
action & peint tout par le gefte ; la mufique, dont
tous les mouvemens font dans les combinaifons
des tons ou des accens de la v o ix , les repréfenta-
tions de la fcène, dont les Ululions fontfripuiffantes
ne feroient qu’ajouter de nouvelles forces à cette
théorie, fi l’on vouloit faire voir combien font
■ jnombreufes toutes les consentions fur lefquelles re- ;
•pofe le fyftême de leur aélioa & de leurs .
«effets.
J’en ai dit affez pour la véritable intelligence
du mot convention, mot qui s'emploie tantôt en I
bonne & tantôt en mauvaife part dans le langage
des arts, & ce que j’ai dit peut lervir à expliquer
Je double ufage de ce mot. Il y a , comme l’on ,
voit dans chaque ar t, des conventions néceffaires ,
&Cq\n tiennent à l’effence même de l’art, il en eft
déplus indirectes ou de fubordonnées, & qui, dans '
^’exécution de chaque a r t, font des conféquences ;
des premières; mais il eft auffi u-n point où elles 1
doivent s’arrêter, car pafle ce point que le gcût feul
ou le fentiment éclairé du beau peuvent fixer, on
tombe dans l’arbitraire & delà dans le bizarre. C ’eft
alors qu’on appelle par critique ftyle de convention ,
forme de convention, tout ce qui s’éloigne par trop des
premières conventions, c ’eft-à-dire, toute compo- \
fttion avec la vérité naturelle, qui n’a pas la vérité :
imitative pour objet, ou tout accord fait avec le ;
plaifir.des yeux qui ne feroit pas fondé auffi fur le- ;
plaiftr de l’efprit ou de l ’entendement. Ceci s’ex- :
plique aifémènt par toutes ces formes dont on dé-
. core des meubles, des objets de gcût & d’agre-
jnent, dont l’effence & le type s’éloigne trop des
modèles que la nature &. le befoin ont pu originairement
leur imprimer 9 mais cela va s’expliquer
.encore mieux par l’application de ees idées à l’art
de l’archite&uré qui eft notre objet.
L ’art de l’architecture 9 abftraCHon faite de l’imitation
intellectuelle ou métaphyfique de la nature ,
f ju s le rapport de laquelle elle peut établir un fyf-
rême de principes j& de règles capables de feu-
mettre la raifoQ, n’ eft véritablement dans fon imitation
pofitive qu’un compofé de conventions. Cette
imitation dont on a développé les principes aux
articles Architecture , Arbre , &c. ( Voye^
•ces mots ) n’eft elle-même qu’une convention très-
ingénieufe faite avec le fpe&atejsr. Cette tranfpo-
fition du fyftême de la charpente ou de la conf-
traCtion en bois aux procèdes de la conftruCtion en
pierre ; cette fiction fur laquelle repofe une grande
partie des plajfirs de l’arçhireCture grecque, devenue
celle de toute l’Europe ; cette fhétaphere de
l ’ai t ne peut exifter rigcureufetner.t fans une multitude
de corr.poutions avec la -vérité. Il ne faut
donc pas s’étonner que cet .artToit fi facile à s’égarer
dana de ridicules abïurdités^; comme la b.afe
.de fon imitation eft elle-même mobile & fugitive.,
foit qu’une raifon tropauftëre veuille prêffer cette
imitation,. fort qu’une imagination trop complaisante
s’en empare; on peut aifémènt ou la porter
au-delà, -ou la faire rétrograder en-deçà du-point
que le fentiment de la vérité indique au bon
goût.
L ’on eft convenu de regarder comme pofitifee
fyftême d’imitation , .& quoique le modèle n’en
foit pas effentieilement dans la nature, puifque ce
modèle eft lui-même déjà un réfultat de l’a r t, on
eft convenu que l ’ouvrage diélé par le lentiment
le plus funple , & pour ainfi dire, par l’inftinft de
la nature, feroit à i’architeélure ce que les ouvrages
de la nature font à la peinture &. à la
feuipture.
