6e. Il n’a aucun feuillage ; des gfifforis font
afïîs fur l’aftragale : derrière eux , des cornes
d ’abondance s’élèvent, paffent au-deiïus de leurs
tetes, & vont foütenir les cornes de l’abaquej
enïré lés deux cornés d’abondance effc un candélabre
ailé, d’où s’élancent deux ferpens qui fe
cfoiférit deux fois, & fe retrouvent en face l’un
de l ’autre fur l’abaque, lequel eft formé d’une
doucine entre deux iiftels.
7e- Au-deflus de l ’aftragale eft un rinceau, &
au-delfus de celui-ci une petite baguette; fur cette
moulure font affis deux corps de fphinx qui fe
réunifient en une feule tête, laquelle porte un
panier de fleurs, jufqu’au haut de l’abaque ; les
quadruples ailes de ce fphinx, font déployées dans
i'efpaee qui fe trouve entre fa chevelure & les
volutes.
8e. Un cheval a ilé , pofe fés pieds de devant
fur la fommité des feuilles inférieures; fa tête
Soutient la corne de l’abaque, & fon corps fe
termine en rofaces et rinceaux.
9e. Sur un limple .liftel. règne un rang de
feuilles doubles ; aû-deffus eft un, petit tore , entre
deux autres Iiftels. Sur le liftel fuperieur, font
placées des pommes de pins f derrière leiqu elles
s'élèvent jufqù’à l’abaque des ferpens écaillés,
dont les tétés reflfemblént à celle de l’homme &
du cniéri ; les cornés de l’abaque fe terminent
par dés têtes aüflî monftruéüfes, & qui font en-
faillie fur les volrites.
io e. La campane repréfente une corbeille dont
les joncs où les ofiers font divérfement travaillés;
au bas, font rangées de petites feuilles, de la
pointe défquelles s’élève une rofe ; quatre grandes
feuilles refendues montent depuis l’aftragale jul-
qu’aux volutes qui fortent de la corbeille en forme
de cornes de bellïer ; cette corbeille eft remplie
de fleurs & de fruits, & au milieu d’eux, eft
une femme vue à mi-corps , dont la tête fait
l ’ornement de l’abaque.
Tie. Entre deux aftragales règne unefrife ; des
confoles formant volutes, portent les cornes de
l ’abaque, & défcëndent jufque fur l’ aftragale supérieur
; l’intervalle des confoles eft rempli par des
canelures avec filets, & celles-ci font léparées de
l’abaqùe , par un nouvel aftragalë taillé en grains
fonds & oblongs, & une échine ornée d’oves.
n $ . L’ abaqué n’a régulièrement, comme l’on
fa it, que quatre cornés : ici il en a huit également
efpacées ; entre’ chacune d’elles eft une rofe, &
fous chacune une tête. Sous les nouvelles, ce
font des têtés de lion, & fous les autres, des
têtes de belliers, dont les cornes forment Volutes;:. .
entre ces différentes têtes s’étendent dé6 faifceaux
de feuilles de chêne, & des feuilles d’ornemens
fç vêtant tout b corps de h campane.
t3 e. Il n’a point d’abaque, & ainfi point dé
volutes j ni d’objets qui en tiennent la place ; i.1
préfente une Ample campane ornée dhuï rang de
feuillages j fur lefquels font perchés des oifeaux}
au-deffus font des feftons attachés par des noeuds
de ruban à dés clous figurés. Le rebord qhi
termine cette campane, a un peu plus d’épaiffeur
qu’à l’ordinaire, fans doute pour marquer davantage
, puifque rien ne doit le couvrir.
14e. Après des canelures avec filets, & cachées
en partie par des feuillages, on voit des rofes
au milieu de divers entrelas qui forment ceinture ,
&. qui font furmontés d’une doucine ornée de
feuilles d’eau, & d’un quart de rond ornée d’oves.
Ces membres font fép’arés par des Iiftels ; au-deffus
des oves, & -un peu en faillie fur elles, eft le
tailloir dorique accompagné de fon talon & de
fon liftel, qui, tous trois, font coupés à l’angle
comme l’abaque. Sous la partie reliante, un large
feuillage s’étend & fe replie avec plus de grâce
qu’une volute même.
