
voit fous terre, renfermée entre des pierres (fa xo t
inclufus') y ce qui reffemble beaucoup à des feuilles
de talc, qui fout entre les pierres à plâtre. Il
y en a voit une autre efpèce folïile , dont les plus
grandes lames avoient cinq pieds de longueur.
Nunquàm adhuc quinque pedurn longitudine
amplior.
La dimenfion des carreaux faits d’une femblable
pierre fpéculaire, explique donc pourquoi on l ’au-
roit préférée dans bien des cas au verre, même
quand on eut connu Part d’en couler de grandes
tables. Mais un des avantages de cette pierre fur
le verre, c’eft qu’elle éloit inaltérable : c’étoit,
lclon Pline, le privilège de l’elpèce de fpéculaire
blanche ,Jed candido mira natura : quoique tendre
, elle réfiftoit à toutes les injures des fail'ons, &
elle ne vieilliffoit point.
Rien, comme on le voit, ne pouvoit mieux s’ap-
püquer dans les grandes Ailles & les intérieurs des
grands édifices de l ’antiquité, à la clôture des ouvertures
deftinées à y tranfmettre la lumière :
suffi paroît-il, d’après plufieurs paffages des anciens
auteurs, que la manière d’employer ces ef-
pèces de vitraux étoit fouvent de les Icellerdans
les mure. Les clathra ou treillages des fenêtres de
l ’amphithéâtre de Pola forment des fortes d’en-
îrelas, dont les traverfes, ou barreaux, comme ,
l ’on voudra dire, font de pierre, & quelques
voyageurs ont penfé que leurs intervalles furent
remplis par des pierres fpéculaires.
Jnba, cité par Pline, éçrivoil qu’on trcuvoit en
Arabie une pierre auffitranfparente que le verre,
& dont on faifoit ce que nous appelons des vitres.
In Arabiâ quoque ejje lapidem vitrimodo tranjlu-
ç'idum 3 quo utuntur pro fpecularibus.
Au temps de Néron on avoit trouvé en Cappa-
.doce une qualité de pierre qu’on appela phen-
gites , à caufe de fon éclat & de fa tranfparence.
Lapis duritiâ marmoris candidus atque tranflu-
cens. .,. e x argumento pKengites appellatus. La
qualité diaphane de cette pierre devoit être
extraordinaire , puifqVelle n’avoit pas befoin
d’être réduite en dalles, ou en plaques amincies ,
pour tranfmettre la lumière. Néron en avoit fait
pâtir un temple à la Fortune, dans l’enceinte de fa
maiion d’o r , & même les portes fermées, foribus
opertis3 il y régnoit de la clarté, interdiu claritas
iô i diurna erat. Toutefois il h y avoit point de
fpéculaires . alÎQ quamJpecularium modo, La lumière
iembloit y être renfermée, & ne point y
arriver du dehors, tanquàm incluja luce3 non
tranjjnifja. Ainfi, fans l’eutreniife des pierres fpéculaires
( c ’eft-à-dire, de ce que nous appellerions
des vitraux) , le temple fe trou voit éclairé dans
fon intérieur, &les murs faifoient l’emploi de vitra-»
ge, par la tranfparence des pierres dont ils étoient
bâtis. Le pairage de Pline, outre la Angularité de
cette notion, a encore cela de remarquable , qu’il
ponfirme l’emploi des pierres- fpéculaires pour
éclairer les intérieurs'.
On fait qu’un paffage de Sénèque donne comtn, '
allez récente à Rome, & datant à peu près d
lou temps, la pratique des carreaux de verre au-
pliquésaux fenêtres. Çuæda.m noftrâ demînn prL
dijje mémo riâ /cimus 3 ut fpeculanorum ujùspe/l
lucente teétâ clarum tranfmitieniimn lumen} quoi,
que Tillage & la pratique de la verrerie fullent des
plus anciens. Qu’eft-ce qui auroit pu retarder fi
long-temps l’application du verre aux châflis des
lenêtres ? Ce fut probablement l ’abondance & |e
bon marché des pierres fpéculaires. De même que
(Lins nos pays & dans nos temps modernes, l’em-
ploi prefqu’univerfel du verre en carreaux de
vitre a dû & doit s’attribuer, d’une part, au bon
marché d e là fabrication du verre, & de l’autre
a la rareté, ou au manque prefqu’abfolu de ces
pierres tran [parentes, qui étoient, chez les peuples
anciens, aulli nombreuses que diverfes, & qUj
donnoient un équivalent du verre.
