
lations & leur mélange avec les groupes d’arbres ,
femblables à ce que la nature produit d’elle-même,
que confiftè l’art de difpoier les gazons.
Quant à l'art d’avoir de beaux gazons, il dépend
de la culture & de divers foins & procédés
étrangers à l’objet de ce Diôlionnaire.
GAZONS fe d it , au pluriel, de mottes de terre
carrées, couvertes d’herbe.
GAZONNER, v. a. Revêtir de gazon un terrain.
GENE. ( Voyez Sujétion & Gêné. )
GENE, adj. m. Ce mot, dans le langage des
arts, exprime naturellement l ’idée oppofée à celle
de libre ; & libre étant louvent fynonyme de facile
, on entend par gêné 3 non-feulement ce qui
manque de liberté dans la manière de compofer &
de faire, mais ce qui femble avoir été exécuté
avec peine.
On dira, en arcliiteêlure, que l’artifte a été
gêné dans la difpofition de fon plan ou l’ordonnance
de fon élévation, par des circonftances environnantes
, & ce qu’on appelle des fujétions.
Les gênés qu’éprouve l ’architeôle font effectivement
très-nombreufes, & il eft rare qu’il pniffe
déployer en liberté fon talent, tant il eft commun
d’être gêné par le défaut de moyens pécuniaires ,
par les fantaifies des particuliers, ou même par
des opinions ou des préjugés publics. Dans ce
feus, le mot gêné n’exprime qu’une idée matérielle.
'
Le mot gêné exprime une idée morale quand
on lui fait lignifier l’embarras qu’éprouve dans la
rédaâion de fa penfée, celui qui, ne voyant pas
nettement fon fujet, en embraffe péniblement
l ’enfemble. On dit alors qu’une compofition elt
gênée.
Ce que Von conçoit bien s*énonce clairement}
& les mots pour le dire arrivent aifément 3 a dit
-un poëte fur l’art d’écrire. On le peut dire de même
de l’architeQure & de tous les arts. Lorfque l’ar-
chiteête conçoit bien, & dans toute fon étendue,
le programme qu’il doit rendre, on trouve une
aifançe fingulière dans l’ordre & la combinaifon
de toutes les parties qu’il a l’art de foumettre à un
motif limple & général. Cette aifance qu’i l a éprouvée
en faifant, fe communique au fpettateur, qui
elt porté dès-lors à conclure de l ’effet qu’il éprouve,
que la chofe a été facile & n’a point coûté de peine.
Mais comme Boileau vouloit qu’on apprît à faire
difficilement des vers faciles,nous dirons auffi que
cet air de facilité dans l ’exprelfion de la penfée,
n’eft pas moins que d’autres qualités,le réfultat de
l’étude ou de la peine.
Comme on d it, ou d’un projet, ou d’une com-
pofilion, ou d’un plan, qu’il eft gêné 3 en ce qu’il
femble avoir été fait fans cette liberté d’efprit dont
oc a parlé, on dit auffi de l’exécution même d’un
deflin, que cette exécution eft g ê n é e ou femj
gêne, lorfque le mécanifme de la. plume ou/
crayon eft tâtonné, timide &. fans facilité. U
GENGA d’Urbin ( Jérôme ) , né en 1476,mort
en i 55i , peintre, fculpteur & arcliiteêle, Bâtit à
Pefaro, pour le duc d’Urbin, un palais maguifi,
que, & dont la belle diftribution, tant au dedans
qu’au dehors, fit l’admiration de tous les princes
qui pafferent par cette ville , & particulièrement
du pape Paul I I I , lorfqu’il alla vifiter Bologne. On
cite de lu i, dans la même v ille , la cour de l’édifice
appelé i l Palazzo , l’églife 'de S. Jean-Baptifte
la plus belle de toute cette contrée. Il donna les
deffins du couvent des Zoccalanti du mont Ba-
roccio & de l’évêché de Sinigaglia. Appelé dans
la fuite à Mantoue, après avoir reftauré & embelli
le palais épifcopal de cette ville , il y éleva la façade
de la cathédrale , ouvrage q u i, pour la <uàce
& la beauté de fa compofition & de les proportions
eft regardé comme un des plus heureux morceaux
d’arcnite&ure en ce genre.
