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En Italie, & fur - tout à Rome , au lieu de
planches ou lattes, on pofe fur les chevrons de
grandes briques, d’environ 1 1 pouces de longueur,
qui portent d’un chevron à l’autre; ces briques
forment enfemble une furface plane inclinée fur
laquelle on pofe les tuiles. Cette efpèce de cou^
verture étant fort lourde & peu inclinée, on eft
obligé de mettre moins d’efpaee entre les fermes >
les pannes & les .chevrons.
Dans les provincesfeptentrionales, au lieu de briques
ou de planches ,. on cloue furies chevrons des
lattes qui fervent à accrocher les tuiles plattes ,
ou des voliges à claire-voie fur!lefquelles on cloue
l’ardoile.
En 1561, Philibert Delorme publia un ouvrage,
intitulé : Invention pour bien bâtir & à petit frais, dans
lequel il propofe une nouvelle manière de èonftruire
des combles avec des courbes eh planches doubles,
entretenues par des liernes&affemblées par le bas dans
une fablière, ainfi qu’on :peut le voir par la fig. 145.
Ces efpèces de combles font de véritables'voûtes en
bois; chaque courbe fert en même-temps de ferme
& de chevron, l’intérieur étant Iatté & recouvert
en plâtre, forme une voûte. Pour l’extérieur, on
ajoute à chaque courbe deux parties'de planches
qui forment un angle au-deffus du fommet de la
voûte, afin d’obvier à fon peu d’ inclinaifon ; vers
le bas on raccorde les courbes, , jufque fur l’entable-
• ment, par d’autres planches taillées én adouciffement,
auxquels on donne le nom de coyaux ; on a fait.
y ufage de ce moyen pour couvrir la cour de la ;
nouvelle Halle-au-Blé.
A Venife, le dôme de la Soluté qui a 76 pieds
de diamètre extérieur eft conftruit à-peu-près de
même ; cependant, les _ courbes , au lieu d’être
formées de deux épaiffeurs de planches, font
compofées de quatre épaiffeurs , faifant enfemble
5 pouces 4 lignes ; ces planches font unies ènfem-
blé avec des clous. Les courbés, qui font au nombre
<le 96, font affemblées par le bas dans un cercle
formé de plufieurs rangs de planches en liaifons ,
clouées les unes fur les autres. Environ vers le
tiers de la Hauteur, ces courbes font unies enfemble
par un grand cercle.de fer pofé à l ’extérieur &
d o u é -fur chaque courbe. Ce procédé eft beaucoup
plus-fimple que celui propofé par Philibert Delorme.
Toutes les entailles, les chevilles, les clés & les
coins' que cet auteur propofe pour affemhler les
courbes avec les iiernés, les affoibliffent & font
capables de lés faire fendre dans un temps humide,
fi on les a trop ferré dans un temps fec , parce
que l’humidité fait renfler le bois ; ces bois venant
à fécber de nouveau' par la chaleur , les coins
6 les clés ne tiennent.plus & ne fervent plus dè
rien ; il vaudroit • beaucoup mieux ’ entretenir Cês
courbes par des tringles clouées en deffus & en
deffous & entaillées de leur épaUieur dans lés courbes.
( Voyt(, pour un plus long détail, l’article V oûte
EN BOIS.)
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En 1754, M. le cher Defpie compofa un petit
ouvrage fur la manière de conftruire des combles
en briques, afin de rendre les édifices incom-
buftibles. Il établit fes combles fur des voûtes fur-
. baiffées, compofées d’un doublé rang de briques
pofé es à plat. Lorfqu’il s’agit d’un comble à deux
égoûts , on établit, fur l’extrados de 1 à voûte ,
des cloifons en briques de champ doubles , dans le
fens de la largeur {fig. 146 & 147. ) Ces cloifons
font efpacées d’un pied l’une de l’autre; pour ne
point trop charger le milieu- de la voûte, on
pratique dans chaque cloifon une arcadè de fix
pieds de largeur ; ayant arrafé ces cloifons, félon
la pente que doit avoir le to it , on formé deux
furfaces planes inclinées, avec des briques de 15
pouces de longueur, qui portent d’une cloifon à
l’autre , & pour plus grande folidité on les fait
de deux rangs de briques pofées en iiaifbn avec
du plâtre ; c’eft fur ce fécond rang couvert d’un
aire que l’on pofe les tuiles ou ardoifes.
