
maîtres ou entrepreneurs : ces derniers étant ref-
ponfables de leurs ouvrages, font intéreffés à les
lurveiller. Les entrepreneurs qui occupent beaucoup
d’ouvriers, tels que les maîtres maçons, les
charpentiers, les menuifiers, ferruriers, &c. .ont
fous eux des commis , des piqueurs , des chefs ou
premiers compagnons auxquels on donne différens
noms , qu’il eft quelquefois utile de connoître :
ainfi, le chef des ouvriers maçon prend le titre de
maître compagnon ; celui des tailleurs de pieire le
nomme appareilleur : les compagnons charpentiers
appellent leur chef gacheux ; le' chef des compagnons
menuifiers & ferruriers eft appelé goret. Ces
premiers compagnons conduifent, fous les ordres
du maître, les autres ouvriers, en travaillant avec
eux : c’eft de leur habileté que dépend, en grande
partie, la perfection de l ’ouvrage. Il eft de l’intérêt
d’un entrepreneur de choifir d’habiles ouvriers
pour leur premier compagnon , i ° . parce que leur
ouvrage étant bien fait, leur fait honneur, 2°.
parce que les bons ouvriers emploient mieux leur
temps & ménagent davantage les matériaux.
Conduire fe dit aufli de la manière d’amener
les eaux d’un endroit à un autre cette partie de
Parchiteélure hidraulique exige des connoiffances
particulières de géométrie & de mathématiques,
pour prendre les nivellemens juftes des endroits
par oh elles doivent paffer, lorfque le pays'eft inégal .
ou montueux, & trouver les moyens de furmonter
les obftacles qui peuvent fe rencontrer. Lorfqu’il ,
s’agit de conduire les eaux d’un lieu à un autre,
on eft quelquefois obligé de les élever à une
certaine hauteur par le moyen des machines ,
comme à Marly ; quelquefois il faut percer des
montagnes j conftruire des aqueducs pour leur
faire traverfer des vallées profondes ; quelquefois
il ne s’agit que de creufer un folié , de former
des rigoles ou des pierrées. Lorfque les eaux que
l’on a à conduire font en petite quantité, on fe
fert de tuyaux, qui peuvent être en bois , en'
terre cuite , en plomb ou en fer. On ufe aufli. des
tuyaux de bois & de terre cuite dans les campagnes
, lorfque les eaux que l ’on à à conduire ne
font pas forcées, & de tuyaux de plomb ou de
fer quand elles font forcées ou qu’elles doivent
paffer fous le pavé des rues , parce que les tuyaux ,j
de grès ou de bois ne peuvent pas réfifter à l’é- !
branlement caufé par le roulement des voitures.
( Voye{ les mots T uyaux & Conduite.)
Les anciens Romains , qui n’épargnaient rièn
pour fe procurer avec abondance. des eaux pures,
& falubres , ont préféré les aqueducs à tous les
autres moyens de conduire les eaux. C ’eft en effet ^
celui qui. convient le mieux & qui éft le plus
durable, lorfque la quantité d’eau eft un peu
confidérable ; c’eft le moyen le. plus propre, à
conferver les bonnes qualités de l’eau, fa pureté,
& même fa fraîcheur ; c’eft le feul dont on devroit
faire ufage, lorfque les eaux que l ’on a à conduire (
font deftinée* à la boiffon & à préparer les aîï-
mens des habitans d’une grande ville. Voyez le mot
Aqueduc.
Les eaux que l ’on conduit dans des rigoles,
des pierrées , ou des canaux découverts font fujettes
à être gâtées par la pouflière & les ordures que
les vents entraînent, par les orages & les grandes
pluies ; le foleil même contribue à les corrompre^
& à les rendre mauvaifes. Les eaux conduite^ de
cette manière ne font propres que pou;; former
des canaux-, des pièces d’eau, des, ufmes, des.
arrofemens, &c. Voyez Us moifj Canal , PierreE
& Rigole.
La première opération à faire lorfqu’on a des -
eaux à conduire, gft de chercher à connoître leur
pofition par rapport au lieu oh elles doivent être
conduites & aux endroits où elles doivent
paffer, leur volume, leur ufage, la nature des
terreins qu’elles auront à parcourir, les obftacles qui
pourront fe rencontrer , & les matériaux que l’on
pourra y employer.
