
COPISTE, f. tn. & f. Il réfulte des observations
& des principes contenus en l’article précédent,
(voyeç C o p ie r ) qu’il y a une grande
différence entre la qualité d'imitateur & celle
de copifte, & que le talent particulier à ce dernier
ne peut même être compté pour rien en archi-
te&ure. En effet la dellination &. le caraèlère de
l ’édifice à conftruire feront conformes ou non à,
ceux d’un édifice antérieur. S’ils y font conformes,
il Suffira d’une différence dans les dimenfions ou
dans la forme du terrain, pour empêcher Par-'
tifte de fe borner au Simple & fervile mérite de
copier, & quand ils s’y trouveroient coriformes,
en ce dernier point même, quel feroit l’homme
digne du titre d’artifte qui n’oferoit ou ne pour-
roir en ce cas chercher à faire autrement qu’on
n’a fait avant lui ? s’ils n’y font pas conformes
alors, le progràriime est autre , & le copijle de
l ’idée d’autrui ne méritera pas même le titre
de copijle, il ne fera qu’nn Stérile & méprifable plagiaire.
c o q
COQUILLAGE, f. m. Arrangement de di-
verfes coquilles , foit artificielles , foie naturèlles,
dont on forme des com parti mens de lambris ,
de voûtés , de pavé , même des ordonnances
affez régulières de colonnes ou de pilaftres , &
dont en fait des marques ; fêlions ou autres ornement,
pour en revêtir & décorer les grottes ,
portiques , niches & bafiins de fontaine dans les
jardins, "dans les laiteries, pièces de bains, &
même quelquefois dans les lalles à manger. Il
efl ■ ailé de fentir ce que l’emploi de formes
aulfi capricieufes que celles de ce genre d’or-
nemens peut avoir de licencieux, & que les cas
mêmes cii l’ôn fe permet de le foumettre à une
certaine régularité d’ordonnance, ne font pas ceux
ou l ’on peut avoir befoin de févérité, ni même
de pureté dans le flyle. Aulfi ce genre efl - il
berné maintenant à un très-petit nombre d’ ufages.
Cependant fes fermes , ainfi que celles aulfi
bizarres des cartels , des contours chantournés ,
des rocailles, et des courbes corrompues , n’ont
pas lai fie d’être pendant plus d’un demi - liècle
l’unique, mais ir.épuifabie fond oh ce quon ap-
peloit i’architeélure françoife, puifoit fes ornemens.
Ces formes extravagantes avoient fini par fe
gliffer jufques dans les plans mêmes. ( Voyej
Gr o t t e , Rocaille.
COQUILLE, f. m. C’efl un ornement de fculp-
ture imité des conques ou autres corps,marins ,
& qui fe met, foit au cul de' four d’une niche,
foit au couronnement d’ une croifée, foit à d’autres
ufages de décoration comme à des frifes,chapiteaux ou
autres parties d’ornement auxquelles on veut donner
le caràélère d’un édifice aquatique* On appelle
coquilles doubles, celles qui ont deux ou
trois lèvres. Il y a une femblable coquille de
Michel Ange à l’efcalier du Capitole.
On donne aulfi ce nom à des çompartimens
de gazon ou broderie dont le delfin fe rapproche
de la forme d’une coquille dans les parterres
& jardins du genre fiançais.
La forme des coquilles s’emploie convenablement
foit à des balfins de fontaine ou de cafcade ,
foit à des bénitiers, foit à dés cuvettes de falle
à manger, foit à tous autres ufages de décoration
&. d’utilité dans lefquels l’eau entre pour
quelque choie.
Cette forte d’ornement partage avec un petit
nombre d’autres, l ’avantage de former un attribut
décidé & propre dèi-lors à caraélérifer la
deftination des édifices auxquels il convient de
l’employer. L’emploi des attributs de ce genre
entroit pour beaucoup dans le choix que les anciens
faifoient de tel ou tel ornement dans leurs monu-
mens, & concouroit avec les proportions & les
formes générales à en déterminer plus précifément
le caractère. ( Voye^ Ornement , Sculpture ,
Moulure , Symboles , C aractère. )
C oquille d’escalier. C ’eft dans un escalier
-à vis de pierre , le deflous des marches jqui tournent
en limaçon , & qui portent leur délardement ;
c’efl auffi dans un eicalier de bois rond ou quarré,
le dessous des marches délardées , lattées ôt 1 avalées
de plâtre.