Genga ( Bartliélemi ) , né en i 5i 8, mort en
1558 , eut pour maître Jérôme fon père, Vafari,
Ammanati, &. furtout l’antique , qu’il étudia avec
foin.
A Pefaro il fit pour le duc d’Urbin un fort beau
palais, & donna pour le port de cette ville un def-
fin très-ingénieux, que diverfes circonftances em<
pêchèrent d’exécuter. A Mondavio il conftruifit !
l’églife de Saint-Pierre, petit édifice à la vérité,
mais des mieux entendus. Habile en l’art des fortifications,
il fut appelé en Bohême & à Gênes;
mais le duc d’Urbin confentoit difficilement à le
laiffer aller. On eut beaucoup de peine à en ob- s
tenir le départ de cet artifte pour M a l l e , où le '
grand-maître vouloit bâtir des fortifications, &
faire deux villes de deux villages. L’intrigue enfin
obtint le contentement du duc. Barthélemi Genga
fut reçu à Malte comme un nouvel Archimède. Il
avoit déjà commencé à exécuter quelques-unes de
fe.s inventions ; il avoit fait le modèle d’une ville,
de quelques églifes, d’un palais pour le grand-
maître , lorfqu’il fut furpris p a r la mort, à Page
de quarante ans. Cette perte fut vivement fentie
par l’ordre de Malte, & furtout par le duc d’Ur-
b in , qui fe fit un devoir de prendre- un foin particulier
de la famille de Genga.
On attribue à cet arcbiteOe l ’invention de certains
mafques affez curieux. Il faut dire encore
qu’il fut liabile dans la compofition des décorations
de théâtre , & qu’il verfifioit avec beaucoup
de facilite.
GÉNIE, f. m. L’idée qu’on attache à ce mob
dans les arts , peut être envilagée fous deux rapports
diftinâs. . ' . •
Génie s’entend de cette qualité qui fai1 Pal,'
des facultés morales, & dont le produit eft ce <fu 011
,1 ordinairement création ou -inventiony te
A ^ o ia n e d an s un f e n s p lu s r e f l r e m l , i l n e l i g n in e
‘l°\ièdifp°/'t' o n j n p h tu d e .
' Bénie s’entend de cette efpèce d’êtres allégo-
■ „ „e s crue les Grecs & les Romains aroient péri
r [liés & dont lents monument ont contervé I r U î t u d e d’images. Le génie pris fous ce rapp
o r t fera Fobfet de 1 article fnrvant.
■ 'Du g é n ie .ctmfidéré & expliqué félon la définition
du mot.
I ponI parler d’abord de l ’dtymologie morale dn
I mot génie, nous dirons que 1* génie ne fut en gé-
I Eéral chez les Anciens, qu'une abftraèhon morale
| mi esprimoit les propriétés, les facultés, les qua-
I lues des lieux, des perfonnes & des choies. Selon
lie s croyances relrgieufes auxquelles l ’imagination 1 des peuples avoit donné l’empire , chaque être
I devoit avoir une forte de démon ou de génie fami-
! lier.Laperfonnification de cette forte d abftraôfion I fe trouve fur un grand nombre de monumens de
■ l’art. {Voyez l’article fuivant. ) I Ainfi le mot génie , dans le domaine des idées I morales, lignifia particulièrement, chez les An-
ciens, l’aptitude innée, la capacité fpéciale de
■ chaque homme à tel ou à tel autre genre d emploi, I de fcienc.e, d’a r t, de connoiffanee. C’eft ordinai- I rement fous cette acception particulière qu’on
trouve le mot ingenium employé dans le latin,
■ 'quoiqu’on ne puilï’e nier que le meme mot, dans
K plirfieurs paffages , n’exprime auffi 1 idee plus relevée
& plus étendue que nous attachons vôlon-
■ 'tiers aujourd’hui au mot génie. Toutefois nous
I verrons que, dans cette acception-là meme, là
■ lignification du mot ne change pas précilement
■ 'de nature, que c’eft toujours la même idee , feulement
La même étymologie morale St grammaticale
explique de la même manière l’idée qu’on attache
à ce mot lorfqu’on le prend dans une acception
i devenue fans doute aujourd’hui plus u lu elle, &
qui s’applique à un ordre plus relevé. En effet,
lorfqu’on emploie le mot génie ( en l’appliquant
à celui qui le poffède ) pour exprimer ce qui, dans
les hautes régions de la philofophie, des fciences,
âe la poéfie , des arts d’imitation, produit les
grandes découvertes ou les chefs-d’oeuvre de tout
genre, on ne dit réellement pas autre chofe que
difpofition naturelle à combiner de grands rapports,
entendue par excellence, c’eft-a-dire que,
dans le fens relevé que nous lui donnons , 1 e génie
eft la difpofition naturelle de Tefpri.t à créer, eft
■ 'l’aptitude à l’invention.
