
don , qu’une terraffe en briques, refted’une grotte
fameuse qui fut détruite, pour édifier le château
moderne.
La chapelle de Villers-Coterêcs a de notre ar-
chiteéle un portique d’ordre corinthien , aufli remarquable
par fon goût que par fa conftruétion.
Me pouvant trouver ni promptement, ni fans frais
confidérables, des pierres affez grandes pour en
faire des colonnes d’une feule pièce, Ddorme les
fit de quatre tambours, & imagina dè cacher par
des omémens & des moulures, les joints de leurs
affiles. C’eft probablement à cet effiu que l’on
doit les colonnes à tambours de marbre & - à
bandes fculptées, qu’il employa depuis aux T u ileries.
L ’un des plus remarquables ouvrages de De lorme,
fut le tombeau des Valois, confinât -.près
de l’églife de Saint Denis. Il fut, à caufe du mauvais
état de fa cônftruâiion, démoli en 17 19 , par
ordre du roi. Il n’eft prefque plus eonnu que par
les -eftampes qu’en a gravées Marot.- L ’extérieur
ie compofoit de deux ordonnances de colonnes,
l ’une dorique, l’autre ionique..Chacune a voit vingt
colonnes, & un plus grand nombre de piiaftres'
entre-mêlés de niches 8c de croj/ées ; un troi-
ficme ordre devoir foutenir une' coupole terminée
par une lanterne décorée de membres d’architecture.
L ’intérieur auroit été plus riche encore que,
l ’extérieur. On y entroit de l’églife de Saint Denis
par l ’extrémité de la'croii.ee feptenèrionâie. Le tombeau.
d’Henri II & de Catherine de Médicis oc-
cupoit le centré de la coupole. Des douze faces
du dôme , fix cffïoient autant de maffifs décorés
d’un avant-corps de deux colonnes -corinthiennes,
furmontéde deqx compofires également ifolées &
accompagnées de leurs piiaftres. Entre les premières
croient des niches avec des tables au-deffous pour
des bas reliefs. On avoit fculpté des couronnes ,
des palmes, 8c les chiffres du roi & de la reine fur
les chapiteaux des piiaftres angulaires^ Des ouvertures
couronnées de frontons occupaient le mil eu
des avant corps du fécond ordre.' Les fix autres
faces dü dôme fe ccmpbfoientau rez-de-chai ffee
d ’arcafies accompagnées de colonnes corinthiennes
âfoiées’ , dont l'entablement fervoit d’impofie aux
arcadës. Celles du fécond ordre étoient pareillement
fioutenuespar de petites colonnes, compofires.
Les arcades du rez de-chauffée donnoient entrée
dans autant de chapelles voûtées -& difpofées en
forme de croix. Huit colonnes accouplées avec
feize piiaftres diftribués entre les niches, au nombre
de fix , foute noient l’entablement de ces chapelles
qui. avoienr chacune leur autel en face de
l’entrée. De femblables chapelles quife communi-
quoientqpar des ga!eries occupoient leffécond ordre.
Une place au faubourg Saint-Honoré du côté
d u L o u v r e , o e c u p é e p a r p n e t h u i l e r i e &
quelques beaux jardins, p a r u t à Catherine de Mé.
dicis qui vouloit avoir un palais le paré du- Loi*,
v r e , qu’habit oit Ch .ries IX., ,un lieu commode
pour la conftruélion d’un bàütnent agréable. Ce
tut là qu’elle fit commencer le palais des thuileries-,
dans lequel Delorme eut à déployer toutes les ri-
cheffe de fon génie. L ’hiftoire veut qu il ait ,eu
,pour àflocié dans cette grande entreprife, Jean
Bullant, ( voyt{ la vie de cet architefle, ) & qu’il
ait partagé avec lui la consulte - de l’ouvrage. Ce*
pendant,,Jcomme on l ’a déjà obfervé à l’article
Bu l lan t , les cliangemens fur venus dans les détails
& l’edfemble de la façade des thuileries ont
fait perdre la tracé du goût, & de là manière de
cet arohitêâe. Il paroîtroit avoir plus préfidé aux
détails de l’ornement qu’à i’enfemble dé l’ordonnance.
Mais le génie de Philibert Delorme a fur-
vécu à toutes les révolutions qu’a éprouvé le plus
grand édifice de. Paris , après le Louvre.