C oquille de Métal. Nom général que donnent
les ouvriers à deux morceaux de métal pareils,
forggs ou aboutis en relief, pour être foudés
enfemble , comme les deux moitiés d’une boule,
d’une fleur de lys, & d’autres ornemens à deux pa*
remens & ifedés.
c o r
CORA. Un petit bourg de ce nom, fitué à trois
lieues de Yelletri, du côté de Naples , & à deux
lieues de Ciflerna , a confervé le nom & quelques
veftiges très-remarquables d’une antique ville du
Latium , habitée par les Volfques.
Quelques marbres précieux, des fragmens de plus
d’un genre font encore là les irrécufables témoins
de la magnificence des peuples qui habitèrent cette
ville. De grands & fupefbes relies de murailles
attellent auffi-qu-’elle dût jouer un rôle important
comme pltce de guerre. La Montagne fur laquelle
elle s’ élevoit offre dans fon enceinte plufieurs étages
de murs. On y remarque de diflance en diffame des
plate-formes d’où les afliégés pouvoiént fe défendre,
& auxquelles on arrivoit par des conduits fouterrains
taillés dans léroc.
La conftruélion de ces murailles eft formée de
grands blocs de pierres., placées & - taillées à joints
incertains ; c’eff 'à-dire que leurs bafes ne font point
horizontales , mais que leur, figures forment des
polyèdres ii réguliers qui s’emboîtent les uns dans le.
autres j à la manière des pavés des routes antiques.
Cette méthode de bâtir les murailles a ete décrite
par Vitruve ; c’ eft celle qu’il défigne par les mots
opus incertum , en la comparant à 1 *opus reticulatum.
Elle eft, dit-il, moins agréable à l’oeil que le rett-
culatumj mais elle eft moins fujète à l ’inconvenient
de ia défunion; c’eft pour cela qu’on l’employoit dans
les fortifications. Ce genre de conftruélion n eft pas
rare dans les villes ruinées de l’antiquité. Palæftrine
& Fundi nous en ont confervé d’autres exemples;
s’ils euffent été bien connus du temps de Perrault,
ce commentateu? de Vitruve n’auroit pas fans
doute changé le mot d’incertum en celui â'infertum.^
Il eft plus que probable que la nature a donne
elle-même l’idée tout à-la-fois & le modèle d’une
telle méthode de conftruire. Les montagnes du
Latium & de la Tofcane préfentent fouvent a la
vue comme d’immenfes murailles, dont les paremens
ont été compofés par la nature, de blocs de pierres
irrégulièrement concaffées, & dont la terre qui
rempüt leurs joints femble faire la liaifon: foit que
ces pierres, ainfi coupées , aient fait naître l’idée de
les^ employer fous leurs formes naturelles , foit
qu’elles aient infpiré le principe d’appareil & de
1 coupe qu’on a décrite , il eft peu de conftruélion
qui réunifie plus de fimplicité à plus de folidité.
L’on doit aux recherches des antiquaires beaucoup
plus qu’au refpeél du temps, la connoilfance d’un
■ temple de Cora, dont cette ville n’offre que d’équivoques
fragmens., Son ordre étoit corinthien-, la
pierre dont il étoit conftruit, & qui eft celle du pays, '
quoique fupérieure en finefie à celle qu’on appelle
Travertin, & fufceptible du plus beau poli, étoit
cependant, félon Piranefi, revêtue de ftuc. Un
morceau de l’entablement qui refte, & un autre
fragment renverfé, nous apprennent que ce temple
étoit dédié à Caftor & Pollux. On évalue fa longueur
à quatre-vingts pas, & cela d’aprèsles vefti-
; ges de fon pavé en mofaïque. Vignole, dans fon traité
t fur la colonne antonine , prétend que cet édifice fut
conftruit par M. Calvius, fous l’empereur Claude.