De-là l’imitation matérielle de l’archtteâure
Ainfi tout édifice dont l’enfembie &. les détails
rentreront avec le plus de précifion dans les données
de ce type élémentaire de l’art , pa fiera pour être
le plus près de la nature.
Mais on voit bien que l’architeâure foumife à
tant de befoins divers dans tous lés édifices que la
fociété exige d’elle, a dû néceffairement faire fléchir
à un grand nombre de convenances la rigueur
de fon imitation.
C ’eft toujours par analogie que procède cette
imitation , & l’ analogie n’a point de bornes.
Le goût cependant lui en a pofées. Oa les trouvera
dans les conventions que l’ ufage & l’autorite
des grands maîtres a fixées.
Du nombre de ces conventions ; car on ne fau-
roit les énumérer toutes, eft l’ufage des parties re-
pr.ëfentatives du comble dans les intérieurs des
édifices, ainfi que l ’emploi des entablemens dans
une multitude d’endroits, où il eft impoffible de
luppofer l’exiûence réelle des pièces conftitutives
de la charpente que eés entablemens défignent.
On ne fauroit appeler d’ un autre nom la méthode
appuyée par l’ufage même de l’antiquité d’ élever
plufieurs ordres de colonnes avec des entablemens
où le trouvent répétées plus d’ une fois les parties
caractériftiques des pannes & chevron? d’un
comble. Les pilaftres dont on doit blâaiër le fréquent
emploi fans qu’on puiffe en bannir totalement
l’ufage de rardiite&ure, repolênt auffi fur
une véritable convention.
On en a dit affez , &dans cet article, & à ;celui
de convenance, pour faire fentir à un elprit .droit
de quel intérêt il eft de connoître la valeur des différentes
conventions.de l’architeâure , & combien
il importe d’en refpe&er les convenances. Onm’.en
diroit jamais affez pour ceux qui p rend r oient à
tâche de tout contefter , & fe prévaudroient de ce
qui exifte de conventionnel dans un art pour faire
tout retomber dans l’empire de l’arbitraire.
CONVENTIONNEL, adj. mafe. On appelle
ainfi tout fyftême, tout principe qui repofe fur
des conventions ; les deux .arts qui ont le plus de
conventionnel font, fans contredit , la mufique &
l’architeélure, puifque leur imitation n’a point de
modèle poûtif qni puiffe amener une démonftra-
CO N V E X E , ad. ro. & f. Se dit de la furface
extérieure d’un corps rond , par oppofition à fâ
furface intérieure qui eft creufe ou concave. ( Voyt{
COKCAVE. } .
CON VEX ITÉ , C f- Se dit de la qualité qu’une
furface a d’être convexe. Les mots concave & con-
vexe font relatifs , &. s’appliquenttparriculièrement ■
aux corps fphériques ; ce qui eft convexe d’un côté r ;
eft concave de l’autre. L ’intérieur d’ un dôme ell
une concavité,.l’extérieur eft une convexités
C O P
CO P IE ,. f.. f. Double ou répétition d’un ou- .
vrage quelconque; une copie,, pour être bonne,,
en. qualité pure & fimple de copie., doit avoir les
beautés & les défauts de l ’original.
Quoiqu’on ait dit que les moindres originaux:
font plus eftimables que les meilleures copies, je
crois cependant que beaucoup d’archite&es modernes
auroient mieux fait de nous offrir, 4ans
leurs édifices ,.de bonnes copies des ouvrages grecs
&. romains , que des originaux fans caraétère.
Le mot copie repréfentant l’effet dont le mot
copier exprime l’aâion, & le réfultat dépendant de
îa manière dont ôn procède pour l’obtenir, je renvoie
pour de plus grands détails au mot copier..
COP IER, v. aâ:. faire une copie.
L ’étymologie de ce mot, qui eft le mot italien
copia,. indique avec affez de précifion le véritable
fons attaché à l ’idée de copier. Copia qui veut
dire couple ou double d’ une chofe quelconque, a
fait le mot copiare, qui veut dire faire le double d’ùn.
objet. G’eft dans la région de l’imitation l’emploi
précis du mot copier & la définition de l ’idée qu’il
exprime.
