
été chargés de fon raccordement n’ont cherché qu’à
établir, entre tous les corps qui compofent fa façade,
des communications intérieures ;& a l’extérieur, un
certain cadencement de malles qui plaife à l’oeil.
‘Mais il n’eft pas même néceffaire d’êtie architeéle
pour être frappé de la difcordance qui règne entre
toutes les ordonnances de ces corps incohérens
entr'eux.
Lors même que l’archite&e, maître abfolu de fes
Inventions, peut difpofer en créateur du tout &
des parties de fon édifice ,'il eft encore très-rare
qu’il y imprime ce cara&ere d'enfemble que’ la
nature produit toujours dans fes oeuvres, & dont
Part a tant de peine à lui dérober le fecret. Il ne
manque point & il ne manquera jamais d’archi-
teâes qui fâchent projeter , décorer , compiler
dans leurs deffins toutes les fortes de motifs que la
connoiffance des monumens peut infpirer. Cette
ambition de dire beaucoup de chofes eft celle des
auteurs & des artiftes médiocres. Il faut de la fupé-
riorité de talent & de réputation pour fe contenter
de dire ce qu’il faut dire.
Pour arriver à ce précieux mérite de Y e n fem b le ,
Il faut favoir facrifier fon amour propre à fa gloire ,
& c’eft ce que les hommes entendent & favent le
moins. Il faut un grand fonds de raifon qui fafle
dédaigner cette oftentation des petites chofes , ce
luxe de fuperfluités & d’ornemens , cette ftérile
abondance, cette manie des petits détails, ce goût
d’une fauffe variété, par laquelle l'homme médiocre
•croit donner une grande Idée de fon génie, & qui
Te fait que rapetiflçr l’inventeur & l’invention.
Bramante avoit mis beaucoup d 'enfemble dans fon
plan & dans fon élévation de Saint-Pierre. Tous
Tes architeéfes qui vinrent après ne femblèrent avoir
travaillé qu’à lui enlever ce mérite. Si l ’on veut
favoir ce que c’eft qu’un grand projet fans enfemble,
■ c’eft celui de Sangalio. Heureulèment pour Saint-
Pierre j & furtout pour fa coupole , Michel-Ange
vécut allez pour lui redonner Yenfemble, c’eft-à-
d ire , l’unité que ce grand édifice étoit menacé de
perdre. ( Voyt{ buonaroti ou Michel-Ange).
I l y a un enfemble de plan fort important, fans
doute, mais dont le mérite eft fouvent plus intér
leétuel que réel & pofttif ; parce que cette partiè
des édifices ( je parle furtout des palais ou des habitations
) eft moins apparente & moins perceptible
parle plus grand nombre des fpeâateurs. C’eft aufli
le mérite auquel les architeftes manquent le moins
dans leurs projets. 11 confifte à établir une parfaite
fymétrie entre les diftributions intérieures , de
manière qu’ un côté répète l’autre avec la plus grande
exaâitude. Il confifte encore à difpofer toutes les
pièces dans une dire&ion qui offre des lignes fimples,
d’un dégagement facile , & dans une correfpondance
parfaite entr’elles. A coup-fûr, lorfque cette corrélation
de toutes les parties d’un édifice, & ces rapports
fymétriques de diftribution ou de percement
peuvent fe rencontrer, comme, par exemple, à
l’hôtel-dé-ville d’Amfterdam, ils ajoutent à IW
femble un prix nouveau.
Mais l'enfemble le plus effentiel eft celui de
proportions & des maffes, c’eft-à-dire, celui d
l’élévation. Par exemple, dans les églifes on s’eft
beaucoup trop habitué à négliger de mettre de l’ac
cordfentre l’élévation intérieure & l’élévation extérieure.
Il y a un manque à.'enfemble affez révoltant
dans le plus grand nombre de ces monumens. Ven.
femble d une élévation réfulte d’abord de fes prin,
cipales dimenfions. Elles doivent être entr’elles dan!
un tel rapport, qu’aucune n’àccufe l’iiifuffifancede
l’autre. I l eft , à cet égard , des rapports déterminés
par l’a r t , par l’habitudfe, par l’expérience. II en eft
aufli qui dépendent de la pofition de l’édifice de
fon point de vue & des acceffoires qui l’accompa-
gnent, & que le goût feul de l’artifte peut fixer. Il
y a enluite un enfemble qui tient aux combinaifons
même de l’art, à l’emploi des ordres, à l’accord
harmonieux des pleins & des vides, à une fage
difpenfations des effets , & à l’exécution des profils
& de la modinature.
