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qui fe font laxfTé , fur ce fujet, entraîner à plus
d’une forle d’exagération.
IIYPÆTHRE. Ce mot, qui vient du grec Hxut-
ôfos, fignifie découpent.
Yitruve a appliqué cette épilliète à une efpèce
de temples , dont il dit que la ceUa étoit découverte
, qui avoit dans fon intérieur deux rangs de
eolonnes l’un au-delfus de l’autre , régnant autour
des murs ^ dont la façade devoit avoir dix colonnes
de front, qui devoit être diptère & avoir
lies deux portes dégageant immédiatement fur le
pronaos & le pojlicum. Hypoethros perd decajly-
los ejî in pronao & pojiico. Reliqua omnia htibet
qnoe dipteros , J'ed interiore parte cohimnas in a l-
titudme duplices remotas à parietibus ad circui-
tionem ut poJUcus perijlyliorum. Medium autan
Jiib diva e jl Jine te cio y aditufque valu arum ex
utrûque parle in pronao & pojiico. (Vitr. liv. I I I ,
chap. i . )
En parlant, à l’article Fenêtre ( voyez ce mot ),
de la manière dont il eft probable que devoientêtre
éclairés les temples des Anciens, j’ai déjà énoncé
quelques doutes fur l ’étendue qu’on donne au mot
hypoethre , ou découvert, en l’appliquant aux
temples des Anciens, & fur l’exiftence du genre
même de temple hypoethre , tel que Yitruve le définit.
Cette queftion étant fort importante dons
l ’hiftoire de l ’arclîiteéfure des temples, je vais
extraire ici d’un Mémoire que j ’ai lu à l’Académie
des infcriptiens & belles-lettres (inféré au Recueil
des Mémoires de la claffe d'hijloire & de littérature
ancienne , tom.- III ), la partie qui fe rapporte
à la critique du temple hypoethre.
De la notion du temple hypoethre de Vitruve.
Il s’agit de fa voir jufq-u’à quel point la notion
du temple hypoethre, telle,que Yitruve nous la
donne, eft applicable aux temples que, tür l’autorité
de cet écrivain , on réputé ordinairement
être tels, quelle figmlication le mot hypoethre
peut comporter dans le paffage où il fe trouve employé,
& quelle foi eft due à la théorie qui^ren-
' ferme ce paffage. Il arrive en effet trop fou vent
qu’on admet comme îneonteftables des confié-
quences, dont le défaut eft d’émaner d’un principe
qu’on a oublié de contefter.
Qu’il y ait eu chez les Anciens des temples
hypoethres, c’eft-à-dire , plus ou moins découverts
dans leur intérieur, cela ne fauroit fe mettre en
doute. J’en citerai tout-à-l’heure , d’après des
autorités pofilives, que l’on voyoit à R o m e & qui
étoient de ce genre : & je n’entends parler ni du
Panthéon ni d’autres rotondes femblables, dont la
couverture étoit ouverte dans le centre. C’étoit le
propre du culte affeèfé à certaines divinités,
d’exiger un intérieur découvert. Yitruve nous
apprend que de dénombré étoient Jupiter foudroyant
j le Ciel, le Soleil, la Lune,. & cela, dit-il,
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parce que les apparences & les effets de ces di I
vinités, fe man il client dans l’efpâce & le vide des!
cieux. Jovj fulguri , & coelo~, &fbli, & lance} oedifi
ciaJ'ub divo hypoethraque conjbituantur. (Vitr. j r
chap, a.) Les dieux cités par Yitruve a voient des!
temples à Rome, &. par conféquent on doit pr(;,|
fumer que ces édifices étoient hypoethres.
Comment donc concilier celle doêfrine del
Vilruve, ainfi que les notions correlpondantes N
qu’on trouve dans Varron , fur l’exiftence de cruel-1
ques-uns de ces temples à Rome, avec le palFage 1
rapporté plus haut, du même Yitruve, où après. I
avoir décrit le temple hypoethre, il dit qu’il ne I
■ s’en trouve point d’exemple à Rome : hujus auten I
exemplar Romoe non e j l? (Vxlr. liv. Ill, chap, i.j
Voici comment cela s’explique.
