teôure par le renflement dans le galbe des colonnes.
( Voyt[ REN FLEMENT ).
ENTER , v. aQ. A Sembler des pièces de bois,
& les joindre l’une à l’autre dans la même direction.
ENTINOPE DE CANDIE. Le nom de cet
ârchiteéfe ne mérite d’être mentionné que parce
qu’il paroît avoir été le premier qui ait contribué à
la fondation de Venife.
è elon les archives de Padoue , lorfque les excès
oc les cruautés des Vifigots, en Italie, forçoient
fes habitans à chercher leur falut dans la fuite, un
archùe&e de Candie , nommé Entinope, fut le
premier qui fe retira dans les lagunes de la mer
Adriatique, & y conftruifit une maifon la feule
qu’on y compta pendant plufieurs années.
La terreur qu’Alaric portoit dans ces contrées
fut caufe que d’autres fe réunirent à Entinope , &
de cette réunion fe formèrent les vingt-quatre
^maifons qui devinrent en quelque forte le germe de
Venife. Les mêmes chroniques portent qu’Entinope
ayant vu fa maifon fauvée mirâculeufement d’un
incendie, fit le voeu de la convertir en Eglife. Ce
qu’il fit fous le nom & l ’invocation de St.-Jacques.
Les magiftrats dès-lors établis contribuèrent à la
bâtiffe & à la décoration de cette églife , encore
fubfiftante aujourd’hui dans le quartier de Rialto ,
qui pafle pour le plus ancien de Venife. ( Tiré des
vies des architectes de M ilita ).
ENTOISER j v . aô . C ’eft difpofer en tas carrés
des matériaux informes, tels que des moëlons &
platras , pour enfuite.en mefurer les cubes avec le
pied & la toife.
E N T R A IT , f. m. Principale pièce de bois de la
charpente d’un comble , qui en traverfe & en lie
les parties oppofées, & fur laquelle font aflemblés
le poinçon & les arbalefliers.
Lorfque les combles ont beaucoup de hauteur ,
on y pbce un fécond entrait, lequel alors s’appelle
p:tit tntrait.
Dans les enrayures , la pièce qui eft d’équerre
avec le grand ou maître-entrait, & joint le mur de
pignon, fe nomme demi-entrait.
ENTRE-COLONNEMJENT , f. m. On dit auiîi
e n tr e - c o lo n n e . C’eft l ’efpace qui eft entre deux
colonnes , mefuré de Pendroit ou elles ont une
groffeur égale. Comme les colonnes éprouvent ordinairement
des dimenfions qui font que leur fû,t varie
d’épaifleur dans toute fa hauteur, on prend pour
inefure des colonnes & parconféquent des e n tr e -
çolonnemens , la partie inférieure du fût , fans y
comprendre la bafe ni aucune de fes parties.
L ’efpacement qu’on pratique entre les colonnes ,
& qu’on appelle entre-colonnement^ eft un des objets
de rapport les plus importans dans l’architeéture.
De la juftdfe, de h bonne & judicieufê mefure
dès entre-colonnemens, dépendent l’effet des tienne}1
leur proportion & Pharmonie d’un édifice. ‘
Les Romains, au rapport de Vitruve , dans là
dilpofition des colonnes de leurs temples, ufoient
de cinq proportions différentes à'tntre-colonnemtns
6c ils leur »voient donné des noms qui exprimoient
ces différences.
Us appeloient temple Picnojlyle celui dont les
colonnes étoient le plus ferrées 5yj2y/c, celui dont
le^ cntic-colonncmens étoient un peu moins étroits'
Diajlyle , celui qui les avoit plus larges que le
précédent ; Aroeoflyle, celui qui avoit entre fes
colonnes trop d’efpacement ; & Eufiyle , celui où
de j uftes proportions en ce genre étoient gardées.
« Le Pycnoftyle, continue Vitruve, eft donc l’ordonnance
dans laquelle on compte un diamètre &
demi pour Ventre-colonnement. Tels font le temple
de Jules Céfar, celui de Vénus, dans le forum
qu’il a fait bâiir , & plufieurs autres du même
genre».
