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points d’appuis en agiffant latéralement, ou obliquement.
V o y t ^ le mot Poussée.
Les effets du taffement font proportionnels au
poids de l’édifice , à la compieffibilité du fol ou des
matériaux que l ’on met en oeuvre-, & à l’étendue
de leur fupeificie. De plus, il eit très-effentiel
d'obferver que les effets du taffement tendent à raffermir
les parties fur iefqueiles le taffement alieu ,
en les rapprochant, lorfque ce rapprochement peut
le faire fans détruire l’objet comprimé. C ’elt ainfi
qu’une fuperficie de terrain-& certains ouvrages
de maçonnerie bien battus, n’en font que pluslo-
lides. On peut conclure de ces obfervations i° . Que
les effets du taffement ne peuvent durer qu’un
temps ; 2 ° : 'que les premiers effets doivent être
les plus fenfibles; '3°. qu’ils vont toujours en diminuant,
jufqu’à. ce que les parties comprimées
ayent acquis une fermeté égale à l’effort du poids
qu’eiles ont à ioùtenir ; 4V. que l’on peut diminuer
les effets du taffement envaugmentant-l’étendue
des lurfaces portantes; erî railon de leur plus
grande comprembiiité. Ainfi un habile architecte
qui examiné avec attention le Ici fur lequel il veut
établir un édifice, les matériaux qu’il doit employer
à fa conftruétipn , peut prévenir les effets du talfe-
ment, en proportionnant les dimenfions desfonde-
mens ÔC points d’appui* à la nature du fel & des
matériaux, afin que ceux qui font inévitables■, puil-
fent s’elîeéiuer fans caufer de défunions ni de ruptures
capables dé nuire à la folidité ; mais lorf-
qu’un architecte a négligé de prendre toutes J.es
précautions que nous venons d’indiquer, & que le
fo l, ou les ouvrages que Ton*a établis deffus, font
fufceptibles d’une grande compreffion , il doit né-
ceiTairemenf en réïulter des effets dangereux, qui
peuvent quelquefois être caufes de fa ruine; fur-
tout fi ces effets font dans le cas de faciliter les efforts
latéraux, ou la pouffée de quelque grande’
voûte, comme la co u p o le double de Saint-Pierre,
qui porte à fon fommet une lanterne, dont le poids
eit de trois millions. , ’
Les effets de la pouffée font beaucoup plus à
craindre que ceux du taffement, parce qu’au lieu
de diminuer & même de s’anéantir au bout d’un
certain temps, comme ep s derniers, ils vont toujours
en augmentant ; dès qu’une fois'la pouffée
a commencé.à ?gir, ia réfiftance perd tout ce que
gagne ct’tre pouffée ; la moindre commotion ou
ébranlement lui fait faire de, nouveaux progrès,
qui tendent de plus en plus à la ruine de l’édifice ,
rorfqu’on néglige de les arrêter: c’eft ce qui feroit,
arrivé à-la co u p o le de Saint-Pierre", fi on eût tardé
encore long-temps à y faire las réparations dont
nous avons ci-devant fait le détail.
Nous avons déjà obfervé, que les fuites du
taffement inégal du genre de cor.ftruclion qu’on a
employé à cet édifice, &-du fol fur lequel fes
fondemens ont été établis, avoient été m.e des
principales; caufes de toutes les lézardes, ruptures
& défunions que l’on y remarque , fur - tout ay
mur de la tour du dôme & à la double coupole.
Il eil certain que ces effets ont diminué beaucoup
la réliftance des points d’appui, &. augmenté l’effort
des voûtes; & dans cet état le-moyen le plus
fimple & le plus efficace , d’empêcher les. progrès
du mal, étoit naturellement indiqué par la forme
circulaire de ce monument. Ce moyen étoit de
I entourer de piufieurs,cercles de fer placés à l’extérieur
, de manière que les .uns puffent empêcher
l’effoit de la pouffée des . voûtes, & les,-aunes
augmenter la réfiftance de leurs points d’appui.
