
; r-uys dont ils font originaires,. Ces. fortes de
jardins fervent particulièrement à l’élude de la
botanique.
Jardin potager. On nomme de ce nom un
jardin où l’on cultive particulièrement des légumes
& des arbres fruitiers. Ce ja rdin , dans
les grands parcs, elt féparépar un enclos du
refie des plantations , & il doit être éloigné des
bâtimens d’babitation , à caufe de la mauvaife
odeur du fumier qu’on y entaffe ou qu’on y
étend ordinairement , & qu’exige, dans la plupart
des terrains, ce genre de culture.
Jardin public. Jardin deftiné, dans les villes,
à la jouiffance du public &. au plaifir de la promenade.
Un jardin de ce genre doit être difpofé
dans le fyftème qne nous appelons régulier.
Jardin régulier. On appelle :ainfi vin jardin
difpofé dans le fyftème de la r é g u la r i té p a r
oppofition aux jardins où l’on imite l’irrégularité
des champs, où la nature n’eft .pas foumife aux
combinaifons de l’art.
Jardin suspendu. .Nom qu’on donne à des parties
de jardin, qui font élevées fur des voûtes.
Tels étoient, félon Phiftoire , les jardins de Ba-
bylone.
Jardin en terrasse. Jardin dont le terrain
eft entre-coupé par des terraffes qui forment
comme autant de jardins les uns au-deffus des
autres, comme on le voit à Verfailles, à Saint-
Cloud , &c.
JARDINAGE, f. m. Ce mot qui ne lignifie , en
général, que l’art de faire ou de cultiver les jardins,
a deux acceptions qui tiennent à la différence
des jardins, félon qu’on les confidèrefous le
rapport d’utilité ou fous celui d’agrément.
Les jardins du premier genre n’étant pas du
reffort de cet ouvrage, il eft clair que le jardinage
, dont il' peut être queftion dans cet article,
eft celui qui a trait aux jardins du fécond
genre. Mais ce genre, tout diftinél qu’il peut être
de l’antre, a pourtant avec lui beauconp de rapports
communs : tels font tous les travaux de labourage
, de culture, de plantations, de taille
des arbres 5 telles font les connoiffances des plantes
, de leurs produirions, des terrains & des expo-
£ lions qui leur conviennent, &c.
C’eft pourquoi l’art de faire des jardins d’agrément
comprend deux parties, l’une qui tient à la
cuiturè, l’autre qui tient uniquement à la compo-
fition & au goût qui en dirige les réfultats.
Ce n’eft que fous ce dernier point de vue que
nouç confidérons l’art de faire les jardins d’agrément.
Ainfi\ejardinage tel que nous l’entendons, eft
l’art de compofer & de diftribuer les jardins pour
l’agrément de la promenade & pour le plaifu- <jJ
jeu x .
Cet art fe divife aujourd’h u i, ou pour mieJ
dire, fes ouvrages fe divifent en deux genres q,J
tiennent à deux fyftèmes de compofition. 1 j
L’un procède par lignes régulières & par formej
ou plans fymétriques 5 l’autre procède par lignes
irrégulières, & n’admet ni correfpondance danj
les formes, ni fymétrie dans les plans.
Le premier fyftème, que nous appellerons re#J
lier, paroît avoir exifté feul dans l'antiquité • ijl
s’eft tranfmis aux Modernes , & s’eft perpétué feufl
dans toute l’Europe, jufqu’au dix-huitième fièclej
( Voyez Jardin. )
L ’autre fyftème, que nous appelons irrégulier I
a pris naillance dans l’imitation des jardins clii-j
nois, a été pratiqué d’abord en Angleterre, où il!
eft devenu un goût exclufif, & de-là s’eft répandu|
en Allemagne & dans le plus grand nombre des]
pays de l’Europe.
11 y a aujourd’hui fur la primauté de l’un ou de!
l’autre fyftème, des opinions fort diverfesj & quoique
l ’entraînement que produit l’empire de la]
mode, en France fur tout, ait fingulièremeni cou-1
tribué à y accréditer le fyftème de jardinage\nk\
gulier,, plulieurs raifons empêchent cependanl quel
ce genre n’y règne excluûvementj peut-être auffil
l’efpèce de manie que l’amour dé la nouveauté al
répandue en ce genre, en a-t-il difcrédité l’emploi.
