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Dorique. Il eft certain qu’on y aperçoit des efpèces
de cannelures en manière de triglyphes , & entr’eux
des formes circulaires qui ont l’air d’avoir quelque
rapport avec les patères, que les Grecs mettoient
quelquefois dans les métopes. C ’eft , fans doute, fur
eette légère indication, que M. de Paw ( Recher.
philof fur Us Egyp. t. a i p. 72 ) s’eft hâté , félon
la coutume, de décider que les triglyphes n’ étoient,
chez les Grecs, que des ornemens de caprice empruntés
de l’Egypte,auxquels ils ne firent qu’ajouter
les gouttes. Le malheur pour cette affertion eft que,
d’après les témoignages des voyageurs, les monu-
ïnens de Tentyris paroifient être l ’ouvrage ou une
reftauration des Grecs. Leur authenticité fe trouve
fort affaiblie par les infcriptions grecques qui s’y
ïifent , & que Paul Lucas nous a données. Ce
voyageur en avoit déjà porté le jugement qu’on
vient d’énoncer; & Pococke, à l’article de Dendera
ou Tentyris, dit aufli que les chapiteaux à tête j
d’ ifis, dont on a parlé plus haut, lui ont paru d’une
fculpture grecque.
Plafonds.
Les plafonds n’eurent en Egypte aucun ornement
de relief. La forme qui en fut toujours lifte ne permit
pas d’ y introduire une grande variété. Ils font
ornés, la plupart d’hiéroglyphes peints. Celui d’un
temple de Latopolis eft feuipté de figures d’animaux
coloriées, dont les teintes font encore très-vives.
Les plafonds d,u temple de Tentyris', félon Paul
Lucas, font encore brillans de peintures. Ceux du
portique d’Archemounain & du temple d’Her-
znontis, ont un fond d’ étoiles. C ’è f t de cette manière,
ail rapport de Diodore de Sicile ( /. 1 , f. 2 , c. ao")
qu’étoit décorée une des falles du tombeau d’Ofy-
manduas.Scn plafond étoit peint en bleu & parfemé
d’étoiles. L ’ufage de repréfenter ainfi le ciel dans
«n plafond , fe trouve être fort analogue aux
idées que devoit infpirer le climat de l ’Egypte, &
aux moyens que fon genre de conftru&ion,danscette
partie des édifices, devoit comporter.
Portes.
Les portes égyptiennes , fi confidérables par leur
maffe, leur dimenfion & leur forme, furent aufli un
des objets les moins négligés par l’art de la décoration,
Quoiqu’il paroifte qu’il s’en trouve qui foient
nues & prefque d’une conftruûion mftique > le plus
grand nombre toutefois eft orné de peintures de
bas-reliefs ou d’hiéroglyphes. C ’eft-ià qu’on voit le
plus fouvent ces rangées de grandes figures alignées
les unes au-deffous des autres. Sur une porte ( voy.
fig. 3 3 7 ) , ces grandes figures font entremêlées de
petits hiéroglyphes. La porte de la ville de Habu
( voye\ fig. 3 37 ) eft ornée d’une colonne de chaque
côté. Le montant de ce qu’on peut appeler les
chambranles, eft ordinairement fans aucun profil.
Mai? les angles de la maffe générale fe terminent
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par une* partie ronde formant un tore continu qui
règne également dans l ’entablement qui la COtl,
ronne.
Au-deffus de prefque toutes les portes égyp.v
tiennes, on voit le globe ailé. 11 eft ou fculpté furie
nud du mur, ou renfoncé dans la corniche cannelée
qui orne ordinairement le deffus de l ’ouverture de
la porte. Le deffus de la porte que Pococke appelle
le -tombeau d’Ofymanduas, eft décoré d’un bas-
relief , oh l’on voit plufieurs figures aflifes. Mais
l’ornement le plus général des deffus de porte, eft
ce globe a ilé , fymbole de Dieu , du monde ou de
l’éternité. On en voit le deflin ()îg. 291 ). Ce fymbole
fe retrouve aufli dans les ruines de Perfépolis.
Il paroît, d’après quelques médailles, que lej
Egyptiens plaçoient des ftatues au-deffus de leurs
portes. Pococke en rapporte quelques-unes oh l’ou
voit des portes ornées de deux canopes, avec la.
fleur du lotus fur la tête. Une autre eft furmontée
d’une ftatue qui tient une pique de la main gauche,
& de la droite quelque autre objet qu’on ne fauroit
définir. Sur une autre eft un aigle * ainfi que fur une
porte d’un édifice repréfenté dans la Mofaïqüe dç
Paleftrine.