Ln 1743 , Jean Poleni de Padoue fut chargé
par le pape BènpîtXIV, d’examiner l’état où le
treuvoit ce fuperbe monument, aii.li que le grand
nombre de mémoires qui' avoient'. été écrits fur
les dommages que I on y remarquoit. Le réfuitat
de cet examen, fut, que malgré les défunions,.
les lézardes, les ruptures. & les fur-plombs ‘que l’ou
voyoït’ aux différentes parties de _ cet. édifice , il
n’éroit pas en suffi grand péril., que vouloient le
faire croire la plûpart des auteurs.de ces écrits ; Ü
reconnut , ainfi que nous- l’avons1 fait depuis,
c’eft-à-dire, quarante ans après, crue la pouffée de
la grande coupole n’a voit sgi que fecondairement,
& que les principales caufes de tous ces dommages
provenoient, i ç . du vice des fondemens ; 2 ° . da
l’inégalité du taffement occafionné pan le mélange
mal combiné des différens matériaux employés à
la conftruélion des,'murs & des points d’appui ;
3 °- de là précipitation & du peu de foin avec lequel
ils furent mis en oeuvre.; 4^. du poids de Ja
lanterne, qui va à plus de trois millions; 5®. des
efforts qui ont pu avoir lieu alors du décintrement
de la double coupole . Il ajoute à cela les détériorations
que peuvent avoir feuflert les principaux
points d’appui de cet édifice, pendant le temps de
fa çonftruéîion, q 11 Vis opt refté expoiés à toutes,
les intempéries de l’air ( les travaux ayant été, interrompus
& repris à plufieurs fois, & notamment
la tour du dôme, qui relia après la mort
fie Micliel-Ange, pendant vingt-quatre ans, à découvert,
dans 1 état gu il l ’a voit lai fl’ée ) ; & enfin
plufieurs tremblent eus de terre allez violens^ qui
fe iont fait leu tir à Rome, & même les pércui-
fions de la foudre. Voyez pour un plus grand détail,
l'ouvrage de Poleni, intitulé : M em o r ie ijlo-
rich e d é lia g m n C u p o la d e l lem p io V a tic a n o .
C o u p o le de S a i n t - P a u l de L o n d r e s .
Cette coupole eft, après celle de Saint-Pierre de
Rome, la plus va fie & la, plus magnifique qiii ait
été exécutée. Elle eft placée au centre d’un fiiperbe
temple, commencé en 1670 & fini en 1726, iur
les deffias &. la conduite du chevalier Wréen,
célèbre. architecte avglois & mathématicien. Le
plan de cet édifice eft une efpèee de croix, com-
pofée de quatre nefs;.celle d’entrée & celle du
fond font fort longues, & les deux autres tprî
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R courtes. Toutes ces nefs ont des bas-côtés & des R arcades, dont les piliers font décorés de pilaftres R corinthiens,, du côté des nefs. C ’eft au milieu .de R ces quatre nefs que s’élève le dôme ou coupole. R Son plan, parle bas, eft un o&ogone régulier dont R chaque face a quarante-deux pieds de large; quatre R de ces faces font occupées par de grandes arcades
formant l’oursrture des nefs. Le diamètre de ces R arcades eft de trence-fept pieds fix pouces fix lignes B fur 78 pieds d’élévation.
S - Les quatreautres arcades font de même grandeur,
R sciais' elles ne font que feintes -, dans ces arcades
R on a pratiqué de grandes niches qui ont vingt-fix B pieds trois pouces de diamètre cinquante-un B pieds fix pouces d’élévation; le bas de chacune
H de ces niches eft percé de deux arcades formant B angle droit,''dont la largeur eft de treize pieds
R deux'pouces fur trente-fix pieds de haut. Ces
R; arcades correfpondent aux bas-côtés de deux nefs
R contiguës.- Cette difpofitioningénieufe procure des
» percés très-intéreffans, c’eft peut-être le plan de 4 la coupole de Sainte-Marie-des-Fleurs de Florence
I qui en a-fait naître l ’idee; quoi qu’il en foit^on
■ peut dire que cet arrangement eft beaucoup plus
■ heureux que celui à pans coupés que l’on a adopté
R dans prefque toutes les coupoles modernes; il a de
■ plus l’avantage de former une feafe plus folide ,
■ compofée de huit points d’appui, au lieu de
R quatre, ût d’avoir des pendentifs moins faillans.
| A la coupole de Saint-Paul de Londres, les huit
■ pendentifs rachètent un cercle dont le diamètre
■ eft plus petit que celui de l’oélogone formé par
■ les grands arcs & leuré pieds-droits, ce dernier étant
■ de cent ujs pieds quatre pouces, tandis que"-celui
■ du cercle eft de quatre-vingt-dix-huit pieds trois
■ pouces. - -A
I f Les pendentifs font couronnés par un entable-
■ .f ment complet, orné de confoles dont la hauteur eft
■ de fept- pieds'neuf pouces.
