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ortes : dans la troifième, ceux des trompes ; dans
i quatrième , ceux des maîtrefiès voûtes ; 8c dans
la cinquième , ceux des vis & efcaliers. Le difcours
efl accompagné de planches, mais elles n’offrent que
des figures gravées au- {impie trait, 8c qui feroient
plus alternent fendes fi elles étoient répétées avec
l'effet des clairs 6c des ombres. On défiteroit encore
que lés figures iufient placées à côté des explications.
Rien n’eft plus incommode que de feuilleter fans
ceiie pour revenir à la planche qu’on a beioin de
coftfblter. Ce défaut eft commun a préfque tous les
livres defctences & arts, & il ne contribue pas peu
à en rendre l’ctude lente & pénible.
Derrandqui déclare au commencement de fon
livre , qu’il ne prétend pas faire croire que tous les
traits ce toutes les coupes de voûtes qu’il le propofe
ce démontrer, ioient de.Ton invention ; le termine,
en difant que, quoiqu’il le regarde comme fufHfant
pour donner une connoifiance parfaite de l’art des
traits, M eu loin de préfumer que l’on ne puiffe y
rien ajouter.
Telle fut fans doute auffi l’opinion de de la Rue ,
ancien membre de l’académie d’architecture , qui
fit en 172.8 , une nouvelle édition de l'ouvrage de
Ferrand, 8c y ajouta beaucoup de choies importantes,
> .
Derrand tient au relie ce qu’il promet , & on
ne peut diflimuler que fon traité ne Toit , a in il
qu’il l’avance dans fon titre , très-utile, votre nécef-
faire a tous architectes ; maîtres maçons, "appareil-
Leurs , tailleurs de pierres y & généralement à tous ceux
qui fe mêlent de l’architecture , même militaire.
DÉSAFLEURER. ( Voyc{ A fleurer. ) '
DÉSASSEMBLER. ( Voye^ Assembler , As-
sembl. o )
DESCENTE, f. f. Voûte rampante qui couvre
une rampe d’efcalier, comme la dtfeente d’une
cave. O ri donne- aufS. ce nom à la rampe .de
l ’efcalier.
D e s c e n t e b i a i s e . De famé qui efl de côté
dans un. mur 8c dont-les pieds- droits d’entrée•
ne font pas d’équère avec le mur de face.
Descente d ’experts. C’efl la vifite que
des experts ( voyc{ ce mot) font des ouvrages pour
les examiner, félon la coutume locale, pour vérifier
leur état, leurs malfaçons, 8c en dre fier
procès-verbal , pour en' rendre compte.' Les dtf-
centes fe font ordinairement en préieuce du juge.
D escente en tuyau. ( Voye{ Tuyau db
DESCENTE. )
DESCRIPTION, f. f. Repréfentation d’une
. chofe par le 'moyen du difeoms ou du deffiri,
OU. par l’un & l’autre ènfembie. Telles font les
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deferiptions de Rome, de Paris ; les deferiptions
de palais , de fêtes publiques, ôcc.
DE SGO DE TS , ( AntOinE ) àrchiteéle fran^
çais, né à Paris , en 16.53 , & mort dans la même
ville en 1728, s’adonna dès fes premières années à
l ’étude de l’architeélure , vêts laquelle le portait
un penchant décidé. Il le livra à cet art av.ee tant
d’ardeur, qu’à - l’âge de dix-neuf ans, il obtint
la per million d’être piélent aux conférences de'
l’académie. Deux an? après Colbert l’envoya en
Italie, pour exécuter le projet qu’il avoit formé de
faire graver les plus beaux monument» de l’antiquité.
