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É C O R N U R E (voy. ê p a u f r u r e ).
ÉCOUTES , f. f. pi, On appelle ainfi les tribunes
à jaloufie , dans les écoles publiques & dans
les falles de fpeâacle , où fe tiennent les perfonnes
qui ne veulent point être vues ( voy. lanterne),
É CU R IE , f. f. Bâtiment deftiné à loger les
chevaux.
Dans les maifons d’une modique étendue, 1 '{curie
qui en fait partie n’effc qu’un local à rez-de-chauffée,
donnant fur la cour, ainfi que les remifes.
L ’incommodité que le bruit & la mauvaife odeur
des écuries occalionnent, engagent les archite&es à les
éloigner le plus qu’il eft poffible des habitations.
Dans les maifons fpacieufes & dans les palais, on
leur deltine une cour particulière % & un corps de
bâtiment féparé. L'écurie eft alors un long bâtiment
ou les chevaux fe trouvent féparés par des poteaux
& des perches, ou par des cloifons. L ’efpace qui les
renferme eft un peu élevé, & forme ainfi une pente
pour 1 écoulement des eaux. La mangeoire occupe
ordinairement la longueur de Vécurie 3 & l’on obferve
que le jour ne frappe point fur elle. La longueur de
I écurie fe détermine d’après la longueur de la.mangeoire,
& celle-ci eft déterminée elle-même par le
nombre des chevaux que Vécurie doit contenir, On
fixe communément la largeur d’un cheval de car-
roffe à ^quatre pieds, & l’on évalue à trois & demi
celle d un cheval de felle. Cette proportion n’eft
bonne que lorfque les chevaux font féparés par des
perches & des poteaux. Mais fi la féparation fe fait
par des cloifons, il faut au moins cinq pieds & quatre
pieds & demi.
La première diftinétion qu’on fait dans la conf-
truélion des écuries, eft celle des écuries (impies &
des écuries doubles.
L'écurie fimple eft celle qui nTa qu’un rang de
chevaux, comme Yecurit qui eft fous la grande galerie
du Louvre, ou celle qui eft à côté des T u ileries
, dont la voûte furbaiffée eft remarquable par
fon appareil C’eft un ouvrage de Philibert Delorme.
L a porte qui a été dégradée, offre encore des reûes
d un ftyle affez pur, & d’un caraâère convenable
au local.
L 'écurie double eft celle qui a.deux rangs de chevaux
, avec un paffage au milieu, ou avec deux partages*
les chevaux étant tête à tête & éclairés (ur la
croupe.
Relativement a la difpofition intérieure des écuries j
tant (impies que doubles, il y a plufieurs chofes à
confidérer, pour réunir la commodité à la falubrité.
1 . La largeur & la hauteur qu’il convient de
leur donner.
2 . La manière d’y difpofer les mangeoires & les
râteliers.
3°. La manière de les éclairer & de les aërer.
' 4% La forme à donner au pavé.
Dans une écurie fimple bien difpofée , la largeur
doit être au moins de treize pied« ? dont pour I3
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longueur du cheval & la faillie des mangeoires-1
furplus eft pour le paffage. Quant à la hauteur* 1
eft à propos qu’elle foit égale à la largeur, fi ej|,
couverte par un plancher. Mais fi Y écurie eft voûtée
il faut lui donner quinze pieds.
Lorfque les écuries font doubles, leur largeur dépend
de la manière dont les rangs de chevaux font
, difpofés. Si l ’on place les chevaux tête à tête, &
| les mangeoires dans le milieu , la largeur doit être
de trente pieds au moins, parce qu’il faut deux paf.
fages le long des murs ; la hauteur ne fauroit être,
moindre de quinze pieds. Mais fi les chevaux font
rangés le long des murs oppofés, comme il ne faut
qu’un paffage dans le milieu, vingt-deux pieds de
largeur fumfent,fur dix à douze pieds de hauteur.
Les écuries doubles ou (impies doivent être éclairées
de manière que le jour frappe fur la croupç .
des chevaux. Il ne doit pas y avoir de trop grandes
ouvertures, de peur de donner un trop libre accès
aux infeéles volans qui tourmentent les chevaux,
Le jour doit y être modéré.
Le pavé des écuries fera difpofé de manière
la partie fur laquelle fe tient le cheval ait une pente
affez confidérable pour donner aux eaux l ’écoulement
néceflaire. Cette partie doit être féparée des
partages par un ruiffeau.
