
manière que celle qni anieno.it ; l’eau étoit un peu
plus élevé que celle qui la recevoit après le
puits ; à l’ouverture de cette dernière, on plaçoit
une petite grille pour retenir les groffes ordures,
comme des herbages, des racines, &c. La profondeur
de ces puits étoit . proportionnée à la
quantité d’eâu que fournifloit la conduite.
Il faut, autant qu’il eft pomble, que les conduites
formées par des tuyaux, foient enfencées à une.
certaine profondeur dans la terre, afin qu’elle fe
conferve fraîche en été, & qu’elle ne foit pas
trop expofées_ à la gelée en hiver. Cette pro-
fondeur doit être proportionnée au climat ; ainfi
dans le notre, elle doit être d’environ deux
pieds.dans les villes, & trois- pieds dans les campagnes
; la crainte de la gelée dans les pays plus
froids engagera à porter encore les conduites à une
plus grande profondeur.
Les tuyaux de conduite qui font au-deflùs de
terre, devroient être renfermée dans un maffif
de maçonnerie.
CONDUITE D ’E A U , û f. Hydraulique. Suite
de tuyaux pour conduire les eaux d’une fource à
une fontaine , ou d’un réfervoir, à un baffin : lorf-
que les tuyaux abôutiffent à un ajutage , d’où
l ’eau s’élance en je t , la conduite doit être déter-
minée relativement à cet ajutage, & à la hauteur
des réfervoirs ; ainfi l’expérience nous apprend
qu'un jet venant (Pun réfervoir de ƒ 2 pieds de haut,
demande une conduite de 3 pouces , & un ajutage
de 6 lignes de diamètre pour avoir le plus- d'élan pof-
jible. Delà on a déduit les proportions, fuivantes
que nous repréfentons ici d’après d'Aviler.
Hauteurs des réfervoirs.
Depuis 1 jufqu’à 11
Depuis . 11 j ufqu’à 21
Depuis 22 jufqu’à 41
Depuis 41 jufqu’à 81 j
D 'Aviler , -après avo
Diam. des conduites d?eau%
2 pouc;es. lignes.
obfervé qu’un réfervoir
eft rarement à plus de 81 pieds d’élévation ,
donne une règle pour affùjettir cette petite table
.auxdifférens diamètres de l’ ajutage ; cette règle eft
que la dèpenfe de l'eau ejl proportionnelle au carré du
diamètre de l'ajutage.
Conduite de Fer. Conduite faite de tuyaux de
fer , fondu par tronçons , égaux en diamètre &
en longueur. Cette conduite fe fait de deux manières;
on appelle l’une conduite de fer à bride, &
l’autre conduite de fer à manchons. Dans la première,
les tuyaux fe tiennent bout-à-bout par leurs oreillons
, q ui, ayant entre eux un cuir chargé dé maf-
tic , font ferrés avec des vis &.des écrous,; dans
la fécondé , les tuyaux s’encaftrent , .& là filafte
& le maftic confondent leur jonélion.
C onduite de plomb. Conduite faite de plufieurs
tuyaux de plomb , moulés ou foudés de long ^
& emboîtés avec noeuds de foudure.
Conduite de terre ou de poterie, conduite
faite de tuyaux de terre ou de grès cuit,-recouverts
de, maftic à leur emboîture.
Cette conduite eft la meilleure pour les eaux à
boire , , parce qu’étant vermiffée intérieurement ,
le limon ne s’y attache ras. (
Conduite de tuyaux de bois. Conduite faite
ordinairemenr de tiges de bois d’aune , de chêne
ou d’ormes , creufées dans toute leur longueur ,
& qui fe pénétrant les uns - les autres, font enduites
de poix à leur jointure.
Les Anglois, chez qui cette forte de conduite
eft très en usage , ont foin de n’y employer que
des bois tortueux , qui ne pourroient fervir ailleurs.
Ils ont trouvé l’art d’en fuivre les courbes
en les forant , & ainfi de conserver autour de la
perforation , dans toute fon étendue, une épaiffeur
prefque toujours égale..
