
C ’étoît chez les Romains une galerie fouterrame
& voûtée , qu’ils pratiquoient dans leurs palais ,
pour prendre le trais, & fe garantir pendant le
toi:r des ardeurs du foleil.
n i*on en jugeoit, dit Winckelmann , par les
ü:ic»00s• édifices qui nous refirent, & fur-tout par
ceux de la villa Adriana, à T ivo li, on feroit tenté
de croire que les anciens préféroient les ténèbres
à la lumière. On ne trouve en effet dans prêf-
que toutes les..pièces de ces édifices ruinés aucune
chambre, ni aucune voûte qui ait des ouvertures
pour fervir de fenêtres. Il paroît que dans plu-
fieurs le jour n’entroit que par une ouverture pratiquée
au haut de la voûte; mais comme les voûtes
fe font écroulées vers l’endroit de la c le f ou du
point central il. ri’eft pas poffibie dé s’en convaincre.
L’ ufage affez général de FoBfcurité dans beaucoup
de pièces dès édifices, doit rendre moins
difficile à concevoir celui des cryptoportiques.
Quoi qu’il en foit, on ne devroit pas croire non
plus que ces galeries fouterraines ayent été totalement
privées de lumière. Les longues galeries à
moitié enterrées, que l’on voit à la villa Adriana ,
& qui fans doute rétoient des cryptoportiques,
longs de plus décent pas , recevoient le jour des
deux extrémités par des efpècos d’embrafures ou
de crénaux qui y faifoient deicendre la lumière.
Aujourd'hui ces ouvertures font fermées par un
morceau de marbre ouvert en plufleurs rentes,
au travers defquelles le jour s’introduit.
C’eft dans une pareille galerie très-peu éclairée,
que fe tenoit chez lui M. Livius Drufus, pour
décider, comme Tribun, les différends du peu-
p !e-.M
ais ce qui prouve que ce nom, qui indique
un lieu fouterrain & obfcur, fe donnoit auffi à
d’autres pièces éclairées , & qu’il ne fignifioit fou-
vent qu’une fimple galerie, c’eft la. description
Hu cryptoportique de Pline , dans fa maifon de
Laurentum. Cette galerie , dit-il, tient de la grandeur
& de Ja beauté des ouvrages publics. EÜè
eft percée de fenêtres de part & d’autre. Celles
qui donnent fur la mer font en plus grand nombre
que celles du jardin. Il y en a auffi tin petit
nombre d’autres plus élevées. On ouvre celles-ci
quand il fait beau & - que le ciel eft ferôin, autrement
on ne les ouvre toutes que du côté qui eft
à l’abri du vent. Jamais ajoute, Pline, il n’y a
moins de foleil que lorfqu’il eft le plu» «l’aplomb
& que fa chaleur a le plus de force : joignez à
cela que, quand les fenêtres font ouvertes , l’intérieur
eft rafraîchi par Pair qui y circule de toute
part.'
Çette defeription prouve évidemment que les
galeries connues fous le nom de cryptoportique,
n’étoient pas, félon Pmdu&ion qu’on pourroit tirer
de l’étymologie;, privées de lumière,
Te luxe & la molleffe des Romains, fous les
empereurs, en étoient venus à un tel point, que
pendant la guerre , au milieu même des camps ,on
formoit de ces galeries. Mais l ’empereur Adrien
en fit défendre Tufage.
Les ruines de plus d’une ville antique avoient
long - temps offert aux regards des curieux &
des antiquaires , de femblables lieux fouterrains.
fans qu’on eût pu en deviner ou en interpréter
l ’emploi.- Mais il n’eft plus poffible de douter aujourd’hui
de la nature de ces reftes d’édifice. Ainfi,
l’on voit indubitablement un cryptoportique dans
les ruines de la rriaifon de Clodius fur la montagne
d’Albano. Il recevoit le jour d’un feul côté,
par des ouvertures en forme de portes, qui fervoient
de fenêtres , & par des fenêtres plus élevées, pfifes
dans la naiffance. de la voûte , comme au crypto-
portique de Pline. Celui de Clodius paroît avoir
été auffi riche qu’élégant. Sa voûte eft encore ornée
de Caillons en ftuc. Sa conftruâion eft de
briques.
