
C O U PO L E , subft. fém. Ce mot vient de 1*1-
talien cupola, qui défigné une voûte en forme de
coupe renvetfée. Les voûtes en coupole font or-‘
dinairement érigées fur une bafe ronde ou infcrite
dans un polygone* Les Italiens entendent par cur
pola non-feulement les voûtes qui terminent un
édifice circulaire , mais fouvent l’édifice entier.
Les artiftes & les amateurs qui ont voyagé en
Italie ont affeété la même lignification au mot coupole
; enforte qu’il eft fynonyme de dôme,
dont on fe fervoit auparavant. II faut cependant
remarquer que le mot coupole femble défigner plus
particulièrement 1’intérjeur, & le mot dôme l ’extérieur
; & qu’un édifice eft fouvent terminé en
dôme, fans former coupole à l’intérieur, comme
le dôme du palais des Tuileries, celui de l’École
militaire r &c.
Les voûtes en coupole, dont. l.a capacité intérieure
eft une demi-fphère, font , les plus folides
& les phis. parfaites; à caufe de l ’unité, de la
fimplicité ÔC de la beauté de leqr fo.rme. Plufieurs
auteurs ont défigné les coupoles sous le nom de
voûtes fpkèriqvels ; d’autres , & principalement les
ouvriers, l.eur ont donné le nom de voûtes en cul
de four. Vçy.e\, çes mots.
La fbfidité de.s voûtes en coupole provient de
ce que^toutes l.eqrs parties tendent,avec un effort
égal, à ;un centre commun ; de manière cependant
, qu’aucune ne peut ni s’en approcher ni s’en
élojgner -}i iorfque ces voûtes font conftruites. par
rangs horizontaux, chaque aflifé forme une efpèee
de couronne; foutes les pierres ou briques qui les
forment J font difpofées de maniéré qu’elles ne peuvent
s'approcher du centre à caufe de leur figure ,
ni Ven éloigner fans être obligées de remonter, à
caufe du| lit incliné fur lequel elles font pofées ; il
en réfultb qu’elles fe foutiennent mutuellement,
indépendamment de fout ceintre. De plus, comme
chaque cpuronne de vouffoirs diminue de volume ,
à mefuré que le lit fur lequel elle pofe eft plus
incliné, il arrive que l’effort contre les murs ou
pieds-droits qui foutiennent les voûtes en coupole eft
prefque nul, c’eft-à-dire qu’elles n*ont point de
pouffée. Voye^ ce mot.
jCette propriété des voûtes en coupole, fait qu’elles :
peuvent s’exécuter d’une manière incomplète ou
. par partie, fans rien changer à l ’arrangement des
pierres qui les compofent,ni diminuer leur foli-
dité.Ainfi on peut pratiquer au milieu d’une coupole
une grande ouverture circulaire comme au
Panthéon de Rome , à la première coupole des Invalides,
& à celle de l’édifice de Sainte-Gene-
I viève que l’on finit fous le nom de Panthéon Fran-
• çois, &c. On peut n’exécuter qu’une moitié de cou-
; pôle, comme aux grandes niches qui terminoient
des bafiliques -des ancien», & quelquefois leurs
temples. On- peut mêmem'en exécuter qu’un quart,
en forme de trompe, poui soutenir en l ’air l’angle
d ’un édifice.
Les anciens auteurs & les ruines des édifices
antiques prouvent, que ce ne fut pas chez les
peuples qui conftruifoient en grandes pierres, c’eft--
à-dire les Egyptiens & les Grecs, que les premières
coupoles furent conftruites ; ce fut chez les Etruf-
ques & les anciens Romains ,• puifque c’eft chez
eux que l’on a trouvé les plus anciens monumens
de cette efpèee. Il eft certain que leur manière
de bâtir en mortier & en petites pierres, rendoit
l’exécution des ouvrages ronds plus facile. Elle
pouvoit fe prêter à toutes fortes de formes"
fans exiger aucun travail préliminaire, à caufe du:
mortier qui lervoit de liaifon. Mais il n’en eft
pas de même des grandes pierres qui ne peuvent
être mifes en place,«fans être taillées; lorfqu’on
veut employer ces dernières à des ouvrages ronds
& ceintrés, le travail en devient extraordinaire,
difficile & coûteux. Ce furent là vraifemblablement
les raifons qui déterminèrent les Egyptiens & les-
Grecs à préférer la forme carrée pour leurs temples
&. leurs principaux édifices, comme étant la
plus analogue aux grandes pierres qui fe trouvoienc-
à leur dilpofition.
