difpofées. Mais paffons au compartiment, tel que je
’ai défini d’abord , & qui lignifie* en deux mots,
ornement fymitrifé.
Depuis le fauvage qui fe peint de diverfes couleurs
& fe fait graver fur le corps les figures les
plus déliées , julqu’à i'artifte qui décore un édifice ,
des plus beaux marbres & des plus riches métaux ;
tous les hommes ont plus ou moins le goût des
compartiment : aufEL n’eft-il point d’a r t, & prefque
point de métiers qui n’aient adopté quelques compartiment.
De-là le fens étendu de ce mot, & fon
emploi fréquent ; je me reftraiias à ceux qu’il a
dans l’archite&ure.
COMPARTIMENS DE TUILES OU d’aRDOISES.
Les premiers font une difpofition régulière de tuiles
blanches, rouges & verniffees qui couvrent les
combles de quelques anciennes églifes & les tourelles
de quelques vieux châteaux. Les féconds font
des ardoiies taillées en écailles, en étoiles ; & formant
des échiquiers, des lofanges, & même un
affemblage de chiffres ou de lettres ; ces compartiment
avoient le mérite d’égayer un peu la trifte
hauteur des toits gothiques ; ils ne font plus en
ulage, & je ne crois pas qu’ils doivent y revenir.
I varioient ces compartiment, félon la matière qu il*
I mettaient en oeuvre , & le lieù qu’ils vouloient
orner. Dans les tombeaux, ils fe fervoient du ftuc &
de la peinture à frefque ; dans lenrs mufées , falles,
étuves & bains, ils employoient les pierres de rapport
C ompaRtimens de v itr e s . Ce font des verres
blancs ou des verres de couleurs qui, taillés diver-
fement, font raiera blés les uns avec les autre* par
des plombs, & repréfentenr des figures appelées
bâtons romput , borntt debout , bornes couchêet ,
tronckoirt & autres , aufli ridicules de nom que
d’effet. Ces prétendus compartiment ont remplacé
les peintures hiftoriques. Voyer^ V it r a u x . Ils font
tous re&ilignes, & quand on en a choifi un , on
doit le répéter dans tous les panneaux du vitrage
que l ’on exécute. Les verres de couleurs fervent
d’encadrement à ces panneaux réunis , & ils font,
en outre , difpofés différemment que les verres ,
dont ceux-ci font-formés. Ce n’eft que peu-à-peu,
qu’on a reconnu la mefqninerie & la puérilité de
ces fortes d’ouvrages, & qu’on s’eft déterminé à
n’employer que les feules vitres blanches , & en
pièces carrées. Voyt{ V itres.
C ompaRtimens des murs de faces. Décoration
fymétrique des murs, à l ’extérieur. Des matériaux
choifis, traités avec foin & joints avec pré-
cifion compofent fouvent feuls ces fortes de compartiment.
La proportion relative des fenêtres &
des trumeaux, les chambranles & les appuis des
unes , les paremens ruftiqués, unis ou briquetés
des autres, des. cours de plinthes indiquant les
planchers, des boffage- fagement employés; tous
ces objets forment des compartiment d’autant plus
riches , que la plûpart de nos maifons n’ont qu’un
crépi & quelques bandeaux de plâtre badigeonnés.
Voyc%_ Maçonnerie.
C ompaRtimens des lambris. Décoration fy- j
métrique des murs, dans l’intérieur. Les anciens
& les relevoient par des moulures d’or ou de
bronze en lames. Nous ne pourrions atteindre à ce
dernier degré de magnificence, & nous ne faifons
nos compartiment que de plâtre , de pierre, 5 11^ ”
, quefois de ftuc & rarement de marbre. L architecte
qui bâtit en des lieux où fe trouvent des marbres de
différentes couleurs, peut cependant les employer
à l’exemple des anciens qui ont exprimé par divers
marbres les diverfes faillies, comme pilaftres , corniches
, impoftes, archivoltes , &c. La variété des
couleurs contribue à faire détacher toutes ces par-
ties, & la décoration n’en paroît que plus belle.
