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feule allée , en manière de galeries voûtées * avec
des chapelles en fon pourtour ; telles font à Rome,,
la bafilique de Ste,-Marie-Majeure , Véglife de Sc.-
Ignace; à Paris les églifes modernes de St .-Sulpice
6c de Sc.-Roch.
Eglise a doubles bas- côtés. Celle qui a fa
grande nef accompagnée de deux rangs de promenoirs
ou galeries avec chapelles ; telles font, pour
le plus grand nombre, les grandes églifes gothiques,
comme celles d’Amiens, de Sens, d’Orléans; telles
font Notre-Dame & S'.-Euftache à Paris ; la bafilique
de S*.-Paul à Rome eft aufli à deux rangs de
bas-côtés. .
Eglise en croix grecque. Celle dont la longueur
de la croifée eft égale à celle de la nef, c’eft-
à-dire qui fe partage en quatre nefs égales, réunies
dans leur point d’ interfection par une voûte ; telle
devoit-être Véglife de Sc.-Pierre, d’après les plans
de Michel Ange. Onia nomme ainfi, tant parce que
fon plan offre la figure que les Grecs donnent à leur
croix, que parce que la plupart de leurs églifes font
bâties de cette manière.
Eglise en croix latine. Celle dont le plan
eft formé fur la figure d’une croix latine , c’eft-
à-dire qui a un des côtés beaucoup plus long que
les trois autres; telle eft Véglife aétueile de Saint-
Pierre de Rome* dont la nef a été allongée de deux
arcades par Carlo Madernà. Telles font la plupart
des églifes gothiques & modernes.
Eglise en rotonde. Celle dont le plan eft circulaire,
à l’imitation du Panthéon de Rome , ou de
Véglife de Sc.-Bernard à Termini, faite d’une des
falles circulaires des thermes de Dioclétien ; tel le
dôme de l’Affomption à Paris , Vcglife des Carmélites
à Sc.-Denis.
E g l i s e s im p l e . Celle qui n’a que la nef & le
choeur fans bas-côtés, comme celle de la Sainte-
Chapelle à Paris, 6c la plupart des couvons de
filles v
Eglise souterraine. Celle qui eft conffcruite
au-deffous du rez-de-chauffée d’une autre édifia &
lui fert en quelque forte de fondation. A Véglife de
Notre-Dame de Chartres, & à celle de Sï-Germain
à Auxerre , il y a trois églifes l’une fur l ’àutre.
Uéglife de S'.-Pierre à Rome a une trèsgrande églife
fouterraine qui règne fous le dôme; 8cVétencT j’uf-
qü’au tiers de la grande nef. Une des meilleures parties
de la nouvelle églife de Ste.-Geneviève, tant
pour la conftruélion que pour le ftyle & le caractère ,
eft fon églife fouterraine. On appelle églife baffe
celle qui, fans être fouterraine, le trouve bâtie fous
une autre, & toutefois à rez-de-chauffée, comme à
la Sainte-Chapelle à Paris. Les Italiens nomment
grottes les églifes fouterraines ( voy, grotte ).
EGOUT f f. m. ( conflruttion) Ce mot indique
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une efpèce de canal propre à l'écoulement des eau*
impures & des immondices des villes, des maim-
faétures, des hofpices, ou d’autres établiffemens
publics.
Les ouvrages les plus célèbres en ce genre, &. |es
plus confidérâbles , font les égouts de l’ancienne
Rome, connus fous le nom de cloaca f cloaques &
dont on a déjà donné une defeription à ce mot (voy
cloaque). , '
Ces égouts, dont la conftru&ion remonte'à pllls
de deux mille quatre cens ans, furent faits en grande
partie fous le règne de Tarquin-1’Ancien. Leur principale
branche, connue fous le nom de cloaca maß.
ma , a fon embouchure entre le mont Aventin & |e
mont Palatin, dass une partie de mur antique qui
borde le Tybre. Ce mur, ainfi que là partie qui
forme l’embouchure du canal de Végout, eft confinât
de grandes pierres de taille pofées fans mortier. L’appareil
en eft fi bi en exécuté , que les Romains nommèrent
ce lieu pulchrum littus, le beau quai.
L’ouverture de Végoût a environ quatorze pieds
de large. Sa voûte, demi-circiilaire, eft formée par
trois rangs de vouifoirs pofés en liaifon les uns fuites
autres, & formant une triple voûte.
La folidité qui préfida à l'a conftruélion des égouts
de Rome, n’abefoin d’aucun autre témoignage que
de celui de leur durée. Ces ouvrages ont réfifté
pendant plus de vingt-quatre fiècles à toutes les intempéries
des faifons, à tous les genres de ravages
que Rome a effüyés ( voy. cloaque ), & ce qui eft
pire encore , à l’abandon oh cette ville s’eft trouvée
pendant près de dix fiècles, à cbmpter de l ’époque
oh Goriftantin la quitta, jufqu’à celle oh les papes y
fixèrent leur féjour , & s’occupèrent de fon rétablif-
fement. Si toutefois on veut une preuve de leur
étonnante folidité , Pline va nous la donner.
