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plus d’équivoque & d’arbitraire dans la manière
d’en entendre les principes r & d’appliquer leurs
«onféquences.
Il n’y a pas jufqu’âu fyftême fondamental dé
cet art, & julqu’aux principes de fon imitation qu’on
n’ait cherché à attaquer,, comme repofant fur des.
bafesarbitraires & capricieufes-On a déjà répondu
à tous ces fopbifmes dans les articles architecture,
charpente, & q. ( Voy.i\ ces» mots-) Si l’bn eft forcé
d’avouer que l ’architeaure dans là. partie pofitive
ne trouve pas de bafe d’imitation àuffi réelle que-
les autres, arts; on eft également forcé de convenir
qu’il faut rejçtter tout, ou admettre tout. Qu’on
celfe de reconnoitre dans les parties conftitutives
de l’archite&ure une imitation des modèles primitifs
que lès premières conftruélions ont indiquées
à l’art, qu’on ferefufe., fi L’or, vent, a cette
tranfpofition des types de la. charpente dans les
formes architeâurales ; mais que , pour être con-
féquènt.,. on forte entièrement de ces données que
l’on trouve fa&ices & menfongères ; car rien n’ eft
plus abfurde que d’avouer ce fyftême dans une
partie, & de le défavouer dans une autre,, que
d’employer dans un édifice tous les membres représentatifs
du modèle qu’on méconnoît ; c’eft ,
cependant, ce qu’ont fait ceux-là même- qui ont
affeélé le plus grand, fepticilme fur les idées qu’un
long ufage avoit accréditées.
.G’eft au lu dans les. ouvrages de ces novateurs
que fe trouve portée* à fon plus haut degré la dif-
convenance. On les voit mêler indiftinâement- les
formes caraâériftiques de chaqueordre : par exemp
le , fous le prétexte que le triglyphe, n’eft qu’un
ornement indépendant de-l’origine que la tradi- -
- tion & lamature lui-affignent j iis l’emploieront
dans l ’ordre ionique ; cet abus-étoit a fiez fréquent
dû temps de Vitruve : ils tranfpofenttousles-chapi-
teaux, les bafes, les • formes et les détails de La
modinature d’un ordre à l’autre,. fans refpeû
pour la conformité que le goût & la nature des
choies mettent entre les difterens modes & la def-
tination des édifices : ils confondront ces nuances
fous prétexte, qu’un ..entablement peut v au moyen
dès efforts- de-la conftruction ou de.-les fecrets, fe
ployer à tous les contours dn caprice : ils bri-
féront dans toutes>,fortes de • fens- les frontons ; ils
ne lès regarderont que comme des objets de décoration
& les introduiront , les multiplieront, ou
les chantourneront fans*autre-règle que la fantai-
lie ; & lorfque, l’on vient à fe demander en quoi -
de tels , chàngemens tournent au profit du plaifir-
que l’art peuc opérer fur.les fens-, en quoi ces objets.
ainfi- modifiés , déplacés & détournés de leur
ancienne pofiti on , ont droit, à ^quelque préférence,
on s’étonne qu’on ait pris un foin auffi inutile , &
que tant de chàngemens aient eu pour but-, non de
faire mieux, mais;de faire autrement..
Ce fera donc dans le refpeéb non aveugle, mais-
raifonné fur toutes ces chofes confacrées par. l ’ù-
fage, que réfutera ce qu’on appelle l ’obfçrYation
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.dès co n v en a n c e s . Ce n’eft pas qu’èn calcul rigoureux
, plufieurs-de ces co n v en a n c e s ne puiffent fu-
bir 'la critique d’un efprit éclairé : il eft beaucoup
de- pratiques établies dans l ’architeâuje, beaucoup
d’objets-de détail fur lefquels un refpeél trop religieux
deviendroit une fuperftition ridicule. Ç ’eft‘
particulièrement au tribunal du fentiment que
doit rèffortir lé jugement des c o n v en a n c e s . La- première
règle doit, être de ne point, offenfer l’ufàge
fans une raifon bien plaufible, de ne point innover
dans les chofes reçues SL accréditées, fans que
le motif du changement puiffe en juftifier. ou la
néceiïité, ou tout au moins l’agrément.. Jamais,
par exemple, les anciens n’ont oftènfé dans leurs-
ouvrages, les principes généraux de* la modinature,
& les grecs , fur-tout,, inventeurs de ce-.fyftême
, ont é té , dans-tous leurs- raonumeas, , les
plus religieux observateurs des règles qui.dérivent
de l’imitation de la charpente. Toutes les variétés
qu’on obferve ,chez eux , fur-tout dans le dorique
, ne font que des variétés disproportion commandées
par i’enfemblecL’un édifice, ou parle carac-v
tère qu’ils vouloient lui imprimer , ou. dépendant*
tes du. goût déTar.chiteébure &. des règles deri’opr
tique. Cependant nous voyons ces mêmes- Grecs-,
lorfqu’ ili.placent deux ordres l ’un fur l ’autre dans
: l'intérieur de leurs temples, fupprimer 1 entable?
