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chevron. Cette dernière méthode eft préférable,
parce qu’elle rend l’ouvrage plus droit & plus
folide.
Le lattis étant fait , avant de pofer l ’ardoife,
on forme l’égoût, c’eft-à-dire , le bord inférieur
de la couverture. Cet égoût peut fe faire de trois
manières comme pour la tuile , c’eft-à-dire , fimple>
retrouffé' ou pendant.
L ’égoût fimple fe fait en pofant le premier rang
d’ardoifes , de manière qu’il recouvre le chéneau
pour, verfer fes eaux dedans. Les égoûts retrouffés
fe font en tuiles, comme nous l’avons ci-devant
expliqué ; on a feulement la précaution de peindre
ces tuiles en noir pour ne pas faire difparate avec
l ’ardoife. Quant au furplus de la couverture , il
s’opère par rangs horifontaux , en allant de bas
en haut ; on les pofe en liaifon, de manière que
les joints montans d’un rang , répondent précifé-
ment au milieu des ardoifes qui forment les rangs
au-delfus & au-deffous. Le bas de chaque rang doit
être aligné & de niveau, en fuivant tous les contours
du comble & les faillies des lucarnes. Le
pureau ou la partie apparente de l’ ardoife devroit
être proportionné à la pente du comble, c’eft-à-
dire , qu’il devroit diminuer en raifon de ce que
le comble a moins de pente ; enforte que fi } aux
ardoifes qui couvrent la .partie inférieure d’un comble
à la manfarde , on fait le pureau du tiers de la
hauteur de l’ ardoife, il ne devroit avoir que le quart
à la partie fupérieure qui eft moins inclinée. L’u-
fage eft de donner au pureau le tiers de la hauteur
de l’ardoife, quelle que foit la pente du comble.
Les noues , les faitages des couvertures d’ardoifes
fe font ordinairement en plomb, ainfi que
les arêtiers & les deffus de lucarnes. Voyez ces mots.
On peut cependant fe difpenfer de plomb fans
nuire à la folidité, lorfqu’on veut y mettre de
l’économie, en couvrant le faitage & les arêtiers
en tuiles creufes , que l’on peint en noir à l’huile,
de- même que les noues. Si l’angle des arêtiers
eft trop aigu pour pouvoir être couvert en tuiles
creufes ordinaires, on obierve de tailler les ardoifes
de manière qu’elles forment jufte l’aretier, & que
celles d’une face recouvrent exactement le deffus
des autres, afin que l’eau ne puiffe pénétrer nulle*
part. On peut feulement pofer par le bas une petite
bavette de plomb, taillée en oreille de chat, qui
ait un peu plus de faillie que l’ardoife.
Lorfque les combles font à la manfarde , on
obferve de former au droit du brifis, un petit égoût
de deux ou trois pouces , pour recouvrir le premier
rang d’ardoifes delà partie inférieure du comb
le ; fouvent on y met une bavette de plomb.
Des couvertures en tuiles creufes 6* plates.
Ce genre de couverture , .dont om fait ufage
en Italie , eft fort ancien ; e’eft celui dont fe fer-
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voient les Romains. On en trouve encore desvef.
tiges dans les ruines des édifices antique*. Pour
faire cette couverture , au lieu de planches 3c
de lattes, on pofe fur les chevrons efpacés d’un
pied environ , de milieu en milieu , de grandes
briques, que l’on appelle à Rome pianclTc. Ces
briques ont onze pouces ôc demi de long , fur cin<|
pouces dix lignes de largeur & treize lignes d’é-
paiffeur. Elles pofent d’un chevron à l’autre , êt
forment une fuperficie plane, félon la pente du
comble. Sur cette fuperficie on pofe les tuiles
plates à rebord , qui fervent de chéneau. (Voyez la
figure 217. ) Ces tuiles , que les Italiens appellent
tegole, font plus larges par le bas que par le haut.
A Rome, elles doivent avoir , fuivant l’échantillon
qui eft au Capitole , quinze pouces neuf
lignes de longueur ; le bout le plus large a douze
pouces quatre lignes, & le plus étroit neuf pouces
trois lignes ; les rebords de droite & de gauche
ont onze lignes de hauteur & dix lignes d’épaif-
feur. L’épaiffeur de la tuile , au droit du canal,
eft aufli de dix lignes.
