dont on ne "fauroit demander compte au tyran des
langiie*, foit à l’enfeignement de l’enfance (& l’on
difoit les petites écoles, les écoles de charité ) , foit à
l’enfeignement de diverfes parties des fciences (&
ion difoit 1 * école de droit, V école de médecine, 1école de chirurgie). Aujourd’hui le mot générique
école a prévalu généralement dans les nouvelles dénominations
de ce qu’on appelle l’inftru&ion publique.
Un des meilleurs morceaux d’architeâure qui
foyent dans Paris, eft Yécole conftruite pour l’enfeignement
de la chirurgie, par M. Gondouin,en 1774.
■ 7 architeéle n’eut qu’un terrain affez étroit pour y
élever fon édifice, & il eft parvenu à lui.donner
1 air de grandeur & d’importance d’un monument
public. Son plan eft fimpîe & régulier ; les portiques
dont il a environné fa cour, conviennent
bien au fujet. La fculpture dont il l’a décorée, eft
fage, & a le mérite affez rare d’être expreflive &
de cara&érifer convenablement l’édifice. Le périftyle
de l ’amphithéâtre eft compofé de fix colonnes
corinthiennes , dont lès proportions font belles,
dont le galbe eft heureux, & dont l’entrecoloune-
ment picnoftyle fait un beaucoup meilleur effet que
1 on n eft dans l ’ufage d’ en recevoir des périftyles
modernes. Peut-être aimeroit-onautant quecepérif-
tyle eut eu plus de profondeur, fi l’emplacement l’eut
permis. Mais a coup sûr il auroit plus de caraôère &
, le petit ordre ionique qui, pour la régu- j
larite de l'ordonnance générale de la cou r, paffe
derrière le grand ordre, ôc ôte à ce fonds tout le
repos que l ’oeil y défireroit, pour faire triompher &
valoir le corinthien. L ’ordre ionique dont il s’agit,
forme les galeries qui accompagnent la cour, &
régnent auffi fur la rue. Quelques accouplemens ont
fans doute paru néceffaires à l ’architeéle pour fup-
porter l’étage de croifées qui règne tout au pourtour
de la cour & fur la rue. L’oeil qui tient rarement
compte a l’archite&e des fujérions qu’il éprouve, &
des befoins de folidité qu’éprouve la conftruâion ,
voudroit fans doute une difpofition plus heureüfe
dans cette colonnade. Quoiqu’il en foit, la pureté
de cet ionique eft remarquable , fa forme & fa proportion
font des plus belles. Tout cet édifice eft à
prifer par une grande précifion dans la modinature,
par une exécution très-précieufe , par la correélion
des formes & des profils, par une certaine élégance,
réfultat de ces qualités, mais réfultat très-peu commun
dans les édifices modernes.
Sa façade fur la rue offre un périftyle formé de
deux ailes divifées & réunies par deux maffifs qui
accompagnent la porte d’entrée, & font ornés de-
tables formant inferiptions. Ce périftyle eft à quatre
rangs de colonnes. La façade a trente-trois toifes cle
longueur. Son ordonnance fupporle un attique ,
contenant la bibliothèque & le cabinet d’anatomie.
Au-defl’us de la porte d’entrée, eft un bas-relief
de la hauteur de l’attique, & de trente-un pieds de
longueur, fculpté jar Berruer, oh cet artifte a re- I
présenté la France accompagnée de la Sageffe & de *
de la Générofité, accordant des privilèges à la Ch’ '
rurgie qui eft fuivie de la Prudence & de la Vi?'*
lance, le génie de la France préfente le plan
écoles. .Des groupes de malades rempliffent jjul
rière-plan du bas-relief.
r. A gauche de la cour font plufieurs fales deftinéesà
I’école-pratique , aux féances des maîtres, &c. &c
L ’aile droite contient, entre autres pièces , u*h
petit hôpital compofé de plufieurs lits, pour les ma.
ladesattaqués de maladies fufcepribles d’opérations
Les intérieurs de plufieurs de ces fales font ornés
de figures en grifaille , peintes par M. Gibelin. Le
même artifte, qui s’eft rendu recommandable par ce
genre de peinture, & le gcût de l’antique qu’il a fa
y porter, a peint, dans l’amphithéâtre , de grands
bas- reliefs , tous analogues au motif & à la deftina-
tion de l’édifice.
