
affeO.ee depuis a beaucoup de deftînations dî-
verfes , eft refte'e dans fon intégrité.
Cjeîl donc daus celle partie du Louvre qu’on
peut juger du génie de Lefcot 8c apprécier fon
goût.
A Pepoque où il vécut, on voyoit en Italie,
comme en France, régner dans ia pratique des j
arts une plus grande union qu’aujourd’hui. L’art
de 1 architecture flirt ouin’étoit point ifolé, comme
cela eft arrivé depuis, dans un enfeignement fpé-
cial 8c indépendant. Tout artille delïinateur, il
eft vrai, croyoit pouvoir être arcbite&e ; mais aufli
tout arcn.ite61e étroit réellement un defîinaleur,
dans la plus noble acception de ce mot. L’arehi-
teâure le compofant effectivement de deux "principales
parties qui peuvent renfermer les autres,
lavoir, futile qui eft la conftruêtion, & l’agréable
qui en eft la décoration, il eft certain que le parfait
archjteüe eft celui qui réunira en entier ces deux
parties : & l ’on accordera aufli que de tout temps
il a été rare que l’un des deux elprils ne l’ait pas
emporté lui* l’autre.
Ainli, à l’àge où fleurit Pierre Lefcot, l'architecture
étoit ordinairement profelfée par des
hommes qui étoient à la fois peintres St fculpteurs.
Des-lors le goût de l’ornement & de la décoration
dominoit dans les deffins des architectes. Cela ré-
fulte avec évidence des compofitions de Pierre
Lefcot. Il eft certain que la fculpt lire eft prodiguée,
quant à la quantité des objets, & aufli quant à
I effet, dans f attique fur tout de la façade que nous
examinons. Il y a fans doute lurabondance de ri-
cbeffes 8c furcharge d’ornemens, en confidérant
particulièrement.la nature-de l’étage, & ce qu’il
devoit comporter de décoration, par proportion
avec les étages inférieurs.
On entend à la vérité comment, félon un certain
point de vue, Pierre Lefcot fut conduit à ce
défaut. Confidérant que les étages inférieurs demandent
plus de folidité apparente, & dès-lors
plus de Cmpli ci té ; étant parti, dans le rez-de-
chauffée, du corinthien, il crut devoir augmenter
de riclieffe dans le premier étage, par l’emploi
du compofite , & en fuivant cette prétendue
échelle de proportion, il ne trouva rien de trop ;
riche pour 1 attique placé au-dëlTus. Cependant un
autre genre de convenance devoit donner à penfer
que la richefle que’ l’on porte à la décoration des
étages, doit être aufli proportionnée à l’importance
de ces étages, & qu’un attique n’étant qu’un
étage parafite ou de nécefiité , il ne convenqjLt
pas de lui prodiguer, d’après ce caraâère, tous
les privilèges de la magnificence.
Quoi qu’il en foit de ces obfervations, on ne
fauroit refufer beaucoup d’eftime à celte architecture,
foit qu’on examine les détails de la façade
qu’on voit encore aujourd’hui dans fon entier, foit
qu on Ja confidère dans fon enfemble. On admirera
toujours la pureté, la correètion & la belle
C&écat^dxt des ordonnances, des croil^çs, des fii-
Tes, des chambranles de portes ou de fenêtres
j Sans doute aufli la perfe&ion de la fcu lp t ure M
| pas peu contribué au mérite & au bel effei-de cette
i laçude.' Ce fut un bonheur pour Pierre Lefcot, I
d avoir travaillé de concert avec Jean Goujon • &
loH’qu’iUègne entre l ’architeOe 8c le fculpieu/ua
tel accord de ftyle & de goût, chacun - des deux
arts reçoit de l’autre, ce charme & ce mérite (ju’oo.,
ne fauroit définir mieux, qu’en difant que les
j deux parties femblent être l’ouvrage d’un leul.
I II peut y avoir & il .y a efïeêlivement fur le mu- I
j rite d’enfemble de la façade de Lejcot, diverfiié
j d’opiuion. Rien ne la conftale mieux que les
I changemens furvenus dans' l’élévation de la cour I
j du Louvre, lorfque de nouveaux projets tendirent '
j lucceffivement à Tagrandiflement de cette caiir. I
| Ce fut, à ce qu’il paroit, fous Louis XIII que prit
naifîuiice l’idée de quadrupler l’enceinte-projetée I
par Lejcot. Elle ne devoit avoir en effet que le
quart de la dimenfion a&uelle dans fon intérieur.