<< L’entre-colonnement du Syftyle eft de deux diamètres,
& les plinthes des baies y font égales à
l'elpace qui eft entre les deuxqriinthes, comme on
le voit au temple de la fortune équeltre r près le
théâtre de pierre, & à d’autres où l’on a fuivi cettg
proportion ».
«< Ces deux efpèces d1 entre ■ colonnement offrent
quelques inconvéniens. D’abord lorfque les mères de
fanidle montent les degrés du temple pour aller
faire leurs prières , elles ne peuvent pafler en fe ,
donnant les mains l’une à l’autre par des intervalles
ü ferrés, mais font obligées d’aller à la file. Enfuite
les colonnes ainfi prëflées dérobent la vue du chambranle
de la porte du temple & des ftatues qui
lont fous le portique. Enfin*, ce ferrement diminue
la facilité des dégagemens & des promenades autour
du temple ».
« L’ordonnance du Diaftyle doit être telle qu’oit
donne trois diamètres de largeur à fes entre-colon-
nemens , comme au temple d’Apollon ou de Diane,
Le défaut de cette proportion eft que les pièces de
l’architrave ayant une trop grande portée 9 fe rompent
».
« Dans l ’Aræcftyle, on ne peut point employer
d’architraves en pierre ou en marbre. On eft contraint
de les faire en bois à caufe du trop grand
vide des entre-colonnemens. A u d i, l’afpeâ des édi-
conftruits dans cette proportion a quelque chofe de
lourd, d’écrafé & de trop écarté. Il n’eft, encon*
féquence, poflible d’orner leurs frontons que de
figures de terre cuite, à la manière tofeane, ou de
bronze doré. Tels on voit près du grand Cirque, la
temple de Cérès, celui d’Hercule, bâti par Pompée.
Il en eft auffi un exemple au Capitole ». [Eoye{ I article
aræostyle où l’on a fuivi par erreur le wf
de Perrault, dans l ’explication du mot Pompeisnt'
L a leçon de Galiani me paroît la meilleure.
« A l’égard de l’Eyftyle , qui eft l’ordonnance h
plus approuvée pour fa commodité, fa beauté &
fa folidité t on donne à fon entre-colonntment j
, ,«ur de deux diamètre» & un quart. Le feul
», colonnement du milieu, fou du côté du Pronaos,
I f a,, rfité du Pollicum, a trois diamètres. Cette
Kïnofition donne de la nobieffe à -l’enfemble , du
; bern en t à l’entrée, & de U majefté aux co on-
I des qui fervent de promenoirsautour du temple».
| % y auroit plus d’une obfervation à faire fur cette
Ithéorie de Vitruve.
I premièrement , le fyftême d entre-colonnement
[ -ü rapporte eft particulièrement fondé fur des
! exemples d’édifices romains, & ne paroît pas avoir
I emv,raffé un cercle d’autorités fort étendues. Il fem-
I ble douteux que ces maximes aient été celles des
f Secondement, ce fyftême fe trouve établi fans
I aucun rapport détermine avec les proportions ÔC le
I caraftère des différens ordres qui cependant feroient
I une des bafes principales fur Lefquélles devroit re-
I uofer la fixation de femblables mefures. Il femble
I J.,q| ne s’agiffe ici des entre-colonnemens que dans leur relation avec un feul ordre. C ’eft ce que
I Vitruve ne donne point à connoîcre, & c’eft.ce qui
B doit empêcher qu’on ne puiffe généralifer ces
I règles.
K £n troifième lieu , il eft permis de croire que
| Vitruve n’a entendp parler ici des différences dans
I la manière d’efpacer les colonnes entr’elles , que
K par rapport aux temples.il rapporte toujours, foit
K aux cérémonies, foit aux portes, foit aux frontons,
I foit aux galeries environnantes , les avantages comme
I les inconvéniens, qui peuvent réfulter du plus ou du
I moins de largeur dans les entre-colonnemens. Cela
f feroit ; penfer que ceci n’eft point une méthode
■ abftraite ou générale qu’il donne, mais finipiement
K une application des principes de l’entre-colonnement
I aux périftyles des temples, & des tempLs fêu-
I ïement. '
Cette manière de faire M entre-colonnement du mi-
Sous quelque rapport purement intellectuel qu’on
veuille confidérer î’archite&ure , il eft impoflible
en réalité de la dégager de fon effence matérielle,
& parconféquent de fes rapports avec fa folidité.