Defgodets, ainfi qu’ il le dit lui-même , partit
avec la réfolution de ne rien épargner pour fé
prévaloir d’une occafion fi favorable au defir qu’il
a.voit de -s’inflt uire, 8é de ' mettre-, à ; profit ion
voyage. Mais ' des -contre-temps fâcheux vinrent
traverser ces louables projets. « D ’abord, dit-il.
si nous fumes pris par les Turcs .7 qui nous me-
» .nèrent à Alger, & nous y retinrent prifonniers
» pendai't feize mois. ( Les compagnons de fes
» travaux & de fes malheurs étoient le Vaillant &
» d’Âviler..) Enfin ayant étéHéliv.ré par un échange •
» que le roi fit , je né me trouvai point encore
» à Rome dans la liberté, que j’ àurois pu defirer,
» pour étudier à ma manière, ces excellens monu*
» mens de i ’efprit 8c ' du favoir des anciens-, que
» j’a vois fouhaité' de' voir avec, tar-t d’empreil'e-
» ment, 8c que j’avois intention d’examiner avec une
» exaélitude, quinenvétoit pas permise. Jevoyois
» que pour déterrer ce qui écolt caché, 8t pour ap*
» procher comme je voulois de ce. qui étoit élevé,
» il me failoit- faire des dépenfes Sc me donner
» des peines qui étoient beaucoup au-deffas de
» mes forces. Mon zèle néanmoins , & ma perfé-
» vérance lurmoritèrent toutes^ ces difficultés ) j’ai
>> trouvé le moyen , pendant feize mois que j’ai
35 été à Rome, de deffiner moi-même tous ces an-
» ciens édifices , dont j’a r levé les plans 8c fait
» les élévations 8c profils, avec toutes les me!tires
» que ; j’ai.prifes exaélsment, ayant obfervé les
33 contours des ornemens, dans leur-goût & dans les
» -différentes manières, qui s’y .remarquent. J’ai
>3 vérifié le tout plufieurs fois pour me connr-
» mer dans une certitude dent- je pe’nfe repon-
33 dre , ayant fait fouiller ceux qui étoient énter-
33 rés, 8c fait drefler des échelles 8c autres ma-
33 chines , pour approcher de ceux qui étoient
' V beaucoup élevés, afin de voir de près, & preu-
33 dre avec le compas les hauteurs 8c les faillies
33 de tous les membres, tant en général qu’en par*
33 ticuiier , jufqu’aux moindres parties 33.
De retour dans fa patrie , Defgodets raflembla
tous les deffins qu’il avoit faits des édifices antiques
de Rome , 8c rendit compte de fes tra^
vaux à Colbert. Ce miniflre en fut fi -lansrart»
| qu’il le chargea, de ehoiiii- les meilleurs gravent1
D E S
en architecture, pour faire exécuter fês deffins aux
idépens du gouvernement l Le Clerc, P. 8t J. le
Ipautre, Chatillon , Guérard, Brèbcs , Bonnart,
j e la Boiffière, Tournier 8c Maroc, .eodpircrent
■ à cette .entreprife. Colbert enfin ordonna que rien
Le fût épargné pour la rendre digne de la grun-.
:j eur & de la magnificence de Louis XIV. Ce
[monarque fit préfent à l’auteur de l’édition. L’ou-
[vrage parut à Paris en 1682 , fous ce titre : Les'édifices
antiques de Rome.
i Defgodets ne préfenta que douze ans après, en
I1694 , fon livre à Tacadé.mie qui s’tft entretenue
principalement de cet objet, dans la plus grande
Ipartie de fes féances pendant plus de neuf mois,
[il fut nommé contrôleur des bâtimens du roi ,
i& défigné pour remp’ir dans l’académie la place
[vacante par la mort de Dorbay. Il y lut en dif--
férentes. circonftances plufieurs mémoires très-in-
Itérefians, dont voici les énoncés.
f En 1699. Defcription de la manière de conflruire
Ides môles avancés dans la mer, fûivant ce qui fe
|pratique en plufieurs endroits de l'Italie.
\ Deux mémoires fur la conflruCtion des. ponts,
|îorfque: le fond de la rivière efl. de fable mouvant
ï& fluide.
[ Remarques fur le trolfième livre de Palladio.
t Obfervations fur le renflement des colonnes , & la
Irègle pour le tracer par une portion de cercle dont
l/e centre efl fur la ligne de .niveau au bas de la co-
Wlonne.
I Obfervations fur les différentes âifpofitions des co-
Itonnes, qui en peuvent faire augmenter ou diminuer
p grofjtür.
r En 1701. Méthode facile pour tracer gènerale-
\mtnt le contour de la volute du chapiteau de l'or-
Idre ionique , par des quarts de cercle.