Le Mercier fut chargé de l’éreêlion du grand pavillon
des caryatides de Sarrazin, qui lubfifle encore
aujourd’hui, furmonté d’un dôme, & ce fut
lui qui, en continuant dans les parties inférieures j
de ce pavillon les ordonnances de Lefcot, éleva
en pendant, & ^toujours lur les mêmes deffins,
l’autre aile qui s’appuie au pavillon.
Lorfque de règne en règne, & de projets en projets
, 1 enceinte de la. cour du Louvre eut été cjua-
druplee, ce batiment, tant de lois repris & a ban- I
donné, oliroit des parties élevées fur les deffins
de Lefcot y & d autres où l’on avoit fubftilué un
troifième étage, ou ordre de colonnes, à l’étage en
attique du premier architecte. Celui alors que l’on
fut à même de décider lequel des deux enfembles
avoit de 1 avantage fur l’autre j toutefois la'quef-
tion relia indécife. Il fallut enfin la réfoudre dans
les derniers projets qui ont été adoptés & exécutés i
i au commencement de ce fiècle, pour i’aclièvement
du Louvre. C’étoille moineùt d’opter; cependant le
relpeêt qu’on eut pourl’architetture de Pierre Lef
eût y quoiqu on préférât dans le refte le lyftème du
troifième ordre à celui del’attique, fut caufe qu’on
a laiffe intacte la fàçadë terminée en attique, &
cette façade, monument du génie de Lefcot, contribuera
probablement encore , à perpétuer l’in-
décifion fur le meilleur enfemble des deux projets. I
II y a en effet des raifons de convenance pour &
contre, 8c le bon goût en arcliite&ure ne fauroit
etre appelé tout feul, à prononcer dans de tels
débats.
En parlant des travaux exécutés dans le Louvre *
actuel par Pierre L e fco t, & confervés jufqu’à
nos jours, on ne fauroit omettre la grande & belle
falle quiNoc«upe le rez-de-chaufféç du çorps de
batiment dont çn vient de parier. Cette falle, de-
venue aujourd’hui uue des plus belles du Muféo
royal des antiques, eflremarquable par les dime»-
lioqs 5i par fa décoration furtout.
Le* trente années qui fe font écoulées entre la
oublieation du premier volume de ce Dièlounaire
gl l’époque où nous écrivons cet article, ont dorme
liea à bien des changemens qui doivent eu faire'
apporter beaucoup aufli dans les opinions 8c les
i ,i Je me as. Ainfi, à l’article Caryatide , où nous
citâmes les ftatues caryatides de Jean Goujon,
qui foutiennent la tribune de la falle c.onftruile
par Pierre Lefcot, nous reprofenlions ces figures 1
comme à peine connues 8c comme Cachées, fi I on
peut dire, dans un réceptacle ôblc-iir & poudreux de
fra^mens d’antiques. Alors la décoration de,cette
falle, les fculptures/ des chapiteaux &_d’aulves objets
u’éloient point terminées. Aujourdhui tout
a été fini & exécuté félon -les deffins de 1 architecte.
Cette falle , qui étoit un peu balle pour Ion
étendue, a reçu plus de hauteur, ce qu’on a obtenu
en baillant le terrain, & on peut la citer
comme un des plus beaux intérieurs que renferme
le Louvre. Le delïin de la tribune aux
caryatides offre une idée heureufe & riche.
Peut-êlre defireroil-on un peu moins-d ornetnens
dans l’entable'meni. L ’ordre introduit clans la décoration
de la falle eft une forte de dorique com-
pofë, 8c les colonnes y font difpofées d’une maniéré ^
allez pittorefque. Il y a une tort grande piagnili-7
cence dans la décoration de cette, cheminée qui
fait face à la tribune des caryatides. 1 ou testes
•fculpturès de cette eompofition ont été terminées,
fort heureulement, félon Tintéïition 8c le goût de
l’auteur, 8c l’on peut aujourd’hui juger du mérité
de cet enfemble, comme de chacune de fes parties.