Le deffin & les plans des thuileries dévoient
avoir, d’après ce que nous en a.cônferve Du-
■ cerceau , une étendue bien fupérieure à celle que
nous prêîente aujourd’ hui la ligne de batimens à
laquelle ce palais eft réduit., Catherine de Médicis
n’en acheva que le gros pavillon du. milieu, les
deux corps çle logis contigus formant aujourahui
galerie > & les deux pavillons qui s’adoffent à
chacune .de ces galeries. Dégoûtée-de lui vre cette
entrep: î l e , elle porta les depenies-ax un^autreem-,
-pl icement, Ôc chargea Bullant de lui confiruire le
palais qui ne fubfifte plus, fur le terrain de l’hôtel
S’oiffons: --
Le palais des thuileries fut cependant continué
p;r Henri IV,augmenté par Louis XIII,fur les
deffins de Ducerceau s dés deux corps de bâti-
mens & des deux pavillons d’ordontiance cornpo;
-fite qui terminent de chaque -côté cette ligne d édifices
; & enfin ragréé, réordonné dans tout Ion ensemble
par Louis X 1Y , fur les deffins de Leveau & de
Dorbay.
Cette dernière réftauration a fait difparoitre beau*
coup de pairies de lferchiteâure de Delorme- Le
pavillon du milieu n’a. cônferve de notre ardu*,
tefie que le premier ordre de colonnes ioniques,
ornées de bandes fculptées en marbre du côte de
la cour, & en pierre du côté'du jardin. Les délit
autres' étages font de Leveau & de Dorbay. U J
■ avoit fous le veftibule un fort bel efcalier de Delorme,
qui pouvoit être confidéré comme un chor-
d’oeuvre de l’art du trait & un modèle de 1»
coupe des pierres. Il etoit rond , a yis, fans noyau*
Sir fa 1-ampe -ét.iit fufpendue en l’air. Son diametr
érôit de 27 pieds , qui divifés en trois, en ,don-
noient' neuf pour la longueur des marches de c 1
que côté, St. autant pour la largeur du vide »
milieu. Cet ouvrage., parla pofition,- maiquoit fous
Î2 veftibule, Ta vue 'du Jardin; il.fut détruit en
[ 1664: - - ' ;
Les deux ailes de bâtiment percées d’arcades
.etfont aux deux côtés du, pavillon, dont on vient t le parler font encore l ouvrage.de Delorme. Mus
la réftauration n’en a encore confervé que rétage
inférieur, orné de piiaftres ioniques, dtvifes autii
I „ardes boffiges en bandes de. marbre du côte
I du caroufel. Du côté du jardin.ces ailes de bâtiment
1 formoient- des galeries qui ont été cofafervéès dans
Ida réftauration. Seulement,on a change la décoration
richement mèfquine de l’étage éleve en re-
| traite-au-deffus des terraffes,& qu’on croit avoir
[ été l’ouvrage de Jean Bullant.
. Mais la partie la plus eftimabje du projet de
I Philibert Delorme, & qui a le moins fubi de éhan-
I oémens à la-recohftruttiondé Levéjtu ,. eft celle
t des deux pavillons décorés de deux ordres, 1 un
I ionique & l’autre corinthien; la .feule mutation
[ elfentielle qu’ils ayent reçue eft celle de I attique, •
1 qu i,dans le-'deffin.nouveau, a été Amplifié , rabaiffe
I & ramené a une ordonnance plus fage & plus re-
Euîière. On y. a de ' tout temps- admiré l’ordre I ionique du rez^de-chauffée : le fuit de là colonne ,
l’entablement & fe proportion générale font dignes I d’éloges. Il paraît qu'il a fervi de modèle à celui du
I château de Maifons; & jufqu’à ce jour il a été re-
I gardé comme un ouvrage claffiqne de l ’ architecture
| françaife. Cependant,comme ,J. r . Blondel l’obferve I avec raifon, on a porté fi loin la richeffe dans -
* cet ordre, que le coririthien qui s’élève au-deffus
paraît fec & mefquin. Peut-être que fa richeile
,,’èft devenue telle que'fors de la réftauration generale
du palais. Non-feulement aucun des ornement
dont ces colonnes font plutôt çixslées qu ornées
, n’eft exprimé dans les deffins anciens qui
nous font parvenusmais on peut conjefturer encore
, au goût de fcuiptüre qui y préfidém que’
c’eft l’ouvrage d’un fièeîe poftérieur à celui de
Catherine de Médicis.