Cette qualité produit auffi de fortes impreflions fur
nos fens. O r , le fentiment d’effet qui provient du
ferrement des entre-colonnemens, eft inséparable de
l ’idée de folidité qui eft un effet direéî de cette
difpofition. Cela contribue à expliquer la préférence
que même, fans faire ces réflexions, le commun des
hommes donnera à une difpofition fur l’autre.
I lieu de trois quarts de diamètre plus large que les
I autres, paroît avoir un objet trop futil. Car il s’agit
I de gâter toute la fymétrie d’une ordonnance pour
I faire apercevoir d’un feul point toute l’ouverture
I de la baie de la porte. Les G re c sd an s leurs tem-
1 pies, nous offrent des exemples -entièrement con-
I traires à c.tie méthode ; mais comme on a eu déjà
I l’occafion de l’obferver à l’article dorique , Vitruve
I ne connoifl’oit point les temples des Grecs.
Toutefois on ne fauroit le nier, la théorie des
I entre-colonnemens ne peut jamais recevoir de bafe
I tellement fixe, qu’on puiffe eu tirer des applications
I inconteftables.
Le leul principe de goût qu’on doive pofer en
Les modernes ont été dans l’efpacement des
entre-colonnemens au-delà même de la liberté que
Vitruve femble accorder en ce genre aux architectes.
Selon M. Cleriffeau, cela a pu venir d’un mauvais
choix d’exemples, pris inconfidérément dans l’antiquité.
I ce genre, tient à l’ effet même de l’architeâure &
B aux impreflions qu’elle produit. Or , l’obfervation
I & de ces effets & de ces impreflions, a appris que
I des colonnes ferrées affeftoient plus fort & plus
i ~Jerê,(îuement nos fçns que des colonnes largement
I elpacées-. On trouvera le développement de ce
I principe au mot effet, ( Voye\ cet article ). 11 eft
I etlcore une faifon qui corrobore cette opinion.
Un fait, d it-il, que les colonnes antiques,
employées à la décoration du palais de Dioclétien,
étoient d’une matière précieufe & rare , & que
l’architeéle ne prit le parti de les écarter ainfi, que
parce qu’elles étoient en trop petit nombre.
« Ce défaut de proportion , continue-t-il, a été
nialheureufeinent trop imité de nos jours. La facilité
que nous a donné l’art du trait de faire de
grandes plate-bandes, nous y avoit entraînés & nous
avoit fait trouver un genre de beauté dans ce défaut.
Nous nous flattions même d’avoir furpafle les anciens
dans cetté partie , & nous regardions alors
comme timidité leur fagefle & la juftefle de leur
goût dans le rapprochement des colonnes. Mais
fuppofons que la néceflité les ait contraints d’en
ufer ainfi, ne fommes-nous pas plus frappés de
l’heureux effet qui en eft réfuité. On peut aifément
s’en convaincre en confidérant les fix cçlonnes du
frontifpice de l’amphithéâtre des écoles de chirurgie
de Paris. Elles font efpacées dans le rapport des
anciens , & tout le monde reconnoît également
leurs belles proportions ».
« Si nous fommes une fois bien convaincus que
les colonnes en périftyles ne portent un caraâère
majeftueux, que lorfqu’elles font efpacées à deux
diamètres un quart au plus , nous conviendrons
facilement qu’il faut les fupprimer partout où elles
ne font pas de néceflité abfolue , & où il eft impef-
fible de les employer dans ce rapport ».
« C ’eft à cette juftefle de proportion dans leur
efp’acement, que les colonnes de la maifon carrée à
Nîmes doivent toute leur grâce & le cara&ère im-
pofant qu’elles portent malgré leur petit diamètre ».
■ ux différens articles qui traitent de chaque ordre
en particulier , il eft fait mention des rapports & des
proportions de leurs entre-colonnemens refpe&ifs.
Nous ne répéterons pas ici ces détails.
ENTRE-COUPE , f. f. C ’eft le dégagement qui
fe pratique dans un carrefour étroit par deux pans
coupés oppofés, pour faciliter le tournant des charrois.
i Entre- coups double. On appelle ainfi une