Il paroit d’ailleurs que la pierre fpéculaire avoit
quelques avantages fur les carreaux de verre. Uue
de les propriétés éloit d’intercepter les rayons du
foleil & de préferver de la chaleur ; c’efl; du moins
ce que remarquèrent les ambafiàdeurs d’Alexandrie,
félon ce que rapporte le Juif Pbilon [de légations
ad Caium). Ce paffage a été commenté
par M. Carlo Fea, Stona delVarte, tom. III, p. 208.
Après avoir comparé les propriétés des fpéculaires
a celles du verre b la n c , ùmXoiMvksj, ils ajoutent que
ces pierres, en tranfmeltant la- lumière, ont l’avan- J
tage d’intercepter l’air extérieur & de préfemr
des ardeurs du foleil.
Les voyageurs modernes ont trouvé encore
eî\ Grèce plus d’un exemple de celte manière I
d éclairer les intérieurs avec des pierres tranfpa-
rentes 5 & tout porte à peufer que cette pratique
elj; uue tradition de l’ancien ufage , fi les pierres J
fpéculaires dont ils parlent, ne font pas elles-
mêmes de reftes de l’antiquité.
Cornelio, Magni 8c Chandler d écrivent avec 1
des remarques femblables entr’eiles, les fenêtres
de l ’églife du couvent de Saint-Luc en Bæotie,
la plus belle de la Grèce moderne. Ces fenêtres, au
lieu de carreaux de v erre, ont des carreaux de
pierre tranfparente. h a chiejci3 dit Cornelio Magni,
é di bella architettura 3 incrojlata di mar/nijini,
e in certejînejlre Jpiccano pîetrecon vene trajpa-
| renti rojjîcie. Selon Chandler, «.les bas côtés ou
» galeries de cette égïife font éclairés par des
» morceaux de marbre tran fpar eut, appelé jadis
M phengites. Il font placés dans le mur, par com-
» partimens carrés, & répandent une lumière
» jaune ; vus en dehors, ils reflemblent à la pierre
a commune, Jk font grollièreruent taillés. »
L ufage des pierres transparentes , appliqué aux
fenêtres, fe trouve encore dans dés édifices du
moyen âge. Au chevet de l’églife de.Santo Miniata
a l monte 3 à Florence , bâtie dans le onzième
fiècle, on voit cinq grandes fenêtres dont les
châflis de feront des carreaux de ce marbre blau«
$1 tranfpareut qu’on appelle albâtre, 8c dont on
fa b r iq u e , dans le pays, ces va les qui, garnis intérieu
rem en t d’une mèche de, lampe, répandent
sue a lfa grande clarté.
Ce le ni exemple j qui eft connu de prêt que tous
ceux qui ont été en Italie, fulfit pour confirmer &
explûpier les pratiques des Anciens en ce genre ,
& montrer de quelle manière ils purent fuppléer
au verre, en admettant même que l ’application de
cette matière aux châflis des fenêtres leur eût
été-inconnüe. J
LAPO. ArchiteGe mort en 1262. Il fut ainfi
appelé 'par abréviation du nom Jacopo. On
ignore fon nom de f amille ; on fait feulement qu il
étoit Allemand d’origine, 8c qu’il a rendu fon nom
célèbre, furtout en le communiquant à fon fils, le
célèbre Amolpho ? appelé di Lapo 3 c’eft-à-dire ,
fils de Lapo3 & dont nous avons donné la vie.
( V o y e z Arnolpho.)
Lapo cependant s’acquit de fon temps une
grande réputation, par la conftruêlion de l’églife
! du couvent d’Affife. Il divifafon églife en trois
•étages, l’un foulerrain, les deux fupérieurs s’élevant
par retraite l’un au-deffus de l’autre; celui
du milieu étant à rez-de-chauffée, avec un grand !
portique à l’entour , fervoit comme de place en
avant de l’églife d’en haut. On montoit de l’une à
l’autre, par des efcaliers larges & commodes. L’églife
fouterrainè, deftinée à la fépulture du corps
de faint François, n’étoit acceflible à perfonne.
Cet ouvrage fut terminé en 1218, après quatre
ans de travaux.