Il faut remarquer que cette efpèce de comble tR.
extrêmement lourd- & compliqué ; que la quahtité
de briques qu’il faut pour l’exécuter le rendroit
fort coûteux. 6
On a imite les combles briquetés du chcr Defpie,
à Paris , dans plufieurs grands édifices, & fur-tout
au Palais - Bourbon ; fnais, au lieu de toutes les
cloifons de briques, on a conftruit une partie de
voûte gothique au-deffüs de celle en plein ceintre
fur laquelle le comble eft établi.
Ces différens procédés ne valent point ceux qu’on
a employé pour couvrir les bâtimêns circulaires
de la Halle-au-Blé, repréfentées par ies fignfes 148
& 149. Ces combles, au lieu de fermes de charpente
, font compofés d’ares - doubleaux extra-
doffés à deux pentes'; qui lient la voûte-intérieure
avec celle qui, firme les furfaces inclinées' fur
lefquelies pofent les tuiles. Ces arcs-doubleaüx font
efpacées d’environ 9 pieds y & les parties de voûtes
plates & rampantes font bandées de l’une à l’autre ;
cette conftruélion, qui eft fort bien exécutée &
bien entendue^ eft la feule qui conviendroit aux
édifices publics pour les rendre folides , durables,
& les mettre à l’abri des incendies ; c’eft ainii
qu’on auroit dû cou vrir la cour de cet édifice -,
au lieu d’une voûte de bois dont la foibleffe &
le peu de durée contrafte d’une manière frappante
avec le furplus. de l ’édifice. • -
Au Théâtre des Variétés, le comble *eft une
efpèce de charpente en fer, compofée de fermes
moifées qui foutient une voûte en briques creufes ;
ces nouvelles briques, que l’on appelle auffi pots,
ont l’avantage de former, avec moins de poids, une
voûte plus'épaiffe que lés briques maffives , &
.par conféquent plus propres à terminer un édifice.
' ( Voyelle mot VouTE.)
M. Angot, architecte , a trouvé auffi un moyen
fort ingénieux de former des combles ÿ & desplanchers
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planchers tout en fer. Comme tout l’art de ces
combles dépend de l’arrangement des pièces qui
cqmpofent les fermes, nous renvoyons encore à
cet article.
COMBLER, v . a&. Combler un foffé , un précipice.
Les travailleurs comblent les foffés d’une
ville ; le temps a comblé les canaux de l’Egypte
& de l ’Affyrie ; la plûpart des édifices anciens font
comblés de terre.
COMMISSURE, fubft. fém. Point d’union de
deux corps appliqués l’une à l’autre , ligne , félon
laquelle ils font joints enfemble. Ce mot vient de
commijjura, employé par Vitruve ; il fignifie jointure
dans cet auteur, & Philibert Delorme appelle
commijjure les, joints des pierres.
C ommissure de pente. Joints qui font en pente
, tels que ceux des claveaux d’une plate-bande
©u d’une architrave. Voye^ Joints.
COMMODITÉS , pron. fém. On dit qu’un appartement
a toute forte de commodités quand il eft
bien diftribué , quand on y trouve plufieurs cabinets
ou petites pièces de dégagement, & fur-tout
quand il eft approprié à nos ufages habituels. Voye{
Moeurs , Usages.
De l’obfervation des règles de l’a r t, il réfulte
fouvent plus de commodités dans un édifice , que de
l’afferviffement aux fantaifîes de la mode.
On a donné par euphémilme le nom de commodités
aux latrines. Voyez ce mot.
