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qui font en réputation devoit être fuivi ; comme
ayant donné les véritables mefures. Mais lorfqu’é-
f ur ^es lieux, j ’ai employé tout le foin né-
ceffa:re pour être éclairci fur ce doute , j’ai été
bien furpris de trouver un autre ëclàiroiffement
q,ue je ne cher ch ois pas, qui a été' de voir que
ceux qui ont mefuré jufqu’à préfent les édifices
antiques , ne l ’ont pas fait avec précifion, & qu’il
n’y a aucun de tous les deffins que nous en avons,
ou il ne fe trouve des fantes très-confidérables. »
« Quoique ce ne foit pas une grande louange
que d avoir eu la patience de prendre toutes ces
mefures , & que la capacité des exce tiens hommes
qui ont ramaffé les deffins des édifices antiques ,
& qu’ils nous ont. expliqués avec tant de doctrine,
ne foin pas beaucoup mtéreileè* dans les défauts
qu’on y voit, & qui.ne doivent être imputés qu’à
des ouvriers qu’ils ont employés à ce travail, lef-
quels n’ont pu lavoir que par eflime & par conjecture
beaucoup de chofes, pour être, o.upref-
qu’macceftibles par leur hauteur, ou cachées dans
la terre dont elles-étoient couvertes ; je n’auroi?
néanmoins jamais eu la hardieffe de parpître en
public, fi je n’avois été obligé d’obéir à des au-^ '
• torités fupérieu.res. . . . »
« On trouvera peut être la grande précifion
des mefures que je donne „ avoir quelque chpfé ;
d-inutile ou de trop aftéété, lorique, par exemple, i
js remarque que fur une longueur de neuf ou dix
toifes , quelqu’un des auteurs que j’examine s’eft
trompé de fix ou fept lignes ;, mais“ je n’ai pas cru
que, pour éviter le reproche d’une vaine oltenfa*
tion d’exaétitude, je dufie m’abfienir d’expofer
les chofes telles que je lés ai trouvées , puifque
éette exaétitude eft la feule, choie dont il s’agit
ici. Car shi m’eff échappé en deux ou trois endroits
défaire quelques réflexions fur les particularités
que j ai remarquées, je ne les donne point comme
venant de moi, mais comme les ayant entendu
faire dans les conférences de l’académie. »
« Les deffins - que j’ai donnés , repréfentent les
édifices en l’état qu’ils font; je V a i point imité
les auteurs qui ne fe font pas contentés de les ref-
taurer, mais qui les ont comme rebâtis de nouveau,
compofant un grand temple fur trois colonnes,
qui en refient ; fi j’ai luppiéé quelques .
parficules, comme des volutes ou des feuilles "qui
manqnoient à des chapiteaux , je ne l’ai fait que
parce que les particules fembiables qui y ieftoientr
etppechoient de douter que''celles que -je reflau-
rqis n’Cuiient été de la même manière que je les
ai ■ faites. » '
Voici là lifie des monumens antiques de Rome,
dont Dej godets nous a donné la fidèle defcçiption.
Le 'Panthéon , —• h templede. Bacchus, —- le temple
de Fa u n e ,— fe temple de Ve fui, — ie temple,
de la Sibylle à T'woh , — le temple de la Fortune
Virile , — le temple du la Paix , — le temple d’An-
to&iç. & Faufilai, — le temple de la Concorde,
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“7 le temple de Jupiter - Stator — le temple de /K.
pitcr-Tonnant, — le temple de Mars- Vengeur,_/t
frontifpice de Néron, — la bafüiquc $ Antonin,
— la place de Nerva, — le portique de Septimius \
— l’arc de- Titus, — l’arc de Septimius , — Parc
des Orfèvres , — l’arc de Confiant in , — le Colifée
— I amphithéâtre de Néron , — le théâtre de Mar-
cellus , — les thermes de Dioclétien, — les bains
de Paul E mile.
^DESSECHEMENT , f. m. ( Archit. hydraul) I
C ’eft l’épuifement'des eaux qui croupiijent dans un
lieu bas , tel qu’un étang, un marais , pour le I
mettre à fec,toit par le moyen des machines 'hydrauliques
, foit en yfaifanç des canaux de dérivation..
