
ture au rang des arts d'imitation. L ’étud-eda corps- J
humain ayant fait apercevoir & diftinguer les variétés
principales de forme, de cara&ère & de
proportion que la nature a établies entre les êtres
qu’elle a créés, l ’àrçhiteâe trouva là une forte
de modèle intelle&uel, d’après lequel il parvint à
nff’e&er ainfi aux oeuvres de l’art de bâtir des qualités
diftinôes , qui devinrent le principe de la
formation des ordres. L ’efprit imitatif $>é\.&nàan\,
de plus en plus, fuggéra ces analogies ingémeufes
que quelques, écrivains ont rendues abfurdes en
leur donnant une confiftance fabuleufe ou uü pouvoir
exagéré. On s’eft imaginé qu’il pouvoit y
avoir des rapports rigoureux de proportion entre
le corps de l’homme & celui de l’ordre dorique ,
entre les coiffures des femmes & le chapiteau ionique
, 'entre les plis d’une étoffe & les cannelures
des colonnes. ( Voyez I o n iq u e . )
Ces analogies imitatives , ainfi prifes & interprétées
à la rigueur , font fans doute des fables ridicules
; mais l’abus que quelques-uns ont fait do
certaines parties de ce fyftème limitation , n’en
détruit ni l’exiftence-, ni la réalité. La faine théorie
de l’art confifte, en ce genre, à dégager le vrai
du faux, & à faire comprendre qu’y ayant des degrés
très-différens dans l e . règne de l’imitation,
on fe. trompe groffièrement lorfqu’on prétend ne
donner le nom d'art d’ imitation , qu’à celui qui
a , dans la nature phyfique , un modèle pofitif &
matériel.
I m i t a t i o n . Ce mot fe prend àlfoz fouvent dans
le fens que l’on donne au mot copie, lorfqu’on
veut exprimer, dans un ouvrage, l’abfence de
_ cette qualité qu’on appelle originalité. Gn eft co-
pifte, non-feulement lorfqu’on reproduit formellement
un ouvragé auquel on n’ajoute rien, mais
encore lorfqu’on reproduit la manière de faire,
de vo ir , de fentii-1, d’inventer, de compofer d’un
autre. Selon cette acception, le mot imitation dé-
ifigne fouvent un ouvrage , comme -étant la répétition
d’un autre, conüdérë, foit fous le* rapport
de la forme, foit fous le rapport du goût. Imitation
fe prend alors comme lé contraire d invention.
IMPASTATION, f. f. On donne ce nom, dans
la maçonnerie , à un mélange faêlice de plufieurs
matières de diveEfes couleurs& conflitances, que
l ’on amalgame à l’aide de quelques cimens ou
maftics, qui fe durciffent-, foit à l’a ir , foit par
l ’a&ion du feu.
Gn emploie Pimpa/làtiôn dans quelques ouvrages
de poterie, dans quelques travaux de ftuc,
qui tiennent à Part de faire de faux marbres, ou
des colonnes imitant les pierres dures & rares.
IMPERIAL, f. m. Ce mot pourroit être venu
du mot italien impériale-, quoique pris comme
adjeètif, il foit français-, comme lorfqu’onditdn7*£
impérial, gouvernement impérial. Mais, même
dans ce fens, le mot efl encore plus originairement
italien que français.
De l’idée de ftipériorité, de faprémalie & dV- I
minence qu’exprime l’adjeÔifimpérial, eft dérivé
le fubftantif dont il s’a g it, & qui lignifie, foit I
dans une voiture couverte , foit dans un lit on uq I
baldaquin, la partie fupérieure, celle qui coù- I
ronne, qui s’élève au-deffus des autres.
Ce mot n’a guère d’autre rapport avec l’arcly. I
teèlure, que celui qu’on lui trouve dans les pla- I
fonds qui s’élèvent au-deffus des baldaquins des I
autels.
IMPOSTE, f. f. , vient de l’italien impojia} I
formé d im p o j l a t e , & figuifie ce fur quoi un arc I
eft impofé.
L3impojle eft à la tête d’un pied-droit d’arcade,
ce membre plus ou moins profilé , fur lequel prend I
naiffance l ’arc, & d’où partent les bandeaux qui I
décrivent fon ceintre.
