
D É C A G O N E , f. m. Figure qui a dix côtés &
dix angles; ce mot fe dit d’un carreau, d’un badin,
d’une place fortifiée de dix baftions, &c.
D É C A LQ U E R , v . ad . ( Voyt[ CALQUER. )
DÉCARRELER , v. ad. C’eft arracher, enlever
les carreaux qui formoient la fürface lupérieure
d’un plancher.
DÉ C A ST Y L E , f. m. Mot compofé de deux
termes grecs, deçà, dix , & (lulos, colonne. C’étoit
le nom qu’on donnoit à tout temple , portique
ou édifice, dont le front avoit une ordonnance eom-
pofée de dix colonnes, ( Voyt\ temple & ordonnance.
)
DÉCEINTRER , v. ad. Oter les ceintres de
charpente ou autre matière, fur lefquels une voûte a
été conftruite. Cette opération n’a lieu qu’a près
qu’une voûte ou un arc* font bandés, & que les
voulions en font bien fichés & jontoyés.
DÉCEINTREMENT. f. m. C’eft l’action d’ôter
les ceintres fur lefquels une voûte a été conftruite.
DÉCEMPÉPÈDE, f. m. Mefure de dix pieds ,
dont le fervoient les anciens pour arpenter les
terres & donner les proportions dé leurs édifices.
Ce mot eft compofé de decem, dix, & pes, pied.
DÉCHAPERONNÉ , part. Se dit d’un mur
dont le chaperon eft ruiné. Voyeç Chaperon.
DÉCHARGE , f. f. Ce mot a plus d’une lignification
en architedure.
Dans la difpofition ou diftribntion des rnaifbns ,
on appelle décharge une pièce qui fort de dépôt aux
vieux meubles & aux objets qui ne font pas d’un
ufsge journalier. C’eft, dans' ce fens que l’on-dit
une pièce de décharge, ou fimplement une décharge.
On en pratique auprès des offices, des cuilines j &
près des antichambres. '
Dans la conftrudion, on appelle décharge tout
ce qui fert à foulager , foit un mur , foit une
cloifon , foit line platte-bande, foit encore une
fondation, du poids ou d’une partie du poids de
la maçonnerie fupérieure.
« Il faut auffi faire, dit Vitruve , chap. 1 1 , lïv. 6,
trad. de Pérault, que le poids des murs foit fou-
lagé par des décharges faites de pierres raillées
en manière de coin , & dilpolées en vcûre : les
deux bouts de l’arcade de la décharge étant pofés
fur les bouts du linteau ou du poitrail , le bois
ne pliera peint, parce qu’il fera déchargé d’une
partie de Ion faix ; & s’il lui arriyoit quelque défaut
par le laps du temps, on le pourroit rétablir,
fans qu’il fût befoin d'étayer. »
Yitruve enfeigne clairement ici la manière d’affermir
les murs aux endroits,'oh ils ont des vides,
comme au droit des portes & des fenêtres , dont
les linteaux reçoivent le poids du mur qui (eft
au-deffus. Il le fait par deux fortes de décharges.
La première a lieu au moyen de deux pièces'de-
bois, qui étant .pofées fur le linteau ,• au droit de
chaque piédroit, fe joignent en pointe comme deux
chevrons, pour foutenir la charge du mur. L ’autre
décharge eu parle moyen d’un arcade voûté, qui,
élevé au-deffus des claveaux en platte-bande
ou de l’architrave, empêche le poids fupérieur
d’agir fur ces parties, & de les ruiner ou de les
brifer.
Les conftruélions antiques & modernes offrent
beaucoup d exemples de ces fortes de décharges.
Elles font indhpènfables dans la cônftru&ion des
architraves à claveaux.
On fait auffi d'es décharges en arc renyerfé dans
des fondations dont, le terrain eft douteux.
DÉCHARGE D ’EAU. C ’eft un baffin ou canal
qui reçoit le trop plein dés eaux d’une fontaine
, d’un baffin, d’un lac.
Il nous eft refté en ce genre des travaux mémorables
des Romains. Le canal de' décharge
du lac d’Albano , celui du lac\Fucin ou Gélàino,
& celui du lap d’Averne, font, des monumens
prodigieux de conftruélion , de favoir- .& d’intelligence
; on en trouve la defeription détaillée à
l’article Emîssariüm. ( Voye^ ce mot.)
En jardinage le mot décharge d’ eau', eft commun
à deux tuyaux dans un regard ou baffin de
fontaines , dont l’un, avec foupape, fert à décharger
ou faire couler Peau qui eft d$ns le fond,
& l ’autre , quiv eft fou de & fitué au bord de ce
regard ou de ce baffin , fert à régler la fuperficie
de l’eau, à une certaine hauteur. -
DÉCHAUSSÉ. part. m. Se dit particulièrement
des fondations dégradées & minées, en! défions
, par l ’aétion du temps,ou d’autres..agpns. On
dit qu’une pile eft déchauffée, quand l’eau a dégradé
fon pilotage, n’y ayant plus dé terre entre
les pieux par le haut.
C’eft au déc hautement de plufieurs conftruclions
antiques qu’on doit quelques erreurs, qui. fe.font
accréditées dans i’architeéture. C’eft parce que la
première affilie du temple de Ségéüe, c’eft - à-
dire , celle fur laquelle pofent les colonnes:^ s’eil
trouvé dechaiiffée , qu’on a pris pour les fôclés
des colonnes , les dés de pierres .qui fe voÿent fons
chacune d’elles. On auroit pu croire par la même
raifon qUe les colonnes du temple de Cora avoieo*
des piédeftaux, tant le déch.iiiffen.eut dn ftylobate
fait reffembier les Fondatious particulières de chaque
colonne à des piédeft.mx ifolés.
