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longues de trois ou quatre pieds, larges environ
d'un pied & d’un pouce d’épaifieur, aflemblées en
coupe & en iiaifon luivant Tépure de la courbe ,
Toit en Qgyve , loit en plein ceintre , foit en ceintre
fur baillé.
Pour que ces courbes ayent de la force , elles
doivent être placées de champ, bien à-plomb, &
aflemblées par leur pied, dans une plate-forme de
charpente, pofée de niveau fur les murs de face du
bâtiment.
Pour entretenir ces planches dans leur pofition,
on y pratique des mortaifes , dans lelquelles on
introduit des liernes percées à diftances convenables
, & remplies par des coins , -qui ferrent
les courbes , & les empêchent de s’incliner , car
toute leur force dépend de leur pofition perpendiculaire.
Le premier avantage de cette méthode eft donc
de fubftituer à des bois d’ùne grande force & d’une
grande longueur, fui vaut les diamètres des efpaces
à couvrir, des bois minces & courts & de peu de
valeur , en comparaifon des poutres , pannes , poin-
€oqsr5 arbalétriers, & c ., employés dans la méthode
ordinaire., - '
Le fécond' avantage eft dé pouvoir former , par
ce procédé , une voûte de telle forme qu’on la
defire , dent l’intérieur eft abfolnmcnt libre , &
propre à toute e'pèce^d’ufage d’habitation , de décoration
ou d’utilité, comme loge mens , galeries ,
granges , magalms immenfes &c,. , àu lieu des
greniers ordinaires que leVpiècesde bois multipliées
de la charpente des combles, rempliffent & rendent
inhabitables.
Le mérite de cette invention confifte encore à
difpofer ces planches courtes en coupe & en liaiion ,
comme les claveaux d’une voûte , de manière à
leur en donner la fplidité, avec une légèreté .bien
fupériture , énforte que les murs étant peu chargés,
n’ont pas befoin d’une grande épaiffeur.
Cette charpente à nud préfente l’afpeét d’une
voûte de treillage , dont les courbes eipacées à un
ou deux pieds ëntr’elles , fuivant le poids de la couverture
qu’elles ont à fupporter forment les parties
verticales, & dont les liernes'compofent les parties
hcrifontaies, qui lient les courbés, & les maintiennent.
de champ & bien d’aplomb dans toute
leur étendue.
L ’intérieur de cette charpente peut recevoir un
plafond déplâtré ou autre , comme l’extérieur peut
fe couvrir en tuiles, en ardoifes, &e.
Pour augmenter la folidité de cetre charpente , on
doit aflnrer fon pied par des coyaux ou petites
contreficnes qui forment J’égoûQdu toit, en prenant
chaque courbe à une certaine hauteur, &
la contrebuttant de manière à ce que leur pied
ne puifte point s’écarter. Ces coyaux vont s’ap.
puyer fur une autre plate-forme placée fur. la lai|„
lie de la corniche, £c font liés aux courbes par
de petits liens , afin de former corps avec elles &
d’offrir une réfiftance contre lâ tendance qu’elles
auroient à s’écarter.
Au fommet des courbes qui compofent la charpente,
bn place des prolongemens qui/ui- donnent
la forme pyramidale des toits ordinaires. Çes prolonge
mens font-fixés par une légère-entaille fur •
là courbe, & entretenus par quelques cours de •
liernes. '
Le taillis de la couverture achève de donner à
cet enfemble une /oüdité égale à celle des charpentes
que cette • méihôdè^remplace. Elle 1m
iurpafle encore par la facilité d’y faire, des réparations.
En effet > oirpeut’fubftituer une pièce à une
autre ' à v e c .jm e evfrêmc facilité , & déçompofer
ou recompofer pièce a pièce tout l’.iflemblage, fans
que là défunion des parties opère la ruine du tout.
Tous les bois font également propres à cette
çonftr.-ét on , cependant ceux qu’on nomme bois
blancs font préférables , à caufe de leur grande légèreté.
