
puifle citer ; elle a été bâtie par François Blondel.
CORDON, f. f. Moulure ronde & très-faillante
qui, dans un mur de revêtement, fe prolonge entre
la partie inférieure qui contrebute les terres, &
la partie fupérieure qui forme appui; elle fert a
raccorder le fallu de l ’une avec l’aplomb de
l’autre, & à indiquer le rez-de-chauffée ; on fait également
régner un cordon au - deffus de i’extradosdes
arches de pont, au niveau des banquettes ou trotoirs.
On appelle aufli cordon toute nioubire ronde
au pied de la lanterne d’ un dôme, de l’attique
d’un comble* &c.
C ordon de sculpture, efpèce de tore qu'on
emploie dans les corniches de l’intérieur des ap-
partemens, & fur lequel on taille des fleurs, des
feuilles de chêne ou de laurier, continues ou par
bouquets, & quelquefois entortillées de rubans.
C ordon de gazon. Cercle ou bordure de
gazon d’une largeur déterminée par le deflin d’un
parterre, dans les compartimens duquel on l’emploie;
on entoure quelquefois les baflins & pièces
d’eau d'un . cordon de gazon.
C ordon ( hidraul. ) C ’eft un tuyau que l’on
fait tourner autour d’une fontaine pour former
une fuite de je ts , placés au milieu ou fur les
bords.
,CO R FO U , autrefois Corcyrc; île de la mer
Ioniene , fituée en face de l’Epire, dont elle n’eft
féparée que par un canal affez étroit; elle renfer-
moit plufieurs villes, dont l^s principales étoient
Cajfîope & Corcyrc; la première-, célèbre par un
temple dédié à Jupiter-Cafius neft plus qu’une
fortereffe fans 'nom & abandonnée la fécondé,
riche & brillante par fon commerce, ne fubfifte
plus que dans quelques ruines. Elle avoit un jlort
ouvert à tous les vailïeaux, & ce port encombré
ne., peut plus recevoir que de petites barques ; on
voit encore le lieu ou étoit attachée la chaîne
qui le fermoit, & les réftes d’un acqueduc qui
s’étendoit de la ville au port, pour fournir d’eau
les galères; des ir.fcriptions tronquées , des marbres
brifés & mille aùtres fragmens invitent, là comme
ailleurs , à former des conjeétures qu’on a toujours
regret de ne pouvoir changer en certitudes.
Tous ces débris font dans l’un des faubourgs
de la ville moderne, laquelle eft appelée Corfou,
jainli; que l’île dont elle eft la capitale ; cette nouvelle
ville eft grande , peuplée , à un port & une
citadelle; elle renferme plufieurs églifes. dont l’une
eft en croix grecque, avec un petit dôme au milieu
; on lit au-deflus du portail une infcription
du fixième ou feptième fiècie ; la forme de cet
édifice indique affez qu’il fut conftruit par quelque
archite&e- de Conftantinopîe, car les autres
ne bêtifiaient alors que dans le goût gothique.
CORIA , fub. pl. de Corium, neuf. Ce mot J
chez les Latins,, lignifie des cuirs, & métaphoriquement
des' couches de mortier, parce que dans
les murailles elles font étendues èjitre les afiûes
comme des cuirs ; & de-làce nom eft devenu celui
des aflifes même; c’eft en efFet celui que Vitruve
leur donne dans plufieurs chapitres de Ion ouvrage.
CORICEUM, f. m.Noirt d’une grande falle, qui
dans les paleftres étoit placée entre Vcphebum &
le çonijlcnum. Voye{ ces mots. On s’y exerçoit à
la corïcomach 'u , el pèce de jeu qui confiftoit à pouffer
& repouffer un fac de cuir corucos, rempli
de fable, de la forme d’un grc s ballon, & fuf-
pendu à l’une des poutres. Ce jeu devint fort en
mage , fur-tout depuis qu’Hypocrate l ’eût recommandé
aux perfonnes trop chargées d’embonpoint,
d’ailleurs il n’étoit pas inutile aux athelètes qui
avoient intérêt de conlerver leur foupleffe &
leur légèreté.