L ’amphithéâtre, dont Louis XVI a pofé la pre-
mière pierre en 1774, eft le lieu le plus important
de tout le monument. 11 peut contenir environ
douze cents perfonnes. C ’eft un demi-cercle garni
de gradins, dont le point de centre eft la chaire du
profeffeur, & la table de démonftration. Le jour qui
vient d’en haut, tombe d’aplomb fur cet endroit.
C ’eft auffi à 1 mphithéâtre qu’eft appliqué l’excellent
périftyle corinthien dont on a parlé, dans le
fronton duquel eft fciilpté, par le même Berruer, un
affez fage & élégant bas-relief repréfentant la Théorie |
& la Pratique fe donnant la main fur l ’autel delà
Science.
Vécole de Droit eft un affez grand édifice devant
faire partie de la décoration de la place projetée de*
vant la nouvelle églife de Sainte-Geneviève ( aujourd’hui
le Panth ion François'). 11 n’y a rien à en
dire, finon qu’elle eft de Germain Soufflot, l’auteur
même de ce dernier monument, & ne fauroit ni
ajouter, ni ôter rien à fa réputation.
Le bâtiment de la ci-devant École Militaire eft
peut-être , en fait d’édifices de ce nom , & deftinésà
; l’éducation de la jeuneffe, un des plus grands qui
ayent été conftruits , & des plus remarquables à bien
des égards. Nous nous en tiendrons à cette fimple
mention , parce que ce monument ayant celfé depuis
long-temps d’avoir fa première deftination, & ayant
ete dépouillé de fes principaux ornemens , après
avoir été appliqué à toutes fortes d’ufages, n’offre
plus qu’une maffe oh l’archite&ure trouveroit peu
de leçons ; & que les circonftances ont rendue totalement
étrangère à l’objet de cet article.
École. Ce mot eft reçu dans la langue des arts,
pour exprimer , foit une certaine manière de faire,
que quelques maîtres accrédités tranfmettent à leurs
élèves, & à laquelle on reconnoît qu’ils ont été à
l ’école de ce maître, foit encore, par analogie,
ün certain goût local, que la réunion de diverfes
eau fes fouvent très-difficiles à analyfer, arrenducarac«
tériftique de certaines villes ou de certaines nations.
Dans le premiers fens, on dit Y école de Raphaël,
Y école de Michel A n g eY école de Rubens. Un ouvrage
I • eft de l'une de ces écoles, eft I d'un des élèves de T L maîtres célèbres, ou fait à l’imitation de leur
I anière & félon leurs PrinclPes- Dans ,e f®con?
I m on dit Y école romaine, Y école florentine, Yécole
I fomandc ; les ouvrages qu’on dit être de ces écoles ,
I font dans le goût & dans la maniéré qui forme es
I “ gères principaux auxquels on reconnoît le plus
| grand nombre des maîtres de ces pays.
5 Cette diverfité de phyfionomie dans la manière
d’imiter la nature. & qui différencie certains pays.
| exifté de tout temps. Les Grecs ont éprouvé , re-
l connu & diftingué ces nuances. En peinture, ils
f comptèrent d’abord deux écoles, 1 Helladique &
| l’Afiadque. Le peintre Eupompe, de Sicyone, créa
| dans la Grèce une manière nouvelle ; & en fon hon-
seur, dit Pline, lib. X X X V , cap. io,_ on divifa
F Y école Helladique en deux, favoir l’Attique & la
K Sicyonienne. .
i En architefture, le mot ecole a eu moins de vogue
I fous l’un & l’autre des deux fens abftraits qu’on
[ vient de lui reconnoître, Turtout en peinture. Ce
; n’eft pas que cet art ait manqué de maîtres célèbres
[ qui ayent formé de nombreux élèves, & leur ayent
tranfmis leur goût. Palladio, par exemple, eft le
1 chef d’une nombreufe école. Mais il femble qu’on
! diftingué moins de variétés dans les maniérés des
| archite&es , que dans celles des deux autres arts
d’imitation, ou du moins ces variétés font moins fen-
| fibles ; & il faut le dire , il femble que ce doive être
un malheur pour cet art, lorfque quelqu architeéle fe j
: forme une manière tellement frappante aux yeux ,
qu’on lui en attribue l’invention. L ’invention alors
n’eft le plus fouvent que dé la nouveauté, & de la
nouveauté en architeélure, n’eft ordinairement que
de la bizarrerie. C ’eft amfi que Borromini a été le
! fondateur d’une trop célèbre école.
