
pourroit le croire avec les arts même qui en font l’objet.
Le meilleur poète n’eft guères celui qui fait la
meilleure poétique. C ’eft d’après lui qu’on la fait.
Prefque tous les arcîii-te&es qui ont écrit fur l’ar-
chiteélure fe font contenté de fixer dans des méthodes
plus ou moins concifes , les proportions qu’ils
avoient adpatées aux formes de leurs édifices
& leurs écrits n’offrent qu'un texte aufli fec qu’infi-
gnifiant pour quiconque eft étranger à l ’art. Il s’eft.
trouvé quelques hommes qui ont tenté de généra-
lîfei* les préceptes de leur art. Mais foit que leur
goût fût peu exercé , foit que leurs développemens
foient trop vagues, foit que leur ftyle foit vicieux.
leurs, écrits n’ont pu trouver de lecteurs. De ce
nombre eft J.-F. Blondel, auteur d’écrits allez
volumineux fur l’architecture,
Gn conçoit dès lors combien .il eft difficile qu’il
fe forme une claffe un peu nombreufe de connoif-
Jïurs- en architecture y dans les pays furtout oh le
nombre des monumens capables de former le goût
eft peu conlidérable , & oh l’on compte encore
moins d’écrits qui puiffent ou exciter la curiofité
en ce genre , ou faire naître ces çontrovôrfes littéraires^,
fi utiles aux progrès des lettres & des arts ,
ou enfin éveiller l ’attention publique fur une partie
toutefois fi intéreffante & fi féconde des connoif-
Lances humaines.
Malgré cela , beaucoup d’hommes fe donnent
pour CQnnoiJjeurs en arçhiteâuxe; Cet art fe lie fi
intimement avec un fi grand nombre des befoins
de la foçié.té , que prefque perfonne ne fe croit âb-
folument étranger à ce qui doit conftituer le mérite
d’un édifice pu Je talent d'un architecte.. Lea uns fe
portent & fe prononcent juges dans ce qui regarde
la commodité, les autres décident en maître fur la
folidité, d’autres fur la convenance & le caraCtère > j
d’autres fur les proportions, d’autres fur le goût.
Tous veulent être bons juges fur l’effet total d’un
bâtiment.. Chacun croit que le beau étant tel par
fa nature, que tous les hommes ignorans comme
fa vans en doivent être frappés^il lui appartient de décider
d’après ce feul inftinct qu’on appelle fentiment.
Il y a plus d’une erreur dans cette prétention fi
commune, & qu’on entend élever fi fréquemment
fur la queftion de compétence dans le jugement des
ouvrages de l ’art. D ’abord, eft-ûl bien vrai que
tous les hommes font également avertis par un
inftinCt irréfiftible de la préfence du beau dans les
oeuvres même de la nature. Eft-il bien vrai que la
connoiffance de fes beautés n’exige point d’études,.
& qu’elles font à la portée de l’ignorant comme du
lavant. Pour l ’affirmer, il faudroit foutenir que la
vue intelleChielle qui conftitue ce fentiment, qu’on .
prétend appartenir à tous., n’eft fufpeptible de recevoir
de l’expérience & de la pomparaifon aucun .
perfectionnement, tandis que la vue extérieure ,
c’eft-à-dire la faculté vifuelle phyfique,ne reçoit,
à l’égard des objets extérieurs, fon entier développement
que chez un très-petit nombre d’hommes;
à l.’Qn apprend 4 voir, &. fi, fans çctte étude, on
n^eft pas capable de bien v oir , comment préten-
droit-on que , fans é tu d e o n puiffe apprécier les
beautés de la nature.
Enfuite , quand il y auroit, dans le beau naturel
quelque choie qui, fe trouvant en harmonie avec
quelques-unes de nos facultés & avec nos organes y
devroit fe faire fentir à tous, encore y auroit-il une
grande différence entre un fentiment pafîif, & ce fentiment
éclairé & aCtif qui jouit & fe rend compte
de fa joüifiance..