On emploie lès machines , lorfque les terres dans
le 1 quelles les eaux croùpiffent font de niveau avec
les eaux delà mer.ou des rivières, dans lefqudles
celles-là doivent fe décharger. On faigne les terres
qui font lupérieufes au lit de la mer ou à celui des
rivières. Cette faignée fe fait, où par des rigoles 1
de conduite dès pentes plus baffes que né' font les
endroits les plus profonds des étangs qu’il fiiiit déficher
, ou en faifant palier les rivières, à travers des 1
marais & étangs à deffécher. Cette dernière façon
de ''defféchement a un avantage, c?eft que ces rivières
apportent beaucoup de fable , de limon, &c. qui
releve peu à peu le terre!n ; l’on en profite, quand
il eft. a une hauteur fufRfante, pour en faire des
prairies, des pâturages , ou des Champs labourables.
Il faut avouer auffi que cette méthode eft longue, &
qu’on rie peut favoir le temps précis , où les profon-
deurs.des marais feront remplies. Cela dépend du
dépôt des.rivières , qu’on doit calculer d’après des
expériences, - V.
Les Romains avoient entrepris de grands ouvrages
en fait dé defféchement. ( ' Voye{ au mot Canal I
l article .Canal de defféchement ou de décharge. Voyez
auffi ÏEmissARIUM. )
DESSIN, f. m. C ’eft , en architeélure , la repré*
fentation géométrale, ou perfpeclive d’un projet,
d’un édifice, d’un monument quelconque.
Dessin arrêté eft celui dont on cotte les me-1
Jures pour l’exécution, & en ■ conféquence duquel
fe font les devis & marchés pour chaque nature
d’ouyfage.
Dessin au trait. Deffin tracé au crayon ou à
la plume., fans aucun lavis & fans ombre’.
Dessin colorié. Deffin où l’on emploie les cou*
leurs fesïiblabiés à celles que doivent avoir toutes
les parties d’ un édifiçè , lorfqu’il fera terminé.
D essin haché. C ’eft celui dont les ombres font
exprimées par des lignes f im p le s q u e lq u e fo i s
croîfées à la plume ou au crayon. ’
D essin la v é . C ?efl celui où l’effet du jour & des
ombres eft r.epréieuté par 1© moyen du bip# ? de
... :: ' i; l’eneïô
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Ifencro de la Chine ou de toute autre fubitance colorante
qui eft fai & termrné.
«DESSINATEUR, f.tn. Eft cîlui qui fait expri-
g L par le moyen des lignes , ou de l’ art du def-
L les penfées & inventions, ou celles des autres.
p ans les bâtimens, le dcjjinauur eft un homme qui
deifine & met au net les plans, .profils & élévations
des édifices fur des mefures prifes ou données.
' ! On appelle auffi dtjjinauur celui qui deffine &
Jet an net des ornemens , foit pour 1 architeéture,
(oit pour d’autres ouvrages.
■ DESSINER, v. aét. C ’eft exprimer, repréfenter
quelque chofe par le fecours des lignes ou des traits
qui forment la-circonfcription des objets qu’on
ÎKiite.
■ La peinture divife en deux parties principales fes
Moyens d’imitation , lè.deffin & le coloris. Le premier
eft celui qui conftitue la forme , la proportion
des' objets qu’elle imite ; le fécond a pour but
d’ajouter aux objets imités les couleurs qui leur sont
f|ropres &. les. effets de là lumière. Parler du deffin
fétisle rapport d’imitation que je viens- de définir ,
ce feroit empiéter fur le domaine d’un art qni n’eft
pas du reffort de cet ouvrage. H Je dirai cependant, que bien que Parchiteéle pro-
|ède dans fon deffin ou la pirconfcription des lignes
qui compofent les objets d’architeélure, à l’aide de
'la règle & du compas , c’e f t - d i r e , par des moyens
(mécaniques, il a cependant befoin d’être jufqu’à. un
certain point deffinateur à la manière des peintres,
■ pour un grand nombre d’autres objets qui entrent dans
lès embelliflèmens des édifices. Il y trouvera l’avan-
|àge de «’avoir- pas befoin de- recourir dans fes
^mffvis à des mains étrangères^
I L’étude de la nature & du nud lui fournira auffi
dés analogies précieufes à fon art ; & la connoifiance
dfs proportions humaines lui offrira des points de
parallèle & de rapports dont l’imitation intellect
Quelle de l’architeéture peut tirer parti.