L'‘enfemble de la décoration n’eft pas celui contre
lequel les archite&es pêchent le moins fouvent. On
les voit prodigues-d’ornemens dans quelques parties
& mefquinement économes dans d’autres; comme
lorfqu’à un édifice de la plus riche ordonnance, ils
font des croifées lilfes, fans chambranles, & percées
à nud dans le mur. Il arrive quelquefois que pour
faire valoir certaines parties, on le croit obligé de
facrifier la décoration de quelques autres. Mais
quelquefois aufli ce qu’on avoit cru devoit produire
des oppofitions ne produit que des difparates. Perrault
a voulu, fans doute, que le foubaffement de
fa colonnade fût lifte pour faire briller davantage
l ’effet de fon ordonnance. Il eft permis dé croire
qu’il y eut éu plus d'enfemble , fi ce foubaffement
avoit été plus travaillé, foit par des refends, foit
de toute autre manière. Il y auroit beaucoup de
préceptes très-fins à donner lur cette matière;mais
ils fe trouvent répandus dana un grand nombre
d’autres articles de ce diâionnaire.
On dit l’efprit enfemble par oppofition à l’efprit
dé détail. Le.premier eft celui qui faifit les grands
rapports des objets , le fécond eft celui qui s’arrête
aux petites chofes. Le premier eft , fans doute, h
plus important en architecture & dans les grands
monumens. Mais commç les plus grandes chofes fe
compofent de petites parties, il ne faut pas trop
méprifer l’efprit de détail.
Mettre enjemble eft une locution technique dans
le langage des arts , mais qui a plus de rapport a«
deffin des figures qu’à celui de l ’archite&ure.
ENSEUILLEMENT, f. m. C ’eft l’appui d’une
croifée ayant vue fur un voifin, & qu’on nomme
vue de coutume. Cet appui a différentes hauteurs»
fuivant les coutumes des lieux, d’après les lois des
bâtimens.
ENTABLEMENT, f. m. Vient de tabulatum,
«ui fignifie plancher. .
■ Tette étymologie ne donne qu une idee incom-
„lète de U n tM m cn t ,™ * elle le rappelle a fon
? r n oriüine , & fous ce rapport elle eft précieufe.
Ainfî /eft aux folives du plafond, fupporté par
rarchitrave , fi™ l’atchitedure. dut les formes
effentieUes qui conftituent cette tro.fieme partie de
[ l’ordbnnance. ^ _
L' e n t a b l e m e n t fe compofe aufli de trois parties ,
[ 1,- r c h it r a v e , la frife & la corniche. Il comprend,
par confequent, l ’enfemble du couronnement de
| chaque ordre. ,
A l’article où l’on traite de chacun de ces ordres
en particulier, on donne la defeription des formes
| & i’analyfe des proportions affe&ées aux divers
e n t a b l e m e n t . Le détail de ces variétés feroit ici une
redite fort inutile. Chacune des parties de 1 enta- I b lem e n t fe trouvant également décrite fous chacun
[ des mots qui leur font propres , on ne peut qu’y
J renvoyer le leâeur. ( Voyt.1 architrave , frise , .
I CORNICHE ).
i II ne refte à envifager ici Yentablement que dans
I fon enfemble & fous quelques rapports généraux.
L’entablement eft une des plus riches inventions
[ de l'architeâure grecque, & une de celles qui lui
I affurent une fûpériorité marquée fur toutes les autres I architeftures. Indépendamment du fyftême fur le-
[ quel il fe fonde , & qui lui garantit une fixité que
I nul autre rie pouyoit lui procurer, il faut recon-
! noître que fa difpofition eu la plus favorable a-la I variété que chaque cara&ère peut exiger , & fe I prête avec la plus grande facilité a la richelfe comme
K à l’économie des ornemens. ;
C’eft particulièrement dans Y entablement que fe
prononce le ftyle , le caractère, le goût & le genre
propre de chaque édifice. L 'entablement en eft en
quelque forte la tête ,& c’eft là que fa phyfionomie
l femble fe faifir plus facilement.