CORINTHE. Ville ancienne, fituée dans l’Ifthtre
auquel elle donne fon nom, & qui joint le Pélo*
ponèfe à la Terre-Ferme. Elle fut célèbre par fon
commerce, fa magnificence & fesrevers,' elle étoit
entre deux ports, Ltch&um & Ccnchrét ; elle avoit une
citadelle bâtie iur la pointe d’une montagne, & appelée
pour cette raifon Ærocorinthe; ou Corinthe-
l’A igue; cette fortereffe fouvent reparée, fubfifte
encore, &. n’eft occupée que par quelques foldats
qui la gardent, mais Corinthe n’eft plus. Une
bourgade, appelée Corito , occupe une partie de
fon lo i, la charrue a paffée fur l’autre.
Paufanias avoit vu à Corinthe des temples de
Jupiter, de Neptune, de Diane & d’Apollon; le
tombeau de Lais &. beaucoup d’autres monu-
mer.s ; mais de tous ces édifices il ne refte que
les ruines d’un gros bâtiment de briques, qui femble,
d’après les petites cellules qu’il renferme, n’avoir
pu fervir que de bains publics, & 14 colonnes
de pierre qui font encore debout près du Bazar;
la proportion m:le de leur ordonnance, en attef-
tant leur haute antiquité, a feryi aufli aies faire
triompher des efforts deftru&eurs du temps & de
l ’orgueil des Romains , qui conduits par Lucius-
Mummius détruifirent cette fuperbe v ille , ornée
des plus brillantes produ&ions des beaux arts dont
ils s’enrichirent.
Leroy, dans fon voyage de la Grèce, fait la
defeription des reftes de ce temple, & en donne
les deflins ; il étoit d’ordre dorique fans baies
& cannelé ,* c’e ft, fans contredit, un de ceux de la
Grèce qui mérite le plus d’attention, par les
lumières qu’il peut répandre fur l’hiftoire de l’ar-
chitefture ,* fes colonnes font les plus courtes de
proportion que l’on connoiffe, puifqu’elles n’ont pas
quatre diamètres de hauteur ; leur diamètre eft de
fix pieds , & leur hauteur d’environ vingt-deux pieds
& demi ; i ’entre-colônnement n’eft que d’ un diamètre
; elles fupportent une partie d’ archite&ure , dônt
la grande dimenfion fait préfumer celle que dévoient
avoir la frife & la corniche; cette architeaure
eft faite de pierres de douze pieds de long de
ces quatorze colonnes, huit font fur une même
ligne & annoncent la façade du temple; les autres
font en retour. La colonne qui eft dans l’intérieur
& qui faifoit l’angle du fécond portique n’a point
de chapiteau, & étoit plus élevée que celles du
devant; ce qui fe remarque ordinairement dans les
temples des anciens. Celui-ci eft bâti tout en
pierre, & diffère p ar-là de ceux d’Athènes;
qui le font tous en marbre. Ses colonnes font à
plufieurs aflifes &' prodigieufement pyramidales ;
il paroît avoir été conftruit pour palier à la pof-
térité la plus reculée; mais comme-il n’èxifte aucune
infcription, ori ne peut dire dans quel temps
ni par qui il a été conftruit,
Si ie Bazar de Corito eft réellement à la place
où fût le marché de Corinthe ; les colonnes' dont
je viens de parler pourroiènt bien être un débris
du temple que les Corinthiens élevèrent à la Diane-,
d’Ephèfe; & , fi l’on peut prononcer par leur
proportion , elles font les plus anciennes de
toutes celles qui "nous reftent de l’ordre dorique.
Voye{ D ôriqUE;
Les environs de Corinthe excitent autant que
Corinthe même la curiofité des voyageurs. Près
du port de Lcchceum , on découvre quelques parties
de.la muraille qui bordoit le chemin de communication
de ce .port avec la ville, & au pied de
la montagne où eft la fortereffe, on fuit encore I4
tracé des travaux entrepris plufieurs fois pour
couper l’Ifthme ; les Péloponéfiens en avoient jadis
défendu l’entrée par un mur que les Vénitiens
reftaurèrent plufieurs fiècles après, lorqu’ilspof-
fédèrent ce pays,; fous le nom de Morée; mais ce
mur n?arrête plus que par fes dénombres.
Là , dit Spon dans fen voyage : « Je vis de beaux
reftes d’un théâtre de pierre blanche & de
» plufieurs temples; une infcription que je dé-
» couvris m’apprit qu’il y en avoit eu un grand
» nombre ».