On pofë ces tuiles par rangées qui vont du haut
en bas du comble, comme les chénaux des couvertures
en tuiles creufes, en obfervant de les faire
recouvrir les unes fur les autres d’environ trois
pouces, de manière que la partie étroite de chacune
v entre dans la partie large de la tuile fupé-
rièure. Ces rangées , qui font difpofées fuivant la
dire&ion de la pente, font éloignées l ’une de l ’autre
d’environ un pouce ôt demi ; l’intervalle qu’elles
laiffent entre elles eft couvert par des tuiles creufes
femblables pour la forme , à celles dont nous
avons déjà parlé. Ils appellent ces tuiles canale, I
leur longueur eft la même que celle des tegole ou I
tuiles plates 5 leur plus grande largeur ou diamètre
eft de huit pouces onze lignes , ôt le petit de fix I
pouces & demi fur huit lignes & demi d’épaiffeur. I
On les met en place en les faifant recouvrir les
unes fur les autres. Voyez la figure 218.
Les tuiles que les .anciens Romains employoient I
dans leurs grands édifices étoient beaucoup plus
grandes. Aux thermes de Caracalla, j’ai mefuré
des tegole ou tuiles plates , dont la longueur étoit
de plus de deux pieds, & la plus grande largeur
de dix-neuf pouces. Voyez le mot Tuile.
Les anciens faifoient quelquefois leurs couver-
turcs en grandes pierres , ou en pièces de marbre
taiflées en tuiles. On en a trouvé plufieürs au
temple de Serapis à Pouzzol. Leurs dimenfions
font les mêmes que celles en terre cuite des thermes
de Caracalla. Le baptiftère de Florence & Péglife
de Milan font couverts en.dalles de marbre. Voyez
le mot Terrasse.
Des couvertures en plomb.
Cette efpèce de couverture n’a été mife en ufage
que pour les grands édifices. C ’eft ainfi qu’eft co.uc
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verte Péglife de Notre-Dame de Paris. On s’en fert
encore pour couvrir les dômes , les combles auxquels
on ne peut donner que très-oeu de pente , &
les terraffes. Une couverture en plomb bien faite ,
eft extrêmement folide & durable , mais elle eft
fort lourde & fort, coûteufe. Le plus grand de ces
défauts eft que, lorfqu’ un édifice couvert de cette
manière eft incendié , le plomb qui fond, empêche
qu’on ne puiffe y porter du fecours. Cependant,
comme il fe trouve des cas où l’on ne peut pas fe
difpenfer d’en faire ufage, nous allons décrire la
jftanière dont elle s’exécute.
Lorfque les chevrons du comble , que l’on veut
couvrir en tables de plomb , font pofés & bien dref-
fés, on cloue deffus des voliges de quatre à cinq
pouces de largeur , difpofées par rangs horifontaux,
efpacés entre eux d’environ deux pouces. Après cette
opération , le plombier , qui exécute ordinairement
ces efpèces de couvertures , commence par pofer
le chénau qui doit regner au bas du comble. Le
dolîier de ce chénau étant bien rabatu fur les vo-
liges qui forment le bas du comble, on pofe au-
delfus un rang de crochets de.fer plat terminés par
le haut en pattes percées de trois trous pour les
clouer. ( Voyez la fig. 219. ) Ces crochets doivent
être pofés de manière que le plomb qu’ils ont à
foutenir par le bas, puiffe recouvrir le doffier du
chénau de plomb. Cela fait, le plombier pofe le
) premier rang de tables , de manière qu’elles entrent
dans les crochets , enfuite il les étend & les dreffe
avec une batte de bois ; il les arrête par le haut au
droit de chaque chevron avec de forts cloux'qui
puiffent traverfer le plomb , les voliges & une
partie des chevrons. Ces doux ont ordinairement
deux pouces & demi de longueur. Les tables ,
dont on fe fert pour les couvenures , ont le plus fou-
vent douze pieds de long fur trois pieds de large ,
& environ deux lignes d’épaiffeur ; on les pofe de
manière que la largeur eft fuivant la hauteur du
|> comble. •
Il faut obferver de ne pas joindre les tables qui
L forment un même rang, avec la foudure , parce.,
qu’elle eft fujette à fe rompre par l ’ effet de la dila-
I tation & de la condenfation du plomb, fuivant la
I température de l’air. 11 vaut beaucoup mieux re-
• plier les bords de» chaque table pour former un
l bourrelet que l’ on arrondit avec la batte.
