
du niveau de la plaine. Chaque efpèce Renfoncement
fe diftingue enfuite par une dénomination par-
î culière , telle que vallon, vallée, b afin , bas-
fond , &c»
L ’enfoncement eft la demeure de la folitude & du
repos. 11 favorife les fcènes mélancoliques, & s’accommode
bien de tout ce qu'on peut appeler clôture
& ombrage. L’ami des réflexions paifibles s’y
laiifera volontiers entraîner pour y jouir de ce recueillement,
qui invite à defeendre en foi-même. ■-
Des buiflons, tantôt ifolés, tantôt grouppés ,des
allées en berceau , des bofquets , une eau qui coule
en fllence, le murmure de quelques ruiffeaux qu'on
n’aperçoit pas, quelquefois même le bruit éloigné
& lourd d’ une cafcade invifible feront l’accompagnement
le plus naturel de. cette efpèce de fite.
enfoncement plait moins au milieu d’une plaine,
que près d’un bois & à côré d’une montagne où la
nature le place le plus fouvent. Des talus en pente
infenflble & tapiflée de gazon , des fentiers dont
les détours fe perdent dar.s les bois, devront y
conduire. Surtout que l’artifte évite ici les formes
compaifées & régulières.
C ’eft principalement par le mélange des plaines ,
des éminences & des en fo n c em en s ■ c’eft par leur
liaifon, par leurs relations réciproques, par leur
étendue & leur grandeur, que la nature fait briller
dans les payfages cette variété qui nous enchante.
L ’artifte qui, dans la compofltion des jardins, voudra
rivalifer avec elle, fe gardera bien de cette
méthode froide & monotone qui , fymétrifant tout
dans fes plans ne permettoit j a dis à aucune éminence
de déparer le niveau régulateur auquel le terrain
comme le plaiftr dévoient fe fubordonner, & ne
fouffroit d’autres élévations que des terralTes de
pierres.
Toutefois lorfque la nature n’a pas elle-même
préparé l ’ordonnance d’un terrain & qu’il faut la
créer, rien de plus difficile. Rien n’exige plus d’art
que de fa voir cacher la main foi-difant créatrice de
l ’art. Les préceptes qui doivent guider l ’artifte en
ce genre, ne peuvent fe lire que dans le livre même
de la nature.
ENFOURCHEMENT , f. m. C ’eft l’angle folide
fermé par la rencontre de deux douelles de voûte.
L e vouffoir qui forme ces deux douelles, a deux
branches comme une fourche.
ENGIN, f. m. Machine dont on fe fert pour
élever des fardeaux, & qui eft compofée d’une foie
avec fa fourchette, d’un poinçon, de quatre mcifes,
de deux contrefiches, d’ un rocher, d’un treuil avec
fes bras, d’une jambette, d’une fellette , de deux
liens & d’un fauconneau ayant'une poulie à chaque
extrémité.
Le mot engin a été, & eft encore un mot génétique
, à le prendre c’anslefens de fon étymologie,
qui eft le mot jn g tn ium génie, efprit. Ainfl , il y
a un vieux proverbe qui d it , mieux vaut engin nfa
force.
II paroît qu’on a appliqué à l’effet le nom de la
caufe , & le mot engin a été affeélé , furtout en mé.
canique , aux inventions du génie de l ’homme
L’art militaire s’en eft d’abord emparé. Avant
l’ufage des canons, on appeloit du nom d’engins <h
guerre les machines dont on fe fervoit à la guerre,
De là, les mots génie militaire, ingénieur.
ENGORGEMENT, f. m. Se dit d’un tuyau de
conduite , de defeente , qui eft obftrué par quelques
matières ou par quelque fédiment.
ENGRAISSEMENT, f. m. On dit en charpen-
terie, ajftmbler par engraiffement ; c’eft-à-dire, joindre
fi jufte les pièces de bois que pour ne laiffer aucun
vide dans les mortaifes, les tenons y entrent à force;
ce qui eft effentiel dans les machines dont quelques
pièces éprouvent un mouvement continuel, pour
en empêcher le hiement.