Imiter,, comme on le dira à foa article, offre
une idée extrêmement abftraite & Complexe à-la-
fois. Sa définition générale étant l’idée de répétition
d’un objet par & dans un autre objet, la
théorie de l ’imitation préfènte autant de divifions
ou d’efpèces d’imitation qu’il y a de manières différentes
de répéter un objet dans un autre objet.
^ Comme il y a des manières de produire la répétition
d’ un objet par les reffources de l’art & du
génie, ce qui conftitue la fphère? la plus relevée de
l'imitation ,.ou l’imitation proprement dite dans fon
fens moral, il y en a auffi qui ne produifent la répétition
d’ un objet que par dès procédés mécaniques
& des moyens, où la penfée, le fentiment & le
génie n’entrent pour rien, ce qui conftitue la claffe
«ubalterae de l ’imitation réduite à l’idée fimple de
C O P 7s
répétition dans le fens matériel j entté ces deux
degrés fe trouve placé l’art de copier.
L ’imitation demande du génie, la répétition no-
veut que des mefures ou des moules; la copie peut
emprunter dés moyens mécaniques, mais comme-
elle eft encore plus le réfultat de l’homme que d’un
procédé technique indépendant d.e l’homme, elle
fuppofe de la jufteffe dans l’oeil, delà facilité d’exér
cution & le lentiment des beautés de fon original*.
Elle exige par conféquent du talent.
Copier n’eft donc pas une chofe tout-à-fait étrangère
à l’art, mais fimplement à l ’invention.
L’idée d’imitation s’applique aux oeuvres de J,a.
nature, l’idée de copie »’applique aux-ouvrages de-
l’art..
Comme c’eft ordinairement dans les ouvrages
de l’art qu’on apprend à connoître & à imiter ceux,
de la nature, c’eft toujours par des copies que procèdent
les commençans. Les ouvrages de l ’art onc
quelque choie de fixe t de déterminé &. de plu»
facile à faifir ; c’eft pourquoi on en donne à étudief
les modèles aux jeunes élèves.
A :n fi, c’eft toujours par copier que commencent:
ceux qui feffeftinent à imiter.
Nous avons dit que l’idée de copie étoit exclu-
five de l’idée d’invention, & nous avons dit que-
l’invention conftituoit éminemment la véritable'
imitation. D ’où; il réfulte que fi l ’on doit commencer
par copier pour apprendre à imiter, il ne-
faut pas fe condamner trop long temps à un travail:
q u i la i f fa n t dans l’inertie la faculté inventive ^
l’empêche quelquefois de fe développer-.
Il y a toutefois dans l’étude même qu’on fait des.
► ouvrages de l’art, une manière d’en tirer parti enr
imitateur plutôt qu’en copifte. C ’eft-là le fecret
même du génie.. Mais ce fecret que les maîtres ,
par les leçons & les exemples, peuvent révéler à
leurs élèves, eft difficile à communiquer par la
théorie.
On a vu de grands hommes imiter les oeuvres-
de leurs prédéceffeurs, s’en approprier les beautés-
& n’èn pas être moins originaux, n’en pas moins
paffer pour inventeurs. 11 eft , en effet, poffible
d’exercer fur les idées & les conceptions d’autrui
l’empire même de l ’invention. Il eft poffible de.
les fuivre avec une telle liberté, que l’invention
fe montre dans le choix de ce qu’on en conferve,
comme dansIechoix.de ce qu’on y ajoute, de ce
qu’on en fupprime ou de ce qu’on y modifie ,
dans l’emploi, dans l ’application du fujet,comme
dans la recherche de fes détails. C’èft de cette
manière que dans tous les arts ,de grands homme»
ont étudié les ouvrages ou de leurs devanciers ou*
de leurs contemporainsy ont puifé fans être plagiaires
, & les ont imité fans être copiftes.
Ce qui différencie en ce genre l’imitateur des
ouvrages de l’art, de celui qui n’eft que leur copifte,
c’eft que le premier pénètre le fecret de leuir
création, fait lire dans les inventions d’autrui le»
maximes ou les infpirations qui les produifirent^