Niches.
On trouve des niches dans fous les édifices de
l’Egypte. Il y en a dans les ruine* de Gava ; une
des falles du Labyrinthe en a confervé une, ornée
àe figures hiéroglyphiques. Il s’en trouve dans les
ruines de 'Thèbes , dans J es grottes de Biban-il-
M d u k e , dans la chambre de la grande pyramide,
dans les catacombes de Saccara. Nous manquons de
détails pofitifs fur leurs formes, mais il paroît qu’elles
étoient, en général, ‘ circulaires & concaves; car
Pococke s’étonne qn’ayant connu l’ufage des niches,
les Egyptiens aient ignoré celui des voûtes, vu
qu’une niche ceintrée , dans le fa it, eft une demie
voûre, A la page 253 du premier tome d’Hercuh-
num , eft un payfage repréfentant une vue de
l’Egypte. Il s’y trouve une figure placée dans une
niche. Généralement dans tous les' tombeaux, il
exifte des niches qui étoient faites pour recevoir les
caiffes des momies qu’on y plaçoit debout. Peut-
être cette méthode aura-t-elle donné l’idée de placer
des ftatues dans les niches.
A rt. IL Statues.
Si quelques favans ont cru reconnoître dans 1«
Termes l ’origine la plus vraifemblablè des ftatues
chez les Grecs, il eft plus naturel encore devoir,
dans les caiffes des momies, le premier type des
ftatues égyptiennes. Le defir de conferver
perpétuer l’image de l’homme après fa mort, m*
pira l’idée d’aflimiler l’enveloppe du corps a f
forme qu’elle renfermoit. La choie aura été d’abor
d’autant plus facile, que dans les premiers temps îS
caiffes fefaifûient en terre. Nous yoyons que f^ es gaines
f § 1
•„es de bois on figuroit en peinture le portrait du
Sort, autant que,5e genre de portrait fflfctf-
, Je reffe'mblahce. Ces caiffes fe firent aufli en
verre & en marbre. U y en a :une au Mufoeum de
Florence qui éft en Wfalte,'.cette pierre,queStrabon
appelle lapis niortiiariiCs: ' ' i § R K |
1 rLa fculpture s’empara de la forme tres-facile a
kfiter. que lui préfentoient.çps,gaines ,& les premières
rèpréfentâtions à; figure humaine eurent,
fans-doute, pour motif ou pour objet cette forte
d’imitation. Les Egyptiens , dit Maillet, ne fe con-
tentoient pas d’enbaumer (es co,rps de la manière
la plus parfaite; pour conftrver plus sûrement le
fouv.enir des morts, ils en dépofoient encore la
figure en-marbre auprès de la momie. ;
Il fe pourroit que de fetnblablës pratiques aient
i fpécialement contribué à entretenir l’art de fculpter
dans cet état de foibleffe, dont nous voyons qu’il ne
fortit'‘jamais en Egypte. L ’art, en effet, procède
par tout & dérive de femblables modèles. Mais il
n’arrive pas par tout que les. premiers objets qui lui
fervent de type, reftent conftamment, ÔC fans altération,
feus leur figure primitive & grofiièçë,. tes fujets
de la vénération publique & la matière habituelle
de fon imitation. En effet, quoique la fculpture eût
acquis en Egypte un commencement dé développement
, elle n’y perdit cependant jamais Çidée ni. le
ï cara'ftère de fes premiers effais. Cet art fut condamné
à répéter par tout ces ftatues momies, dont l’ufage ;
ou le culte avoient confacré la forme. De ce genre
font toutes les petites idoles en terre émaillée qu’on
voit dans tous les cabinets. ( ,
Cette forme fe trouve a,ufti. employée en ftatues
.grandes & décoratives dans les temples. Telles font
celles qu’a deltinées Norden dans fon Memnonium.
Les mêmes fe voient adoffées, & de la même manière,
à un édifice de la Mofaïqüe de Paleftrine.
Il eft naturel de penfer quê ce fût là la première ■
forme que la fculpture, donna aux ftatues. Entre;çes,
ft.ituesmomi.es, & celles qu’on voit à Rome & ,
ailleurs, oh il exifte un. commencement d’aéliçm .& !
de développement dans les membres, il y a , fans;
doute, un affez, grand intervalle, & ç’eft là celuij
qu’il fut donné à l’ art de pouvoir parcourir en
Egypte. Ne feroit-ce pas fur cettç 'différence' bien
fenfible que feroit fondée la diftinâïon de Paufa
[ nias , lorfqu’il parle \ Achaic. 1. 7,^0. 5 ) de ftatues
égyptiennes faites avec arty & lorfqu’il indiqué que
ces ftatues étoient d’un goût encore moins /formé
que celles d’Egine, ou les plus anciennes dé l’école!