On comprend auffi fous le nom écuries les bâti-
mens qui font partie de leur enfemble dans les grands
palais, & qui fervent de logement aux écuyers.,
pages, officiers & ouvriers néceflaires aux équipages.
Les grandes écuriesde Verrtailles, conftruites fur
les deffins de Jules-Hardouin Manfard, font au
nombre des plus beaux édifices de ce genre. Elles
font difpofés en demi-rcercle, à l’entrée delaprfc
mière efplanade du château , auquel elles font face,
& ne font pas le moindre ornement de cette place.
Du côté de la chapelle, eft la grande écurie ^ la
petite eft de l’autre côté. Leur dimenfion toutefois
eft la même , & leur difpofition n’éprouve que I
quelques variétés de plan. Leurs maffés font
blables. Leurs façades principales forment un demi-
cercle en portiques féparés par la porte d’entrée.
Ces portiques ont neuf arcades de chaque côté. Au-
deflùs des arcades s’élèvent deux étages, dont le fis-
perieur eft en manfardes. La conftruâion & le ftyle
de ces deux édifices ont plus de caraélère que n’en a
le refte de l ’architeéture du château. Leurs cours fe
terminent par des grilles également circulaires qui
font d’un affez bon effet. Chacune de ces écuries a
fon manège, les habitations, & tous les acceffoires
qui peuvent en dépendre, difpofés avec toute la
grandeur & toute l ’intelligence qu’orç pouvoit attendre
de la magnificence de celui oui les fit coni*
truire.
Un bâtiment du même genre, en foi-même peu*?
etre ,. mais relativement furtout beaucoup plu*
fomptueux, eft celui des écuries'de Chantilly.
C ’eft une façade d’une feule ligne de cent toile*
& plus de longueur, formée d’un feul rang d'arcades
rtervam de croifées. & taiiées en refend? \
E C U L jeffusdefquels règne un entablement qui n’eft
f interrompu que par le corps de pavillon dû milieu,
I n fe trouve la porte décorée d’ordre ionique,
Iflvec un grand ceintre au-deffus, dont le tympan
I eft orné d’un bas-relief qui repréfente des chevaux. I Ce corps de bâtiment du milieu eft couronné d’ un
[ toit en manfardes richement ornées félon le goût du
I temps, au-d,effus duquel eftfculptée une renommée..
I à cheval. En retraite de l’entablement dont on a
■ parlé, règne dans toute fa longueur, un étage de
Imanfardes répétées de la même manière aux deux I pavillons de chacune des extrémités. L ’intérieur I fe compofe d’un, manège couvert qui occupe le pa-
I ÿillon du milieu, & de chaque côté de ce manège,
l de deux grandes écuries doubles pour deux cents I quarante chevaux. Attenant , à l’aile droite de I Yicurie, eft un grand manège découvert, de forme
■ circulaire, dont l’entrée eft décorée de trois grands
arcs ornés de colonnes ioniques. Le tout eft d'une
;; grande magnificence, bâti en belles pierres de taille, I fpacieux, commode , & a toute la fomptuofitë d’un
I monument public.
I Cette conftruélion a été commencée en 1709, &
I terminée en 1735, *es £lc^ ns Aubert,
ECUSSON , f. m. Diminutif d’écu. L’ ufage
d’introduire des écuffons dans l’architeâure & la
décoration , remonte à une très-haute antiquité.
Les prafiques de ce genre, que nous attribuons ordinairement
à la chevalerie, réclament une origine
beaucoup plus ancienne. Les clypti & les feuta que
les Romains attàchoicnt & fufpendoient dans leurs
édifices, font à coup sûr la fource des ufages moderne*,
comme feutum eft Pétimologie d'écujjon.