D ’autres afiurent que la ville de •Cora étoit déjà
détruite fous le règne de cet empereur, & rapportent
à une époque beaucoup plus reculée les
monumens de cette ville. Ils fe fondent fur le mot
curq,va, écrit coerayit, qui fe trouve, comme on
\ le verra plus bas, de la même manière au temple
: d’Hereule dont on va donner la defeription. Ils fou-
tiennent que cet ufage eft très^antérieur au, règne de
Claude, quoiqu’on trouve cette même manière d’écrire
au pontFabrjcius, bâti du temps de Cicéron,
| & après la conjuration de Catilina, ainfi que Dion
nous l’apprend.
Quoiqu’il en foit, le P. Volpi, qui avoit fait à Cora
les recherches les plus étendues fur ce temple, &
a apres 1 autorité des fragmens beaucoup plus nombreux
qu’on y voyoit de fon temps, nous représente
le monument en queftion comme orné de portiques
de la plus grande magnificence : on y voyoitfoixante
colonnes dans le goût dorique, étrufque & corinthien.
La tradition des habitans du lieu , & une quantité
prodigieuse de fragmens, de portes , d’enta-
blemens, & de ftatues mutilées, atteftoient fon
antique richefie.
Aujourd’hui ces relies précieux ont difparu on
eft obligé de chercher fous l’herbe qui cache fon
enceinte une bafe & deux chapiteaux. Cependant
trois colonnes reliées fur pied fervent aux curieuc
d’indicateur fûr & fidèle. On reconnoît aux formes
de l ’entablement & à la pefition de cec colonnes,
qu’elles faifoient partie du Pronaos, & par l’une
d’elles , qui fe trouve en retour, que c’étoit l’angle
du périftyle. Les parties de l’entablement, quoique
fort mutilées, lailfent cependant affez bien
juger de leur fculpture pour qu’on puiffe prononcer
que le goût en étoit excellent, d’une manière
élégante & affez femblable au ftyle des temples
de la Sybille à T ivo li, & de Palæftrine. Quanta
la difpofiticn intérieure du monument, tout ce
qu’on pourrôit en dire ne feroit que l’ouvrage du
deferipteur, & ne mériteroit que peu la confiance
du ieéleur.
U faut confidérer le monument beaucoup mieux
confervé qu’on va décrire, comme un des plus
cnrieux dans l’biftoire de l’architeélure.
Sur le fommet de la montagne de Cora, eft fitué
le temple appelé vulgairement d’Hercule. Le feul
fondement de cette dénomination eft une petite inl-
cription trouvée dans la v ille, par le P. Vo lpi,
avec ces paroles : Herculi facrum ; mais comme on
ignore le lieu précis où elle fut trouvée , rien n’eft
plus douteux que la conféquénce de fon rapport
avec le nom du temple.
L ’infcription de ce monument, & les particularités
de cette infeription , ont fort occupé les
antiquaires ; je ne la rapporterai que comme té-
moignage de l ’époque à laquelle il feroit bien
intéreffant de pouvoir fixer la conftruélion de
l’édifice :
M. MANLIUS, M. F.L. TURPILIUS,
L.F.DUOMVIRES DE SENATUS SENTENTIA
æ d e m . FACIENDAM c c e r a v e r u n t
EISBEMQUE. PROBAVERE.
Les mots duomvires pour duomviri, & cctraverurt
pour curaverunt, ont paru à quelques fa vans devoir
donner une date fort ancienne à ce monument.
Mais fon archite&ure, ou pour mieux dire le
ftyle prelqu’unique de cette archûeélure m’a paru
une preuve moins hypothétique de l’opinion qu’on
peut prendre de fon antiquité. Avant de développer
mes conjeélures fur cet objet, il convient de décrire
. les reftes remarquables.'
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