Il eft bon de remarquer que, dans îes ruines
de la G rèce, on ne trouve qu’un feul édifice*
rond qui eft à Athènes, & encore cet édifice, au*
quel on donne le nom de lanterne de Démofthène,
ou monument de Lyficrate, n’a que cinq pieds &
demie de diamètre à l’intérieur. Son couronnement
eft formé par un-feul bloc de marbre, dont le desfous
eft creufé en calotte, & le deffiis orné d’un
fleuron à trois branches r d’une forme fingulière.
Le genre d’architecture de cet édifice,la propor*
tion fvèlte des colonnes , la profufton des orne-
roens dont il eft chargé, femblent indiquer que
ce monument n’eft pas auffi ancien que l’ont penfè
quelques favans , trompés par l ’infcriptionqui?
; pouvoit faire croire qu’il avoit été érige fous l’ar-
^ chontaf d’Evænetus, 335 ans avant J.-C. , en fiip*
pofant que les mots ETAINETOX HEPE lignifient
Evænetus étant Archonte. Mais- à la rigueur*
ces mots ne difent autre chofe, finon qu’Evænetu»
préfidoit. aux jeux ou Lyficrate fut vainqueur.-
De plus , comme on ne connott pas tous les Archontes
d’Athène, il peut y en avoir eu deux de ce*
nom, & ce qui eft encore plus probable,,c’eft que
celui dont il eft ici queftion ,n ’exiftoit qu’aprèsle»
Archonte», dont le dernier fut fou» le triumvirat?
de Pompée, Craffus & Célar, 59 ans avant J. C.
La comparaifon de ce monument avec les autre»
édifice» d’Athènes prouve d’une manière plus sûre
! que l’infcriptron v qu’il a plus de rapport avec ceux
; faits fous la domination des Empereurs qu’avez
. ceux conftruits dans les beaux fièeies d’Athènes.
La plupart des favans; qui ont traduit, ou?
commenté les ouvrages desanciens auteurs, n’ayant?
! qu’une connoiffance fuperficielle de l’art de bâtir,
n’ont par toujours donné à de certains termes leur
vraielignification, qui fou ven t a varié,, a différente»
époques ; ils ont prefque toujours rendu le' motr grec
Ôohos par coupole et dôme ; cependant en coujfultant
les anciens auteurs, on trouve que les grecs
ont défigné parce mot, i* . un centre rond en
forme de bouclier, auquel aboutiffoient les principales
pièces de bois qui formoient le toit d’un
édifice rond; il indiquoit quelquefois la couverture
entière, dont la forme étoit un cône écralé.
On entendoit par ce mot un édifice rond avec
fa couverture; ainfi Paufanias dit. qu’auprès du
fénat des cinq cents, on trouvoit un édifice, nommé
par les Athéniens tholos , oh les Prytanes fai-
foient leurs facrifices. 30. Ce mot indique un espace
rond dans les bains. 4e . Une ouverture circulaire
dans le milieu du plafond d’un temple ,r*qui
fervoit à, l’éclairer. 5°- Quelques auteurs ont encore
défigné par ce mot un monument du temple
de Delphes, nommé par d’ aUtres opqctKor ou nombril.
Selon Paui’aniàs, ce monument étoit un ouvrage
en marbre blanc ; Strabon ajoute qu’il étoit
entouré de pampres de vignes, avec’ deux figurés
d’aigle. Les habitansde Delphes affuroient que ce
monument, qui ne pouvoit être qù’un piédeftal
rond, indiquoit le milieu du inondé. Pindare raconte
dans une de fes odes, la fable qüi avoit
donné lieu à cette croyance, & au monument
dont il eft queftion. Il dit que Jupiter ayant fait
partir deux aigles, l’une vers l’orient,l’autre vers
l’occident, elles fe rencontrèrent à Delphes.
Ce ne fut que'fous le règne des empereurs que
les Grecs donnèrent le nom de ôoAor, & les Romains
celui de tholus , aux voûtes en coupole qui
fervoient de couronnement aux édifices circulaires,
& même aux demi-coupoles f qui terminoient les
grandes.niches des .bafiliques & de quelques temples.
Voilà pourquoi plufieurs auteurs ont avancé
qu’il y avoit un dôme an temple de Delphes & à
celui de Gérès-EIeufine (1).
