
jufteffe de cette diftiuQio'n. Si l’on foutient que
muraille s’applique à une conftruêtion étendue ,
cpm m e, . par e x em p le , la grande muraille de la
Chine , nous demanderons pou rqu oi, lelon l’ulage
reçu , on appelle les longs murs , ces deux longues
murailles qui réuniiïoient le port du Pirée à la
v ille d’Athènes.
L e mot mur étant donc le mot g én é rique , c’eft
à ce mot feul que nous appliquerons le peu de notions
qui feront la matière de ce t artic le . Nous
difons le peu de notions, non que le fujet n’eu
comporte un grand nombre & des plus étendues.
Mais la conftruâion des murs renfermant, fi l’on
peut d i r e , dans l’art de bâtir, tout ce qui forme
la mafl'e des éd ific e s , on comprend que déjà les
notions di ver les, quiformeroien! la fubftànce générale
de ce t a r t ic le , ont trouvé leur développement
dans une multitude d’articles de ce Diêlhmnaire ,
fous les rapports théoriques, pratiques & hiftori-
q u e s , tels que Bossage, Construction, Incertum,
Maçonnerie, &c. , & qu’ainfi il ne doit plus
nous relier à confidérer le mur que félon la dive r-
fité des,, caraèlères de fa conftruêlion, 8c félon la
diverfité de les emplois.
Il eft évident que de l’emploi qu’on fil des murs,
réfulla chez les Anciens, &. réfulte encore aujourd
’hui la différence de leurs conftriiêhons.
L ’ufage des murs pour féparer les proprié té s,
dut être à peu près aulli ancien que la -fociété
confidérée dans l ’état de civilifation ; mais ces
clôtures particulières ne purent jamais être fort
d i fp e n d ie u f e s n i fort du rables, Si c e ne fera pas
là qu’on cherchera lès exemples de la conltruêtion
appliqués aux murs, chez les peuples tant anciens
que modernes.
L ’idée de mur ne fe préfente à l ’efprit comme
ouvrage d ’a r t , & digne de quelqu’admira lion,
que dans l’emploi qu’on en fit pour la défenfe des
v ille s , pour la clôture des monumens remarquab
le s , ou des enceintes religieufes. Plus les peuples
formoient de petits E ta t s , plus les cités
avoierit .befoin d être défendues contre les a g -
grelfions des voifins. L ’Egypte fouinife à la domination
d’un f e u l , ne paroil pas avoir eu le befoin
de garantir ainfi toutés Tes ville s par des. murs
d ’enceinte ou de fortification. Ce qu’on trouve
dans ce pays de murs ou de relies de murs, hors les
conftruchons des_Lemples, n’indique rien qui ref-
fernble à des défenfes-militaires : ces. débris font
ordinairement en briques crues.
I l n’en fut pas ainfi de tous les petits Etats de la
G r è c e , dès les temps reculés. La plupart des villes
étaient mu rées, 8c l’on emplqyoxl à ces conflruc-
tions des blocs de pierre d ’une dimenlion énorme.
A u temps de Paufania s, I l ne relloit plus de T y -
rinthe que fes m u r s , qu’on difoit avoir été jadis
bâtis par les Cyclopes. L e s p ierres , d i t - i l , en
étaient d’ un te l volume, que d eux mulets auroient
p peine ébranlé la plus petite . C’ étoient des blocs
de pierre rufliquement taillé es , ctp'ya'r A6ioy. D e
plus petites pierres y étoient difpofées de manière
à Jèruir de lia ifon a u x p lus grandes. Voila la traduction
exaCte du palfage de Paufanias; & il nous
eft impolïible d’admettre la verlion des traducteurs
, qui porte : L e s inteiflices f o n t remplis
de petites pierres q u i fùrpènt de lia ifon a u x greff
e s . L e texte grec ne parie point & in te iflic e sentre
les pierres. Celte méthode d’appareil ne s’eft jamais
Vue , & l’id ée de liaifon par de petites pierr
e s , rem pli liant ces prétendus iu le r ftice s , eft en
conftruéKon une idée tout-à-fait faulfe. Il n’y a
qu’un mortier qui puifl'e, en par'eil c â s , remplir
de grands joints ; mais de petites pierres lancées
dans ces éfpaces n’y auroient formé aucune forte
de liaifon. La liaifon opérée pa rles petites pierres-
don l Tl ■ s’a g i t , ne me paroîl avoir dû être , entre
plufieurs manières de mélange de groffes pierres
& de petites dans l’ap p a re il, que des pierres po -
fées dans leur longueur fur chaque jo in t , lel’qiielles
fai l’aient parpain des deux côtés , & fe préfen-
t oient par Jeux petit côté à l’à plomb des joints :
ce que Vilruve appelle diatonous.