Dans le paffage dont il s’agit, Yitruve ne parleI
du lemple hypoethre qu’en arrbileâe. Il en Lut un I
genre de temple particulier, & il le met aul
feptième rang. Comme les rangs affignés par hii I
à ces différons genres de temple, le font fuivantl
une progveffion régulière de richeffe, d’ordonnance
& de proportions, le premier temple feI
trouve être le temple in antis, le fécond le prof-1
tyle , puis l’ampliiproftyle, le périptère , le pieu-1
dodiptère., le diptère, & enfin Yhypoelhre. Ill
me lemble que celui-ci n’eft placé le dernier quel
parce qu’il réunit au luxe de colonnes du diptère fl
la propriété d’être décaftyle, & d’avoir des ga-1
leries intérieures : or, cet arrangement cia Hi que & I
méthodique pourvoit fort bien n’être qu’un fyf-1
tème architedlonique , beaucoup plus facile à
combiner en fpéculation, qu’à prouver par des
autorités, comme rêpofant fur une pratique anté-1
rieure & confiante.
Je foupçonne que cela eft arrivé ici à Vilruve,!
& qu’après avoir recompofé, félon une écbellemd-1
ihodique, les différentes formes de temple, pout I
en régula riferl’emploi, il s’eft trouvé fort en peine j
de citer des exemples du dernier dans des tnonu-1
mens connus, ou qui fuffent .à fa connoiffance. I
Ainfi quand il dit qu’il n’y a point à Rome d’exemple
de temple hypoethre> comme cela contrediroit
& ce qu’il a avancé dans le chapitre II de ion
premier livre, & auffi d’autres autorités pofilives,
il me lemble qu’il faut entendre feulement celui
qu’il vient de compofer félon fon fyftème ar-j
cbiteèlonique. -
La chofe eft d’autant plu» probable, que fi °n
l’en' croit lui-même, il n’y en avoit peut-être paJ
non plus ailleurs, qui réunît les cinq conditions
d’être décaftyle, diptère, à deux rangs de c<r~l
tonnes intérieures l’ un au-deffiis de l autre,
d’avoir le milieu de la cella découvert, & fis deux
portes dégageant immédiatement fur le pronao*
& le pojhcum. Je dis que fi cet enfemble de conditions
étoit nécefl’aire, felon lu i, pour former ion J
genre de temple hypoethre-, il eft fort poffible q111
ne s’en foit pas trouvé de femblable parmi les ino-
numens exiftuns, puifque l’exemple qu’il cite e
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L J L j exception à fa règle. En effet, il indique
Ivinllvle d’Athènes an temple de Jnpiter Olym-
; ÿ félon lui, ïhypcr/hre devoit être décaftylé.,
Vtiuiùs autem exemplar Romoe non e jl, j"edAthe-
isoBoJlylos in templo Jouis Olympu. (Yitruve,
Jir. III, chap. 1 0 , „ . v ,
I ïea importe ici la eonlroverfe qui a eu heu lui
L nattage, c'ett-à-dire, qu’il s’agiH’e , en lifaut
couuuc ci-deffus, in templo Joins Olympu,, du
i temple de Jupiter Olympien, qui étoit à Athènes,
udu temple de Minerve dans la meme v ille , &
Me celui de Jupiter à Olympie, en lifant avec
I d’autres man ulurits, & in templo olympîo.
Si en effet, il falloit entendre félon ce dernier j
texte5 les deux temples dont on vient de parler ,
Les deux exemples feroient encore bien mal
Lhoifis, puifque chacun d’eux manqueroit de
trois des cinq conditions prelcrites par Vilruve à
(fon hypoethre,. En effet, chacun d’eux étoit occo-
ftyle, au lieu d’être décaftyle; chacun d’enx étoit
jnonoptère, .au lieu d’être diptère; chacun d’eux
[avoit un opifthodotnos, & par conféquent aucun
d’eux - ne pou voit avoir les portes dégageant
bnmédiatement furie pronaos & le pojlicum.
| Si l’on admet que Vitruve a voulu donner ces
deux édifices pour exemples de fa règle,-il faut
convenir que les autorités la détruifent, & que
[dette règle n’aura été, comme je l’ai déjà foup-
conné, qu’une combinaifon de fyftème & non un
rifultat de faits; cela prouveroit de plus en plus
qu’il n’y a aucune conféquence pofitive à en déduire
: car fi ce n’eft pas l’ enfemble des conditions
alignées par Vitruve à fon hypoethre , qui le conf-
titae tel, qu’on dife dans laquelle de ces condi-
! fions eft au moins la condition nécefîaire.