„Attique. "" , ' . . J‘
Les Egyptiens paroiffent avoir prodigue les'ftatues
dans leurs édifices. Il eft doùteuk“qy’âücufie .autre
Jiation les ait furpaffé en ce genre. Toutes les ruinés;
font encore remplies de çoloffes & de fràgmens de;
toute forte de figures enfevelies fous .ïes décombres
des temples. Nous ayons, déjà parlé dü‘ gôûf dési
Egyptiens pour le genre cploffal,; ‘mais nous obier-;
verons ici que toutes leurs figures colÔffales étoient
idufes. Toutes celles dont les hiftoriens nous ont
Piftion. d’Archif. Toute ll^
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confervé le fouvenir, étoienf daqs ççtte pofition.
Te,lies étoient les Çatues-gigantelques du roi Ofy-
mançluas, & de là feine fon é’poufe, ainfi que celles
quj etoiënt placées fur le fpmmet des deux pyramides
du lac Moeris! Telle étpit cette'ftatue dfor
q u i, félon un hiftorien arabê ,'cpuronrioitle fommèt
de la fécondé pyramidè de Gifé , & dpnt la hauteur
étoit de quarante coudées. M. de Maillet4penfe qué
toutes les pyramides, ne fe ;términoïéht en -plateforme
, que parce qu’ellès étoient deftiriées; à rpcé-
voir de femblablés çoloffeé. Le Memtion éft affis ,
ainfi que la ftatue qui lui fait pendant. Les deux
cdldfles’ , qui font à l ’entrée du temple de Thèbes ,
indiquent, par le peu qiii en lorf dè'tèrre ; qu*ils“ font
aufli dans cçtte pofition, qui-fût la plus favorable de
toutes à la timidité dè'lâi'fcûJpture égyptienne.
Les.'ftatues fe plaçoient-, ;ou, dans des niches ou
ifotées fur des bafes'quélquefciis fur les combles
dés édifices, le plus fouvent fous les portiques &
dans les avenues des temples. On les élevoit aufli
fur des colonnes alignées, comme celles dont Pococke
a vu les r eft es près de Thèbes,.
Caryatides.
Selon Diodore de Sicile ( /. 1 , / i \ c. 20 ) , un
pérïftÿle du tombeau du roi O.fymafiduas étoit fou-
tenu , en place de colonnes , par dés animaux, d’une
! feule pierre taillée à l’antiquè ,.& d e feize coudées
de haut. Pfammeticus avoit yônfaçré au Dieu de
Memphis, un portique tourné dû côté de l’Orient ,
auquel des figures coL Cites "de' dix-huit ' pieds de
‘haut fervoient de colonnes. IÎ paroît par-là que
Tufages des ftatues-colonnes, appelées depuis caryatides
, eft égyptien. Les deux figurés égyptiennes ,
rque Pie V I a fait placer a Rentrée du Mu fatum•
Vaticanum , & qui fupportent l’entablement de la
porte, font de véritables caryatides. Quoiqu’elles
foient du ftyle de celles que lés Romains, furtçut
Tous Adrien , firent faire en E g y p te , elles doivent
avoir été faites fur le modèlè de ftatues fembla-
blës , fervant de colonnes aâns quelque édifice. Au
delïus dé leur têfë eft un chapitéaü à campane ,
dans la forme de ceux qu4on à décrits. Tout porte
à croire que ces ftatues avaient àuflï jadis été dés
caryatides, & qu’en leur faifant fdiitenir la corniche
qui décore la magnifique entrée déce Mufoeum ,on
les a' rendues à leur première deftination. '
: Sphitixs. ' f j.
Il exifte éneorë (dans‘'iéslruine5''de Thèbes dès
débris de ces âVénües .deTpninxs,] r orn9*t
le Dromos des t e mplès .jO n le spl âç oit fiir dès foclés
l’ uh en .face de l’autre, laiffàtit entré chacun dans
leur rangée une diftancé de dix pieds. On peut en
voir là difpofition en plan (^g. S24 ) & l’élévation
f 'MBM I I j aroît, ‘d’après les deferiptions des
voyageurs, qhe cë fetoït affez improprement qu’qn
dçùh'èrolt Te hbià'dç fphinx à tous ces animaux't
R r -J