Enfin, lorlque le goût & le raifonnement]
interviennent dans cette controverfe, on s’aper-]
çoit bientôt que la théorie ne fauroit accorder àl
un des deux genres, ce privilège exclufif quel
chacun d’eux réclame.
Le fyftème des jardins réguliers, après avoir!
été pratiqué conftamment & univerfellemenl par]
tous les peuples de l’antiquité & par toutes les na-l
tions de l’Europe moderne, s’eft trouvé fubite-j
ment, depuis le milieu du dernier fiècle, frappél
de défaveur, & profcrit comme contraire à la nature
par la plupart, foit de ceux qui fe fontlivrésl
à la compofition des jardins, foit de ceux qui ont!
écrit des théories fur ce fnjet, foit des parties I
liers dans leurs habitations de ville ou de campagne.
On afemblé de toute part regarder comme
un fait inconteftable, que le jardin devant etre
une imitation de la nature, celui-rlà feul avoit
l’avantage de l’imiter, qui reproduifoit l’afpeft deI
la campagne & les difpofitions qu’offrent les vues
payfagiques des champs, où rien ne fe préfente
fous des lignes droites & avec des formes compal-
fées & fymétriques. , .
C’eft cette opinion qu’on prétend examine!'ici«I
Et d’abord fur ce point, qu'un jardin doit être
une imitation de la nature, fans entrer dans a
véritable lignification du mot nature (qui e.n *
tant, comme l’on fait ) , appliquée à cette théorie «
dans le fens précis du mot imitation, qui u a P,
moins de manières d’être entendu, je demande d o
procède cette obligation qu’on impofe à un ja* »
j'Slte une imitation quelconque. Toute imitation
TunDofe un modèle. Où eft donc ici le modèle .
Un jardin eft un arrangement de plantes & de pro-
auttions naturelles ditpolées pour le beloin ou le
nlaifir de l’homme. Mais la nature, dans cetens ,
„’a jamais créé de jardin. La nature n’a jamais eu
en vue de préleûier le type d’une femblahle ditpo-
fition à aucun genre-d’imitation. Les betoins St
les plaifirs de-l’homme en l’ociété font fa divers,
félon les pays, les climats, les goûts variés-de
chacun, qu’il eft impoülble de croire que 1 idée
d’an jardin quelconque , puiffe être & devenu-jamais
une idée dictée par la nature. S u n y a ni
jardin dans la nature , ni dllpofilion de les productions
façonnée par elle , pour devenir l’exemplaire
del’ouvi-cige de l’homme, en vei-Lu de quoi pré
tend-on que l’art de difpofer un jardin doit procéder
par imitation ? Il nous paroit que ce prétendu
principe qu’on veut donner pour réglé au jardinage,
n’oft autre chofe qu’une pétition de principe,
à prendre la chofe dans fon fens fimple;
c’eft-à-dire , que l’idée de jardin nexiftant quen
tant quelle lignifie un ouvrage de 1 homme , cet
L duvragé n’a St ne peut avoir aucun modèle pohtit
■ dans la nature , qui n’a jamais fait ni pu-faire de
* il faut convenir toutefois que le mot & 1 idée île
nature pourroieut s’entendre ici d’une manière
— I & de la façon dont.nous avons dit plus
d’une fois, que la nature eft le modèle de 1 arclu-
leâare. Or, un grand nombrè d’articles de ce
Diaiormaire expol’ent dans quel.lens nous entendons
ici la nature , & le genre d imitation pro-
ore-à W M Quoique nous, ayons prouvé plus
d'une fois, que dans plufieufs pays , 1 art de bâtir
a appuyé' fon fyftème général lui- certains ou
vra-j-es d’une induftrie primitive, mfpirée par des
caufesi naturelles ; quoique nous ayons reconnu
aulli que quelques détails d’ornement dans les
édifices, ont eu pour modèle des plantes .& di-
verfes .produaions.de la nature , jamais toutefois
nous n’avons eu la ponfée de prétendre que ce fut
H que la nature ait pu fervir de modèle a
larcliiteàui-e. Nous avons, reconnu, an contraire ,
- que le modèle de cet tu t n’cxiftoit que dans Igs,
! lois générales de la nature, dansTpn e fp n t, St
dans l’application que l’artifte faifoit a Ion ou-
i m Ke, des principes d’ordre, d’harmonie, de ré-
giilarité , de raifon , que la nature a rendus len-
| fables dans toutes les oeuvres. Si c eft ainfi qu on
: entend que la nature doit être imitée par celui
qui cooipofe uu jardin, nous ne voyons aucun in-
I coüvunient à admettre que cette forte d imitation
i iatelleüuelle peut aufïi appartenir au jardinage. I Mais dès-lors difparoit cette imitation poütive de
| ladifpofvtiou fortuite, irrégulière &• arbitraire des
terrains, des afpects, des formes de la campagne,
de fes files, de fes cantons, tels qu’ils sollrent a
I nous.^.:.'^- ."