Pour conduire l’eau dans les rigoles, des canaux
découverts , des conduits ou des aqueducs, il
faut que fon point de départ,'foit plus élevé que
celui 'oh _ elle doit arriver-, afin qu’on puiffe riui
donner une pente fuffifante. Le cas le plus avantageux
eft lorfque cette pente peut être uniforme ;
quand il fe trouve, entre le point de.départ &
celui d’arrivée, dès endroits plus élevés ou plus
bas que la ligne de pente , on eft obligé d’y creufer
ou de les élever , afin que l’eau n’ait jamais a
remonter, & qu’elle a it, au contraire, une pente
convenable.
Lorfque la partie élevée eft une montagne ,
ou une éminence confidérable , on eft quelquefois
contraint de la percer, pour faire paffer l’eau au
travers ; quelquefois il eft plus expédient de lui
faire faire le tour. Dans tous ces. cas , il y a une
infinité de précautions à prendre, pour que l ’eau
ne fe perde pas, comme de glaifer' le fond des
canaux ou rigoles , ou de .les paver en ciment. $
de les. établir fur un fond folide, de former des
conduits pour les parties fouterraines.
Quoique la' dépenfe de percer une montagne
paroiffe confidérable , il eft cependant quelquefois
plus économique de le faire, que de pratiquer
un canal, autour, à caufe de la trop g: andè.longueur
du circuit qii’on feroit obligé de faire , &
d’une infinité d’obftacles qui pourroient fe rencontrer
pour affeoir le canal folidement, & lui donner une
pente uniforme'. ( Voyez ee fpi a été dit à ce fujet. aux
articles Aquedu.cs êc Canaux , & les; articles Conduits
& -Rigoles.
Lorfqu’il fe trouve, dans les terreins que les
canaux ont à traverfer des parties trop baffes ,
il faut former des levées pour foutenir ces canaux;
fi çe-font des vallées profondes, on élevera Ig
canal fur des murs ou des arcades en maçonnerie-,
c o N
en obfervant toutes les précautions ci-devant indiqué
à l’article A queduc.
CON D U IT , fubft. mafe. Dans l’art de bâtir,
on donne ce nom à un corridor long & étroit,
pratiqué d ins un maflif de maçonnerie ou fous
terre, pour communiquer d’un endroit a un autre,
on en "trouve plufieurs dans les édifices antiques,
appelés cryptai & hypogées amhuïationes. I l s’en
trouve encore dans d’anciennes fortereffes qui
s’étendent fort loin, & qui ont été faits pour fe
procurer des iffues fecrètes : ces conduits ont été
cpnftruits quelquefois pour fervir de retraite aux
habitans d’un pays dans les temps de guerre.
Chambers dit que, dans la province du nouveau
Mexique, il y a conduit fouterrain en forme de
grotte, qui - s’étend en longueur l ’èfpace de deux
cents lieues.
Les conduits qui font pratiqués dans des terres
fermes , des tufs , dés pierres tendres ou du roc ,
n’ont pas befoin d’être revêtus de maçonnerie ;
mais.lorfque le terrein n’a pas,allez de confiftance
pour fe foutenir, on conftruit deux murs parallèles
réunis par une voûte en berceau ; c’eft ainfi
que font faits prefque tous ceux que l’on a découverts
dans les ruines des édifices antiques.
On appelle encore conduit un aqueduc en maçonnerie
, deftiné à conduire les eaux , lorfqu’il eft
couvert d’une voûte. Pour conftruire ces conduits,
il faut beaucoup plus de précautions que pour
ceux dont- nous venons de parler, qui ne fervent
que pour communiquer d’un lieu à un- autre ; foit
par rapport au nivellement , foit pour que les
eaux ne fe perdent .point. C ’eft fur-tout dans la
conftruéKon de cette efpèce d’ouvrage que les .anciens
Romains ont excellé. De quelque manière que
leur conduit fût formé, foit qu’il fût creufé dans
le roc, ou qu’il fut' conftruit en maçonnerie de.
moilons, de briques ou de pierres de taille, ils
avoient le foin de revêtir la partie inférieure , dans
laquelle l ’eau devoit coulér, d’une forte couche
de ciment , bien battue : cette couche a ordinairement
fix pouces d’épaiffeur ; elle eft compofée de
chaux, de fable & de tuileaux pilés. Ce ciment
acquéroit avec .le temps une plus grande dureté?
que la pierre , & formoit un canal d’ une feule pièce
impénétrable à l’eau.