15e. Entre l ’aftragale & une baguette taillée
en grains rond^ & oblongs, eft un rang de feuilles
Amples. La baguette a deux Iiftels ; de fon liftel
fupérieur , à un autre liftel- qui eft deffous une
baguette ornée de feuilles tournantes, il y a un
grand efpace uni, au milieu duquel font des rofaces.
Au-delfus de la bag'uëtte eft une doucine d’une
grande hau teur; elle eft féparée du tailloir par
un filet , & le tailloir eft couronné par un talon,
qui éft décoré de fculptures, ainfi que la doucine.
16e . Le chapiteau dorique romain, avec tous
fes ornemens , couronne deux rangs de feuillages.
Il y-a plufieurs chapiteaux de ce genre, & iis
ne diffèrent entre eux que par quelque variété
dans les feuilles ou les moulures ; les deux chapiteaux
précédéns en font des exemples.
17e. ' Au-deffus de l ’aftragale, règne une frife
qui eft furmoritée d’un chapiteau ionique, dont
lés Volutes font ovales & renferment une rofe.
Lë tailloir eft enrichi de rinceaux , & le couflinet
eft coupé en plufieurs parties, dont chacune eft
différemment ornée,
18e. Celui-ci eft du même genre que le précédent;
un rang de feuilles eft entre un aftragalë,
& une baguette taillée en grains ronds , & accompagnée
de Iiftels ; un rang de mafques occupe
la place des oves & dé l’écorce, & ils n’ont au-
deffus d’eux que la partie de celle-ci, qui reffemble
à un filet. Ce filet, fur monté du talon ordinaire
dont fe forme le tailloir, commencé la volute
en prenant quelques feuillages-, & il remonte en
fe changeant en corne d’abondance , d’o ù , parmi
des fleiirs & des fruits , fort le refte de la voiiue ,
au milieu de laquelle eft une rofe.
Le recueil des fragmens antiques de Piranfi,
pourroit nous fournir encore bien d’autres exemples
de cette fertilité des anciens, dans la compofition
de leurs chapiteaux, & dans la décoration du
corinthien* Je ne prolongerai pas davantage cette
énumération, & je retfvoyerai ceux qui délireront
fe convaincre par leurs propres yeux, à l’ouvrage
de la magnificence des romains, par Piranefi,
V’où l’on a extrait quelques-unes des figures - qui
font gravées à la fuite de cet ouvrage.
Les raifonnemens & les autorités prouvent donc
de la manière la. plus pofitive , que le chapiteau
prétendu compofé, n’eft qu’un des mille &. tant
de chapiteaux inventés par les Romains, que rien
ne lui afÜgne un droit plus particulier de figuier
parmi les ordres, qu’à tous ceijx qu’on vient de
palier en revue. Tout prouve au contraire que
s’il falloit choifir parmi tous ces produits du
luxe & de la fantaifie des Romains , plus d’un
mériteroit la préférence fur le prétendu compofé,
qui a véritablement pour défaut effentiel dans la
compofition, d’avoir peu de caraélérifti que, &
de le confondre aifément avec le corinthien, dont
il outre plutôt, qu’il ne furpaffe la richeffe.
Quelque crédit que l’habitude & l ’exemple
aient pu lui donner, il s’èft rencontré des critiques
judicieux qui ont dans tous les temps protefté
contre i ’ufurpation de cet ordre parafite. » 11 eft ,
», à mon avis , difoit Chambrai, ( il y a plus d’un
» fiècle d.érdforx-Bàble de lui donner le .nom
» .d’ordre , & il en eft encore plus indigne que le
» tofcan.
» Il a été la caufe de toute la confufion qui
» s’eft introduite dans i’architeélure, depuis que
» les artiftes ont pris la licence de fédifpenfer de
» ceux que les antiques-nous ont prefcrit, pour
» en gothifer à leur caprice une infinité qui paflènt
» tous fous ce nom. Le bon Vitruve prévoyoit
» de fcn temps le mauvais effet que ceux de là.
» profeffion alloient faire naître, par l’amour de
» la nouveauté qui les emportoit déjà au iiberti-
33 nage, & ail • mépris des règles de l’art j qui.
