
conduire par un autre ; journée du R o i le temps
employé à des ouvrages extraordinaires, & qu’on
ne peut apprécier avec précifion , comme des
épuifemens, des travaux.de modèle , &c.
JUBE, f. m., eft le nom qu’on donne, en France,
à une tribune élevée, & qui étoit bâtie ordinairement
à l’entrée du choeur, où l’on chantôrt originairement
les leçons de matines aux fêtes folen-
nelles, & où l’on redit oit l’épître & l’évangile.
Il paroît que le nom de jubé a été donné à celte
tribune, parce que l’officiant, avant de chanter,
avôit coutume de commencer par cette formule
d’abfolution : Jubé } Domine , &c.
Le nom de ju b é a donc l'uccédé à celui Ram-
bon y véritable nom de la tribune ou des tribunes
fervant, dans lès premières églifes chrétiennes, à
la lefture des épîtres & dés évangiles. Ainfi c'èft
fous le nom di ambon que nous ferons connoître
l’origine, la dellination & la forme du jubé.
Ambon eft un mot grec dérivé du verbe â{*£uî-
niv, pour àva^aivslv, monter. Quelques écrivains
du moyen âge, & qui ne connoiifoient pas la
langue grecque, ont donne pour étymologie à ce
mot, l’ad jeâif latin ambo ( l ’un & l’autre), à caufe
de la double rampe qui conduifoit à ces tribunes.
Il y avoit le pins fouvent deux ambons dans les
églifes, deftinés particulièrement, l’un à la lecture
de l’évangile, l’autre à la leèlure de l’épître. Us
différaient entr’eux par leur emplacement ainfi
que par leur forme. Celui de l’évangile étoit du
cô.té droit ; celui de l’épitre du côté gauche. L ’un
& l’autre étoient placés dans la partie de la nef
qui s’approchoit le plus du choeur ou fanâuaire.
.Cette difpofition répondoit aux endroits,où l’on
fait, pendant la meffe, ces différentes leéfures , en
fuppofânt l’autel ifolé, & le prêtre ayant la face
tournée vers la grande nef, comme cela fe prati-
quoit aux bafiliques. L’ambon de l’évangile avôit ;
deux rampes, une de chaque côté; l’ambon de
l ’épître n’en avoit qu’une, qui étoit du côté de
l’autel. L’ufage de faire accompagner le livré de
l ’évangile par deux acolytes, avec des cierges
allumés, étoit la caufe de cette différence; ces
acolytes, avec leur cierge, fe placoient en haut*
des deux rampes, lorfque le diacre lifoit l ’évangile
Les églifes n’avoient quelquefois qu’un feul
ambon; alors il étoit réferyé pour la leôlure de
l ’évangile ; le leâeur de l’épître ne montoit pas
jufqu’au plus haut degré de la rampe.
Le plan de ces tribunes étoit quelquefois circulaire,
mais plus ordinairement polygone. Cette
forme, en Italie, donna lieu de revêtir les panneaux
des ambons de belles tables de marbre ,
de granit ou de porphyre. Souvent les- deux ambons
étoient renfermés dans une enceinte différente
de celle de l’apfide ou fanêtuaire, & qui en
étoit une forte de prolongement au milieu de la
nef. Cette enceinte, efpèce d’avant-choeur, étoit
deftinée aux perfonnages les plus diftingués entre]
les laïques, &. on lui dônnoit abufivement le n0ni
d’ambon.
L’églife de Saint-Clément, à Rome , confervel
encore les deux ambons & l’enceinte en marbre
dont ou vient de parler,
L’ambon de l’évangile , dans le temple de S
Sainte-Sophie à Conftantinople, étoit de la plu$l
grande richèffe. 11 a été le fujet d’un poème grec!
dans le genre defcriptif; ce poème eft encore!
inédit : il feroit à delirer qu’on le publiât, à caufe
des notions curienfes qu’il renferme , fur les matières
précieufes qui formbient les revêtiflèmensl
de ce monument, & dont l’auteur., Paul-le-Silen-I
tiaire, indique les couleurs.
L’ambon de Sainte-Sophie , au rapport des!
hiftoriens byzantins , a fervi plus d’une fois de
trône, dans les cérémonies du couronnement desI
empereurs de Conftantinople.
Nous ignorons f i , dans les premiers temps du I
chriftianifme , les ambons , tels qu’on vient de les
décrire, fervoient auffi de chaire à prêcher. Ce
qui eft certain, c’eft qu’ils en furent les modèles lors I
du renouvellement des arts, & plus d’une chaireI
fut ainfi conftruite en matériaux, &. revêtue deI
marbres précieux. {Voyez Chaibe.)
Les rites & les ufages eccléfiaftiqües despre-J
miers temps, & tels qu’on les retrouve dans les!
anciennes bafiliques de Rome, fe communiqué-1
rent auffi aux pays dans lefquels la religion dire-1
tienne fe propagea; mais fous d’autres climats, I
avec des conftruclions différentes, les mêmes par- I
ties des édifices changèrent de forme. Nous eu I
avons une preuve frappante dans le choeur de nos I
églifes, qui s’eft trouvé pratiqué en long, lorfque I
celui des premières bafiliques. étoit en forme cir-
culaire. ( Voyez Basilique.)
L’archite&ure gothique, appliquée à la conflruc-1
lion des églifes chrétiennes, contribua encore aux
modifications que reçut l ’ambon ou jubé. Au lieu I
d’en faire une tribune ifolée à une feule ou à deux I
rampes, on imagina de le conftruite en élévation I
à l’entrée du choeur, & d’en faire une partie delà I
conftruôlion même de l’édifice, en lui donnant I
d’un côté & de l’autre, un efcalier en degrés à I
fpirale. De cette manière, le jub é fut une arcade
qui féparoi'l la nef du choeur.