■ Latour du dôme rr’eft pas érigée au-deffus du
bu dé la fri fe de cet entablement, comme il a
■ ete pratiqué dans les autres monumens de ce genre,
■ •mais à trois pieds & demi en arrière, en forte que
bas de la tom a cent cinq pieds quatre pouces
Hlde diamètre ; cette différence de trois pieds &
^Raemi eft occupée par deux marches & un gradin
R k ? ^e<Iue^ on «peut s’affeoir ; au-devant eft un
alcon en fer, pofé fur la faillie de la corniche ;
■ :1e deffus de cette corniche eft élevé au-deffus du
■ •Pave de 92 pieds trois pouces.
■ La hauteur de la tour, depuis le deffus du gradin
■ dont nous- venons de .parler, eft de )8 pieds neuf
;Jf P0uces jufqu’à la natffance de M coupole intérieure.
i ,e nrur formant cette tour , au lieu d’être, d’a-
? ®lBb, eft incliné à l’intérieur, de quatre pieds
■ rU1.£ Pinces, c’eft-à-dire d’environ lè douzième de
■ Lu 1J£ueilr- Cette : difjïofiticn• qui feroit un vice
B ^ ^orïftrnttiôns ordinaires, fut imaginée par
■ L frC Jlt6^e ’ Pour augmenter la réfiftance de cette
ur >. contre les efforts réunis de la grande voûte
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intérieure, formant coupole ; & de la tour conique
.qui porte la lanterne.
L ’intérieur de la tour du dôme eft décoré d’un
ftylobate continu ,, fur lequel s’élève un- ordre de
pilaftres corinthiens, efpacé également & couronné
d’un entablement complet. Les trente-deux efpaces
égaux, entre les pilaftres, font occupés par vingt-
quatre croifées & huit grandes niches.- L’extérieur
offre une colonnade circulaire compclée de trente-
deux -colonnes engagées, auffi d’ordre corinthien ;
ces 'colonnes font dé même efpaeées également &
répondent aux pilaftres de linrérieiir , elles font
unies au'mur de la tour par le moyen de huit
maffifs, dans lefquels font pratiqués des vides circulaires
pour des efcaliers & des paflages ; dans chacun
des efpaces égaux, compris entre ces maffifs,
fe trouvent trois entre-colonnemens, dont les colonnes
font réunies à la tour par des murs fervant
d’éperon ; ces murs font percés d’ arcades , afin1 dé
pouvoir faire le tour du dôme à l’extérieur. Cet
arrangement produit, tant à I inteneur qu’a 1 extérieur
, une décoration régulière & une çonftruéîion
extrêmement folide, capable de réfifter a tous les
efforts de la co upole & de la tour conique qui porté
la lanterne. La colonnade extérieure eft couronnée-
d’un entablement complet avec une corniche à mu-
tules, fur montée d’une baluftrade , derrière laquelle
eft une tërraffe dont la largeur eft formée par le
reculement de.l’attique ; cette largeur eft de douze
pieds pris en dedans de fa baluftrade.
Au-deffus de l’ordre intérieur s’élève la grande
voûte en c o u p o le , dont le diamètre , pris à fa naïf- '
fan c e , eft de quatre-vingt-féize pieds fur cinquante- .
un pieds d’élévation de cintre, qui, par conféquent/
eft furhaufié d’environ trois pieds. Le fommet de
cette voûte eft percé d’une ouverture circulaire,
dont le diamètre eft de dix-neuf pieds; autour de
cètte ouverture règne une plate-forme de.fix pieds
de large entourée d’un, double balcon ; le mur circulaire,
qui .forme l’attique à l’exterieur, répond
au mur intérieur de la tour ; la hauteur de cet
21tique , depuis le deffus de la baluftrade jufqu’au-
deflbus de là corniche qui le termine, eft.de vingt-
un pieds; il eft percé de trente-deux fenêtres carrées,
ornées de chambranles , avec des pilaftres entre ,
formant conîre-forrs. ' ■
Au-deffus du cet attique , font deux gradins qui
Rapportent le galbe de la co u p o le extérieure. Ce
galbe eft formé. par une chat-pente couverte en.
plomb : il eft décoré des côtes, faillantes, ■ & arrondies
en forme de godrons. Cette co u p o le finit par
un amortiffement qui va joindre le bas .de la lanterne
Si. qui forme , en deffus, un balcon circulaire
élevé de deux cents cinquante-huit pieds au-deffus .
du pavé intérieur.
La partie du bas de la lanterne eft compofée.
d’un ftylobate qni. a huit pieds & demi de haut ;
celle au-deffus eft décorée d’un ordre corinthien
éieyé fur unfocle, & couronné de fon entablement;