ENLIER, v. aft. C ’eft dans la conftruftion en*
gager enfemble les pierres ou les briques, en élevant
un mur, de forte que les unes foient pofées fur leur
largeur comme on pofe les carreaux, & les autres
fur leur longueur^, ainfi que les boutiffes, & cela
pour faire liaifon avec le rempliffage.
ENNUSURE , qu'on prononce aufîi annusure,’
f. f. Morceaux de plomb en forme de bafquë, fous'
le bourfeau , & aux pieds des poinçons & amortif-
fement d’un comble.
ENRAYURE, f. f. Eft l’affemblage des différentes
pièces de bois de niveau , qui portent le
comble d’une croupe, d’un pavillon , d’une tour j
d’un dôme, d’un clocher. Elle -eft compofée d'un
entrait, d’un ou de deux demi entraits , de deux ou
! quatre gouffets, de deux ou quatre coyers &d’em-
branchemens. .
Enrayure double. C ’eft lorfqu’il y a deux in•
rayures de niveau l’une au-deffus de l’autre.
Enrayure carrée. Eft celle qui fert aux croupes
ôc pavillons.
Enrayure ronde. Eft celle qui fert aux tours*
dômes ou clochers.
ENROULEMENT, f. m. C ’eft ainfi q.’on appelle,
certains ornemens dont les lignes contournées
offrent là figure d’une fpirale. De ce genre font les
volutes dû chapiteau ionique , celles du corinthien
& . les parties latérales des confoles ou modillons
qu’on fculpte dans les entablemens.
■ Ces fortes d’enroulemens ne font dans l’architefture
que de légers-détails d’ornement dont les monumeus
! j. l’antiquité nous offrent les modèles, & qui ont
i «cu de l’ufage force de loi dans la décoration.
1 rcÇt, eft ms de même des enroulemens-modernes,
1Ul e l . ce nom a été fpécjalement affedé. Je veux
2 de ces pilüers buttans en confole, de ces aile-
! fon de portail d’ég life , qu’un goût mefqum &
fmx a introduit dans l’archueaure des monumens
'du (iècle dernier & du celui-ci. L abus de ces
fortes de formes eft fenfible furtout en grand. On
verra par exemple, un pilaftre latéral du fécond
ordre d’ un portail finir par une c.rconvoluuon de
lignes fpirales, qui forment une maffe totalement
fans rapport avec le refte de l’arch.tefture , &
[ fenible n’être que le jeu d’un trait de plume.
D’autres fois d’immenfés confoles dans la forme
I d’un S renverfé viennent accoter ou la tour d’un
| dôme ou les pilliers montans d’une nef d eglile.
Ces contours bifarres ne tiennent a aucun (ylteme ,
n'appartiennent à aucun ordre de chofes ou d’idées
t puifees dans la pâture ou dans le earaftère originaire
I de l’architeéfure. ,
Selon fon acception la plus banale, enfemble fe
prend fous le rapport de maffe générale d’un édifice,
de circonfcription des differentes parties qui le
compofent. On dit, l’enfemble du Vatican & de fes
dépendances, comprend tel efpace de terrain. T e l
monument, tel établiffement public forme un
enfemble de telle ou telle étendue. L’afpett de tel .
édifice donne l’ idée d’ un grand enfemble. Dans ce
I fens, enfemble eft le tout confidéré fous foiy rapport
L'abus en ce genre a été porté au plus haut
degré par le Borromini & par fon ecole. Tous les ;
membres conftitutifs de l’archite&ure en étoient
venus au point de ne plus etre regardés que comme
des formes nées du hafard & tributaires du caprice.
Les profils de la modinature n’offrirent plus fous
le crayon licencieux de ces maîtres en bifarrerie
d’autre apparence que celle d’une pâte flexible
dont on pouvoit obtenir toutes lés fortes de çon-
tournetnens & d’enroulemens que la fantaifie pouvoir
fuggérer.