Le même goût pour Tes piérrès à énorme d i-
menfion, le remarque dans les débris confidérables
de murs d é v i lle , qui nous font parvenus des anciens
Etfufques. Nous avons donné à l’article
Etrusque ( ArchiteClure ) , des-détails fu r 'd e s
miirs de ville dont les pierres ont vingt-deux p ieds
de longueur.
I l exifte encore de nos jo u r s , ddns lès ruines
d ’un très-grand nombre de villes en G rè ce ,* en
Italie., en Efpagne , des reftes de murs qui ont été
ou des muis de villes, ou des enceintes de temples.
Ces murs font formés de- bloçs confidérables de
pierres taillées irrégulièrement & de dimenfions
incertaines. Cette méthode d e conftruire ne donne
pas de beaux paremens ; tous ces joints formés par
le h a fa rd en toutes ferles de fens', prélèntenl l’idée
d’un réfèau à mailles irrégulières, ü n peut en dire
ce qu’a dit Y itru v e de la maçonnerie, qu’il appelle
opus jn ce rtum , & qui eft à la couftruClion des blocs
polygones irréguliers , précifément c e qn’eft la
maçonnerie en moellons à la eonftnimon eu
pierres de taille 5 elle ne préfente pas , d it- il , un
alpeCl agréable : N on fp e c io fam proebent J lru c -
turam.
Cèlte fo.tfe'de conftru&ion appliquée aux murs
de v ille , le fut affez -long-temps, à ce qu’il p a ro ît ,
& eut la préférence pour plufieurs rai Coqs.. D ’abord
elle était économique, parce que la pierre
qu’on y em p lo yo it, foit pierre de la v e , foil toute
autre pierre, caftan le que donnent' les délitemeds
des rochers , a fes paremens tout dreffés,- & il n’étoit
queftion que d’en a Sortir les autres a v ec la règle de
plomb ou la règle lesbienne , aux traits angulaires
des pierres déjà pofées ; enfuite , s’il y eut économie
de t r a v a il, il n’y eut pas moins épargne de
matière. L a cohftruction à alïifes régulières im-
pofe bien davantage l’ obligaiion d’une certaine
iymétrie dans les lits & dans les joints. Dans la
M U R
•onftruCUon irrégulière dont on p a rle , il n’y a , à
proprement p a rle r , point de lits ou d’affile s , &
les joints ne commandent aucune fymélrie. Ou j
peut toujours employer les blocs fans perte de ;
m a t iè re , & à côté d’un t rè s-g ran d, on en p la - j
ce ra un autre beaucoup plus petit. Il paroît enfin ■
que cette conftruCtion -faits lits horizontaux, ap - j
pliquéè aux murs de forlifi-cation, put a voir T ’avantage
d’oppoler aux moyeus d’attaque ou aux J
machines de guerre , plus de difficulté à les dé - j
tra ire , attendu qu’une pierre de délions enlevée , j
ne faifoit point crouler la pierre fupérieure.
Du relie , il paroît que ce genre de conftruClion
ne fut guère employé qu’en piurai lies , 8c ne fera
point entré dans l ’exécution de tous les autres ouvrages
de l ’arcbileClure. Il continua toutefois
d ’être appliqué au pavement des rou te s, & la
v ille de Florence a encore aujourd’h u i fes rues
pavées dans ce lyftème d ’affemblage.
Si ces murs, dont il nous relie beaucoup de
veftrges qui annoncent une ancienne deltrudlion ,
furent réellement des fortifica tions, il faut admettre
qu’ils étaient dans l ’intérieur munis d’un
malîif allez é p a is , pour qu’eu cas d’attaque il fût
pollible aux affiéges d ’y faire les manoeuvres n é -
ce lia i res à fa défenfe.
C’eft ce que Vitruve preferit à l’égard des murs
de villes fortifiées. Selon lu i , la muraille „doit
. avo ir en_épailfeur affez d’efpace pour que deux
fofdats armés p u iffen t, en s y rencontrant , palier
ians difficulté. Il recommande en outre de doubler
ces murs d’un ’ terre-plein dans certaines c i r -
conftances ; du relie on pouvoit y employer, félon I
lui , i toutes les fortes de matériaux , félon les ,
lieu x où l’on bâtilfoit. Les matériaux qu’il ind iq
u e , font les pierres de taille qu’on é q u a r r it , *
J a x a quadrata y les pierres fiiie eu fes, Jilices
{telle eft la nature de celles dont on a p a r lé ) ;
les moellons, ccementay les briques cuites ou
.c ru e s , &c.