Pour fe réndjL-e bien compte de ce prétendu
Diction• d1 Arc hit. Tome II.
modèle, qu’on cherche à donner à l ’art de difpofer
les jardins, & de la prétendue imitation quôn
veut impofer . à l ’art du jardinage , demandons-
nous ce que c’eft que ce modèle, qu’on appelle la
nature. Où la prendre cette nature ? Nous ne la
connoiffons plus dans fon état primitif. Veut-on
qu’on fe reporte à cet état ou les contrées aujourd’hui
cultivées & ci.vilifées , étoient toutes
couvertes de forêts ? Non , (ans doute. Mais quel
’ nii ces contrées r
it de nature. Les
eft l’état où fe trouvent aujourd’l:
Ce n’eft plus, à wai dire, un é-U
befoins de. la lociété en ont change tous les al-
peêts. Le ha fard ou des caùfes inconnues en ont-
renouvelé la face. Des bourgs, des villages-, des
cultures , des routes r ^es plantations , des vergers
ont remplacé les bois. Mille, canfes. locales ou
accidentelles ont mis partout -l’art , l’mduftne
des végétations de commande, à la place de ce
que la nature, y a voit placé. Il n’y a plus qu une
nature plus ou moins laêrice , plus ou moins élaborée
ou. façonnée par le travail de I homme.
Pourquoi feroit-ce là 1e. modèle du jardinage?
Et qu’on.nous dife donc en vertu de quel principe
un jardin doit être difpofé en petit, comme le
hafard a difpofé en grand les afpe&s d’une contrée,
d’une étendue de pays quelconque , à moins
qu'on ne prenne ici lé hafard pour la nature. ^
Il eft vifible que comme il n’y a pas de véritable
nature dans la difpofition toute fortuite des
afpe£h de la campagne cultivée, il ne fauroit y
avoir, de modèle naturel do jardinage. •
Dira-t-on qu’il faut s’éloigner des pays où la
nature, eft modifiée par le travail de' 1 homme,
pour-aller chercher dans les déferts inhabités,, le
type de cette prétendue imitation i Piaifant modèle
& plaifanle imitation! ..
Mais, diLron , de très^grands jardins ont été dif-
pofés de façon à ^contrefaire les difpofitions foi’-
tuites de la campagne, de manière à faire croire
qu’on n’eft pas.dans, un jardin , & l’on trouve ces
jardins fort agréables.. Rien n’empêche fans doute
que ces jarditjs n.’.aient de l ’ugrement. Mais le
qneftion n’eft pas là. On trouve aulli tort agréables
des jardins difpofés de façon à contrafter avec les
afpeâs fortuits. & irréguliers de la campagne, &■
ordonnés dans un goût qui vous empeche de
douter que .vous foyez dans un jardin. Il s’agit de
favoir fi un de ces deux genres eft fondé lui- la
nature plus que l ’autre, &. fi l’ un eft, plus que
l’autre une imitation de la nature. Or, fi nous
avons-vu qu’il n’y a pas de jardin dans la nature ,
que ce qu’on prend pour la, nature n’eft plus la
nature primitive , que les afpeôfs des campagnes
peuplées, travaillées & cultivées ne prélenlent
qu’un réfultat fortuit de combinaifons accidentelles,.&
qu’ainfi ce prétendu modèle n’eft que le
hafard j s’il a paru que le jardinage ne pop voit
trouver dans la nature de modèle., qu’en lui vaut
les principes d’ordre & d’harmonie qu’on découvre
dans fes ouvrages, il fera clair que l’un 8c l’autre