I C’eft, dit-on, celle du double rang intérieur
de colonnes en hauteur; là eft le vrai caractère
I d’un temple dont la cella étoit découverte, du
[•véritable hypoethre. A cela je n’aurai à répondre
qu’un mol ; c’ eft qu’il faudroit prouver q u e les
[temples de cette forte étoient découverts & fans
(plafond : mais cette preuve eft impoffible a faire
[aujourd’hui, puifque la feule autorité en faveur
[de ce fait feroit le texte àè Vitruve , qui eft préci-
fément l’objet en queftion; car ce qu’il s’agit de
lavoir, c’eft fi, d’après le texte douteux de Y i truve,
la eoiitradiclioii qui règne entre fa règle
-& fon exemple fur plufieurs points, on doit le
| croire, & le prendre au mot fur un feul. O r , fur
cela, invoquer le témoignage de Vitruve, c eft
! tomber dans le cercle vicieux.
Et non-feulement les temples que nous favons
avoir eu le double rang en hauteur de galeries
intérieures, temples dont deux fubfiftent encore,
à quatre ont été décrits , ne témoignent point en
faveur de l’opinion qu’on prête à Yitruve, mais
ces fix temples, favoiç, ceux de Pæftum,
fi Athènes, dOlytnpie, d’Eleufis , d’Ephèfe & de
fegée, quatre nous four ni fient des renfeignemens
«Hièreaient contraires; &. de ees quatre il en eft
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deux qui permettent d’affirmer que non-feulernenfc
ils n’étoient pas découverts, mais ^qu’indubitable
ment ils avoient un plafond. C eft ce qu on,
peut croire du temple d’Ephèfe, par exemple,
dont Pline nous apprend que le toit étoit formé
d’une charpente en bois de cèdre. Convenit tectum
ejus éjfe è cedrinis trubibus. Pline, liv- XVI,
chap. 40. Et etiam lecunaria e x cedro-. Vitruve ,
liv. II, chap, Q. Paufanias confirme encore cette
notion, lorfqu il dit qu’au temple d’Ejihèfe le voue
fe levoit .jufqu’au plafond, xfos roi opotpoy. Paul~-
liv. V, chap. 12. Le même paffage de Paul amas
force également de conclure que le temple de
Jupiter à Olympie avoit une couverture, &
Slrabon vient à l’appui de cette opinion, lorfqu il
d it, liv. VIII, pag. 353, que la ttatue deJupiler
touchoit prefqu au loin met de la couverture-,
r>} xoputpn TKS opoÇtts.
‘ Cela pofé, le caraclère du double rang de colonnes
en hauteur dans l’in térieur d un temple , ne
dénote pas plus que les autres cara&ères que in. cella
ait été découverte. Ainfi la notion de l’hypoethre às
Vitruve pourroit bien n’avoir été qu’une notion
théorique & non hiftorique; &. peut-etre doit-on
regarder comme hafardées les applications qu on
en a faites à plufieurs des temples que 1 on vient
de citer. ,
Je fuis loin de prétendre toutefois q u u n y
ait pas eu de temples hypoethres, ou dont la cella, _
n’importe par quelle cireonftance, feroit reftée de-
couverte. Je prétends feulement que nous n avons
aucune preuve de cette dilpofition pour de grands
temples, ni dans les mentions des auteurs anciens,
ni dans le texte meme de Vitruve , qui eft 1 objet
denotre difeuffion. A la vérité , cet écrivain a de-
fini en archite&e un genre de temple , auquel il
donne le nom d’hypoethre ou découvert; mais u
eft feufible qu’un édifice de cette nature peut etre
plus ou moins couvert, & qu ou a pu donner lô
nom de temple découvert à des temples qui ne
l’auroient été que dans une très-petite partie de
leur toiture , de manière qu’on auroi-t entendu &
le mot hypoethre & Vitruve lui-même dans Remploi
de ce mot, d’une façon beaucoup trop étendue
& bèaucoup trop abfolue. Voila du moins ce
qu’on peut affurer à l’égard du temple de Jupiter
a Olympie. _
J'ai di t qu’on ne pouvoit pas affirmer qu il y ait eu
de grands temples, lefquels auroient offert un intérieur
totalement privé de toiture 81 de couverture;
mais nous favons parfaitement qu’il y en eut
qui , faute d’avoir été achevés , refterent dans cet
état; & il eft à remarquer (comme cela eft afifez
naturel) que cela eft arrivé à quelques temple*
de la plus grande dimenfion : de. ce nombre fut
celui de Jupiter Olympien à Agngenfe , qui avoit 33o pieds de long fiir 180 de large. Diodore de
Sicile nous apprend,liv. XIII, § . 82 , quela guerre
des Carthaginois, qui détruifit la république d A -
«rio-ente, empêcha de faire le toit de cet édifice,
c & 1 X x x 2