L’impojle a plus ou moins de largeur, & reçoit I
plus ou moins de profils ou d’ornemens , félon le I
caractère die chaque ordonnance.
Quelquefois , félon le caraétève le plus grave ou fl
le plus fitaple -, Yimpojle n’eft qu’une plinthe fans
moulure ; quelquefois cette plinthe aura deux
faces. Dans les ordonnancés plus élégantes, on lui I
donnera un larmier, & lés moulures recevront
quelques ornemens. Dans lés ordonnances co-
rint bien nés, eu du genre riche , on donne à Pim-1
pojlè un larmier, une frife & des profils, qui font
taillés en ornemens divers.
Ainfi Yimpojle , eomme toutes les autres parties
de la modinature, participe du genre & du ca-1
raètère prefcrit par l ’ordre que Tarchitefte met I
en oeuvre.
Imposte ceintrée. On appelle ainfi Yinipojle I
qui ne profile pas fur le pied-droit d’une arcade, I
mais qui fort de bandeau à Cette arcade , & qm I
retourne en archivolte. On donne le même nom I
t à l'impojle qui fe prolonge fur la furface concave I
d’une niche , d’üne partie circulaire, comme dans
une falle ronde ou dans une tour de dôme.
Imposte coupée. C’eft celle qui eft interrom- j
p ue, foit par des -colonnes, foit par des pilaftres
dont elle excède le nu. Telle e ft , par exemple,
Y im p o j l e corinthienne de l’églife de Saint-Pierre
| de Rome.
Imposte mutilée. Impojle àomt la faillie eft diminuée
, pour ne pas excéder le nu d’un dofferet
ou d’un pilaftre.
IMPRESSION, f. f. C’eft, dans k peinture de
bâtiment, unecouche, un enduit de couleur_pote
à plat, foit fur toile, foit fur toute autre madère,
[ St dont l’objet cil de préparer la furface aiufi eu-
, -le à recevoir les couleurs propres à ce que le ]
; tîe doit repréfenter ou exécuter.
; r On donne toujours une impr^Jion, c eft-à-dire ,
une première préparation de couleur, fort à 1 huile,
f0*t à la c i r e , aux bois dont fe forment les lambris
foies panneaux de menuiferie , dans les apparte-
K QS & fouvent encore au revers des boifenes ,
C les préferver de l’humidité.
H eft peu. de matières auxquelles on ne donne
ainfi une imprejjion quelconque. Les bois de char-
; te expofés à l ’air ou à 1 aSion de 1 humidité
Lus lé* ponts, les barres de fe r , les travaux de
* les ouvrages en fer-blanc, reçoivent des
impreffions contre l ’humidité , qui tantôt fait jouer
| % voiler les bois, tantôt oxide les métaux, ouïes
I confume par la rouille.
IMPRIMER , v. afl. C’eft enduire d’une ou
ie plufieurs couches de couleurs, foit à l’huile ,
foit à la c ire , foit e x détrempe, les ouvrages dé
[ charpente , de menuiferie, ferrurerie & autres,
i foit pour les conferver, foit pour les décorer.
IMPRIMERIE, f. f. C’eft un bâtiment deftmé à
| soutenir & renfermer les ouvriers & tous les înf-
: trumens néceffaires à l’art d’imprimer, ou de la
typographie.
! INAUGURATION, f . f. A Rome, on ne conf-
truifoit ni temple, ni édifice public , que les Augures
ne fufTent appelés, comme dans une multi-
• tude d’a&es civils ou politiques, pour donner leur
avis fur l’emplacement & la conftruèlion du monument,
après avoir eonfulté le. vol des oifeaux, &
fait toutes le-s cérémonies attachées a cette prati-
; que religieufe.
Ainfi, les édifices publics étoient confacrés par
la religion. Cette pratique s’eft confervée dans le
chriftianifme, à l ’égard des lieux faints , & la cérémonie,
qui s’oblerve en pareil cas, s appelle
bénédiction^, Le mot inauguration a continué de
s’appliquer aux cérémonies civiles ou politiques
qui ont lieu dans l’ére&ion des édifices profanes,
& fouvent font réfervées à folennifer leur confection.