Mais tout ce qu’on pourroit dire à l’égard des.
beautés naturelles, ne feroit pas encore appliquable-
aux beautés de l’imitation. Qu’il y ait entre les objets
naturels &. un homme quel qu’il foit, des points de
rapport & de fympathie, c’eft ce qu’il eft difficile
de nier. Mais l’imitation repofe fur des conventions
mais entre fon aétion fur l ’ame , & cet inftinéi,
appelé fentiment, il y a l’interpofition de l’art;c’eft-
à-dire , d’un agent qui nous fait voir non la nature
mais Ion apparence : en forte que pour jouir-de
cette apparence, il faut comparer, La comparaifon
exige rapprochement entre deux objets. Cette opération
morale n’eft certainement pas à la portée de
tous les hommes;, mais l’idée de comparaifon fup^
pofe la néceffité de la connoiffance des deux chofea
que l’on compare. Pour juger les oeuvres de l’art %
il faut donc la connoiffance de la nature qui fert
de modèle à rimitation, & la connoiffance des.
moyens qu’emploie l’imitation pour rivalifer avec la»
nature. De-là il fuit qu’il faut de l’étude pour
. obtenir ces connoiflanees. De là il fuit qu’il n’y a
de connoiffeur que celui qui a fait cette étude. De-la;
il fuit que le plus grand nombre des hommes ne:
pouvant faire cette étude, le plus grand nombre des
hommes ne fauroit être connoiffeur*
Cependant on ne fauroit nier quo cette étude na
puiffe fe faire de plufieurs manières, & ne puiffè
auflî devenir familière &. facile à tout un peuple.
Ce n’eft pas toujours dans les écoles qu’on apprend
à étudier la nature. C ’eft encore moins dans les
livres. Il eft en ce genre un enfeignement plus,
étendu & plus aélif. C ’eft celui des monumens eux-
mêmes , lorfque les arts devenus le befoin de tous &.
liés à toutes les inftitmions fociales, arrivent à être
une langue prefqu’ univerfelle. Alors les ouvrages fe
multiplient à un tel point, que les yéyx étapt continuellement
frappés de leur fpeCtacle , Taine reçoit
de leur parallèle involontaire , des impreflions fupé--
rieures a toutes les leçons de la théorie» Alors cet
inftinCt Y appelé fentiment y fe perfectionne à la vue
de l’ imitation, de la même manière que l ’habitude
des accords rend l’oreille délicate & fenfible aux.
diffonnances.-
Qu’on joigne encore à cela , fi l’ on veut y
pour former de vrais connoiffeur s dans les arts >
ces hautes confidérations qui, jadis, annobliffoient
leur emploi, ce v if intérêt que l’on portoit à la.
beauté de monumens , qui étoient l’expreffion',
durable des idées les plus relevées qui portoient
l’empreinte de 1,’amour de la patrie du fen-ÿ
timent qui peut 1 plus annoblir l’efoèce humaine ;
& qui oferoit honorer du nom d’ar t, les jouiifances
énwvées des peuples amollis ^par la fervitude ,
.quloferoit attendre de tels peuples les noblqs élans,
les fières conceptions, les hautes idées , & 1 irr<-~
preffible indépendance du génie . fV . CARACTERE).
CONSERVES, p. f. Réfervoirs ou l ’on amaffe les
•aux' , pour de là lW diftribuef par des 'àcqueducs
eu canaux, én.autant dè lieux qu’il ëft neceflaire.
Les anciens appeloient ces réfervoirs caflelia ;
& c’eft à leur imitation, que'nous employons au
même ufagê le mot de château d'eaü.
Conserve , voye{ Contre-garde.
■ CONSOLE, f. f* Corps faillant,qui lé ulus ;fou veqt 1
a la forme de la lettre S , & dont l ’emploi, eft
èe porter, ou -d’arebouter ; les con fie squi arCDOU-
tent , s’appellent confoïestn adôueijjbnentparçe
qu’elles n’ont d'enroulement qu’a leur partie inferieure.
jOn les connoîtra au mot piUer-buttant,
je ne parlerai ici que des autres conioles.. . . . ,
Elles fervent à foutenir des corniches ou a ;
porter des vafes , des büftes, des figures ou d’autré.s J
objets ; voyeç ces mots : voyez aufli clef & contre-
clef. Vitruve appelle ces confoles, ancones9 de.ancon, ■
coude , choie Courbée ; & prothindes àt pro , ;
devant, & turts, porte. Ces noms grecs indiquent
la forme & la place qu’ eur ent les premières consoles ,
& ils aident à en faire connoître l ’origine. En effet
ces courbes mifes au devant des portes , à quoi
pouvoient-elles fervir, fi cé n’eft a foutenir quelque
objet en faillie ? & celui-ci que pouvoit-il être, -
finôn un auvent , que dans la fuite un.e • corniche
a remplacé ? ce qui- vient a l'appui de ce qne
j’avancé, c ’eft la proportion que Vitruve amgne
aux confoles, proportion qui, en démontrant qu elles
étoient de fimples planches , prouve qu elles n ont
pu porter qu’un abri également fait* en planches.