Il y a auffi en architecture des maniérés locales
de bâtir, dépendantes foit du climat, foit des matériaux
, foit du hafard de ces caufes premières qui
dans l’origine d’un art deviennent, fans qu’on s’-en
aperçoive, le principe de fon développement. C ’eft
ainfi qu’on peur dire Y école florentine, Y école vénitienne.
Le caractère de la première eft la folidité des
maffes, l’emploi des boffages , un férieux dans la
compofition qui va jufqu’à la monotonie , & toutefois
un peu de caprice dans i’ornement. Le caraétère
de la fécondé eft l’élégance , l’emploi fréquent des
colonnes, la commodité des diftrîbutions, une heu-
reufe application des ordres aux façades des édifices.
Vécole vénitienne d’architeéture , a eu & devoit
avoir plus de vogue en Europe, qu’aucune autre \
car fon goût eft beaucoup plus ufuel. Les chefs de
florentine font Arnolpho di Lapo, Brunnelef-
7 , Ammanati, Michel-Ange, Buontalenti, &c.
Les maîtres de Yécole vénitienne font Scamozzi, San-
fovino, Serlio, Palladio, &c.
ÉCONOMIE, £, (. Ce mot s’emploie en archi-1
te date fous les deux acceptions connues du langage
ordinaire.
Au fens fimple, il fignifie épargne de moyens,
d’agens, de matériaux, d’embelliffemens. Conftruire
avec économie, c’eft porter cetté épargne dans la,
conftrudion. Les travaux divers , & les nombreufirs
parties que comporte l ’art de bâtir , 1 ont prefque
toujours réduit à dépendre de ce qu on appelle 1 en-
treprife. L’entrepreneur eft un homme qui fait commerce
de tout ce qui entre dans la conftruétion, & de
tout ce qu’on y emploie, depuis les ouvriers-, jusqu’aux
machines & aux matériaux. L expérience a
prouvé que cetté méthode étoit encore la plus economique
dans les ouvrages publics, parce que 1 ulage
a réglé le taux des bénéfices des entrepreneurs, & que
l’intérêt perfonnel qni furveille 1 aétion de tous, devient
une caution de L’emploi du temps, & offre une
refponfabilité. Cependant il eft des cas oh l’on peut
fe paffer de l’entrepreneur j alors on fait le bénéfice
qu’il eut fait, & cela s’appelle faire par économie.
Cette méthode exige, fi c’eft un particulier qui bâti',
qu’il ait les connoiffances fpéciales de la chofe ; fi
c’eft le gouvernement, que des furveillans zélés 9
éclairés & défintéreffés foient à la tête des travaux ;
car l’intérêt particulier ceiTant d’etre la , pour arrêter
l’abus, cette méthode deviendroit bientôt ruineufe ,
& n’auroit que le nom àl économie.
Dans le fens figuré, économie s’entend de toute difpofition
judicieufe, de toute combinaifon intelligente
a laquelle ont préfidé le choix éclairé des convenances
& l'oeil du goût. L 'économie qui a rapport a la dif-
penfatidn des ornemens, confifte dans une certaine
fobriété relative à leur nombre comme à leur choix.
C’eft une qualité rare en archite&ure. L ’économie ,
ou la répartition judicieufe & moderee des ornemens
, contribue auffi a la véritable économie, c eft-
à-dire celle des dépenfes dans un édifice. Quoique
l’architeâe, comme artifte, ne doive pas toujours
prendre cette dernière pour règle de fes inventions ,
puifqu’alors le rabaisferoit la feule mefuredes oeuvres
du génie, cependant on a remarqué que fouvent les
récries du goût fe trouvoient auffi d accord avec les
caîculs de Y économie , c’eft-à-dire que les deux économies
dont on a parlé, avoient entre elles beaucoup
de ces rapports que les arcjiiteébes ne devroient
dédaigner, ni d’étudier , ni de concilier enfemble.
ÉCONOMIQUE, adj. m. Se dit de tout procédé
qui tend ou à Amplifier un ouvrage, ou a produire
à moins de frais les mêmes .réfultats. Il en eft
un grand nombre, &.iU’en invente tous les jours »
foit par rapport aux machines, foit par rapport
aux cloifons , aux toitures, aux cimens , aux échafaudages
, &c.
ÉCOPERCHE ou ESCOPERCHE, f. f. Pièce
de bois, avec une poutre, qu’on ajoute au bec
d une grue ou d’ un engin , pour lui donner plus
volée voy. grue & engin ).
ECORCÏÊR, f. m. C’ e ft , près d’ un moulin à
tan , un bâtiment qui fert de roagafin pour lé*
écorces de chêne.