
d’objeSions contre ce genre de conftru&ions que
celles de Wréen & de Soufflet.
La décoration intérieure du dôme de Saint-Pierre
a suffi un avantage qui luieft particulier, c’eft d’être
dans un rapport exaél avec la décoration extérieure.
En décrivant celle-ci, on a prefque décrit l’autre.
Ce qui différencie le dedans , c’eft la richelTe des
ornemens dont la dorure, la mofaïque, la peinture,
l ’art des ftucs, y ont fait un bel & fage emploi.
Le ftylobate intérieur , orné de guirlandes, de
génies & de cartels, fupporte une ordonnance de
pilaftres corinthiens accouplés, de la même proportion
que celle des colonnes extérieures. Les
entrepilaftres font occupés par les croifées; tous les
ornemens de cette ordonnance font dorés, & les
pilaftres font revêtus de ftuc en manière de marbre
blanc veiné. Au-deffns de l’attique orr.é comme à
l’extérieur de parties renfoncées & de guirlandes ,
s’élèvent les côtes du dôme dont les intervalles pro-
duifent une décoration en compartimens décorés de
figures en mofaïque ; les fix rangées de figures qui
occupent la concavité de la voûte, repréfentent des
a”ges>;des faints & des apôtres. Au fommet eft le
Pere-Éternel fait en mofaïque. C ’eft auffi dans cette
maniéré imperiffable de peinture, que font repré-
fentés les quatre évangéliftes qui occupent les quatre
grands pendentifs; le refte du ddme, c’eft-à-dire les
grands .arcs & les piliers qui lui fervent de fupport,
participent tant pour le décore que pour l ’ordonnance,
a l enfemble de l’églife. Les pans coupés
font ornés de quatre grandes niches qu’occupent les
ftatues coloflales que l’on connoît.
La décoration intérieure de St-Paul, à Londres,
offre un parti d’ordonnance plus régulier que celui
de Saint-Pierre ; cela eft dû à l ’égalité d’entreco-
ïonnemens qui règne entre les pilaftres corinthiens
qui s’élèvent au nombre de trente-deux fur un ftylobate
continu. Les trente-deux espaces égaux entre
les pilaftres, font occupés par vingt-quatre croifées
& huit grandes niches. Au-deffus de cet ordre s'élève
la grande voûte en coupole, dont le fommet eft
percé d’une ouverture circulaire de dix-neuf pieds
de diamètre; cette voûte eft peinte, & rien, quant
à la décoration foit du ftylobate, foit des pendentifs,
n eft digne de remarque. La partie décorative
eft la partie la plus foible de l ’intérieur de ce monument.
Celui des Invalides l’emporte à cet égard fur
beaucoup d autres, linon par le bon goût, au moins
par la magnificence.
Les piliers du ddme fe trouvent percés par des
arcades & ornes de colonnes qui foudennent des
tribunes; au-deffus de celle-ci viennent les pendentifs
dont la forme peu févère & ornée de tableaux
richement encadrés, eft furmontée d’ un entablement
à çonfjles, C ’eft au-deffus de cet entablement que
commence la tour du ddme par un ftylobate rempli
d’entrelas & de médaillons , fur lequel s’élève une
.ordonnance de pilaftres compofites accouplés , dans
jfÇi entrecolonnemens defquels fpnt les croifées du
premierétage. Comme cette coupole fe çompofe de
trois voûtes infcrites l’une dans l ’autre, la voûte in-
termédiaire eft décorée d’un plafond peint par La.
foffe, & éclairée d’une manière infenfibleà l’intérieur
par les fenêtres du fécond ordre que nous avons vu
être celles de l’attique. Cette manière myftérieufo
d’éclairer ce plafond eft une invention de Manfard
& donne un grand prix à l ’effet total de cette déco*
ration. La voûte inférieure ornée de compartimens
alternatifs de cardons dorés, & d’ornemens peints f
s’ouvre dans le haut, & fert de cadre aux peintures
du plafond de la faconde voûte. Il règne dans tout cet
enfemble beaucoup d’éclat & de pompe décorative.
Le ddme de la nouvelle Sainte-Geneviève, dite
aujourd’hui le Panthéon François, n’eft pas encore
terminé fous le rapport de la décoration ; il feroit
par conféquent difficile d’en comparer l’effet total
avec celui des précédens ddmes. Cependant le genre
plus architectural que décoratif dont l’arçhiteéte a
fait choix pour la plus grande partie des ornemens
déjà terminés, laifle allez préfumer que ce ne feront
ni la dorure, ni la peinture qui en feront le mérite.