Parmi ceux-là font le pin , le fapin , le
tilleul, le hêtre , le peuplier même * &c.
La largeur des planches- peut être-depuis fix &
huit pouces jufqu’à quinze , & même au-deffus. Six
ou huit pouces fuffifent pour des toits, dont ledia-
mètre ne pafferoit pas quinze à dix-huit pieds.
N e u f1 à dix pouces s’employèrent ’dans des diamètres
de dix-huit à trente pieds-, les'planches d’un
,pied à feize pouces feront ' réfervées pour les plus
grands diamètres.
Nous aurons occafion de reparler de l’invention
de Philibert Delorme , & de la manière dont les
architeéles Legrand & Molinos l’ont përfeclionnée
dans l’application qu’ils en ont faite depuis peu à la
halle aux bleds de Paris & dans d’autres édifices.
Il faffit ic i, pour ce qu’on doit à la mémoire de Delorme
, de lu i avoir,rendu l’honneur qu’il mérite,
comme-inventeur en France d’un procédé qu’on ne
fauroit trop encourager.
DELOS. Les ruines dont Pille de Delos eft cou-*
verte , dit Choifeul- G ouf&pr , prouvent la véne- ,
ration des anciens pour cette ifle , bien mieux encore
que les odes de Callimaque & de Pindare. La
pieté des Grées , toujours avides de merveilles,
lerrrbla trouver de nouveaux motifs dans les fables
dont on .ànnqfilit l ’origine de Delos. D ’abord flottante
au gré des vents, elle n’eft fixée que pouf
offrir à la malheureufe Latone un afyle que le
.refte de la terré lu i refufe. Diane 8c ' Apollon y
reçoivent le jour , on y élève des temples ,
f l--" y •-. voü*
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toüà confacrée à jamais par le culte le plus uni-
verfel.
En arrivant à Delos , ( c ’eft le même voyageur
oui parle) on trouve'fur .le bord de la mer^des
colonnes & quelques piliers de granit. Des ruines
fe préfentent enfuite ; c’etoienr de vaftos portiques
que Philippe de Macédoke avoit fait élever. Les
colonnes qui foutenoient ce monument fom d’ordre
corinthien , & ont cela-de particulier , qu’elles ne
font cannelées que dans leur partie, fuperieure ; le
refté eft feulement taillé à pans , de manière que
leur coupe horizontale .forme un polygone.
Un peu fur la -gauche étoit le fameux temple
d’Apollon-; il eft tellement détruit, Tes fragmer.s
mêmes font fi défigurés qu’il, feroit impoflibie de
rien déterminer fur le genre de fon architecture, fi
Paufanias & Vitruve ne nous apprenbient qu’il
étoit d’ordre dorique. Suivant le Roi, lès-colonnes
avoient, prifes enfemble avec le chapiteau , quatorze
pieds & d?mi. Leur diamètre inférieur étant
de deux .pieds huit pouces, il en refaite qu’elles
n’ont pas fix diamètres de hauteur. La colonne
liiïe dans -toute f:; hauteur, n’a de cannelures qu’à
' fes extrémités,, ( c’eft-à-dire que le monument
n’avoit pas été terminé.-)
Parmi tant dé débris on trouve encore les reftes
d’une ftatue d’Apollon. Ce coloffe , d’un feul bloc
de marbre -, avoit vingt-quatre pieds de hauteur ,
à en juger par les proportions des parties qui existent
encore. I l eft en avant du terrain que le temple
paroît,avoir occupé , & près d’ùne bafe iur laquelle
il eft vraifeihblabie qu’il étoit placé. On lit cette
infcriptipn : Les Niixiotes. à Apollon.
Derrière le temple font des ruines.. de l’ancienne
ville de Delos. En prenant fur la gauche on trouve
un bàflin ovale que l’on croit,avoir fervi à donner
ces fimulacres de combats dont le peuple étoit fi
| avide. Ce baflin n’a que quarante-huit toiles un pied
fur fon grand diamètre, & la profondeur eft de
- quatre pieds. Ainii , en fuppofant qu’il ioit comblé
de quelques pieds, comme cela eft Vraifemblable ,
on lent cependant de-quelle pedtelle de v,oient être
les galères qu’on employer t à ces fpeélacies.