Il paroît que ces cpnftru&ions, qui lendoient à
divifer l’églife en deux, & à obftmer la vue du I
choeur, ont difparu dans plus d’une églife go- I
thique, par l ’effet des reftaurations ou ragrémens
qu’elles ont fubis. Ainfi, nous lifons dans leDic- I
tionnaire de Daviler, que l’églife deSaint-Ger-
main-l’Auxerrois, à Paris , avoit eu jadis unfein-
hlahleju b é qui a difparu.
Le feul ju b é bâti de la manière fufdiie, quon
voie à Paris, exifte dans l’églife de Saint Etienne-
du-Mont.
On trouve que ce ju b é , chargé de fculpim'es
d’affez bon goût ( car cette églife offre un mélange
f rl fenfible du gothique & du moderne), ëft trop
fvbaiffé , ce qui indiqueroit une conftruâion
d’une date peu ancienne. Mais on regarde comme
i un chef-d’oeuvre de hardieffe en fon genre, & un
Lourde force du conftru&eur, les deux tourelles
\ îour qui font placées chacune à une des extrémités
du jubé: elles renferment les deux efcaliers
qui mènent à la galerie formée par l’arcade fur-
jJaifée dont on a parlé. Ce qui en rend l’afpe£l fur-
prenant, c’eft que les tourelles étant à jour, laif-
lent voir le deffous des marches portées en l’air
| par encorbellement, & le mur de leurs têtes , qui
n eft foutenu que par une foible colonne d’un derni-
' pied de diamètre, placée furie bord extérieur de
l’appui de la cage tournée, en limaçon.
L’ufage de ces fortes de ju b é , ainfi. que celui
des ambons tels qu’on les a décrits dans les anciennes
bafiliques, ne fe font pas perpétués dans
les églifes nouvellement conftruites, & la feule
pratique qui en rappelle l’idée , eft celle des
chaires à prêcher.
1 JUMELLES, f. f. p l ., fe dit de deux pièces de
bois, de fe r , ou d’autre matière, ayant même
forme-, & qu’on emploie conjointement à un
même ouvrage..
JUSTE, s’emploie, dans le déifia, pour dire
qu’un ouvrage, eft conforme , foil à la nature, foit
à fon original. On dit un de [fin ju jle , des contours
\jufles , c’eft-à-diré , rendus, avec précifion, exac-
t titude & netteté.
RAT
K.ATABLEMATA. Ce mot grec lignifie propie- I
ment des rideaux, & tout ce qu’on laiffe pendre, ;
du haut en bas. , •
Pollux, dans fon Onomajlicon y appelle ainfi
des toiles & des cloifons de planches réunies, fur
lefquelles on repréfentoit des montagnes, des rivières,
la mer , ou d’autres fujets femblables. On
s’eu fervoit fur les théâtres des Anciens ^ pour
exécuter les changemens de fcène ou de décoration.
Au moyen de certaines machines, on les fai-
foit avancer ou defcendre fur le théâtre , on les
enlevoit^ &. on y faifoit fuccéder d’autres décorations.
KÉR AU N O SC OP EION. Ce mot veut dire tour
àfoudroyer. On appeloit ainfi, chez les Anciens,
une machine de théâtre qui fervoit à imiter la
foudre, telle qu’on fuppofoit quelle étoit lancée
par Jupiter du haut de l’Olympe'. Il ne faut pas
confondre cette machine avec une autre en ufage
furie théâtre, qu’on appeloit bronteion, & qui
fervoit à produire le bruit & les éclats du tonnerre
: celle-ci étoit placée fous la partie pofte-
rieurede la fcène, & confiftoit en outres remplies
de petites pierres, qu’on faifoit rouler fur des
badins de bronze. Ces machines , propres à imiter
l’a&ion ouïe bruit de la foudre, étoient îndif-
penfables fur les théâtres des Anciens, où l’on
repréfentoit très-fréquemment des apparitions de
divinités , au milieu du bruit & des retentiflèmens
du tonnerre.
KIOSQUE, f. m. Ce mot eft emprunté de la
langue turque , & l’objet exprimé par ce mot
eft auffi un emprunt fait aux ufages des peuples
du Levant, ou l’on met au nombre des befoins in-
difpenfables de la v ie , le befoin de paffer des
heures entières dans un repos abfolu, à prendre
le frais & à jouir en filence de la vue de la nature.
Il y a peu de maifôns fur le canal de la mer., à
la Propontide, qui n’aient fur leurs terraffes ou au
bout de leurs jardins, de ces pavillons appelés
kiofquesy & ce petit bâtiment eft un acceffoire
obligé de tous les palais & de Tous les jardins.
On donne ic i, dans la difpofition des jardins ,
le nom de pavillon. ( voyez ce mot) à de petits
i cabinets ou à de petits falons dont on fait à peu
près le même emploi, fi ce n’eft que la différence
de climat exige que l’intérieur de ces petits bâti-
mens, puiffe refter ouvert ou être clos à volonté.
Le mot kiojque a prévalu, depuis quelques
années, pour défigner ces petits édifices, c’eft-à-
dire, depuis que le goût des jardins chinois , ou le
jardinage irrégulier, s’eft répandu. La différence
du kiojque au pavillon cônfifte peut-être uniquement
dans le goût un peu plus grotefque ou bizarre,
qu’on applique à ces qonftru&ions , pour les
mettre mieux d’accord avec le. genre irrégulier
des jardins. On donne volontiers au kiofque des
couvertures recourbées à la chinoife ,. des châffis
& des portes eiT entrelas , des ornemens empruntés
de la Chine, & tout l’ameublement qui
retrace un goût étranger.
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