Un ordre de colonnes engagées règne au pourtour
de la tour du ddme ; au-denus s’élève la première I
voûte toute en caillons. Celle-ci s’ouvre, comme
aux Invalides, par un oeil au travers duquel on
verra un plafond de peu d’étendue que, félon toutes
les appareuces, on peindra fur le fommet de la fécond
e voûte. Lès pendentifs , le tambour du domt
ou ftylobate, n’étant point achevés de décorer, &
la reftauration qu’on doit faire aux piliers de ce
ddme , devant entraîner des changemens dans leur
maffe & peut-être auffi dans leur décoration, on ne
fauroit rien dire de cet enfemble.
Il réfulte toutefois de ce parallèle que la décoration
intérieure du ddme de Saint-Pierre eft celle qui,
en fe rapprochant le plus des formes effentielles de
l’édifice, eft la plus fimple, la plus une, la plus riche
& la mieux adaptée au local. Toutes les coupoles à
plafonds peints, outre les inconvéniens propres à ce
genre de peinture (voyef) plafond p e in t ) dont
on jouit beaucoup moins en réalité qü’en imagination
, ont encore ce défavaiitage que la peinture y
prenant la place des formes de l’architeélure, la
grandeur de la voûte frappe moins la v u e , & dès
lors le mérite de la hardieffe s’en trouve atténué.
L’accord entre la peinture & l’architedure eft une
condition néceffaire d’une décoration, quelque part
que ce foit ; mais il femble que cet accord ne fauroit
etre nulle part plus défirable que dans des monu- I
mens qui font le plus haut effort de l’ art de bâtir.
Le plafond peint repréfentant le ciel, fait difpa-
roitre la forme de la conftrutftion, & ne permet plus
à l’oeil d’en mefurer ou d’en apprécier l’étendue.
Sous ce rapport, on doit donner à la coupole de
Saint-Pierre la préférence pour le ftyle et le goût
convenable a la décoration d’ une grande voûte,
lorfqu’on ne l’orne pas de caillons-. Ce dernier genre
d’ornemens, le plus naturel à une voûte, & dont
l ’antiquité nous a laiffé de li beaux modèles, ne s’elt
. , , encore vu appliqué avec toute la richeffe &
toute la fintplicité qu'il comporte à la décoration
ntérieure d’une coupole. Celle de la nouv elle Sainte-
Geneviève , dite le Panthéon François, eft la feule
où on l'ait mis en oeuvre d’une manière un peu
correfle; & l’on doit dire que l’effet en auroit été
plus beau, fi cette voûte eut eu une plts grande
étendue.
D ôme a pans. Dôme dont le plan eft polygone
extérieurement & intérieurement, commme ceux
des éelifes de la Madona del popolo & délia Pace ,
à Rome. Il y en a auffi qui ne font polygônes que
par dehors, tel que celui de Saint-Louis ou celui
des Grands Jéfuites, à Paris.
D ôme surbaissé. C ’eft celui dont le contour
eft beaucoup au-deffous du demi-cercle, comme
le ddme de Sainte-Sophie, à Conftantinople.
Dôme surmonté Ddme qui eft formé en demi-
fphéroïde à caufe de fa grande élévation , afin qu’il
paroiffe à la vue de figure fphérique qui eft la plus
parfaite; tels font la plupart des ddmes entre lefquels
celui de Saint-Pierre à Rome, eft le plus grand &
le plus beau pour la forme & pour la proportion.
DOMINICHINO , enfrançois, D om in iq ua in -
C’eft le prénom fous lequel eft le plus connu ce
peintre célèbre qui mérita d’être mis au. rang des
ni US habiles archite&es de fon fiècle ( voyez sa vie
DONJON, f. m. Dans les anciens châteaux on appelle
ainfi la petite tourelle qui eft fur la platte-forme
d’une tour, & qui fert de guérite pour la fentinelle.
On donnoit autrefois ce,nom à la tour principale
d’un château fort, c’eft-à-dire celle où l’on pouvoit
en cas de fiége faire une dernière retraite.
