
Cette encre eft une compofition en pains & en
bâtons qui fe délaye & fond dans l ’eau , & dont on
le fert pour tracer & laver les deffins d’architeélure.
La meilleure vient de la Chine. Elle eft dure, v eloutée,
un peu roufsâtre,& fe détrempe difficilement.
Elle fe contrefait en Hollande & en d’autres pays.
Celle-ci eft plus molle, fe détrempe plus facilement &
eft moins belle.
On mêle quelquefois à Y encre de la chine, après
qu elle eft delayée, un peu'de biftre ou de^fanguine
pour rendre Ja couleur du lavis plus tranfparente
ou plus tendre.
ENCROUTER, v. p. On dit d’un mur, d’un
marbre, qu’il eft encroûté , quand il s’eft formé
deflus, foit par le laps du temps, foit par l’aélion de
1 air ou de l’eau , une croûte ou une forte de fedi-
ment qui ajoute à fon épaiffeur.
ENDUIT, f. m. ( Conjlruêliôn ). C ’eft un revê-
tiffement, foit en mortier , foit en plâtre, foit en
ciment, foit en ftuc, que l’on fait fur des murs conf-
truits en moëlons, en briques ou de quelqu’autre
matière, pour former une fuperficie unie.
Des enduits antiques.
Les Grecs & les Romains, qui n’ ufoient pas comme
r.ous de lambris,.de menuiferie, dans les revêtiife-
mens des murs intérieurs de leurs appartemens ,ap-
.portoient le plus grand foin à leurs enduits. j
Vitruve ( /. R , ch. 3 ) nous a confervé le détail
des précautions que prenoient les Romains dans
l’exécution de cette efpèce d’ouvrage qu’il défigne
par le mot tetiorium. Les enduits ordinaires, félon
cet écrivain, étoient compofés de trois couches.
La première étoit formée d’un mélange de gros
fable & de recoupes de pierres broyées avec de la
chaux ; cette première opération s’appeloit truli-
fqtio.
La fécondé couche fe compofoit d’un mortier de
chaux & de fable un peu plus fin; on appeloit cette
fécondé opération arena dirigere. Lorfque Y enduit
devoit avoir lieu dans des endroits humides, on
mêloit avec le.fable du tuileau pilé.
Ce qui faifoit la troifième couche, étoft un mortier
compofé de chaux & de fable très-fin. On y
mêloit quelquefois de la craie ou de la poudre de
marbre. Cela s’appeloit artnâ, aut cretâ , aut mar-
more polire.
Il exifte dans les ruines des édifices antiques de J
Rome, des parties d’enduit dont les trois couches
forment enfemble une épaiffeur de quatre à. cinq
pouces. La première a environ trois pouces. Elle
paroit avoir été fortement comprimée & battue.
Pour lui donner plus de cdnfiftance ,'b V y enfonçoit
dp .grandes morceaux de briques ou de tuileaux de
huit à dix pouces de long.
La féconde couche qui a plus d’un pouce d’é-
jp.aiiïeur j eft formée d’un mélange de pouzola/ie de
Rome, & dé tuileau pilé & broyé avec de lacliluv
La troifième couche a plus d’un demi-pouce
paifleur, & paroît être un mélange de craie & al
chaux. ue
Pour parvenir à rendre la.furface de leurs |§|J
régulière & bien unie , les conftruéleurs romains
iormoient fur- la première couche plufieiirs bandes
ou cueillies bien dreffées, tant dans la longueur qne
dans la largeur & dans les angles. Elles fervoient
de guides pour faire les parties intermédiaires au
moyen de la règ le , de l’équerre & du cordeau
ainfi que le pratiquent encore aâuellement les bons
ouvriers.
Dans.les beaux enduits devinés à orner l’intérieur
des appartemens des gens riches, on ajoutoit aux
trois couches en mortier- trois autres çouches de
ftuc ; mais on leur donnoit beaucoup moins d’é-
pameur.