Cette phyfionomie peut fe prononcer dans 1 en~
! tablement de deux manières ,-par les détails de la
I modinature & par le choix des ornemens.
Les détails de là modinature font ce qu’on appelle
les profils. Il dépend de la combinaifon de ces
profils, de leur nombre ou de leur rareté, de leur
[ faillie plus ou moins grande, de leur férmeté ou
de leur moleffe, d’imprimer à un édifice un cara&ere
grave ou léger, élégant ou maflif, grandiofe ou
j mefquin, pur ou confus. C ’eft là que le cônnoifleur
attend l’archite&e , & c’eft par-là qu’il le juge. \Jentablement
eft encore l ’objet particulier des foins du
; décorateur. N ulle partie de l’archite&ure ne peut recevoir
autant de motifs d’ornemens & d’aufli varies.
L’union de ces ornemens avec les profils, la jufte
proportion dericheffe & de repos qu’on doit y ôbfer-
ver, félon chaque mode & félon la nature de chaque
édifice, font ce qu’on rencontre le plus rarement.
Dans l’antique même, les modèles parfaits en ce
genre, c*eft-à*dire , ceux oh cette harmonie eft
obfervée , font rares. Le plus grand nombre des
cnlablemens romains font chargés de trop de profils,’
& ces profils font brodés de trop d’ornemens.
Les grands palais de l ’Italie font prefque tous
couronnés par de fomptueux & magnifiques enta-
blcmtns. Parmi ce grand nombre , deux feuls font
devenus clafliques, celui de Cronaca , au palais
Strozzi, à Florence, & celui de Michel-Ange, au
palais Farnèfe , à Rome.
Entablement de couronnement. C ’eft celui
qui couronne un mur de face, lequel n eft décoré
d’aucun ordre d’archite&ure, ou qui couronne la
décoration intérieure d’un falon, d’une galerie, &c.
Entablement recoupé. Entablement qui fait
retour en avant-corps fur une colonne ou un pilaftre
comme aux arcs de Titus ou de Conftantin, a
Rome.
ENTAILLE , f. f. On fait des entailles^ dans le
bois, la pierre, le marbre & autres matériaux, &
ces entailles ont différens objets.
Le plus ordinaire eft celui de la liaifon des
pièces dont fe compofe un ouvrage. Ces fortes
d'entailles dans le bois fe font quarrement de la
demi épaiffeur du morceau, par embrèvement a queue
d'aronde, en adent , &c. ainfi que les affemblages.
On fait des entailles dans les incruftations d®
pierre ou de marbre pour y placer des morceaux
poftiches. (
On fait des entailles à queue d’aronde pour
mettre un tenon de noeud de bois dechene, ou un
crampon de fer ou de bronze, incrufte de fon épaiffeur
, afin de retenir un fil dans un quartier de
pierre ou dans un bloc de marbre.
Dans les pierres de l’entablement du temple,
appelé de Junon Lucine, à Agrigente, on trouve
des entailles d’une efpèce particulière. Elles font
pratiquées & creufées en forme de fer a cheval ,
faifant canal aux deux bouts des pierres, c’eft-à-
dire , aux côtés par où elles fe touchoient. II paroît
certain que ces entailles fervoient aux cordes ou
chaînes, par lefquelles la pierre s’enlevoit ; lorsqu'elle
étoit pofée & en contaft avec fa voifine , ce
conduit latéral laiffoit la liberté d’enlever les cordes
ou chaînes qui avoient fervi à fon élévation & à
fa pofe.
ENTAILLER , v . aft. Faire dans une matière
quelconque une entaille quelle qu’en foit la deftt-
i nation.
ENTAMURE D E CARRIÈRE, f. f. Ce font
les premières pierres, ou les pierres du premier lit
d’une carrière nouvellement découverte.
| ENTASIS. C ’eft le mot grec par lequel les anciens
exprimoient ce que nous entendons en archim