Philibert Delorme peut donc paffer pour le pre-
mier créateur d’un des plus grands & plus magnifiques
palais qui foyent en France. Quelques chan-
■ gemens que le goût des architeéles qui s y font
luccéiés ait pq y apporter -, l’empreinte originaire du
ftyle de Delorme n’a pu en être- effacée. E.le fubfifie
dans la difpofition générale de l ’édifice Ôt dans le
ftyle de fa décoration.
Le goût de fon temps confiftoit à divifer les
édifices én pavillons, en tours, en allés flanquées
de maffifs, & écrafées par des tous giganteiques-,
C’etoit dans les châteaux forts & les monurnens
, de la féodalité que ce goût avoit pris naiffance, ,
Ces fubdivifions de maffes -ét.oient peu propres à
conciber avec la difpofition des palais, cette g-an-
deur ôc cette régularité d’ordonnance qui font le
premier mérite de l’architeclure. De là ces parties
incohérentes, découfues & me]quines , inaigre la
richeffe locale qu’on remarque dans tous les édifices
de ce temps. Delà ce manque d’unité & d en-
femble^aui fait paroître petits de vaftes édifices.
Quel coup - d’oeil impofant n’eût pas eu cette
. façade des thuileries , fi au lieu de le trouver di-
vifée en trois ou quatre ordonnances & maffes di-
verfes , elle eut pu fe fubôrdonner à un parti gé-
, néral & à un enfëmble uniforme, quoique varié!
Qui croiroit enfin que cette façade a plus de 200
toifes de longueur 1
Les reftaurateurs des thuileries ont cherché à
en ramener autant qu’ils ont pu les maffes à une
ligne uniforme d’entablement; ils ont voulu atfflï
affujertir les croifées & les ouvertures de cette
façade à une■ •difpofition : fymétrique & régulière.
Mais que- de difparates ,. d ’incoherences-, de dif-
cordances dans ce rhabiilement ! ( Voye{ LeVEaut
& D o r b a y . )
Quant au goût de décoration que Delorme a introduit
dans le château des thuileries', on peut
lui faire le reproche que .fit A pelles a c e peintre
de l ’antiquité qui avoit repréfenté Hélène chargée
de bracelets & de colliers d’or. N*ayant fa la
faire belle , tu Pas fait riche. ' '
On voit que Delorme mit tout en oeuvre pour
" développer dans son pâlais' le caraâèf-e de richeffe.
i Les colonnes à bandes dè marbre qu’on voit au rez-
j de-chauffée., du pavillon central du côté du Ca~
reuzel, font bien certainement ce qu’ on peut faire
de plus richement travaillé'en architeélure. On diroit
des,candélabres plutôt que des colonnes. Non-feu-
lement les tanÉbours font cannelés , mais les bandes
de marbre reçoivent elles-mêmes des crne.mens de
bds-relief, mais les liftels de chaque tambour ôc
de chaque bande font découpés d’ornemens tous
1 diÿeriifijés. Affurément qn ne pouvoit-orner de plus
de bracelets et de colliers une ordonnance de colonnes.
Mais, toute cette fomptudfité remplace-
. t—elle la beauté funpie qui naît d’ un fulelement pur
ôc d’uné proportion harmonieufe? Cette divifion du
fufi de la coionne en fix parties, n’ en rapetiffe-t-eiie
pas l’effet ; & cette richeffe qui n’annonce que
. l’envie de paroître riche n eft-e lle pas plutôt le
, fymptôme-de la pauvreté ?
Tel,eft en général le caraélère qui réfulte de cette
fafiueufe prétention à la magnificence dont le château
des Tuileries porte l’empreinte. .Si les cannelures
güillochées.ôc ornées de tigittes du petit ordre ionique
dès pavillons dont on a parlé , ne font pas de
Philibert Delorme, il faut avouer qu’il auroit mis
dans cette ordonnance bien plus . de fagéffe , de
p-race et de véritable richeffe. Cependant les autres
détails' de niches ôc de croifees qui le retrouvent
dans fon deffin-, ne,font.pas.d’un. goût à beaucoup
près fi fage, ôc les reftaurateurs des Tuileries ont.