H Les anciens architectes furent plus deffinateùrs à
la manière des peintres que ne le font les modernes.
Ceux-ci mettent beaucoup plus de prétention & de
p i dans l’exécution de leurs deffins d’architeélure
fus n’en mettaient les plus grands maîtres.
7 Du voit que la plûpart des anciens deffins d’archi-
|efture n’étoient que de fimples traits à la plume ,
jacaés ou lavés légèrement au bifire. Les. modernes
•àichitedes, 1 embl'ent avoir fait un art particulier de
péjjiner l’architeélure. Je crois que .cet art s’eft accru
cj perfectionné en raifori inverfe du nombre des
îravaux & des édifices qui s’exécutent.
^»Jadis auffi le deffin de l’architeéte n’étoit .que
Kefquiffe de fon monument. Gela devoit être, ainfi
n ■ -C ^are^tte6te |toit l’exécuteur de.jfon efquiffe.
^■ puis que L’art s’efl divifé par le fait & dans la
pratique, en invention & exécution; depuis qu’il
Diélion. d’ArchiuS. Tome I I«
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s’eft trouvé des hommes qui inventent ou compofent
fans favoir conftruire , & d’autres qui conf-
truifent pour ceux qui ne favent qu’inventer , il
a bien fallu faire des deffins plus rendus, plus précieux
& plus finis. '
Je ne prétends pas au relie attaquer ce merite de
fini dans les deffins , quoiqu’à vrai dire , le fini des
deffins d’architeâure confifle dans k pureté du trait,
la fidélité des mefures & la précifion des proportions.
Je me contente de remarquer que ce mérite
ne conftitue pas celui de Farchiteéture , & qu on
peut faire fans une fi grande propreté de lavis, ou
fans le pittorefque , & l ’effet des clairs ou des ombres
nuancées, comme dans un tableau , d’auffi bons deffins
d’arcHiteélure & auffi propres a l’objet principal
auquel on les deftine, qui eft l’execution.
DESSUS DE PORTE , f. m. Nom général que
l ’on donne à tout objet de décoration ou.d’ornement
placé• au-defîlis'du chambranle d’une porte* Ce n’eft -
ordinairement qu’aux portes des intérieurs des édifices
qu’on applique ces .objets d’ornemens , & ils
font ou des lambris , ou des panneaux, ou des çom-
partimens , où des tableaux , oir-des bas-reliefs, ou
des cadres. Ces objets doivent être en proportion
avec lés chambranles des portes, & en rapport avec
la décoration générale de l ’intérieur.
DÉ TA IL ', f. m. Onfe fer t de ce mot en architecture
, par oppofifion au mot en.few.ble , pour 'exprimer
toutes les parties , foit de' la1 modmature,
foit de l’ornement, q u i, fans conftitper le mérite
effentiel d’un ouvrage , ajoutent beaucoup à fa per*
feCtiorv par leur bon choix & leur judicieux emploi.
L ’édifice qui ne brilleroit que par l’exécution
des détails , n’auroit qu’ un éclat paffaget. C’ eft par
la conception de l’enfemble , par l’ordonnancé & la
compofition des msffes, que l’architecte doit chercher
les véritables moyens qui produifént le grand
■ effet d’un monument.. Mais qu’il ne dédaigné pas
non plus les détails. L’analyfe naturelle que fait
le fpeêlateur d’un édifice le conduit a pb fer ver les
détails après avoir examiné i’ènfemble. Les fpeCta-
teurs igRoraiïs font meme fouvent pllïs arrêtés par
les détails qu’ils ne font frappés de la maffe.
Il importe donc de foigner les plus légers détails
de l’architeCture. Beaucoup d’édifices , fi l’onpouvoit
les purger d&sdétatls vicieux qu’ils renferment j de-
viendroient des édifices nouveaux^ & g^gneroient
plus qu’ on ne penfe à cette perte. C ’eft ce qu’on remarque
fur-tout à beaucoup'd’édifices français, où
la manie de la divifion &des petites chofes corrompt
l’çffet des maffes, & altère les lénfations que produis
*roit leur enfemble.
Détail eft encore un mot de conftruétion, ( Y oyez
l’article iuivant ).
Detail , f. m. ( ConstruÜion.) On diftingue dans
l ’art de bâtir deux efpèçes dq détails-: les uns ont rap-
D d