Après avoir montré -que les voûtes en coupole
n’étoient. pas en ufage chez les anciens Grecs; il
nous refte à prouver, qu’elles étoient fort communes.
chez les Romains. En effet, ils adoptèrent
cette forme pour la piûpart de leurs édifices.. On
voit encore à Rome, les ruines d’une infinité de
temples ronds: onven compte plus de cinquante,
dont les principaux font le Panthéon, le temple
ÿ fBacchus, de Faune, de Vefta, de Romulus,
d Hercule., ' de C ybèie, de Neptune, de Vénus* Sec.
et beau coup d’autres qu’il faroit trop long de.
nommer, fans compter les édifices ronds des rher-
ines & autres voûtes en coupole. La plus grande
& la plus magnifique voûte de cette eipèce . eft
lans contredit celle du Panthéon, repréléutée par
i^^ianches i iB, 1 1 9 , izo. Le diamètre intérieur
de cette coupole eft 4e 1 34 pieds 7 pouces
«-; elle eft ouverte au milieu par un oeil de
a7 pieds^ 5 pouces de diamètre. L ’élévation de
ceute voûte eft de 66 pieds 7 pouces 4-/ depuis-
*,dQ,la corniche de l’attique , jusqu’ à l’ rr-
re ? * de - la voûte. Elle eft décorée à l’ifî-
X1) Coupole ,du Panthéon & autres coupoles àntiquss. ' .
térîeur par cinq rangs de grands caiffons carrés i
dont ceux dû premier rang ont près de - douze
pieds ; leur intérieur qui eft très - profond 9
eft entouré de cinq . faces ou plates - bandes
formant faillie l’une lur l ’autre. Les fragmens de
lames, d’argent qu’on a trouvés dans le fond de
ces caiffons, ont fait croire qa’ils étoient revêtus
de ce .métal, avec des rofaces de même. 11 exifte
encore autour de l ’oeil de cette voûte, un refte de
corniche en bronze doré, dont les moulures font
taillées d’ornemens; & des harpons de même métal
deftiné's à foutenir cette corniche, ainfi que les
revêtemens au-deffou»; qui ont été enlevés.
À l’extérieur, là plate-forme autour de l ’oeif
eft encore recouverte de grandes lames de bronze antiques
, de cinq lignes & demie d’épaiffeur ; ces lanv 4
ont fix pieds de longueur, fur quatre pieds & demie
de largeur réduite. Les joints qui tendent au centre
de l’oeil, font recouverts par des bandes de même
métal qui ont trois poüces un' quart de largeur:
elles font arrêtées avec des vis à tête fraifées. On dit
qué le furplus de la calotte étoit aufii recouvert
en bronze, & qtie-ie tout étoit doré.' Cefut Confiance
II , Empereur d’Orieht, qui enleva l ’argenc
& le bronze qui décorcient ce monument ; le lu r -
plus de la calotte refta expofé aux injures de l ’ait*
jufqu’à pe que Benoît I I fit recouvrir cette partie
en plomb. Cette couverture fut renouvelée par
Nicolas V , & Urbain VIII. Ce dernier enleva du
portique une quantité prodigieufe de bronze, qui.
a feryi à faire la chaire & le baldaquin de Saint--
Pierre , & de plus une pièce de canon qui eft zu
château. Saint-Ange. La coupole du Panthéon eft dé-{
gagée à l’extérieur du mur circulaire qui la foutient f
par un grand focle formant une retraite de neuf pieds*
& fix gradins au-deffus, de hauteur inégale , formant
aufli retraite. La partie au-deffus, depuis les
gradins jufqu’à la plate-forme, eft - extradoffée %
c’eft-à-dire, qu’elle a la figure d’ une calotte ; à la'
partie oppefée au pojrtail , on a pratiqué une.rampei
d'efcalier d’environ trois pieds de largeur, poue
montér .fur la, plate-forme qui règne autour-da
Ecuyerture circulaire., par laquelle cet édifice eft
éclairé.. Les gradins & la calotte font. revêtus en
plomb , & la plate-forme eft couverte eîn lames de
bronze antiques, ajuftées comme il a ét é ci-devant
expliq L'té * Cette pl a te-forme à fix pieds de largeur.
>îr, par les delfifes de Seriio, gu’avant que
le. paf 1ï Urbain VIII eût fait recouvris: la calotte
en plo mb, au,lien d’une feule rampe d’efeulier ,
il y i avoit plufieurs, qui fe répétoier-:a t. fymétriquement,
air 11 qu'il le déclare dans 1’expheation
joir.te à la figure qui reprefente i’extéi"aeur de ce
monuirlent.
- Cette coupole eft conftruite, partie en brique
partie «en blocage. Les piate-bandes renf;ncées, qui
régner} t autour'des caiffons , lont bâtiies en briques,
pour les parties apparentes, 6c !e furplus ,
ainfi que les'fonds , le font en pet its tufs ■ &
pierres ponces
0 3)