ment du premier ordre , les-parties qu’ôn appelle
fr-^fe & corniche , & ne. conferver que. celle qui
po rte le nom d’architrave. Cet exemple, dont plus
d’un architecle pourrait abufer ,. eft le meilleur
exemple qu’on, puiffe donner &- de là délicateffe du
fentiment de ce., peuple dans-l’obfervation des coa-
v e n a n c c s , & de la manière d-onkceiles-Gj peuvent
autorifés. & preferire. même dés chàngemens. En
effet, tout ordre de colonne, qui porte*un entablé-
ment complet , annonce dans le? fyftême de l’ar-
chitèéfure. pris à la rigueur,, un édifice terminé ,
carrtout eft. fini aux parties de la corniche qui annoncent
lè.comble , ou à celles de la frife, qui indiquent
le plancher; Lorfqu’on compofeun édifice de
deux rangs de colonnes, il faut qu’on puiffe admettre,
ou du moins fuppofer deux rangs d’étages; mais cette
■ fuppofition étoit impoffihlè à. faire dans l’intérieur
d’une.nef dè templ&,il étoit.d o n c ,c o n v e n a n t de ne
point ajouter à l’architrave là-- frife ni la corniche ,
& c’éft ce que, nous voyonsavoir été fait a.u grand
temple de Pæffum ainfi qu’à plufieurs autres.
Ce qu’on vient-; do dire fuffit fans doute pour
faire voir dans quel fens la c o n v en a n c e veut qu’on
refpeébe lès chofes établies & accréditées par l ’ufàge,
& de quelle manière elle permet d e . faire
des chàngemens, lorfqu’ils s’appuient fur dés motifs
d’utilité ou fur lè raifonnement. Ennumérer
tous les* cas cru l'on doit refpeéfer l’ufàge & où
l ’ôn peut compofer avec lu i , ferait une entreprife
auffi faftidieüfe qu’inutile ; c’eft en architecture
fur-tout', qu’il convient de: donner des principes
■ de direction a-u fentiment de Tartifte, 6C de fe
; fier enfuite à ce fentiment éclairé. U y a dans cet
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art tant de relatif , & ce. qui s*y tro-jje de- pofmf .
eft encore fujet à tant de controrerfs, qu .l faut
fe contenter de perfnader, fans jamais vouloir con-
vaincre. Ce qu’on doit dire, c’eft que le fentiment
des co n v en a n c e s eft fi intimement lie avec ce- qu on
appelle le goût, dans ïes autres arts-, qu on doit
defefpérer de le donner à qui n’a pas reçu de la-
nature cette délicateffe d’organes, cette fenfibilité
qui fait l’àftifte ; encore plus, devra-tran renoncer
à l’infpirèr à celui chez qui une raifon trop
rigide exclueroit toute manière de voir par les yeux
du fentiment, &chez lequel le rayonnement.fermerait
P accès à toute infpirarion qui n’arriveroit
à fon ame que par l’imagination.
Maisencore moins , faudra-t-il l’attendre de
celui dont l’efprit indocile, fait pour tout confondre
& tout brouiller, ne cherche dans l’architeébure des
vérités que pour lçsnier, des principes que pour
ïes combattre, des ufàges que pour les fronder
qui croit que rien ne fe prouve par cela, que tout
ne peut pas fe, démontrer. Pour ces fortes d’efprits
il n’y a aucune théorie qui pùifte- les rédivre ,
& il* faut que Te mépris public fafie lui-meme
juftice de leur forte préfomption.
Je n’ai traité le mot de c o n v en a n c e que dans
fon acception la plus précife ; cependant le langage
de s' arts en abufe encore pour le tendre, fyno-
nime de convention ; c’eft dans ce.fens qu-’on dit
lès co n v en a n c e s de l’architeélure, poux exprimer les
différeos accords que cet a r t,,. comme tous les autres
, eft obligé de faire avec notre entendement
ou avec nos fen-fa,rions- ; je parle de ces aceommo-
demens tacites qu’il faut bien faire avec tous les
genres d’imitation , fi l’on veut qu’ils puiffent arriver
à leur fin. Il faut bien fe prêter de . part &
d’autre, & c’eft toujours au moyen de ces com-
plaîfànces mutuelles de l’art , par rapport aux facultés
de Pâme & de 1’efgrit, -par rapport aux
moyens plus ou moins bornés de chaque art, que
s’opère le travail & lè plaifir de l’imitation ; mais
voyez pour cet objet diftinft de l’acception gram-*
maticale du mat c o n v en a n c e ,. l’article CONVENTION.