Ainfi, les ftatues qu’on élève aux rois, en
France, donnent lieu à une cérémonie qu on appelle
d’inauguration, lorfquon les découvre,
pour la première fois , au public.
L’inauguration de la ftatue équeftre reftituée
de Henri IV a eu lieu le a5 août 1818.
L’inauguration des édifices n’a lieu auffi qü a-
près qu’ils font terminés ; car il ne faut pas confondre
cette cérémonie avec celle de la pofe de la
première -pierre. -Du refte , il n’y a point de pratique
particulièrement affèêtèe , dans les -ulages
modernes, à Yinauguration, qui n’eft autre chofe
qu’une forte de fête variable lelon les temps , les
lieux & les ciroonftances.
INCERTUM {Opus). C’eft le nom d’un genre
de maçonnerie employé par les Romains du temps
de Vitruve, & long-temps avant lui , puifque,
dans le paflàge où il le décrit, & que nous allons
rapporter, il lu i donne le nom d ancien ( anti-
quum).
Vitruve compare & oppofe ce genre .de maçonnerie
à celui qu’on appeloit réticulaire. L un &
l’autre fe compofoit de petites pierres tendres ,
les unes, dans le réticulaire ( voyez, ce mot), taillées
en forme cubique alongée , & offrant,' dans
les paremens , des faces quadrangulair.es d un.®
même dimenfion, ce qui ayoit lapparence des
mailles d’un réfeau. Cette ëfpèce de parement
étoit d’un deflin fort agréable aux yeux 5 mais ces
morceaux, qui ne formoient ni lits , ni liaifon en-
tr’eu x , dévoient être'entretenus par des chaînes
ou des lits de briques ou de moellons , qui les re-
tenoiènt dans leurpofitron , & fi ces liens ou ces
contre-forts manquoient, les cubes fe défunifl’oient
& s’ébouloient facilement.
Au contraire, dans Y opus incertum, les paremens
fe compofoiënt de moellons ou de pierres dô
petite dimenfion, irrégulières dans leurs contours,
& formant liaifon en tous fens entr elles. L ouvrage
ne préfentoit pas un afpeâ agréable ; mais
cet appareil, formé de joints fans ordre, fe lioit
bien mieux au mortier, & au rempliflage quhgarnifloit
l’intérieur dés deux paremens.
Voici le paffage de Vitruve , liv. I I , ch. 8.
« Il y a deux genres de maçonnerie , qui font
» les fuivans : le réticulaire, & dont tous fe fer-
» vent aujourd’h u i, & l’antique, appelé incertain
» ( opus incertum}.
» Le réticulaire eft celui des deux qui préfente
» l’afpeû le plus agréable, mais il eft fujet à fe
» lézarder, parce que les affifes & les joints n’y
» font arrêtés e'n'aucun fens. Au contraire., les
» pièces dont fe compofpnt les paremens de 1 in-
» certum , étant aflifes les unes fur les autres, &
» s’enlaçant mutuellement, forment une conftruc-
: » tion moins agréable, maisfolide. Ces deux for—
» tes de conftruêhons doivent etre garnies , dans
» leur rempliflage , avec les plus petites pierrail—
» le s , pour que le mur fort abondamment faturé 4c
» chaux & de fable, ce qui affure fa durée, &c. »
On a long-temps appliqué le nom d opus incertum
à ces reftes de mûraillesantiques, qu’on trouve
dans les ruines d’un grand ^nombre de villes ^grecques
ou romaines, 8i qwi font formées par d énormes
blocs de pierres irrégulièrement taillées, dont
l’afpeèl offre auffi des joints incertains & îrréaju-
liejrs. 11 parolt confiant, d après le paffage qu on
vient de rapporter, que Vitruve ne donné cenoip.
qu’à un genre de maçonnerie formé de petite#
pierres, ou de moellons irréguliers .dans leurs
i joints , & liés par du mortier.
Le même Vitruve nous donne a entendre', en
difant du reticulatum ( quo nunc omnes utujitur),
& en appelant antique Y incertum, que lepeu d'agrément
réfultaat de ce dernier Tavoit fait aban*
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