Lapo fit à Florence, ou il mourut, quelques
édifices dont il ne rèfte plus qu’une partie de la façade
de l ’archevêché, & le palais du Barigelle.
( Ces notions fo n t extraites de Mihzia. )
LAQUE, f. f. Nom qu’on donne à plufieurs
iiibfiances & produclions colorantes ou réfmeufes,
mais particulièrement à ce beau vernis noir ou
ronge j que les Chinois compofent avec la liqueur
qu’ils tirent du vernicier, du badamier & de Laugier
, & dont ils couvrent des meubles, des pla-
.teaux & des lambris. Us font plus ou moins précieux,
félon la finefîè & le poli du vernis.
Nous n’avons fait mention de ces productions de
l’iaduftrie chinoife, que; parce que plufieurs curieux
ont employé les plateaux ou les plaques de
laque de la Chine, à lambriffer des cabinets, &
eu ont fait des revêliffemens. Ainfi la Villa Al-
^ani, près de Rome, a une très-belle pièce ainfi
lamhriflêe.dans toute fa hauteur.
LAQUEAR. {Voye 5 L acunar. )
LAQUEARTI. Nom des ouvriers qui.faifoient
les» laquearia.
qtre, lieu deftiné au culte des dieux Lares. La grandeur
du lararium varioit félon .celle des maifons
ou des palais. On en avoit aufli quelquefois deux.
Ainfi nous lifons que l’empereur Alexandre-Se-
vère avoit deux efpèoes de laraire, l’un très-retiré
, où étoient les images des grands-hommes,
des princes déifiés Si des perfonnages lés plus recommandables
par leurs vertus ; l autre ou il avoit
placé les images des hommes célèbres par. leurs
talens.
Il paroi t que chacun affocioit à fore gre aux
dieux Lares , les perfonnages qù’il vouloit. Cela a
fans doute contribué à multiplier infiniment les
images de ce genre de culte, & e’eft ce qui fevt aux
antiquaires à expliquer cette multitude de petites
idoles & figures de toute matière , qu’on rencontre
dans toutes les colleâions.
On peut confulter fur cet objet le Dictionnaire
d’Antiquités : pour te qui regarde l ’archi-
teêlure, nous n’avons aucune notion fur le genre
de ces petits oratoires, qui fans doute ne furent
le plus fouvent, dans chaque maifon, qu une fort
petite pièce où fe plaçoient & s’honoroient les
images des Lares. On croit Ipulement qu’elle devoit
être voifine du foyer.
LARDOIRE, f. f . , ou SABOT. ( Terme d architecture
hydraulique. ) Armature de fer dont on
fe fert pour garnir le bout d’un pilot.
LARGE fe dit, au figuré, dans les arts du def-
i ïn , d’un ftyle ou d’une manière de compofer &
défaire, oppofé au ftyle maigre & rétréci qui partout
a fait le caractère de la naiffance de l’imitation
& des ouvrages de l ’art non encore développé.
Ainfi le ftyle du quinzième fiècle eft fec ,
étroit & maigre ; . celui du dix-feptième a donné
dans l’excès du large.
Quoique ce mot & l’idée qu’il exprime s’appliquent,
plus ordinairement à la peinture & à la
lculpture, on doit cependant reconnoître quel’ar-
cliiteâuve eut jadis , comme à l’époque du renouvellement
des arts & depuis , fon ftyle rétréci
& fon ftyle large. Rien de plus facile que. de fe
faire une idée du premier dans les monutnens de
la renaiffance , qui partieipoient encore de la mat-,
greur, de refprit minutieux des détails , de la loch
ereffe d’exécution du gothique. Le goût acquit
peu à peu plus de large 3 furtout dans le feizième
fiècle. Toutefois Bramante tenoit encore un peu de
la maigreur des âges précédens. On peut dire que
. c ’eft Palladio qui a donné à l’ardu lecture le
caraGère dont on exprime l’idée par le mot large.
i LARME , f. f. On donne ce nom, dans là décoration,
à une efpèce d’ornement deftiné le plus
fouvent aux pompes funéraires ou à dés chapelles
fépulcrales, lequel a la forme d’une goutte
deau ou d’une larme. C’eft un attribut de deuil
8c de trifteflè; 8c on le figure LARARIUM, LARAIRE. Chapelle domefli- ordinairement en av