La fontaine dite -défi Innôcens , & dont nous
avons parlé allez longuement à l’article Fontaine,
paffe encore pour être, de l’architeôture de Pierre
Lejcot , quoique d’autres en faffent honneur à
Jeaii Goujon. Celle incertitude provient du manque
de notions hiftoriques lur les ouvrages de ce
liède; elle lient peut-être encore à l’union qui
paroit avôitrégné entre Lefcot 8c Goujon, 8c plus
encore à celle qui, ainfi qu’on l’a dit au commencement
de cet article, allocioit dans ce lemps-
là le peintre, le fculpteur 8c l’archite&e par des
éludes communes , 8c établifloil fouvent entr eux,
dans les mêmes travaux , une communauté de
gloire 8c de fuGeès d’autant mieux fondée, que
cliâcun aui’oit pu être l’auteur unique de 1 en-
femblè , auquel il n’avoit contribué que pour une
’partie.
LEVAGE, f. m. {Terme de charpenterie.') On
appelle ainfi l’élévation ouïe tranlport dubois,
de l’atelier fur le tas.
LEVÉE. ( Ternie dfarchitecture hydraulique.)
Elévation de maçonnerie ou de terre avec dés
pieux, confti’uite en forme de quai ou^de digue,
pour foutenir les bergçs d’une rivière, 8c
empêcher qu’elle ne fe déborde. {Voyez Chaussée,
Digue.)
i LEVEES (Pierfes). On appelle pierres levées
8c pierres debout, des pierres brutes de diveiles
grandeurs, qu’on trouve érigées d une inameie
l’y métrique dans' diff érentes contrées de la France,
. entr’autres dans le Poitou 8c la Bretagne. On en
1 voit aufli de pareilles dans quelques contrées de
l’Angleterre. Quelquefois fur là fommité de deux
de- ces pierres qu-on appeffe debout, on en voit
qui font placées parallèlement, 8c qu on appelle
levées. Les premières font plus ou moins enfoncées
I en terre-; elles en l’orient quelquefois jufqu à la
hauteur de lix pieds. Ces fortes de monumens font
portés parades tertres artificiels de différentes
hauteui's, formés de cailloux reunis 8c ènlre-me-
, lés de le ire. Caylus, dans le 4e- & Ie _^e* volume
de fon Recueil d antiquités, a publié plu heurs,
pierres debout 8c plufieurs pierres levées.
La pierre levée de la Trébauehère, commune
! de Bernard dans la Vendée , eft une des plus grandes
que l’on connoifïè. M. Mazet, - bibliothécaire
de Poitiers, la mefura.en iySS; elle a vingt-cinq
pieds de long fur dix-fept de la rge, 8c plus de
deux pieds ,d’épaiffeur. Elle eft portee fur neuf
pierres debout de fix pieds d’élévation, 8c forme
une grotte de vingt-quatre pieds de long lur feize
de large. Différentes fouilles faites par le favant
bénédictin dom Fronteneau 8c par M. Mazet,
fous- plu fieurs de ces pierres, ont fait croire que
c ’éloient des monumens de fépulture.
Sous la couche fouvent épailfe de pierres 8c de
cailloux qui couvre la terre, on en^trouve une
féconde de terres rapportées, entre-mêlées d olle-
1 nens 8c de pierres : enluite vient une terre qui
commence à devenir noirâtre; un peu plus bas,
el:e eft évidemment cendrée, mêlée de ^charbons
& d’ofl’emens humains qui ont éprouve 1 aGion du
feu; quelquefois ils font calcines, la plupart font
rompus par morceaux. D’autres fois, comme dans
les fouilles faites parM. Mazet au vieux Poitiers,
on trouve fous ces pierres une,foÛb taillée dans
le tuf, renfermant des oflemens en partie brûles ,
mêlés d’une terre cendrée. A Tuai des bouts de la
foffe trouvée au vieux Poitiers , il y avoit une ai-
fiette de terre groffière 8c pefante, qui conlenoit
de petits os.
Dans le Poitou il y a des pierres debout qui
s’élèvent perpendiculairement de neuf à vingi-fix
8c vingt-lept pieds.
Si l’on a des conjectures fondées fur 1 objet 8c
l’emploi de ces fortes de monumens, rien n a pu
faire encore découvrir à quel fiècle ils appartiennent
, parce que jamais 011 n’y a trouve n^inlcnp-
tions ni objets qui puiflent en indiquer 1 époque.
LEV IER, f. m. On donne ce nom , le plus fou-
vent, à une pièce de bois (de brin ) pins, ou
moins longue, dont on fe fert dans une multitude
de travaux, pour foulever de gros lardeaux, en
introdnifaDt une de les extxémités fous le fardeau,
8t mettant un coin ou point d’appui pris de cett#