| Nous faifons donc fignifier en français au mot
génie (moralement & non tny t h ologi que m en t en-
■ tendu), deux chofes affez diverles , félon que
I nous en ufons dans un fens plus ou moins limité ,
t plus ou moins relevé.
Nous nous fervons du mot génie comme firent
fens, qu’une forte de fynonyme d’'inclination, de
talent donné parla nature. Ce mot exprime alors
lu vocation de chacun à un genre quelconque, Si
cette aptitude à faire quoi que ce foit, aptitude
qui femble être moins un réfultat obtenu par le
travail, qu’un principe né en nous, m no bisge-
nitum : car telle eft l’étymologie grammaticale
qu’on donne avec le plus de vrailemblance au mot
ingenium. • . .
I les Anciens du mot ingenium , pour exprimer cette
B difpofition particulière que chaque homme femble
B avoir reçue en naiffant pour chaque forte de tra-
I- vaux ou de genre d’ouvrages, ce -goût inné qui
B le porte à une chofe plutôt qu’à une autre. C’eft
■ dans cette acception qu’on dit avoir le génie de
B fin état j qu’on dit de chaque profeffion , qu’elle
B demande un génie particulier $ que le génie d?un
B attifle Vincline vers telle ou telle partie de Vart3
■ fe/ ou tel genre de fujets ou de compositions.
I On défîgne par-là, fans toutefois le définir, le
I genre de qualité requife pour être propre à ces
I Emplois & pour y exceller. Génie n’eft, dans ce
aptitude fpéciale à créer de beaux enfem-
bles , capacité innée de concevoir & d’exécuter
avec facilité & abondance des ouvrages dont font
incapables ceux qui n’ont pas reçu de femblables
dons de la nature.
Voilà, difons-nous, ce qu’on entend génie y
lorfqu’on l’envifage comme faculté morale dans
celui qui en eft doué. Lorfqu’enfuite on fe fert de
ce mot en l ’appliquant aux ouvrages, quand on
d it , par exemple , qu’il y a du génie dans telle
compofition , qu’ un homme met ou ne met pas de
génie dans fes oeuvres, génie alors ne fignifie que
réfultat, aêlion , effet de la faculté qu’on vient de
définir.
Du génie çonfdéré comme fa cu lté morale.
Cette analyfe étymologique de l ’idée de génie
& du mot qui l’exprime, e ft, il faut l’avouer,
tout-à-fait infufflfante pour nous expliquer ce que
c’eft que le génie en lui-même : car dire qu’il eft
une faculté fpéciale & innée , eeft moins expliquer
la chofe que le mot ; c’eft uniquement en faire la
paraphraîë. Mais tout le monde fait que la notion
intrinfèque du génie eft une de celles qui fe refu-
feivt le plus à l ’analyfe théorique ; que , comme
toutes les notions qui font du domaine du fenliment
, elle ne fa u voit être définie par le raifonne-
ment, & que les définitions faites par le fentiment
ne font ordinairement que des métaphores.
Auffi dé tout temps s’eft-on épuifé en figures
métaphoriques pour expliquer l’eflence & la nature
do. génie 3 quoiqu’on n’ait jamais fait autre chofe
qu’exprimer par des tournures allégoriques, tantôt
les qualités qui accompagnent cette faculté
dans fes opérations, tantôt les moyens quelle emploie,
tantôt fon objet.
Deux qualités principales, la facilité & la fécondité,
ont été confidérées comme earaéVérdlt