Procope , parlant des aqueducs de Rome, dit
que les conduits de ces aqueducs avoient une hauteur
& une largeur telles qu’un homme à cheval
auroit pu'.facilement les parcourir.
Comme ce paffage de Procope, cité par tous les
con^pilateurs, nous paroît exagéré, & ne donne
pas une idée jufte de la grandeur de ces conduits,
nous avons jugé à propos de placer ici les mefures,
des conduits des principaux aqueducs de Rome que
nous avons prifes fur les lieux.
Le conduit de l’aqueduc de l’eau Claudia a cinq
pieds quatre pouces de hauteur fur trois pieds huit
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pouces de large -, il eft conftru/i en pierre destaille »
& revêtu à l ’intérieur d’une couche de ciment de
quatre à cinq pouces d’épaiffeur.
La partie de conduit de l’aqueduc du nouvel
Anio y qui eft au-deffus de la porte majeure , a fix
pieds cinq pouces de hauteur , .fur deux pieds trois
pouces fix lignes de large : ce conduit eft conftruit en
briques, revêtu'à' l’extérieur en pierres de taille &
• à l’intérieur d’un fort enduit de: ciment.
Le conduit- dès arcs Néroniens qui étoit une fuite
de celui du nouvel Anio , a aufli fix pieds cinq .
pouces de hauteur, fur deux pieds fix pouces de
largéur ; il eft conftruit en briques , ainfi que les
arcs qui lé Soutiennent, & revêtu à l ’intérieur d’un
enduit de ciment.
Il n’y a point d’aqueduc à Rome dont le conduit
ait une élévation plus grande que celle dé
ces deux dernières parties; ce qui n’eft pas encore
fufiifant pour le paffage d’un homme achevai, qui
■ fuppofe au moins fept pieds & demi de hauteur,
fur trois pieds & demi de large,
Le conduit de l ’eau Marcia , conftruit en pierres
de taille , revêtu a l’intérieur en ciment , a cinq.,
pieds fix pouces dé hauteur, fur deux pieds trois
pouces fix lignes de largéur.
Le conduit d’une partie d’aqueduc en. briques ,
compofé de deux rangs d’arcades, cité par Fa b rétri,
& qu’il croit être un refte de l-’aqueduc bâti par
Alexandre Sévère , a cinq pieds quatre pouces de»
hau teur, fur deux pieds quatre pouces de large.
Les conduits de l’eau Julia ■ & Tepula h’avoient
: que trois pieds &; demi de hauteur, fur deux pieds .
de.-largeur.
Une autre partie de conduit au-deffus de l’arc
de Drufus , a fix pieds trois pouces de hauteur,
■ fur deux pieds fix pouces de large.
CON DUITE , fubft. fém. ( conflruSliont ) C’ëft
■ dans Tart de bâtir, l’aâion de diriger les opérations
l des ouvriers,pour former uii ouvrage quelconque ,
tel que de maçonnerie , de charpente.ou de menai-
ferie , &c. Voyez l’article Conduire»
Conduite d’eau. Dans l’archite&ure hydrau-
liqne, on donne ce nom à une fuite de tuyaux de
plomb , de fe r , de terre cuite ou de bois, fervant
à conduire les eaux.
Des conduites en plomb.
De toutes les manières de faire les conduites ,
la plus avantageufe eft celle oh l’on emploie
des tuyaux dè plomb , parce qu’ils fe joignent
parfaitement les uns au bout des autres, qu’ils ne
perdent rien de la quantité d’eau qu’ils conduifent^
. & qu’ils peuvent fe prêter à toute forte de contours,
de dirg&ion &. de finuofité , fans que cela
nuife à leur folidité , ni à l’eau qui y coule. Le
feul inconvénient qu’on peut leur reproçher eft