COM M U N , fubft. mafe. C ’eft , dans un palais,
un corps de bâtiment où l ’on prépare les mets
qui doivent couvrir la table du prince & celle de
fés officiers. Dans un hôtel, c’eft fimplement une
falle où mangent les gens de maifon ; dans une
maifon religieufe, c’eft le réfectoire des domefti-
ques ; enfin, c’eft en d’autres endroits , le logement
des gens de ferviçe.
Les grands ont fait augmenter leur commun dès
qu’ils ont cru qu’il étoit de leur dignité d’avoir une
table plus abondante & des valets plus nombreux :
ainfi il y a à Yerfailles un grand & un petit commun.
Le grand commun eft remarquable par fon étendue
; il eft bâti à la gauche du château dont il eft
ifolé ; il eft double en fon circuit & renferme une
cour carrée. Hardouin Manfard eu a donné les défi-
fins. Voye{ MansaRd .
COMMUNICATION, fubft. fém. Moyen établi
pour aller d’un lieu à un autre. Une tranchée fert
de communication à divers points d’attaques ; une
fortereffe a une communication avec une autre for-
tereffe, par des chemins couverts ; une galerie ouvre
à. plufieurs appartemçns une communication
£ Architeét. Tome I I *
C O M 17
entre eux. Le canal de Languedoc eft la comrnuni
cation des deux mers. Plus on établira de communication
entre les villes, plus elles pourront fe feccu-
rir. La force d’Athènes étoit dans fa communication
avec le Pyrée.
COM P AG N O N , fubft. mafe. Nom que l’on
donne dans les ateliers à ceux qui travaillent jour-
nalièrement fous les ordres d’un maître.
- On appelle un ouvrage de routine , un ouvrage
de compagnon.
Tel qni n’a fait que des ouvrages de compagnon
a cependant paffé pour artifte.
COMPARER, v. aél. Oppofer les monume.-s
d’un peuple à ceux d’un autre peuple, ceux d’ un
fiècie à ceux d’un autre fiècie , en examiner les rapports
& les différences , rapprocher les différens
âges de l’art. .
Il faut comparer pour connoître , juger & choifir;
on connoîtra mal , on jugera faux , on choifir a
fans goût, fi l’on compare avec prévention , & fi ,
avant de comparer , on n’ eft inftruit de la température
de chaque climat, des matériaux qu’il produit,
des moeurs des peuples qui l ’habitent & des
colonies qui ont pu s’y établir.
L’archite&e qui a vu & n’a point comparé, emploie
indiftincrement ce qu’il fe rappelle , & ne produit
qu’un mélange bifarre de parties difparates.
COMPARTIMENT, fubft. mafe.Difpofition de
figures formées de lignes droites ou courbes , &
fervant à décorer les furfaces avec grâce & régu-,
larité. c
Compartiment, félonTexpreffion italienne ; dijlrr
bu^ione , fignifie encore diflribuŸwn. Nous ne l ’employons
guères en ce fens, que dans les deux exemples.
fuivans.
C ompartiment de rues. Divifbn intérieure
des quartiers d’une ville ; des rues percées au ha-
fard, & qui fe rencontrent de même ; des quais qui
fuivent les fmuofités du fleuve qu’ils renferment,
& des îles dont les bords font inégaux n’offrent
enfemble que des irrégularités 6C non des campa -
timens. En général, ceux-ci ont toujours été affez
rares , & Dicoearque , difciple d’Ariftote , nous dit
que , de fon temps , les rues d’Athènes n'étoient
point alignées. Vôye{ V il l e , Ru e , & c.
C ompartiment de parterre. Il ne faut pas
le confondre avec parterre de compartiment. Voyez
Parterre. Compartiment de parterre s’entend des
fentiers qui féparent les diverfes pièces parallèles
dont un parterre étendu eft ordinairement compofé.
Si l ’on donne le nom de compartiment à cvs fentiers,
on peut ,fans doute , le donner auffi aux allées d’un
jardin ou d’un parc ; cela eft une fuite néceffaire
de l ’application du même mot à des rues bien