11 paroît que le mot cryptoporticus étoît un de
ceux dont l’ ufage .avoit détourné l’application à
plus d’une lignification différente ; car Pline, qui
s’en fert pour exprimer une galerie fouterraine ,
l’emploie auffi pour défigner une galerie fermée &
élevée ( in edito pofita ).
Selon Daviler, on donne auffi le nom de cryp-
toportiqui à la décoration de l’entrée d’une grotte,
& félon Philibert de Lorme, (f. 4 , p. $1 ) il fi-
gnifie un arc pris fous oeuvredans un vieux mur,
&. au-deffous du rez-de-chauffée.
CRYSTAL , f. m. Si l’on en croit Pline l’ancien
, M. Scaurus , dans fon édilité, avoit bâti à
Rome un théâtre , non pas du nombre de ceux
qu’on élevoit pour quelque fête , mais, folide &
fait pour durer éternellement, dans lequel les recherches
du luxe le plus inouï avoient été prodiguées.
La fcène fe compofoit de trois ordres de.
colonnes. Le. premier étoit de marbre ; le dernier
étoit doré ; celui du milieu étoit en cryjlal, genre
de luxe , remarque Thiftorien , jufqu’alors fans exemple.
Il n’eft pas probable qu’il ait été imité depuis.
CTESIBIUS. Vitruve nous a confervé quelque»
détails, fur cet architeâe f ingénieur & mécanicien.
U vivoit fous le règne de Ptolomée Ever-
gette I I , ou au milieu du fécond fiècle, avant
Père chrétienne. Né dans un état qui l’éloignoit
des fciences ( car il étoit fils d’un barbier d’Alexandrie
) , il dut tout à fon génie. Un jour étant dans
la boutique de fon père ,. il remarqua qu’en abaif-
fant un miroir, le poids qui le contrebalançoit,
& qui étoit renfermé dans une couliffe cylindrique ,
formoit un fon par le froiffement de l’air pouife
avec violence dans cet efpace étroit. Çtésibius en
tonçutl'idée d’une orgue hydraulique, par le moyen
îe l'air & de l’eau. Il y réuffit, & il appliqua
cette ingénieufe invention à des clepfydies, fur
lefquels il s’exerça particulièrement.
Vitruve a décrit plufieurs des machines dues
au génie de Ctifibius. i l fut , d“ -°n ’
desnompes. Nous en avons efieftivement une fort
ingéLufe, qui porte fon nom. Elle eft compofee
de8 deux corps de pompe, qui vont alternativement
; de forte que tandis que l’un des piftons mon e
& afpire, l’autre defeend, & refoulant le àu., la
fait monter dans urf tuyau commun.
CTES1PH0 N eft celui qui donna le plan du
fameux temple d’Ephèfe. Ce fut fon fils Métagènes
qui l’acheva , & en f u t , à proprement parler.,
l’architefte & le conftruaéur. Les machines qu il
inventa pour le tranfport & la pofe. des blocs &
colonnes de marbre qu’il falloit mettre en oeuvre,
lui acquirent une haute réputation. ( Voyez Me
CUBE, f. m. C ’eft un folide régulier, terminé
par fix furfaces égales , qui fe réunifient à angles
droits. Chacune de ces furfaces eft un carre ;
d’ob iLréfulte que toutes les dimenfions de ce
folide font égales : ces dimenfions font la longueur,
la largeur ou l’épaiffeur , & la hauteur , ou prp- y
fondeur; car on éntend auffi par cube 1 eipace
vide d’une caiffe, dont chaque côté feroit forme
par un carré.
La figure fimple & régulière des cubes , qui les
rend fufceptib! es de fe joindre fans intervalle pour
former d’autres figures régulières angles droits,
connues fous le nom de parallélipipedes rectangles,
les a fait adopter pour fervir de mefure commune,
propre à évaluer la folidité de toutes fortes de corps,
comme le carré eft la mefure élémentaire de toutes
les furfaces. Ainfi la mefure d’un corps folide s’exprime
en toiles cubes , en pieds cubes ÔL en lignes
tubes. V@ye{ le mot ToiSs .