Le premier rang de table étant mis en place , on
! continue à en pofer, de même, jufqu’au haut du
l comble, où l ’on met un enfaitement, s’il eft à
t deux pentes.
Il faut avoir foin d’arrêter les tables de-plomb ,
{ qui forment Penfaitement avec des crochets , pour
! qu’elles ne puiffent pas être dérangées ni empor-
| tees par les vents.
Les couvertures des dômes s’exécutent de la
| meme manière, lorfqu’elles n’ont point de côtes
I taillantes. En étendant les tables de plomb avec la
| Patte, on leur fait prendre le galbe du dôme. Il
[ *aut auffi éviter les foudures pour les joints mon,-
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tans, & former des bourelets qui aillent fe terminer
au fommet ; & comme les intervalles entre ces
cordons diminuent de largeur, il eft à propos ,
pour avoir moins de rangs de tables & économifer
les recouvremens , de pofer les derniers rangs de
manière que la longueur des tables faffe la hauteur.
Lorfque l’extérieur du dôme eft orné de côtes
faillantes, il' faut faire enforte que les intervalles ,
ainfi que les côtes, puiffent être couverts’, à chaque
rang , par une ...table d’une feule pièce , pour qu’il
n’y ait de joints montans que dans les angles ren-
trans des côtefcr pour former ces joints, on replie
le bord des tablés" en fens contraire, de maniéré
i que l ’eau ne puiffe jamais pénétrer dans le joint.
| ( Voyez la fig. 220. )
Il y a des dômes où l’on ne couvre en grandes
; tables de plomb que les côtes faillantes , & les in-
; tervalles le font en petites ardoifes que nous avons
ci-devant défignées lbus le nom; de quarteiles. Ces
ardoifes font quelquefois taillées en écailles de
poiffons. Dans les pays on l’ardoife eft trop rare,
on fait ufage de tuiles peintes 6c verniffées.
Il fe trouve des dômes o ù , au lieu d’ardoifes ,
et de tuiles , on s’eft fervi de petites lames de
plomb taillées de même. Au refte, ces ardoifes ,
tuiles ou petites Urnes de plomb , fe pofent en place
comme les ardoifes des combles ordinaires 9 fur un
lattis de voliges arrêtées avec des clous.
Des couvertures en cuivre»
Au lieu de tables de plomb, on peut fe fervir
avec beaucoup d’avantage de lames de cuivre laminé
qui exigent beaucoup moins d^épaiffeur ; parce
que le cuivre eft plus compati:, plus folide ; qu’il
s’altère beaucoup moins aux injures de l’air que le
plomb ; d’où il réiulte que les couvertures en
cuivre font plus légères , & quelquefois moins coû-
teufes.
L a . manière ordinaire d’employer les lames de
cuivre pour former les couvertures eft de les
joindre les unes ôc les autres par des doubles plis ,
Ôc d’arrêter chaque feuille fur les planches du
comble avec des vis cachées fous les plis. Mais
'1 comme cette matière eft fujette à fe dilater, ôc
qu’elle eft plus élaftique que le plomb , les feuilles
fe bourfouflent dans les grandes chaleurs au
I point d’arracher les vis. On peut remédier à cet
inconvénient ; pour cela-, il faut les arranger
par bandes allant depuis le bas du tcît jufqu’au
faîtage, & formées de pièces qui fe recouvriront
les unes & les autres de trois à quatre pouces a
comme les ardoifes.
Quant aux joints montans , les bords de droite
& de gauche d’une de ces bandes feront pliés en
deffus, & ceux de la fuivante en deffous , de
manière que ces dernières formeront des
efpèces de côtes faillantes ; chaque pièce fera
arrêtée parole haut feulement avec des vis à têtes
; arrafées, fous le recouvrement. Par le moyen de