
donné l ’épithètè de Monopteros> liv. IV, chap. 7,
à une efpèce de temples circulaires qui n’avoient
point de mur de clôture. ( Voyez M o n o p t è r e . )
Mais ce qui prouve que Vitruve n’emploie pas
dans le même fens le mot monoptère aux deux
articles cités, c’eft que ce temple de Bac chus ,
bâti à Théos & cité comme monoptère, eft le même
que celui dont le paffage rapporté plus haut nous
donne la notion , & quiétoit pfeudo-diptère. Or,
il eft impoftlble qu’un pfeudo-diptère ait été privé
du mur de la Cella y Vitruve difant lui-même de
cette forte de temple, liv. III, cliap. 2r \ Laoçamen-
tum egregiè c i rca c e liant Jecit... ( Herrnogenes. )
Donc le temple de Bacchus , bâti par Her/nogènes
à Théos , ne pouvoit pas être monoptère , dans le
fens où l’entend Milizia.
On d ir a à l’article Monoptère qu e ls fo n t le s
d e u x lig n if ic a t io n s g ram m a tic a le s & u fu elles , d e ce
m o t . ( Voyez M o n o p t è r e . )
HERMONTHIS. Nous avons déjà fait mention
de cette ville, fous le nom àlErmonthis y ainfi
fon nom le trouve-t-il écrit dans la defcription
de Pococke, de qui nous avons emprunté dans -le
temps la notion qu’on trouve à l’article dont o-n
vient de faire mention. Le grand ouvrage de la
defcription de l’E gypte, qui a paru depuis, nous
met à même de donner dès notions bien autrement
détaillées fur les ruines de la haute Egypte.
Nous nous bornerons cependant à renvoyer le lecteur
aux planches qui ont paru fur ces ruines, &
qu’aucune relation écrite n’accompagne encore.
En confùltant le tom. I de cette defcription, on
trouve à la pl. 91 une vue du temple diHerman-
thisy prifè au fud-oueft, qui montre l’édifice tel
qu’on l’aperçoit du côté du Nil. Les colonnes font
plus élancées que 'Celles de la plupart des autres
édifices de l’Egypte.
La planche q& du même tome , repréfente la
face du temple dans fon état aftuel. Les pierres
accumulées fur le devant font les relies de l’enceinte
& des colonnes, qui occupoient la partie
antérieure du temple*
La vue du temple, n°. q3 , eft prife au nord-
oueft. En avant eft un refte de conftruâion qui pa-
roît avoir appartenu à une enceinte générale. Il
ne refte prefqu’aucune trace de la galerie qui en-
vironnoit le temple.
L a planche 94 contient le plan,. la coupe & les
élévations du temple.. Selon le plan, dans lequel
plufiieurs parties font reftituéès, d’après, les co.11-
jeébires que d’autres temples peuvent iuftifîer,
ce monument fe fèroit compofé d’un feul prodro-
jnos ou cour carrée,. formée par des colonnes
d’une’ plus haute' dimenfion que celle du Naos
proprement d it, lequel auroit confifté en une
pièce,, plus longue que la rge, de huit à dix pieds
de longueur, en y comprenant une petite division
qui fè trouve à l’extrémité. I l auroit été entouré
de colonnes formant galerie extérieure, qui
ont toutes difparu, mais dont on a trouvé des
indications.
Ce temple n’auroit été qu’un affez petit édifice
comparé aux autres monümens de l’Egypte j mai$
pour l’affirmer ,;i il auroit fallu s’affurer fi
ruines dont on trouve des veftiges n’ont pus appartenu
à ce temple , & n’en faifoient pas un en-I
tenable plus confidérable : caries temples d’EgypJ
étoient fouvent plus grands en plan qu’eu élé-|
vation; & comme ils fe compofoient de beaucoupl
de portiques qui fe fuccédoient, de telle forte que
le Naos proprement d it, ou le fanôtuaire, n’en
étoit que la plus petite partie, il fe pourroitque
ce qu’on voit du temple d’Hermonthis ne foitj
qu’unè portion de l’ancien temple.
Ce qui le feroit croire, c’eft' une ruine voifineI
qui paroît être celle d’une églifè ou bafilique clivé-
tienne, bâtie des débris du temple à’Hermonthis, I
Ainfi en-ont jugé tous les voyageurs qui ont vifité fl
la haute Egypte.