» dévoient être inviolables , tellement que c’eft
~ » un mal envieilli qui va tous les jours encore
» empirant, & eft quafi fans remède. Néanmoins
» fi lés modernes vouloient donner quelques bornes
» à leur licence, & demeurer dans les limites de
.» l’ordre romain qui eft le vrai compofite, & qui
30 a fes règles au fit bien que tous les autres,
» je n’y trouverois rien à redire, puifqu’on en
» voit des exemples parmi les veftiges des fiècles
» les plus florifans, comme celui de Titus-Vefpa-
» fianus, auquel le fénat après la prife de Jérufalem
» fit ériger un arc de triomphe magnifique, qui
» eft dans cet ordre; mais il ne faut Femployer
» que bien à propos & toujours feul. C ’eft ainfi
» qu’en ont ufé les inventeurs, qui connoiffant
» bien fon foible, évitèrent de le mettre en com-
» paraifon avec les autres ordres.
‘ » Les architefîes modernes noyant pas eu cette
» confidératicn,. font, tombés ipuvent dans une
» erreur inexcufable,. de faire poferle fort fur le
» foible. Scamczzi eft le premier qui en a parlé
» dans fon traité des cinq Ordres, où il donne
» au Corinthien la plus haute place. Toutefois
» pour éviter toute forte de conteftation , je trouve
» plus fûr de ne les mêler jamais enfemble,
» puifque les antiques ne l ’ont pas fait. Quoi-
» que. Philibert Delorme , & Séhaftien Serlio,
» penfent tous deux l’avoir vu au colifée, 6i.
» qu’ils en rapportent même le delfin, .pour
» être l’exemple de leur ordre compofite ; mais
» ils ont fait une obfervation très-faufile; c a r ,
» ce font deux Corinthiens l’un fur l ’autre.
Je dois terminer cet article par une réflexion- très-
judicieufé'du même Chambrai, fur le compofite
» Il n’eft pas queftion à un architecte , d’employer
» fon induftrie & fon étud e,'à trouver de nou-
» veaux ordres pour donner du prix à fes ouvrages,
» ni pour fe rendre habile homme, non plus qu’à
» un, orateur pour acquérir h: Réputation d’être?
» éloquent,* d’inventer des mots qui n’aient encore
», jamais 'été dits , ni à un poëcc de faire des
» vers d’une autre cadence, ou d’autre mefure
» que l ’ordinaire; -cette affeélation étant puérile
» &. impertinente ; & s’i l . arrivoit par occafion-
» qu’on voulût prendre quelque liberté femblable,
» il faut que ce foit fi à propos, qu’ un chacun en
». Voye incontinent la raifon. C ’eft. ainfi que les
» antiques en ont ufé -, mais avec une fi grande
» retenue, qu-ils. ont borné toute leur licence
» à la feule forme du chapiteau, dont ils onr
» fait cent eompofitions gentilles , & fingulières
» à certains fujets, op. ris réufinTent à merveille,.
»• hors defquels auffi on ne fauroit que fort imper-
» tinemment les mettre en ccuvise. »
Toute la théorie de l’ ordre ,fqi-difant compofés eft
renfermée dans ce dernier paragraphe de' Chambrai,_
qui admet la variété de décoration dans les chapi-
teaqx, félon la nature des fujets ; mais qui ne
croit pas que décorer d’une manière nouvelle
un chapiteau , foit conftituer un ordre nouveau,
COMPOSITION , fubft. fém. Compofition &
conception, ne font point fynonimes. La conception
femble fe borner à cette idée première & générale
qui ne donne encore à l’aitifte que les maflès
principales, que la difpofition d’enfemble de fors
îiijet. La compofition embrafle non-feulement cette
première idée ; mais la recherche fucceflive des
détails, leur choix, leur convenance , leur rapport,
ou leur effet d’enfemble ; en un m o t, totic
ce dont l’affemblage doit compofier le fuj.et
en préparer, faciliter & affurer l'exécution-
Le peintre & le fculpteur joui fient à cet égard
d’un avantage dont l’architeâe eft privé ; .ils eom-
pofent & exécutent eux-mêmes ; & feuls refpcn-
fables de leurs fuccès 7 ils en recueillent uqfli