« Un ufage qui nous eft propre, dit Pline, lib.
y XXXV, cap. 33 , & qui eft dû, félon ce que
* j’en apprends, à Appius Claudius, qui fut con-
» fui avec Servilius,ran 259 de Rome, eft celui
» de placer par forme de confécration privée , foit
» dans les temples, foit dans les monumens publics,
des écuffons, avec les portraits de fa famille. Ç’eft
» de cette manière qu’il confacra dans le temple de
» Bellone les images de fes ancêtres, qu’il se plût à
>> les mettre en fpeétacle dans un lieu élevé, & à les
» entourer d’inferiptions honorifiques. Bel ufage ,
» furtout pour la famille qui peut voir dans une
» reunion nombreufe d’enfans, &. dans la colieérion
V> de leurs portraits en petit, une longue lignée , &
P en quelque forte le berceau de fa poftérité. Per-
» Tonne alors ne contemple de tels coiffons fans
» plaifir & fans intérêt. »
* L’exemple d’Appius fut fuiyi par M. Emilius,
y collègue du confiai Q . Lutatius , qui plaça ainfi
ancêtres , non-feulement dans la bafilique
y Lmilienne, mais, auffi dans fa propre maifon. »
* tefte, cet ufage eft d’origine guerrière. II
» y avoit déjà des images fur les boucliers des héros
I y qui combattirent à Troye. De là vint la dénomi- * ûàÛ0n de clypeust c’eft-à-dire de 7/0/911?, & non
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» de 4lucre, comme l’ont prétendu fauffement de
» ridicules étymologiftes. Noble & belle inftitution
» dont la valeur fut le principe. Où pouvoit mieux
t> fe placer le portrait du guerrier , que fur le bou-
» clier dont il fit ufage. »
On a déjà parlé des boucliers dans les ornemens
de l’archite&ure (voyeç bouclier). Les écuffons
peuvent fe confidérer comme des repréfentations de
boucliers, comme une efpèce d’imitation dont l’art ,
le goût, le caprice & la vanité ont fingulièrement
varié & modifié les formes. Je parle ici de ceux
qu’on emploie comme ornemens, & non de ceux
dont les lois du blafon onr preferit la configuration.
J’ai déjà eu occafion de dire , au mot armoirie ,
combien les formes bizarres de la plupart de. ces
objets contribuoient à déparer l’architeâure. Il
femble que quand i’ufage en preferit l’emploi dans
les édifices, il vaudroit mieux les appliquer d’une
manière poftiche & incohérente avec l’architeâure ,
comme une forte d’acceffoire indépendant d’elle ,
que de les .convertir en marbre, en pierre, ou en
tonte autre matière folide, qui a l’air de faire partie
intégrante de la conftru&ion même. Ce font-là at*
refte de ces obfervations que le goût peut fe permettre
, fans efpérer que (es leçons remportent fur
celles de l’opinion & de la mode.
Le motéeuffon eft devenu, par l’analogie de certaines
formes dans certains arts avec celles d e l’ob;et
en queftion, un mot technique.
Ainfi on appelle écuffon, en ferrurerie, une petite
plaque de fer qu’on met fur les portes des chambres ,
des armoires, vis-à-vis des ferrures, & au travers
de laquelle entre la clef. On donne auffi ce nom à
toutes les platines qui ornent les heurtoirs , lés
boucles, les boutons & les entrées de ferrures. On
le donne à beaucoup de petits objets de détail &
d’ornement, ayant généralement une forme ovale,
& dont l ’énumération feroit fort inutile.
EDIFICE, f. m. Quoique, d’après fon étymologie
cédés qui fignifie maifon, ce mot fembleroit
ne devoir fe dire que des bâtimens d’habitation,
cependant l’ufage lui a donné dans la langue fran-
çoife une acception plus relevée. Bâtiment fie dit des
conftruâions ordinaires. Edifice emporte allez volontiers
avec lui l’idée de monument, furtout lorf-
qu’on l’emploie fous l'acception qui lui eft prefque
confacrée d'édifice publics.
E d if ic e s p u b l ic s . L e u r c a r a& è r e n e c o n f i f t e p a s
né ceffairemen t dans une d e ft in a tio n p u b liq u e . On
ap p e lle a in f i , fo it c e u x qui fo n t fa its a u x d ép en s du
tr é fo r p u b l i c , fo it c eu x q u i fo n t a f fe â é s à d e s ufages
p u b lic s , fo it c e u x q u i , te ls qu e les pa lais d e s g ran d s ,
s’ é lè v en t au -de ffus d e s fo rm e s , des p ro p o r t io n s , ou
des con v en an c e s ad opté es par l’ u fa g e p o u r le p lu s
g ran d n om b re des p a r ticu lier s .
Les édifices publics doivent d’abord fe diftinguer
par la folidité. Il faut que ce que fait un gouvernement
s’annonce comme durable. Tout caraâère op-
pofé Taccufe ou d’impuiflançcj ou d'imprévoyance«,