La brique fut généralement employée pa r les
Romains à faire les murs de v ille , 8c cette matière
a l’avantage d’olïiir, un travail facile à faire & fa - ’
cile .à réparer. Quant aux procédés employés par
les conftruÔleurs pour exécuter toutes les fortes de
murs, il eu eft faii.mention dans ce DiCliounaire, à
divers a r t ic le s , tels que Maçonnerie, Emplec-
ton , Reticulatum , & c .t v
Nous ue dirons donc rien de plus de la conftruc-
tion des murs dans l ’antiquité ; nous ne pourrions
le Taire lans nous répéter. Quant à ces grands trav
au x de longues murailles qui furent conftruites ,
non plus pour la défenfe d’une v i l le , mais pour
mettre un p a y s , une contrée entière à l ’abri des
attaques- ou des incurlions de leurs voifins U on
en trouve le détail dans le Dictionnaire d’ A n tiquités.
Les Modernes ont certainement é g a lé , & auront
probablement furpaffé les Anciens dans l’étendue
, la force & la dépenfe des murs de for lifi-
MUR 73.9
cations. Un nouveau fyftème d’attaque & de défenfe.,
commandé par l’invention des moyens
d ’agreffion que la poudre à canon a mis en oeuvre, .
devoit obliger à conftruire les,remparts des villes
de guerre dans un genre tout di (lé eut. Mais c e c i,
comme on le v o i t , eft l’objet d’un autre DiClion- ,
nair.e»
Il ne nous relie donc qu’à indiquer ic i les diffé-
reûs emplois dès murs, ou les variétés qu’on fa it
fubir à ces emplois. Ces variétés font défignées par
les diverfes épithètes qui les exp r im en t, 8c que
l’ufage a-alfociées au mot mur. On dit :
Mur blanchi. C ’èft un mur qui eft regratté
avec des o u t ils , s’il eft de pie r re, ou imprimé
d’uu lait de chaux ou de plufieurs couches de blanc,
s’il eft en maçonnerie.
Mur boucle. C’eft ainfi qu’on appelle un mur
qui fait ventre avec crevafl'e.
Mur circulaire. Mur dont le plan eft un cercle
, comme eft le mur du chevet d’une .églife ,,
d’une tour, d’un p uits, &c.
Mur coupé. Mur dans lequel on a fait une
t ran ch ée, pour y loger les bouts des fo liv e s , ou
les poteaux de cloifon , foil eu b â lilfa n t , foit
après coup. La coutume de Paris permet cette
pratique lorfque le mur eft mitoyen. Mais il vaut
mieux foutenir les poutres avec des fablières portées
par des corbeaux de fer.
Mur crénelé. Mur dont la charpente eft coupée
par créneaux & merlans , en manière de
d en ts , plutôt fouvent par ornement, que pour
fervir de défenfe.
Mur crépi. C’eft celui, q u i , bâti en moellons
oü en briques , a été couvert d’un crépi.
Mur d’appui. Mur d’euviron.-trois pieds de haut,
qui fert d ’appui ou de garde-fou à un p o n t , à un
quai , à une te r ra lfe , a un balcon. On fait aulli
pour clôture dans les ja rd in s , des murs d’appui.
Ce lé forte de mur s’appelle encore parppet.
Mur déchaussé. Mur dont la bâlilTe eft minée
au rez-de-chaulfée.
Mur d’éChiffre. ( V o y e z Echiffre. )
Mur de clôture. On appelle ainfi généralement
tout mur qui fert à renfermer une c o u r , un
jardin , un parc , &c.
Quand le mur de clôture qui fépare deux héritages
vient à tojnber, l’un des propriétaires peut
contraindre l’autre à contribuer pour fa part dans
la reconftruêtion, ju fqu ’à une hauteur de dix p ieds,
’ depuis le rez-d e-chau fl’ée au-deffus de l ’empalement
de la fon dation, y compris le chaperon.
Les plus fimples murs de clôture font de moéllons
ou de ca illo u x , maçonnés a v ec de la terre
graife. Ceu x qu’on fait de meilleiure conftruêlion ,
lont bâtis' a v e c des chaînes de p ie r re s , de douze
A à a a a a