Conduits à vent. p. m. Ce font des foupi-
raux ou lieux fouterrains, dans lefquels les vents
fe confervent frais, & d’où, par des tubes , tuyaux,
ou voûtes , ils fe communiquent aux appartenons,
que les grandes chaleurs , fans eux , rendroient
inhabitables. Ces cphduits font fort en ufage-'én
Italie, où on les nomme ventidotti : en France , on-
les nomme prifon des vents ,/ou palais d’Eole.
ConudplicabileS FORES , autrement Quadri-
fores. Portes antiques à deux batans , dont chacun
eft brifé de haut en bas ; tels font les, volets
des appartemens aétuels : je ne fais pourquoi on
n’en fait point de même aux portes ; elles n’embar-
ràfleroîënt point alors par leurs battans , qui, le plus
fouvent, font entièrement en faillie hors du lambris
îorfqu’on les ouvre , & qui offufquent toujours
la vue , quoique- , depuis long-temps , ils foient
par-tout en ufage?( Jfoy. Porte & volets. )
CONE, ou ENCAISSEMENT, fubft. mafc. On
donne ce nom à de grands bâtis de charpente qu’on
enfonce dans l’eau , & q u i, remplis de matériaux ,
fervent à faire des maffifs'de conftru&ion pour des
levées, des digues & des ports. On les appelle cônes,
parce que leur forme eft véritablement conique ou
pyramidale, afin de leur donner une afliette plus
folid e& plus capable de réfifter aux mouvemens
des flots & à l ’aâion de la mer.
Le plus grand exemple de ce genre de conftruc-
tion hydraulique, eft celui de la rade de Cherbourg
, où toutes les forces de la mécanique &
'toute l’intelligence de l ’a r t, ont été portés à un
degré , auquel il l n’a peut-être manqué que de
plus grandes reffources & des circonftànces plus
heureufes, pour triompher des plus grands obf-
tacles de la nature. Quelqu’incertain que foit ce
fuccès ; on ne doit pas moins conferver le fou-
venir de cette grande tentative , & la defcription
des moyens prodigieux qui l’ont exécutée en partie,
mérite une place dans çet ouvrage.
La caifle de charpente qui fait l’enveloppe d’un
cône eft à jour & fans fond; elle a 60 pieds de
diamètre au cercle fupérieur, 148 à fa baie, & 60
de hauteur perpendiculaire.
. La circonférence à la bafe eft de 465 pieds,, ou
de 77 toifes ; fon cercle fupérieur eft de 188 pi-eds ;
par conféquent, elle occupe une fuperficie dé
17,212 pièds carrés; la furface du cercle fupérieur
eft de. 2,828 pieds carrés.
Le cône fe . conftruit fans fond, afin d’éviter
dans la lubmerfipn le contact fur le terrain avec
les parties Caillantes des r,ochers qui pourroient s’y
rencontrer ; mais on y met un filet d e , greslin,
d’environ 9 pouces, qui. tient toutes les .pièces
droites, ou montans , & les empêche de s’écarter
lors du. coulage.
Il entre dans une caille conique , 19,416 pieds
cubes de bois de chêne , & 20,664 pieds de bois
de hêtre , évalués l’un dans l’autre . au poids de
56 livres par pieds cubes, à caufe des différentes
efpèces de bois; elle pèfedonc 2,244,380 livres.
Voici la manière de conduire le cône au lieu de
fa deftinatiôn.
On fe fert pour le faire flotter de 66 grofTes
tonnes , en état de fupporter chacune 30 milliers
pefant , & de 42 petites tonnes capables de foule-
ver chacune 12 milliers , de forte que foutes ces
tonnes réunies enfemble portent au moins le poids
de 2,484,000 liv. ainfi ilrefte 239,520 livres d’excédent
pour parer aux événemens. Le tangage
devient de peu de conféquence, au moyen des
tonnes qui refoulent & décompofent en. quelque
forte les vagues.
La remorque fe fait à l ’aidé de 9 cabeftans , dont
l’un placé fur le ponton çpndu&eur voie continuellement
; 56 hommes y font toujours occupés , & fe
remplacent par intervalle; les 8 autres cabeftans
chacun fur un navire, ne fervent pour ainfi dire qu’à
mettre la caifle dans le véritable endroit 011 elle
doit être placée; puifieurs grandes chaloupes plates ,
garnies de 20 rames chacunes , y font également
employées'; par ce moyen , on fait à-peu-près 36
pieds de longueur par minute en un temps calme.