Cube fe dit auffi en arithmétique, d’une quantité
qui peut fe divifer exactement deux fois par le meme
nombre: ainfiƒ 64 pouvant fe divifer, première-
' ment par 4 qui donne 16 pour premier quotient 9
lequel peut encore fe divifer par 4 > donner 4
pour fécond quotient , peut etre confideré comme
fe cube de 4 ÿ c’eft-à*dire^d’un folide dont chaque
dimenfion feroit égale à 4. En mathématique , le
nombre 4 eft appelé racine.
CUBER, v. aa . Se dit de l’a&ton de réduire
quelque chofe à la forme d’un cube.
CUBIQUE, adj. Qui à la forme du cube.
CUBICULUM. D ’après fon étymologie, ce mot
devoit lignifier chez les Romains la chambre a
coucher. Cependant il s’employe par Pline le jeun®
d’une manière allez vague , & qui fernble indiquer
qu’on i’appliquoit, comme nous appliquons le mot
chambre à défigner une pièce en général. Ce qui
le fait croire, c’eft que le même auteur ajoute dans
un endroit, au mot cubiculum , celui de dormito-
rium, qui rie laifle plus d’équivoque fur la défi-
gnation. t
Le nom de cubiculum fut auffi donne au balcon
ou à la loge , dans laquelle les empereurs affiftoient
aux jeux publics. Jules Cefar s’en fit conftruire
une dans i ’orcheftre , & fes fucceffeurs confèr»
vèrent cette diftinélion. On l’appella fuggefius, tant
qu’elle confifta en un fimple échafaud, & cubicu-
lum , loifqu’on l’entoura de rideaux qui en de-
roboient l’intérieur à la vue des fpe&ateurs voifins.
CUEILLIE , f. f. C ’eft du plâtre dreffé le long,
d’une règle, qui fert de repaire pour lambriffer ,
enduire de niveau , & faire aplomb les pieds
droits des portes, des fenêtres & des cheminées.
CUISINE , f. f. Pièce oh l’on apprête le manger.
Elle eft fituée, félon la grandeur des maifons ou
la richeffe des particuliers, dans l’étage fouterrain
, au rez-de-chauffée, ou dans les etages fu*
périeurs. |
On éloigne ordinairement la cuijine de» appar-
temens à caufe de l’odeur. Il convient qu’elle fojt
voûtée de crainte du feu. Elle doit être accompagnée
de quelques autres pièces , comme lavoir, garder,
manger , &c. Le mot cuifini vient du lat.n culina.
CUISSE DE TR IG L Y PH E , f. f. C’eft la cêt»
| qui eft entre deux glyphes , gravures ou «anaux
dans le triglyphe.
CUIVRE , f. m. Métal qui fert dans l’architecture
à faire des caraéières pour les inferiptions de»
ornemens, des crampons , des couvertures pour
les combles,&c. ( Voyc[ BRONZE.)
CUL D E FO U R , f.m. Voûte fphérique. ( Voy
ce mot )*
C ul d i F o u r , f. m. ( ConftruSion. ) Efpèce
de voûte eeintrée en élévation, dont le plan eft
circulaire ou ovale. Les ouvriers & les premiers
auteurs qui ont écrit fur la coupe des pierres , leur
ont donné vraifemblablement ce nom, parcequs
celles que l’on fait le plus communément, lotte
les voûtes que l’on conftruit pour les fours. L h
' ce fens, il fembleroit que ce nom ne devroit
convenir qu’aux voûtes furbaiffées ; quoi qu’il en
foit c’eft un mot générique , auquel on en ajoute
un autre, pour défigner les voûtes particubercs
de ce genre. Ainfi, on dit un cul de four en plein
. ceintref furbaiffé , furhauffé , fur un plan circu-
Lire ou ovale. On comprend même fous cette dé-
nomination, les voûtes incomplet®ide ce g«nre.
pratiquées dans un polygone , de forte qu ou aif