. Ge? qu’cru fai tj.o’eft
du comte de Eembroke, vint à parler de
l’a nuis .farprenantde pierres, appel bflone.heng#,
dans la plaine de Salisbur.y près W'-ilton.. ImgO ’
Jones fat mandé par lord Pemb.rok.e-, 8c reçut de
Sa Majefté l’ordre défaire des - obfervations 8c de
donner fon opinion lur l ’origine de Jlone henge.
Il le mit auflilôt à l’oeuvre. Ayant, avec beaucoup
dé peine 8c de dépenfe., prisles mefures 8c recherché
les: fondations dé celte, maffe , pour |.n découvrir
la forme 8c lkilpeG originaire, il. crut
pouvoir établir une coin parai! on entre, cette el-
pèce de monument.8c- les. édifiées antiques dont
il avoit étudié les reftes en. Italie. La tête pleine
de Rome 8c.desiru.ines.de fes.anciens édifices, il
conclut, après beaucoup de raifonnemens appuyés
de beaucoup d’autorités, que la ma-fle en quef-
tion.devoit avoir été un temple romain dédie à
Coelusy le plus- aneieu des dieux; que ce temple;
devait avoir été bâti au temps , où. les Romains
avoient occupé la Grande-Bretagne :; 8c probablement
dans l’intervalle qui fépare 1 adunmftra-
tion d’Agricola, du règne de Conftantin-le- G ranci..
Inigo Jones remit fon Mémoire au R o i, q u i,
dans .la-même année 1620, le chai*.gea de la réparation
de ia cathédrale de Saint-Paul à Londres.
Gette vieille églife gothique menaçoit ruine dans-
plnfienrs.endroits. Notre arobitea© en répara deux
façades , celles de la .croifée, 8c il adoÆi de ch a que
côté au frontilpice gothique qu’il réédifia , ua.
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