Mais il faut être attentif à ce que ces couleurs
foient parfaitement afforties ; car liep ne répugné
tant à l’oeil que celles qui, *à force d’etre tranchantes
, fe détruifent mutuellement. Voulez-vous en
juger ? entrez dans l’églife des grands Auguftins , a
Paris ; examinez le jubé où des colonnes & des
tables de marbre noir font fur un fond de pierre
blanche ; ne vous offre-t-il pas un contrafte infup-
portable ? O u i , fans doute, & le champ devroit
être de brèche ou de blanc veiné de gris. L ’églife
des Bénédi&ins de Saint Georges-le-majeur , à Ve-
nife, bâtie par Palladio, & la chapelle de Notre-
j Dame de Pitié, ouvrage de Michel-Ange dans 1 egiife
Saint-André délia valle , à Rome , font de vrais '
modèles dans l’ art de réunir différens marbres. Us y
. font, en effet, tellement affortis pour les couleurs,
qu’il eft impoflible de rencontrer ailleurs en ce
genre une plus parfaite harmonie. Voye{ Marbre
& C ouleurs.
Privés de la plûpart de ces marbres, nous les
remplaçons par des compartiment en bois. La me-
nuilerie eft l ’art de travailler ce bois ; mais lorsqu’un
ouvrage entier de cette forte, n’eft point
borné à de fimples panneaux d’afifemblage, le demn
en appartient à l’architecture, ou' à la fculpture ,
et l’exécution à celle-ci feulement. Les comparu
,nent de menuiferie doivent donc fuivre les principes
établis pour les autres. {Voyeç Menuiserie
& L ambris de Menuiserie. )
C ompaRtimens des voûtes et plafonds^
Arrangement des objets de décoration qui leur font
convenables. Lorfque les anciens ont enrichi de
compartiment leurs voûtes et leurs plafonds , ils
avoient fans doute remarqué que , quand on entre
dans un lieu * on porte d’abord la vue vers les
parties fupérieures, & qu’ainfi il étoit néceffaire
qu’elles lui offriftentun afpeâ agréable. Us ont travaillé
d’après cette obfervation, et leur travail a
fait loi. L’archireéhire gothique s’y eft elle- même
foumife, & elle eft vraiment furprenante dans fes
compartiment, formés par des ares doubleaux,
Uerncs & tiercerons qui prennent nai fiances des
branches et croifées, d’ogivet. Il y ■ a i e ce- faillies
ou nervures qui font détachées de la .oue e es
pendentifs, & qui ne laiffent pas de porter des cnls-
de-lampes , des lanternes à jour & autres caprices,
tous des plus hardis & des plus extraordinaires. 11 ne
faut pas cependant mettre en parallèle de tels compartiment
avec ceux qui ont été faits dans les temps
de la bonne antiquité ; les uns ne brillent que par
la témérité du travail , les autres fe diftinguent par
le goût du deffin et la fageffe de l’exécution. Ce
qui fubfifte encore de ceux-ci dans les profonds
des arcs de triomphe, du temple de la paix , &
fur-tout du panthéon, à Rome , mérité tous^ les
hommages que l ’admiration peut rendre au genie.
Il y a deux efpèces de compartiment pour les
roûtes ; les grands & les petitt. Les grands font;
compofés de vaftes panneaux aflemblés avec d'autres
beaucoup moindres ; ceux-ci contiennent des
chiffres, médaillons ou grotefques, & ils fervent
d’accompagnement aux premiers qui renferment
des objets plus importans. Les petitt font carrés
ou lofanges, ronds ou ovales, exagones ou octogones
, et ils ont chacun une rôle ou un fleuron
-conforme- à leur figure ; lorfqu’on les exécute ,
on doit éviter la profufion. Une richeffe afteétee
eft fouvent fauffe ; la voûte du Val-de-Grace a
Paris en eft la preuve.
Quelques fuccès que la fculpture ait toujours eu
en ce genre de décorations, la peinture n en a pas
moins o.fé le tenter , et elle y a parfaitement réuffi ;
mais comme une voûte , entièrement fculptee, pa-
roiffoit trop pefante , et qu’une voûte, entièrement;
peinte, paroiffoit peu folide ,-on a voulu corriger
ces afpeCts fautifs en réunifiant la peinture et-la
fculpture. On a donc enrichi d’ornemensfcûlptés ,
les arcs doubleaux qui naiffent du fond ; onapofé
des figures de ftuc fur les corniches & antiques,
& on a peint le nud de la voûte & des lunettes
qui l’éclairent. Quelquefois on y a peint des fojets
hiftoriés , féparés par des compartiment traces &
imitant le relief. D ’autres fois on s eft contente d y
peindre des compartiment de grifaille ou de marbré,
rehaufies d’ or.