Cet écrivain ( lib. X X X V I ') cite un fait qui
prouve en même temps la folidité des égouts de
Rome, 6c le foin qu’on prenoit de leur entretien»
Marcus Sçaurus, géndre de Sylla, avoit fait élever,
pour donner une fête au peuple romain , un théâtre
qui, bien qu’il ne dût fubfifter qu’un mois, étoit décoré
de trois cents foixante colonnes de marbre,
dont plufieurs avoient trente-huit pieds de haut.
Ayant, après les jeux, fait démolir ce théâtre,&
voulant en faire tranfporter les colonnes fur le mont
Palatin, pour les employer a l’embelli ffe ment delà
maifon , l’entrepreneur chargé de l’entretien des
exigea que Scaurus confignât une fomme
pburTè~ dommage que le paffage de fardeaux aufli
lourds pourroit occafionner aux voûtes de ces égouts-
Mais la précaution devint inutile ; les voûtes réfutèrent
à l’effort de ces lourdes maffes, fans s’endonv
mager, 8c elles fe font confervées en bon état jufqu’a
nos jours.
De tous les moyens qu’on peut mettre en ufage»
pour entretenir la falubrité 6? la propreté des grandes
v illes, il n’en eft pas qui rempliffent mieux cet objet
que les égoûts pratiqués fous les rues, lorfqu’on p’-f
leur donner une pente fuffifante, avec un débouen«
d#.
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S’il s’agiffoit de construire des égoûts dans quelques
grands établiffemens ou dans une v ille, la première
opération feroit de faire un nivellement general,
afin de parvenir à les placer de la manière là plus
convenable pour l’écoulement ou la diftribution des
eaux, & la plus économique pour la depenfe, fans
compromettre leur folidité qui en eft la plus importante
qualité; • ^ < -
L’economie veut qu’on évite d’en conftruire aux
endroits où. ils ne font pas abfolument neceffaires.
Lorfque leur utilité eft bien reconnue, & que leur
direélion eft déterminée , il faut commencer par
fonder le terrain fur lequel ils doivent paffer ; il faut
s’affurer de fa nature, éprouver s’il.a la fermeté
convenable, 6c fi cette fermeté eft uniforme. L a
connoiffance du terrain eft la première de toutes, &
fa bonne qualité eft une condition indifpenfable pour
éviter dans l’ouvrage les taffemens inégaux , les
ruptures, & autres accidens capables d’altérer fa
folidité, & d’en caufer la ruine. Cet objet eft de la
plus haute importance dans les conftru&ions d’une
certaine étendue , & fürtout pour celles qui doivent
contenir des matières liquides ; il faut, pour de tels
ufages, que la conftruétion parvienne a ne faire de
la ma ffe qu’une ,feule»piece, fi Ion peut dire.
On arrive à confolider uniformément le terrain
fur lequel on veut bâtir, foit en battant le fo l, foit
en établiffant des plateformes de charpente, en y enfonçant
des pieux, des pilotis , &c, On peut voir à
Varticle fondement, les divers moyens que l’art fait,
mettre en oeuvre pour cet objet.
Sur le terrain bien nivelé 6c confolide, on établira
les fondemens de Végoût. Us fe compofent d un
maffïf plus ou moins épais, félon la confiftance du
fol ; mais on ne fauroit lui donner moins d’un
pied. Il faudra le maçonner en bon mortier de chaux
& fable, 6c le bien battre. Sur ce maffïf fait, s’il eft
poffible, dans toute l’étendue de Végoût, on établira
deux murs parallèles, formant enfemble 1 epaif-,
feur des banquettes 6c des murs du canal fuperieur y
jufqu’à la hauteur de ces banquettes; celles-ci font
deftinées à faciliter les moyens de parcourir Végoût ,
pour le nettoyer ou le réparer. Elles fervent en outre
à placer les tuyaux de conduite pour la diftribution
des eaux de fontaine.
La largeur des banquettes, y comprile leur faillie
fur le canal du milieu qui doit former égout, peut
être de quinze à dix-huit pouces, ôc la largeur du
canal formant égout , en raifon du volume d’eaux
ou d’immondices qui doit y paffer, pourra être
depuis deux pieds & demi environ, j ufqu’a cinq ou
fix pieds. Dans ce dernier cas', le fond pourroit être
fait en forme de voûte renverfee ; 6c dans le premier
, il pourroit être formé par une, rigole ou
gargouille en pierres de taillé. ; 1
Sur cette féconde partie arrafée dans toute la Ion-
gueur de Végoût, on établira les deux murs qui
doivent former le canal fupérieur, & loutenir la
voûte, s’ il doit être couvert. Ces.murs peuvent être
conftruits en pierres de taille, ou en bons moëlons
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