Le ftuc fe formoit avec des éclats de marbre
blanc réduits en poudre, plus ou moins fine, que
1 on féparoit en la faifant paffer par des tamis plus ’
ou moins ferrés. La partie la plus grofle fe mêloit
avec du fable pour faire la première couche. La
moyenne s’employoit avec de la chaux fans fable,,
& ayec la troifième, qui devoit être très-fine,on.
foupoudroit Yenduit à mefure qu’on Tuniffoit. Ce
dernier enduit étant bien fe c , on le poliffoit avec
des pierres à rafoirs & des agathes polies. On par-
venoit, par tous ces moyens, à lui donner un degré
de poli capable de réfléchir les objets comme un
miroir.
On recouvroit quelquefois les enduits des couleurs
les plus brillantes, telles que le minium ou le rouge,
1 arrnenium ou le bleu, le purpurijjum ou couleur
de pourpre foncé, ainfi que de beaucoup d’autres,
dont on formoit des teintes unies ou des comparu-,r
mens. Les couleurs s’appliquoient fur la dernière,
.couche de ftuc encore fraîche. Pour conferver l’éclat
des peintures, on les frottoit avec de la cire blanche
punique, mêlée avec de l’huile bien pure. Ce
mélangé fondu , on y trempoit des houppes de foie
qui fervoient à l’étendre fur le mur. Enfuite avec
un rechaud, rempli de charbons ardens, on réchauf-
foit 1 enduit pour le faire refuer en le frottant à
mefure , ce qui lui donnoit le luftre le plus éclatant.
C’ eft fur ces fonds colorés que fe peignoient les
Arabefques, payfages ou fujets hiftoriques dont on
•a trouvé tant de reftes dans les ruines de Rome,
mais furtout dans celles d’Herculanum, Pompeia St
Stabia
Des enduits modernes,
Dans les pays où l’on conftruit aVec du mortier,
on fait les enduits ordinaires de deux bu trois couches.
Avant d’etendrp la première, on commence
par néttoyer le$ joints des murs ou cloifons fur
lefquels on veut appliquer Y enduit. Après les avoir
bien arrofér, on jette à la truelle la p r em iè r e couche
de mortier ^ en ôtant le /iipcrflu ay.ec le tranchant.
de
j e la truelle poiir le rejeter où. il en manque. Cela
oroduit un premier enduit très-raboteux.
" Lorfque cette première couche eft bien fèche, on
en applique Par deflus une fécondé avec du mortier
plus maigre, c’eft-à-dire où il y a moins de
chaux ) que l’on étend le plus uniment que l’on peut
avec le dos de la truelle. Toutefois comme il refte
toujours des ondulations , on les efface avec une
plaque de bois, d’environ fix pouces en carré, qui
efl dreffée & bien unie. Sur le dos de cette plaque
eft cloué un petit taffeau qui fert de poignée. Celui
! qui employé cet inftrument , tient d’une main un
pinceau avec lequel il arrole l’enduit à mefure qu’il
le frotte avec fa plaqué de bois pour le dreffer &
l’unir. .
Quand cette fécondé couche eft prefque fèche ,
on la blanchit avec une ou plufieurs impreflions de
lait de chaux, dans laquelle on ajoute pour les
dernières façons de la colle faite avec des rognures
de peau blanche.
Dans plufieurs villes d’Italie , on peint fur les
induits, foit des Arabefques , foit des payfages, &
ces décorations qui tiennent lieu de tapifferies, coû-
[ tent encore moins cher que les tentures de papier,
1 & durent bien davantage.
Il s’eft confervé ou retrouvé en Italie un allez
grand nombre des pratiques antiques dans la manière
de former les enduits & les Hues, & d’en tirer
parti, foit pour la décoration des palais, foit pour
çelle des églifes.
Il y a à Mdan des ftucs d’une exécution fupé-
rieure dans le palais de l’archiduc,chez le prince
Belgioiofo, chez le comte Grepi. Il y en a de la
même beauté à Florence, au palais Pitti. Ces ou-
; vrages font de deux artiftes habiles , les frères
Giocondô & Grato Albertoli. Le premier étoit,en
1784, profelfeur d’ornement à l’académie royale
des beaux arts de Milan ,& l’autre premier ftucateur
du grand duc de Tofcane. ( Voye^ stuc ).