Il fubfifte encore à Hermonthis un grand haf-
fin dont l’axe correfpond précifément au milieu J
de la longueur du temple , qui n’en eft éloigné
qu’à la diftance de vingt toifes. L ’eau du Nil y fé- Il
journe long-temps. On croit qu’il y avoit là une
colonne niiométrique. Aux angles de ce balïih
font encore des efcaliers par lefquels on defcendl
jufqu’au fond , mais ils font très-dégradés, & l’onI
n’a pu reconnoitre exa&ement le nombre de J
marches dont ils fe compofoient.
On, renvoie le lecteur, pour prendre une plus!
exaële connoiffànce des veftiges; di Hermonthis I
la planche 97 de la defcription de l’Egypte', d’où I
nous avons extrait ces détails. Il y trouvera un I
plan géographique où font indiqués ces relies, &
les rapports, dans lefquels les. monümens étoient I
entr’eux.
HERMOPOLIS (Magna}. Ville de l’antiqueI
Egypte, dont on trouve encore des ruines allez 1
confidérables fur les terrains occupés aujourd’hui I
par la ville qu’on appelle Achmouneyn, ainfi que 1
le prouve M. Jomard dans l’ouviuge de ladefenp-1
tion dé l’Egypte.
« Les divers débris (d it c e voyageur) qu’onI
i> trouve en cet endroit, annoncent la richeffede I
» l’ancienne Hermopolis y & l ’étendue aôluelle des j
»'ruines confirme cette idée. Le tour eft de trois |
» mille deux cent trente toifes. Les conftrucuons
» particulières ont difparu, comme: partout}ce-,1
»' pendant en beaucoup d’endroits on trouve des
»• murs en briques crues qui paroiffent avoir ap-
» partenu à la haute antiquité. Il ne faut pa»
» les confondre avec d’autres conftruôlions qM
» font faites en briques crues de petite duuen-
» fioti, & qui font l’ouvrage des Egyptiens
■ si derhes : les premières fe reconnoiffant a *
» grandeur des briques qui les'compôfent. |
» LeportiquedlHermopolis f fèul refte.confide*
»' râble de cette-grande ville,,a appartenu à lu11
! «lus magnifiques temples de l’antique Egypte.
71 Les dimenfions des colonnes ne le cèdent qu à Is ]jes des colonnes qu’on trouve dans les grands
| de Thèbes , 8t le diamètre excède Celui
L §es colonnes de Tentyris de plus d’un quart.
La longueur du portique devoit excéder à peu
g rès dans le même rapport, celle du frontifpice
fc de cétte dernière ville:
! jj Le portique eft dans l’axe des ruines , à fix
L cent cinquante mètres environ de leur extré-
[>> mité feptentrionale. Il eft peu encombré :
L douze colonnes font encore debout, couron-
t n^es de leurs architraves & de leurs plafonds ;
j» mais il a beaucoup foufïert; il a même perdu
ls une ou deux rangées de colonnes entières, car L toat annonce qu’il étoit compofé de dix-huit
» ou vingt-quatre colonnes. La pierre dont il
» a été bâti eft calcaire, & l ’efpèce en eft numif-
I»1male..‘
I » Les architraves & les plafonds font encore
l» aujourd’hui en place, comme on vient de le
» dire. Un quart de la corniche , au milieu de la
U facade, eft également confervé } le refte n’exifte
L plus. Les antes ont difparu en entier. Les cha-
» piteauxfont mieux confervés que les colonnes :
» de vives couleurs y brillent encore d’un grand
lie éclat. •'
! » Le temple eft exaéfement orienté felon le
I'1# nord de la bouffole, c’eft-à-dire, que la façade
[» eft tournée vers le fud magnétique. Cette dits
re&ion n’eft point d’accord avec celle du levant,
:» qu’on croyoït avoir toujours été d’ufage en
» Egypte} mais l’axe du temple eft parallèle au
» cours du Nil. La ville à’Hermopolis avoit la
» même direôion que l’édifice, i& les axes de
» l’une & de l’autre fe confondent prefqu en un
1» feul. .. . . ,
» La hauteur totale dû portique, au-deffus de
» la bafe des colonnes , eft de feize mètres deux
» tiers, à fort peu près ; la bafe avoit environ fept
i» décimètres.de haut; la colonne, compris le dé
» & fens la bafe , a i 3 m. 16 de haut. La circon-
» férence du fut de la colonne, mefurée à la
» hauteur des premiers anneaux , ou bandes
* circulaires qui lient les côtes entr'elles, autre-
* ment dit de la quatrième affife , eft de 8 m. 8 :
» d’où, l’on conclut le diamètre de a m. 8,
* près de neuf pieds. Tout en bas du fût , la
» circonférence eft de 8 m. 7.