L’immerfion-fe fait en une demi-heure, en
détachant fuccefliverr.ent les tonnes , 4 par 4 , aux
quatres cotés diamétralement dppcfésY On fe fert
pour cette opération de grands couteaux, pefant
à-peu-près 90 livres , emboîtés dans des coulifl’es
qui prennent du.fommet de la caifle , où règne une
galerie , & aboutiftènt aux foupentes qui attachent
1« tonnes ; telle eft l.i manière de conferver l’équi-
libre à mefure de l’immerhon.
Cette immeriion eft .de 36 pieds dans les plus
baffes eaux,& de 56 pieds dans la plus haute mer dé
l’équinoxe.
L a folidité d’un cône eft d’environ 630,200 pieds
cubes, ou de 2,778 \ toifes cubes , qu’on peut
réduire à 2,678 toifes cubes, pour le folide du vide
intérieur d’entre les pierres & à caufe des bois dont
on déduit la maffe : ainfi , on remplit cette; caifle
avec 2,678 toifes cubes de pierres, qu’on ne compte
que pour 180 livres pelant par pieds cubes, à
caufe du vide occafionné par l’incohérence dès
pierres ; vide , qui toutefois ne doit pas être
bien confidérable , puifqu’elles font jetées une
à ung.
La toife cube pèfe donc 38,880 livres ; en y
ajoutant le poids de la caiffe de 2,244,480 livres, la
maffe entière .du cône , où celle du rocher qui
fe formera dans la fuite, fera de 106,365,120 liv.
La configuration d’un cône eft telle que la
pouffée de la pierre gliflfante fur un angle de 6®
degrés n’agit qu’avec un effort de 6 livres par
pieds carrés fur les parois de l ’intérieur, force
abfolument néceffaire pour attacher la caifle au
noyau de pierre & empêcher la mer de donner,
à la charpente un mouvement de rotation.
D’après cela , fi. l’on fuppofe le cône affailli par
la plus forte tempête, l’aâion de la mer agira
avec une force de 2,778 \ toiles cubes d’eau que le
cône déplace , & qu’on peut fixer dans l’équilibre
à 15,700 livres par toife cube d’eau ; ainfi les
2,778 g toifes cubes d’eau, agiront fur le cône avec
une preflïon de 437,865,330 l i v . , qui, déduites de
la maffe du cône, laifleront 62,578,587 livres de
mafle au-deflùs de l’équilibre pour la pefanteur
excédent© du rocher , fur l’effort de la mer. A mer
baffe , la ftabilité eft plus aflurée.; legônene déplace
que 2,060 toifes cubes d’eau , ou 324,656,000 liv.,
qui, déduites de 186,365,120 liv., donnent pour
refte 73,899,520livres au-deflùs de l ’équilibre,& ,
dans tous les cas ,fa forme circulaire & fon talus
de 7 pouces par pied de hauteur ,affoibliront beau-,
coup l’effort de la mer.
D ’après les forts de Risban, bâtis par Louis
X IV au milieu des jetées qui conduifoient à Dunkerque,
& qui ont été démolis à-la paix de 1712 ;
d’après l’expérience des jetéès de Hollande , la
partie de bois qui fera toujours dans l ’eau ne
le détruira pas ; elle réfiftëra d’autant mieux ,
qu’on ne connoît pas-'dans la rade de-Cherbourg
de vers qui mange le bois. Déjà le goefnon &
le varech enveloppent une partie de la première
caiffe.
Mais^ pour la partie de charpente qui s’élève
au-deflùs de l’eau , on.a eu l’attention de la conf-
truire & de la doubler en bois de chêne , le doublage
eft fort épais. Par ce .moyen, elle pourra
durer affez long-temps pour que la mafle des pierres
prenne toute la confiftance riécéffaire , ce qui doit
rendre par la lyite la partie de cette charpente
abfolument inutile.