Le donjon a difparu de l’archite&ure avec les
formes militaires des anciens châteaux, depuis que
les châteaux des nobles ont ceffé d’être des lieux fortifiés
, pour devenir de fimples habitations de luxe
ou de plaifance. Sa forme & (on nom finiront peut-
être par s’oublier ; ce qui eft déjà arrivé à l’étimo-
logie du mot : car les uns le font venir de dominion
s , mot barbare qu’on trouve dans de vieilles
chartes latines, & qui lignifie logement du feigneur ;
& d’autres le prétendent de domus jugi, maifon des
prifonniers de guerre.
Donjon fe dit auffi, en architecture, d’un petit
bajiment qu’on élève au-deffus du toit d’une maifon.
Le défir de refpirer un air plus pur ou plus v if,
& de promener fes regards fur une vafte étendue
de pays, en a établi l’ufage.
Ces fortes de donjons font ordinairement en charpente
; fouvent ils n’ont aucune décoration extérieure;
quelquefois ils ont la forme d’ une tente ou
d un pavillon chinois, & font ornés d’arabefques
BELVEDERE
DORBAY ( François') , architecte né à Paris,
& mort dans la même ville en 1698.
Dorbay fut avec Lambert un des principaux &
des meilleurs élèves de Louis Leveau. Plufieuis
des ouvrages de ce dernier s’attribuent affez fouvent
à l’élève qui n’y eut d’autre part que de les exécuter
fur les plans & fous la dire&ion de fon maître.
De ce nombre font l’églife & le collège des Quatre
Nations & diverfes parties des Tuileries, dans ief-
quelles Dorbay donna à ce château plus d’apparence
& d’étendue. Il fut auffi chargé par le roi
d’achever, après la mort de Leveau, les grands
j ouvrages que cet architeéfce avoit commencés pour
joindre le Louvre aux Tuileries.
Dorbay ne s’eft pas borné à continuer ou terminer
les entreprifes d’autrui, il a fait auffi conftruire,
d’après fes propres deffins, quelques édifices publics
& particuliers.
On compte parmi les premiers (félon les biographes
) l’ancienne églife des Prémontrés de la
Croix-Rouge , qui s’étant trouvée trop petite , fut
abattue en 17 19 , pour en reconftrùire une autre ;
l’églife des Capucines de la place Vendôme, en
1686; & l ’ancien hôtel des Comédiens François,
fauxbourg Saint-Germain.
A Lyon, Dorbay a bâti le portail des Carmélites 7
en 1682. La porte du Pérou à Montpellier, conf-
truite en 1692, eft de fon invention. C ’eft un grand
arc de triomphe percé d’une feule arcade fans colonnes
ni pilaftres. Un entablement dorique en fait
le couronnement ; on y voit quatre bas-reliefs exécutés
par Bertrand ; ils repréfentent, du côté de la
v ille , l’abolition de l’héréfie & la jon&ion des deux
mers par le canal du Languedoc ; du côté de la campagne,
les bas-reliefs font allufion aux victoires de
la France; on y voit des villes qui (e fou mettent au
roi repréfenté fous la figuré d’Hercule terra (Tant un
lion en même temps qu!il épouvante un aigle.
On prétend que l’oeuvre de Saint-Germain-I’A u-
xerrois, chef-d’oeuvre de menuiferie , mais dégradé
dans ces derniers temps par le nouveau fanatifme
iconoclafte , avec tarit d’autres produirions des arts,
a été exécuté fur les deffins de Dorbay 7 lequel fut
inhumé dans cette églife.
Dorbay eft celui que défigne Boileau dans fa première
réflexion critique fur quelques paffages de
Longin , lorfqu’ il dit : Je puis même nommer un des
plus célèbres de Vacadémie drarchiteélure, qui s1offre
de lui faire voir (à Charles Perrault, frère de Claude
Perrault, médecin , puis architeéle ) , quand il voudra
, que c'ejl le dejjin du fameux M. Leveau qui on a
fuivi dans la façade du Louvre , & qu’il n’ eft point
vrai que ni ce grand morceau d’architeéhire , ni
l’Obfervatoire , ni l’arc de triomphe , foient des
ouvrages d’un médecin de la faculté.- ( voyeç
l’article P e r r a u l t . )
Dorbay eut.un fils, nommé Nicolas qui fut
chevalier de l’ordre de Saint-Michel, contrôleur
. des bâti-mens du roi membre de l ’Académie-'