Les confoles, dit cet archite&e, auront en largeur
par le haut , la troifième partie du chambranle t .et
parle bâs , elles auront une quatrième pa.rtie de moins
que par le haut. Si on avoit d’abord, fait en pierre
les confoles & la corniche , les premières auroient
été plus maffives , & on peut s’en convaincre par
les parties d’archite&ure qui n’ont point eu la
charpente pour modèle.
Lorfqu’on fubftitua la piérre ah bois , on ne
changea pas la proportion des corifohs J fans-doute
on réfléchit qu’elles ne féroient plus que désfôutiens
de précaution & .d’accompagnement , la corniche :
étant adhérante niur, & ri’ayaht d’ailleurs' qué'peq ;
de moulurés , afin de mieux rèffembler à fon ]
type. D ’après cela on ne peut point; approuver
la proportion de la plupart des confoles modernes;
En les voyant aùfli fortes, oti eft tenté de croiré
qu’elles portent feules la cornicliè f apparence défèc-
tuëüfe , pùifqùe la réalité lé , fçtbi.u elîè-nïêfrie.
On ne doit pas feindre une conftruéliou que la
ffilidité réprduv’e.
Les confoles repréfentant les fupports d'un auvent^
la corniche , l’auvent même, ainfi que^ je la
dit plus haut, il femble qu’elles ne devraient pas
s’employer à décorer les fenêtres & les portes, que
l ’on pratique fous les portiques & périftiles ; car ,
pourquoi donner ffes auvents à ce qui eft déjà pleinement
couvert? On combattra mon opinion par
des exemples impolans, je l’avoue; mais que peu-
vent-t-ilsxo.nfré.la raifoh, qui' ne permet pas que,
fous un vâfte toit, ôn en mette d’autres plus petits,
& par ç.ôpfëqjiçfnt. jputilès? Si.çhâqtie partie, en
architeélùre, ffqit être repréfentative’ de fon tj^pe,
elle doit auitt ^ ..p la cé e d’üqë manière convenable
à ce type y & certainement les hommes qui abritèrent
les premiers ,- par un , leurs fenetres
& leurs .pôrte^' ^âyQiepf^poi.^ ^aiifôùrTfdè leurs
' mations de portiqû.ès'ni' de u
. GgnsOj^E; -ADQS$ie-.. Petit reosQulemënç 4ç. ferru-
rerie repréfentant deux SS en oppofition, ou tournée
l’une, vers l ’autre.
Console arraséE. Confolè dont les ehroule-
mens n’ont point de faillie, & qui .affleurant le chambranle
ne font vus que d’un coté.
Console avec enroulemens. Confolc. qui à
des volutesjqn haut ôfien bas,;1;celle du haut etc
ordinairementià plus forte.
Console coudée. Confolt dont le contour en
ligne courbe, eft interrompue par quelque partie
droite ou anguleufe.
| Console en encorbellement. Nom général
que. l’on donne à toute confolt qui fert à porter les
mentants- & balcons j .& qui par fes ornemens fe
.diftingue idu corbeau.
Console gravée. Confole ornée de glyphes,
ou de çanelures , & quelquefois d’écailles.
C onsole p la t e . Mutule ou corbeau avec
glyphes & goûtes.
Console rampante. Confole qui fuit la pente
d’un fronton , pour en foutenir les corniches.
Console renvresée. Confole dont le plus grand
'enroulement eft en bas, ÔC fert cl adouciffement
aux ornemens qu’on emploie dans les cïéeOiations.
CONSTANTINOPLE. , Cette ville farneufe ,
•jadis connu e fous ie.nom de^yfannuqi dut à Conftantin.,
& le non\ qu’elle port? encore aujourd’hui,
L’avantage d’être devenue une cles rnétro.poles des
arts.
Lè fiègé de l’empiré transféré en M e , les arts
ne tardèrent pas d’y aller chercher‘la proteaioft
que Rome ne poùvoit plus leur offrir. Conftantm
voulût: que ce nouveau centre de l’univers nt Oublier
patffa magnificence celui qüê tant de fiècles & tant
d’éfforts avoient rendu digne d/etre là capitale du
moade.- Il chercha1 donc à embellir COnftantisopH
G 2
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