En allant de Corinthe à Sparte, on arrive après
trois ou quatre heures de chemin, dans une plaine
fertile, mais peu étendue ; on y trouve les ruines
de la petite ville de Cléone & celles d’un
temple de Minerve ; ce temple étoit d’ordre dorique;
fés. colonnes n’avoient pas plus d’un pied
de diamètre l’entablement qui les couronnoit étoit
orné de denticules, particularité affez remarquable.
Paufanias en parle, & dit qu’il renfermoît une
ftatue de Minerve, faite par Scyllis & Dipæne dif-
ciples de Dédale; près de-là font aufli quelques
ruines, fragmen« d’un tombeau que Ton croit être
celui d Eurytus, roi d’<Echalie, vaincu & tué à
la lutte par Hercule. Le temps a égalé l'humble
Lleone à la fuperbe Corinthe; toutes deux font
renverfees, & qui fait fi des mains barbares n’ache-
veront pas de détruire les foibles & derniers reftes
dont nous venons de parler, & par' lefquels czs
oeux villes peuvent intéreffer les arts.
CORINTHIEN. (Ordre) fubft. mafe. C ’eft Je
nom qu'on donne à eelui des trois ordres de l’ar-
chiteéture grecque , qui par fes proportions , fa décoration
, Ion enièmble & fes details , eft fpéciale-
ment propre à exprimer l ’idée de la plus grande
richeffe.'
Je ne dirai point ici ce que l’on doit entendre par
ie mot à’ordre ; l’article qui a ce mot pour objet ,
■ préfente ie développement dé tous les rapports fous
lefquels on peut ie confidérer. Je dois dire cependant
, que ce que l ’on appelle un ordre, pouvant
dans la théorie f ’envifager fous trois rapports, celui
de fes mefures qui appartient à la partie claflîqueou
élémentaire de i’architeélure ; celui de fa forme &
de-fa compofition , qui eft plus du reflort de la
partie hiftorique , & celui de fa lignification qui
rentre dans la partie métaphyfique, j’ai réfolu de ne
traiter ici l ’ordre-corinthien que -fous fon fecondrap-
port. La connoiffance didaélique des parties
conftitutives de l’ordre appartient à tous les
mots où chacune fe trouve traitée féparément.
( V nytj C olonne,B ase , A r ch it ec tu re, C orniche
, &c. )
Quant à la propriété , à la figmficatioh , à l ’emploi
de Y ordre corinthien, ces notions, fans être étrangères
à cet article, trouvent leur place aux mots
de théorie générale, tels que C aractère, M ode -
Or d r e , & c.
_ Le mot corinthien indiqueroit d’une manière
bien abufive l’origine delà forme & de, la composition
dç l’ordre en quéftion. Les Grecs , on ne sau-
roit le révoquer-en doute , furent les vrais inventeurs
de l’architecture, eonfidéréeïbiis les rapports
qui en ont fait un art d’imitation par un fÿftême d e
comparaifons , de' proportions , de modes, & de
nuances applicables aux diverfes fenfations del’ame.
Ce jufte tempérament de l’imagination , qui
agrandit tout; & de la raifon qui calcule tou t, ie
trouva chez les Grecs-, dans la proportion qu’exige
l’architecture , pour - contenter à la fois' les yeux
& l’entendement. La découverte des ordres comme
moyens d’exprinier.diverfes qualités par unechoebi-
r.aiibn de rapports différais , doit fansi’doute fe rapporter
à ce peuple. Cependant, long-temps avant
lui , de prodigieux édifices avoient étonné l’univers.
Des carrières & des montagnes de marbre Ou de
granit,avoient vu tailler dans leur sein des colonnes
de toute efpèce. Tout ce que l’art de bâtir a de prodigieux
, tout ce que celui d’embellir a de merveilleux
, avoit été épuifé dans ces monumens , où
gît encore, après tant de fiècles de deftruâion l’orgueil
de l’antique Egypte. C ’eft encore dans fes
ruines immortelles , qu’un oeil attentif peut découvrir
’quelques - uns de ces larcins , que la vanité
grecque fut habilement déguifer fous des noms qui
dévoient induire en erreur Ta poftérité.
Ce n’eft point à Corinthe, qu’il faut aller chercher
l’origine des formes fous iefquelles fe diftingue
l ’ ordre corinthien. Il eft affez indifférent de favoir fi 1 architecte Callimaque , a uquel on attribue fi gra