Plus au nord & vers, la nier font les reftes d-’un
‘ vafte édifice. La tradition veut que ce l'oit un gym-
nafe, de les Grecs voifms lui donnent encore le nom
d’école. Parmi des ruines cohue4.érables onze co-
r lonnés de granit ont feules réfifté à la faux du
I temps. |
• En tournant'au nord-eft , on trouve les fonde-
: mens d’une enceinte imrnenlè. On ne.fait fi. c’étoit
[■ éesportiquesv, .comme le veut Tournefort, ou fi cet
efpace renferm ait un des temples dont Adrien enrichit
fa nouvelle ville. Cet empereur , après' avoir
, rendu à la-ville d’Athènes-fes temples, fes lo is ,
fa liberié, voulut encore 'écendre fus bienfaits fur
Diél, pArchiteÜ. Tome II.
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toute la Grèce. Il fit élever à Delos une v iüe qu
s’appeila la nouvelle Athènes.
Un peu au midi , & près de l ’embouchure de
l’Inopus, eft une élévation fur laquelle étoit un
édifice faperbe. Ses débris entaftés dans le ravin
feipblent y avoir été jetés par la fecouffe violente
d’ un tremblement de terre. La partie méridionale
de l ’ifle eft couvèrte de broflailles fort épnifles ,
parmi lefquelles on ne Voit que très peu de veftiges
de conftruétion- En remontant au nord en trouve
le théâtre ; il eft de marbre blanc & à 2.50 pieds '
de diamètre. Eh face du theatre eft un fouterram
diviié en neuf parues ; Spon croit que ce font deî
cite. mes.
' On a profité de la pente naturelle du terrein
pour affeoir le théâtre. Eh continuant à monter ,
on arrive fur le mont Cinthus par un chemin taule
dans le granit. D’anciens degrés de marbre con-
- duilent au fommet. Il éto:t occupe par une citadelle
dont la porte exifté entoré,, & cet efpace eft
rempli de débris, de quartiers de marbre ce de
g0r anit. , Oh yy trouve aufti des colonnes &. des
traces de molaicues.
DELUBRUM. Les antiquaires ne font pas bien
d’accord fur ce qu’on doit entendre par ce mot & iur
ce qui le différencie de tcmylum-. Les uns veulent
que lé delubrum ait .été- une elpèce particulière
de monument religieux diftinâ, ou par la forme
&. la propQriion , ©u par la confçcration. Les autres,
s’appuyant fur Van on , pr étendent que de-
lïibrum n’etoit qu’une partie du temple, & -en dc-
fignoit l’endroit le plus,retiré, le plus lamt, celui
oh étoit placée la ftatue de la divinité. Quelles
qu’ayent été-ces diffinéfions, la vérité eft, qu’elles
fe perdirent par i’ufage, & qu’on employé indiffé--
rgmmeht les mots delubrum tcmplum -1 un pour
l’autre.
PÉMAlGPvlR , v. a<ft. C’eft couper une pierre
à un joint de lit & de coupe. C ’eft, en charpenterie,
diminuer une pièce de" bois en angle aigu.
d é m a i g r i s s e m e n t , f. m. c ’eft le côté
d’une pierre ou d’une pièce de bois déoeuigne.
DEMI-BOSSE. ( Voye[ bOsse. )
DEMI-CERCLE, moitié d’un cercle ou efpace
comoris entre je diamètre d’un cercle & la cavité
de fa circonférence.
C ’eft auflï"un inftrument qui fert à lever les
plans.
DEMI-LUNE , f. f. Eft un plan en portion
'circulaire, qui donne plus d’étendue à la face d’un
bâtiment, ou qui'en facilite l’entrée dans une rae
étroite.
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