» Le chapiteau a 3 m. 94 de haut avec le dé.
» L’entre-colonement du milieu eft plus grand
* que les autres. La largeur eft de 5' m. 20
* entre le nu des fûts. L’enlre-colonnement or-
* dinaire eft de quatre mètres } parallèlement à
* l’axe il n’eft que de 3 m. 66.
a Le portique d’Hermopolis eft un exemple de
* la folidité de la conftruâion égyptienne. Aucun
» édifice peut-être n’avoit été bâti plus folide-
* îaent. Ses proportions font maflives + & la hau-
» feurde la colonne n’a que cinq diamètres, tan-
l » dis que dans d’autres monümens elle en a fix.
» En revanche l ’entablement a des proportions
i » moins élevées qu’ailleurs ; elles paroiflent même
» un peu baffes pour la hauteur des colonnes.
» Les affifes dont les colonnes font formées,.
» font égales & régulièrement hautes de O m. 56.
» La partie inférieure du fût a trois affiles} la
» partie moyenne & la partie fupérieure en ont
» chacune quatre ; les liens inférieurs une &
» demie, les deux autres liens chacun deux} le
» chapiteau en a fix, enfin le dé une 5 & fi la bafe
» en avoit une & demie exactement, comme je le
» penfe , le tout faifoit vingt-cinq affifes de hau-
» teur.
» Les pierres de l’architrave font d’une gran-
» deur énorme : il n’y en a que cinq dans toute
» la longneur de la façade. La plus grande , qui
» eft au milieu, eft longue de 8 mètres (près de 25
» pieds)} les autres font de 6 m. 8. Ce qui refte
» de la corniche eft une grande pierre un peu
» entamée du côté gauche, &. dont la longueur eft-
de 10 m. 8 (environ 33 pieds ).^
» Il n’eft guère pofîible d’affeoir un jugement
» fur la difpofition que devoit avoir ce grand édi-
» fice. Il eft certain que le premier portique étoit
» compofé de dix-huit colonnes, peut-être même
» de vingt-quatre, comme à Tentyris} & l’on
» peutv fuppofer avec vraifemblance qu’il étott
» fuivi d’un fécond périftyle, de plufieurs falles,
» du fanftuaire & de l ’enceinte.
» On remarque dans l’archite&ure de ce temple
» quelques particularités qui fans doute le fa i-
» foient diftinguer. Tous ces temples^ égyptiens
» ont dans leur corniche, au-deffus de l’entrée,
» un vafte globe ailé, qui s’étend d’une des cq-
» lonnes du milieu à l ’autre. Ic i il n’y a point de
» globe ailé} la corniche dans toute fa longueur
» eft uniformément décorée de légendes hiéro-
» glypbiques, appuyées fur des vafes, couronnées
» de feuilles & très-ferrées l ’une contre l’autre.
» C’eft l’unique exemple d’un édifice égyptien
» dont la façade ne foit pas décorée du difque
» ailé. Les colonnes n’ont d’hiéroglyphes que fur
» le dé & fur les fufeaux intermédiaires..
» Les coioiines dyHermopolis font décorées
» de fufeaux ou cannelures , comme beaucoup
m d’autres en Egypte , & le chapiteau eft en
» forme de bouton de lotus tronqué. Les fufeaux;.
» font liés par trois anneaux de cinq bandes
» chacun. En bas & au milieu ils font au nombre
m de huit} au-deffus il y a trente-deux fufeaux.
' » Le chapiteau eft également à côtes , & le nom-
i » bre en eft auffi de huit. Le bas du fût eft ar -
! » rondi &. un peu plus étroit que le diamètre du
! » premier tiers : c’ëft l’imitation de la tige du
» lotus à fa partie inférieure.
» Ce qui étoone le plus après les proportions
» gigantefques des colonnes, c’eft la conferva-
» tion des couleurs dont le temple étoit revêtu*