I Mémoire fur la proportion de V. ordre ionique.
i , En 1707. Projet pour la confiruClion des piles
ï de pont , Iorfque le fond du lit .de la rivière, efl de
Iroc, leau profonde & le courant rapide.
I Mémoire touchant la proportion des flatucs pla-
t lliS‘ avec "différais, ordres d'architecture, les uns au-
l de (jus des autres.
K. En 17.09; Obfervations fur la proportion de ln hau-
desattiques. ■ \
I En 1710. Règle pour la proportion de la hau- ■
Ëffü/' des corniches du dedans des fa lies, chambres,
Icabinets. & autres pièces des appammehsf 'par rapl/
ur aux d lit; rentes hauteurs 'des pièces.
i , t-n 17ia.. Explication de la définition du bon
en architecture.
E x'fy}àcts fut nommé profefTeur de l ’acadé-r
.-c cle l.i H ire. Louiv X V ayant af-
éan;e de cette compagnie., le 2 août
D E S 2.07
1719 , notre architeéle lui préfenfa un traité fur
lis or dres. Depuis cette époque, il lut à I’acacé-
mie le neuvième chapitre de. fon traité du loi f i des
bois de charpente, & vers la fin de fa vie, il montra
à fes confrères le plan d'un palais de parlement
s qu’il avoit compofé pour fervir de leçon
aux élèves. Ce plan eft diflribué de manière,
que toutes les juridiéBons renfermées -à Paris
clans l’étendue du palais, étoient contenues dans un
efpace donné. Tomes les pièces néeeffaires à chaque
juridiction fe trouvoient dégagées, 8c fe commun
iquoient de plein-pied par'des galeries, fans
monter ni defeendra. iy-\ defcription de ce plan
fe trouve dans Le chapitre JII de la fécondé fe:-
tien de fon traité de la commodité de l’architecture,
dont il fit leéture en* le préfentant à l’acadé-
Depuis fa mort de Defgodets, on a imprimé, fur
les leçons qu’il diclôit à l’académie, Us lois des bd-
tuntns , in-8°. dont il y a eu plufieurs éditions ;
& U teifé général des bâtimens , auffi in-b?, mis
au jour pat M, Ginet.
Ces notices Jiifioriques font extraites des mémoires
de l’académie d'architecture.
L ’ouvrage de Defgodets, fur lequel fe fondent le
plus, & fa renommée, & la reconnoifiaiice que
lui doivent les arrifles, eft fans contredit fon recueil
des antiquités de Rome. C’eft fur-tout par
i’e'xaéHtude & la précifion des mefures, que de
femblabiés ouvrages doivent briller, & c’eft delà
que celui de notre auteur tire fon mérite. 11 faut
entendre Defgodets lui-même à ce lu jet.
« J’ai cherché, dit-il, ce qui fait que d’excel-
lens auteurs tels que Palladio , SerüoLàbaco ont
négligé la précifion & i’exaclitude qui manquent aux
defenptions &. aux aeffins qu’ils ont donnés au pu*
blic,* car enfin on ne peut pas dire que les mefures y
foyent juftes,ni que le goût & toutes les particularités
des originaux s’y trouvent exactement rapportés dans
la jv é r ité , puiique la plûpart de ces chofcs font
diftérentes dans les livres de chacun de çes archi-
.te£les,8c qu’il eft confiant que, même avant mes
remarques, qui font voir qu’ils n’ont pas dit les
chofes comme elles font, ils s’étoient déjà 'dé^
mentis les uns les- autres. >>
« I f m’étoit venu d’abord dans l’efprit, que
ces grands auteurs n’avoient pas, j ugé qu’une telle
exaéticude fût d’aucune.utilité j l’excellence & la
beauté qui tait admirer les édifices des anciens ,
ne dépendant pns des minuties de ces proportions ,
& des autres circonfiances de cette nature , Tans
Iefqueli.es on peut dire que leurs ouvrages ne
laiftent pas d’éclater, tk de paroître avec toute leur
grandeur & toute leur majeflé, 33
« Ma première intention a donc été, Iorfque
■ j’ai entrepris de mefurer avec précifion les antiquités
de Rome, de fayqir lequel de ces auteurs