CONVENTION. fuB. fem. On appelle ainfi‘dans
l’ufàge ordinaire de ce mot tout-aile réfultant du
concours de plufieurs perfonnes. L ’étymologie
meme du mot indique trop l’ idée de réunion
pour qu’on infifte davantage fur fa lignification
élémentaire.
Je ne dirai point à combien de fortes d’ufiges
le mot de c o n v e n t io n s’applique.:- Je parte fur-Ie-,
çnamp à l’emploi qu’ôn en fait par rapport aux
arts ; & je ramènerai promptement, cette légère
théorie à l’àrchite&ure.
On fe' fert fouvent du m o t c o n v e n t io n dans les
arts du génie-; dans-quel fens l’emploie-t-on . .&
que doit-on entendre' par cette expreffion, ?.
C èft toujours dans la définition de ,ce mot que je
trouve le développement de fon aplication aux arts.
En examinant attentivement les principes d’imitation
de chaque art, on s’aperçoit qu’il fe fait entre
l ’art imitateur & la nature imitée, & entre l ’art &
le fpeçîateur, ceitains pacles ou contrats , qu’on
appelle c o n v e n t io n s . C ’eft au moyen de ces c o n v en u
d o n s que l’art produit les piaifirs qu’on eft'
en droit d’attendre de lui.-
C’eft en compofant avec la vérité abfolue que
l ’imitation nous donne des jouiffances qui difpa-
roitrs-ient fi le fpeélateur ne vouloit■ fouftrir aucun
accommodement entre la nature, telle qu’elle
eft, & les moyens de la repréfenter.
La nature fe préfente à l ’art de l ’imitation fous
plufieurs rapports ; chacun de ces rapports généraux
forme un domaine particulier de l ’empire der
Limitation. Les dirtérens arts du génie fe les fonfc
partagés. Soit que chacun d’eux exprime les formes
& les images matérielles par- les inftrumens ou
les moyens intelleéluels , foit qu’il rende les affections
de l’ame ou les fenfations morales par Ies-
formes de la matière ,■ ou l’entxemife médiate des-
fens, chacun ne peut réellement faifir l a ' natü-re’
que fous un rapport ou un peint de vue. II y a,,
par e-onféquent, dans la rep réfenr-ation que chaque'
art fera dfun fujet, une.partie de-vérité & une-
partie d’accommodement avec la vérité.
Ainfr la peinture & la fculpture dans la repré^-
fèntation d’un objet, l’une par la couleur fans la
réalité de la forme, l’autre au moyen des formes ??
mais dénuée de couleurs, offrent déjà au fpec--
tateur une de ces cQ n v g tn d o n s .n ô c e ftx tr e s qui tien--
nent à l’ertence même des arts. Par une fingula-
rité qu’on n’expliquera point- ici , le plaifir attache1
à Limitation de ces arts tient, à ce défaut même*
de vérité ou d’iîlùfion. Mais ces deux arts font'
obligés à d’autres c o n v e n t io n s encore avec la nature
par exemple , ils ne peuvent jamais faifir qu’un
moment dans l’aâion quoique le» figures qu’ils-
nous expriment dans les attitudes les plus prononcées
du mouvement le plus énergiquene puiffent
fe fuppofer ainfi que le très-court efpace d’un moment
qui devrait être déjà paffé après le premier;
coup-d’oeil, cependant il y a entre l ’art & le fpec-
tateur une c o n v e n t io n feçrète de ne point fe roidir-
contre cette efpèce d’invtâifemblance.
Toutes les fortes de capitulations que ces arts
' imitateurs font avec leur modèle & avec leurs
fpeéhteurs , feraient le fujet'd’un long ouvrage.
On peut dire même que prefque toutes les règles
de la peinture & de la fculpture ( je parle des règles
du goût & de celles qui compofènt la théorie la.
plus recherchée de ces arts-, ) ne font qu’un recueil
de c o n v e n t io n s pins ou moins délicates, au moyen
defqneis ces arts produifent tous leurs-effets.
Ce que- l’on vient de faire fentir des c o n v e n t io n s
dè la. peinture & de la fculpture avec la nature ,
deviendroit encore*plus palpable en l’appliquant à
d’autres arts^ &. particulièreniènt aux arts dramatiques.
Ainfi là darde pantomime, qui parle par