DÉCHAUSSER ., S | a&. C’e f t . fouiller par
deffous: la fondation d’un mur ou d’une ponftruc-
tion quelconque, l'oit pour en opérer la ruine,
foit pour la prévenir en reprenant la bâtiffe en
fous-oeuvre.
DÉCHET, f. m. Se dit de la perte que font les
entrepreneurs dans la taille de la pierre pu du
moellon, & que l’on évalue ordinairement à un
fixième dans les- détails.
DÉCLCRE , v . aâ. Détruire les mursqui fervent
de clôture à un jardin, à une cour, ôte.
DÉCOMBRER, v.-aft* C ’eft enlever les pierres,
gravois , platras , recoupes, ou autres ,objets qui
proviennent, ou de la démolition , ou de la conf-
truction d’un édifice. On décembre un batardeau
en le dégravoyant, pour y mettre un corroi de glaife.
On dit encore décombrer une carrière; c’eft en faire
l’ouverture & la fojiiller.
DÉCOMBRES, f. f. p l Ce font les moindres
matériaux delà démolition d’un bâtiment qui font
de nulle valeur, comme menus platras , recoupes,
&c. On les employé, à applanir ou affermir les
chemins.,
DÉCOR. Terme dont fe fert Vitruve pour exprimer
ce que nous, entendons en architecture par
bienféance. ( Voye^ ce mot. )
Décor ou décore. Ce mot eft devenu français
depuis peu dans'la langue pratique des arts, & figni-
fie cette partie de la peinture qui embraffe l ’ornement
des intérieurs, des murs , des voûtes, & fe
partage entre la décoration en grand, & l’ara-
befque , qui fuppofe une ordonnance plus légère
d’ornemens. On dit faire , entreprendre le décore ;
peintre de décore, &c.
DÉCORATEUR , f. m. fignifie, dans le fens le
plus {impie^ l’ artifte dont l’art ou le talent ont
pour objet la décoration.
Comme le. mot décoration comporte plus d’une
acception dans le langage & l’exercice des arts,
(voyt^ Décoration) , on attacheauffiplus d’une
idée au mot décorateur Cependant elles peuvent
fe réduire à trois principales.
i° . Un décorateur eft un ârtifté , foit architefte,
: foit peintre, foit fculpteur, mais obligé d’avoir
des notions très-étendues dans chacun des trois
arts; qui donne les pians & les deffins des fêtes
publiques, qui dirige les cérémonies , préfidë à leur
enlemble & à leurs détails., fait exécuter les.monumens
d’ârchite&ure feinte , les àftégories, les
devifes , les ftatues , bas-reli^fe, & autres aecei-
foires , qui entrent dans la compofition dont il eft
l’auteur.
2°.Un décorateur tfk un artifte fpéciaiement adonné
\ cette partie de la peinture & de l’architeéture,
qui a pour objet l’embelliffement de l’ intérieur
des .ajDpartemens, des palais & même des temples.
Cette partie de l ’art eft devenue une forte d’art
à part. Les objets d’imitation qu’elle renferme font
très-étendus II eft peu de parties dés trois arts qui
ne foient de Ion reffort. Le p^yfage, les vues d’ar-
chiteélure , les monochromes , les reliefs, les ftucs,
les ca.may eux , la combinaifon des marbres & leurs
imitations, l’art des ccmpartimens, &c. tout cela
entre dans la décoration. Sous un certain rapport,
l ’artifte , quel qu’il foit, adonné à ce qu’on appelle
la décoration, eft , fi l ’on peut dire, une efpèce d’entrepreneur
de tous les genres d’imitation ; car il
eft impoffible que fon talent puiffe embraffer l’exécution
de tant de branches diverfes.
30. Un décorateur eft un artifte qui fait les décorations
de théâtre, & qui préfide , foit par lui-
même; foit par fes deffins & fes agens ou coopérateurs
à toutes les compofitions, inventions &
imitations, qui entrent dans les illufions optiques d^
la Icène. L’ufage a affe&é plus particulièrement Je-
mot décorateur & décoration. à . cette partie de l ’art
qui contribue tant auxplaifirs dramatiques. Comme
l ’objet de la décoration de théâtre eft de transporter
le fpeftateur , par la magie des couleurs &
le preftige des lignes, dans tous les pays, dans tous
les monumens, dans tous les lieux oh l’hiftoire place
Paâion qui fe repréfente, il eft peu de connoif-
fances étrangères au décorateur de théâtre.
Les trois définitions qu’on vient de donner dit
décorateur prouvent que rien ne devroit être plus
fynonyme d’arcliite&e. En effet, la fcience& l’art de
l’architefture renferment prefque toutes les parties ,
& exigent prefque toutes les qualités & çonnoifr
fances que comporte l’idée de décoration
Auffi, quant à la première acception, qui a pour
objet unique, l ’invention ’& la direétion des fêtes
bliques , voit-on qu’en général , les architectes ife
font mis en pcffeffion de cette partie de l’art.
Mais quant aux deux autres genres de décorateurs „
c’eft parmi les peintres qu’il faut Ives chercher. Ce
n’eft pas que plus d’un architeéle n’ y ait excellé
auffi ; mais l’exercice & le maniement des couleujs ,
les diverfes études de l imitation de la nature , qui
entrent dans le domaine de la peinture , conftitueKt
trop rigoureusement les deux elpèces de décoration
dont je. parle , pour que les peintres ne s’en foien.fi
pas, de préférence , approprié l ’emploi..
On doit dire cependant que ce n’a pas été fans
un affez notable .préjudice pour l’axchiteèluie, eue