Cette manie des enroulemens pafla auffi dans la
décoration & dans l’ornement. Les retables des
autels, les grilles, les portes, les meubles, tout
fut contourné. L ’architeàure feinte & la décoration
de théâtre furent infe&ées de ce goût. Les yeux défa-
bufés de cette mode regrèttent aujourd’hui que
quelques-unes de ces formes d’enroulement aient
reçu dans des monumens durables & recommandables
d’ailleurs, une folidité qui fait furvivre ces
abus à la mode qui leur avoit donné l’être.
Enroulement de parterre. ( Jardinage). Ce
font des plate-barides de buis ou de gazon contournées
en lignes fpirales , & que les jardiniers
appellent rouleaux.
Ces fortes dé deffins 11e conviennent qu’aux jardins
du genre régulier. Leur intention eft d'imiter
L’ inconvénient de ce genre étoit qüe pour faire
valoir ces deffins , il falloit employer le fecouts
des fables de couleur, & quelquefois du cailloutage.
O r , cet afpett étoit froid , pauvre & ingrat de
près. Ce qui doit orner les parterres & en diverfifier
les contours , c eft principalement le choix , là
fucceflion & le mélange des fleurs.
ENSEMBLE, f. m. On donne à ce mot plus
d’une fignification dans la langue des arts & dans
celle de rarchiteâure.
les broderies d’une étoffe, & leur effet n’eft agréable
que lorfqu’on les voit d’ en haut & de loin. De près
ils plaifent moins , parce que leur enfemble ne fau-
roit être bien faifi par l’oeil. Je parle furtout ici de
^es grands parterres , tels que ceux du jardin des ,
Tuileries et autres femblables.
Depuis que le goût dans la compofltion des jardins
s’eft rapproché davantage des difpofitions de
la nature, les parterres ont au fli, même dans les
jardins réguliers, perdu de cette manière peignée
flui convient aux enroulemens 8t aux broderies.
matériel.
Il y a dans l’archîteaure une autre manière afe
confidérer le tout enfemble d’un édifice , comme il
v a un art d’en faire un tout, que le goût & le
génie de l’architeÊte peuvent feuls faifir. Cet art com*
üfte à donner aux parties grandes ou petites d un
monument, cet accord de motif, de plan, de malle,
de décoration & de ftyle, qui en faffe comme un
feul être dont tous les membres foient fubordonnes
entr’ eux à cette unité de principe, qui établit la
nécelfité de rapports entre* le tout & les parties , op
la liaifon de chaque partie au tout. C eft cette fur-
bordination générale qui fait concourir les moindres
détails à la formation d’un tout harmonieux & bien
proportionné , qu’on appelle V enfemble dans un
bâtiment, fous le rapport moral.
Cet enfemble ou ce mérite à’enfemble, eft ce qu’on
rencontre le plus rarement dans les édifices, furtout
dans les monumens publics. Ceux-ci tontfubordonnés
dans leur conftruétion à tant de hafards, que c e lt
déjà une chance fort rare, lorfque l’architeae qui
a commencé une telle entreprife eft le- meme qui
l’achève. Les vacillations continuelles des ordonnateurs,
de nouvelles nécefïités inaperçues d’abord,
les viciffitudes même du goût contribuent avant
tout à produire ce défaccord qui frappe dans de
grands édifices , tels que Saint-Pierre, àRon-.e, oi;
le Louvre, à Paiis. Ces édificesvconçus d abord
fur des pians fimples, n’ayant pu être achevés dans
un efpace de temps convenable, ont pafte par tant
de mains, que c’eût été un miracle fi l’efprit d enfemble
eût pu s’y conferver. Saint-Pierre a été terminé
, & malgré fes difparates, forme au moins un
enfemble matériel dans lequel le goût trouve a taire
à l’enfemble moral beaucoup de reproches. A I egard
du Louvre, il eft probable qu’il n’aura jamais d enfemble
, ni fous l’un ni fous l’autre rapport.
Un affei grand enfemble , qui cependant n’ a point
a enfemble, eft le palais des T uileries. Ceux qui ont
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