Des enduits en plâtref
Les enduits de plâtre, tels qu’ils fe font à Paris 9
comprennent trois opérations. La première appelée
Çobetage, confifte à jeter fur le mur ou la cloifon
du plâtre gâché clair. On ufe pour cet effet d’un
balai qui couvre toute la fuperficie d’une couche
mal unie. La fécondé couche fe fait avec du plâtre
■ moins clair, jeté avec la t'ruelle ou la main,& raclé\
avec.épaiffeur de la truelle. Enfin, la troifième
[ couche fe fait avec du plâtre plus ou moips- fin ,
qu’on étend au moyen d’un inftrument fait exprès
pour effacer les ondulations de la truelle.
ENFAITEMENT, f. m. C ’eft une table de plomb
qui couvre le faîte d’un comble d’ardoife.
Enfaitbme^t a Jour. C ’ eft un enfaîtement qui
a encore des ornemens de plomb évùidés, dont la
continuité fur le faîte du comble forme une baluf-
fcade comme au château de Versailles.
Ditfion. d" Arc hit. Tome I I .
ENEAITER, v. a£b C’eft couvrir de plomb Io
faîte des combles d’ardoife, ou arrêter des tuiles
faîtières avec des crêtes fur ceux qui ne font couverts
que de tuiles.
ENFILADE, f. f. On donne ce nom aux appar-
temens dont toutes les pièces foht difpofées à 1*
fuite l ’une de l ’autre fur une ligne droite , de ma-'
nière, que les portes de ces pièces foient en aligne-
ment.
L’ufage des appartemens en enfilade eft allez
général dans toute l’Italie. Soit -que ce1 genre de
difpofition le plus Ample & le plus naturel de tous,
fe foit confervé plus facilement dans un. pays o ù
la folidicé des conftruélions donne moins d’effor
aux variations de la mode , foit qu il convienne a.
un climat chaud , foit qu-il fe trouve d’accord avec;
la pompe & l’oftentation qui forment allez volontiers
le goût dominant des Italiens en fait d’appar-,
tement & de bâtiffe, on le trouve dans les palais
des grands comme dans les mailons des particuliers.
On ne lauroit difeonvenir que la difpofition des
pièces en enfilade ne donne aux appartemens un
ait de grandeur & de magnificence. Dans les palais
elle eft prefque d’étiquette, & elle convient fans
réferve aux appartemens de parade ,. ou chaque
pièce a une forte de deftination publique. Cette
fuite de pièces, que la vue parcourt d un coup-
d’oeil quand les portes font ouvertes, forme une
perfpeélive qui en impofe au fpeélateur & donne
une grande idée de l’opulence du proprietaire.
Cet ufage a long-temps régné en France dans
toutes les habitations. On n’en retrouve plus guères
au jourd’hui d’exemples que dans les palais & dans les-
anciens châteaux. L ’inconvénient des appartemens
en enfilade eft furtout fenfible dans les habitations
d’une modique étendue." C ’en eft un que d’être
obligé de faire traverfer toutes les^ pièces d’un ap-
partement'à ceux qu’on doit recevoir. Cette fujétion
rend prefqu’ inutiles les pièces qui font condamnées
• à fervir de paffage..
Plus la commodité, des diftrihutions intérieures
a fait de progrès dans les maifons particulières, plus
on s’eft déshabitué des enfilades. Ajoutons auffi que
ce genre de diftribution eft monotone & fe prête
peu aux reffources que le génie de la décoration
fait tirer de la variété même des formes dont
chaque pièce peut être fufceptible.
ENFONCEMENT, f. m. Se dit de la profondeur
des fondations d’ un bâtiment. Par exemple ,
on mettra dans un devis, les fondations auront tant
d’enfoncement.
On fe fert aufli du terme enfoncement pour exprimer
la profondeur d’ un puits dont la fouille doit
fe faire jufqu’à plus de deux pieds au-deffous de U
fuperficie des plus baffes eaux.
Enfoncement. ( Jardinage). On comprend fout
ce nom tout terrais dont la furface eft au-deffous y»