Lorfque les édifices ne font pas voûtés , ils ont
alors des plafonds ; ces plafonds , ou font ceintrés
en anfe de panier , très-furbaiflee , ou font droits,
& , de-là, appelés fofîtes & lambris. Dans les plafonds
ceintrés , la partie furbaifiee eft abandonnée
à la fécondité du pinceau : Les parties en voufiùre
font . occupées par ides cadres variés & d’un profil
léger, &. les angles rentrans des coins difparoiflent
en arrondi fie mens ornés de camayeux, de bas-
reliefs ou de ftat-ues de ftuc.
Entre les plafonds droits , les uns ont des compartiment
en faillie, avec cadre fur un fond uiff ;
les âu'tres femblent faits de poutres affemblées en
compartiment réguliers, qui'laiffent des rcnfôncemens
bordés de corniches architravé.es, avç.c des rp.fons
daps les plus petits efpaces, et dans les plus grands,
des génies, guirlandes, grotefques , devifes et autres
ornemens peints à fond-d’or , ou d’ or à fond
d’azur. La plate-bande du deffous de ces poutres ,
eft décorée de guillochis ou entrelas continus ,
entre deux liflels ; et aux endroits où les mêmes
poutres fe croifent, des rofes font attachées en
forme de pendentifs.
Les divers compartiment que je viens de retrac
e r , font exécutés dans les monumens modernes
de l’Italie, et l’on en voit quelques imitations
-dans plufieurs des anciens palais , mais aujour-
d hui on ne décore plus les voûtes & les plafonds
des bafiliques & des palais qu’avec des caillons ;
& lorfque ces parties ont moins d’étendue & d’ élévation
, on les enrichit d’arabefques peints ou en
' relief.
En général, le genre arabefqu'è peut paroître
plus propre que tout autre à ces décorations, en ce
qu’il contente les yeux et ne les fatigue pas. S il
eft vrai qu’en entrant dans un lieu , 1 homme eleve
d’abord fes yeux vers la voûte ou le plafond, il eft également
vrai qu’il les abaifife auffitôt, parce que cette
pofition leur eft pénible. IL ne peut donc connoître
que peu à peu & par morceau les vaftes compartiment
qui font au-deffus de fa tete, et fouvent
la contrainte qu’il a éprouvée a les voir une première
fois l’empêche de les confidérer une fécondé.
Çes grandes compofitions de peinture & de fculpture
qui femblent pefer fur lu i, 1 eblouifiTent &
l ’épouvantent. ïl n’en eft pas de même du genre
arabefque ; il fe prête à la mobilité des y eu x;il fe
j joue , pour ainfi dire , avec nos regards, & il ne
demande que ceux que nous pouvons lui accorder
fans peine. D ’ailleurs, il eft la plus fidelle image
de l’efprit de l’homme, et, par conféquènt , celle
qu’on doit lui expofer davantage. Que 1 homme ,
en effet, laiffe un moment agir fon efprit .fans
détermination particulière, le voilà qui s’occupe
d’une rofe , d’un bofquet, d’un oifeau ,
d’une nymphe, d’une fontaine & do mille objets
qu’il unit & ièpare, confond & diftingue, & parmi
lefquels il erre &. fe promène ; enfin, ce qui
nous fait complaire en cette efpèce de rêverie
où l’on tombe infenfiblement, au fein du travail,
même le plus réfléchi, qu’eft-ce autre chofe qu’un
enchaînement d’arabefques qui fe prefente a notre
imagination ?
COMPARTIMENS DE p a v é . Ordre des pierres^
dont on couvre la fuperficie d’un fol deftiné au
paflage des gens de pi»ed et des voitures. Le grès
eft Va pierre qu’on y emploie le plus ic i, à cayfe
de fa dureté. Le grand pavé de grès eft prefque
cubique, il ne préfentes guères de compartirfiens que
quand il eft bien liaifonné , & que les revers ,
pointes et ruiffeaux font bien obfervé.s. Le petit
pavé fo manie avec plus d’aifance ; on peut Jui
f^irç fuiyre quelque deffin} & la cour de l’hûttl