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cer , des rapprochemens qu’il comporte , des
efforts de l’art -pour remplir l’intervalle qui le ié-
pare de Ton modèle : &. l’on voit comment il peut
arriver j & comment on peut montrer que le plai-
fir du parallèle, ou des rapprochemens dont il s’ag
it, eft d’autant plus grand pour l’efprit, que
plus grande eft, dans la conflitution de chaque
art, la diftance qui exifte entre l’objet & entre le
moyen d’imitation.
Que dire, d’après ces principes, de l’imitation
qui appartient à l’art du jardinage? Nous avons
déjà trouvé que le modèle d’un jardin n’exiftoit
pas, & ne pouvoit pas'exifter dans la nature.
Mais en fuppofant que l’on puiffe admettre comme
t e l , l’afpeèl que préfentent aux yen&' certaines
contrées , certains efpaces plus ou moins étendus
de la campagne, ou de ce qu’on appelle, par op-
pofîiion à des plantations régulières , /«^ nature
agrefte : en fuppofant encore que ces fîtes & ces
points de vue, ces conformations fortuites'de
terrains , ces plans irréguliers, doivent être le
type des imitations que l’rfrliüe tranfporleva dans
la conformation de Ion Jardin, je demande comment
il imitera ce préfendu modèle, 8t quel fera
le genre de cette imitation.
Que fait ordinairement l’artifle dans fon travail
f II s’empare d’une plus ou moins grande di-
menfion de terrain : il laiffe à ce terrain fes irrégularités,
fes pentes, fes collines; il profite des
plans qu’il y trouve ; il y trace des roules au gré'
de toutes ces configurations ; ifménage des per-
\ cés pour des points de vue éloignés ; il "bâtit quelques
fabriques, pour figurer dans fes emplace-
mens divers, comme le font, dans là campagne,
les maifons, les villages, les clochers, dont le
hafard parfème une étendue quelconque de terr
a in ; il plante des bois, des maflifs, des groupes
d’arbres ou d’arbufles ; il ménagé des prés,
des champs cultivés, &c. &c.
En quoi donc trouvons-nous là une chofe qui
foit l’image d’une autre chofe ? & où l’identité
peut-elle être plus ferifible &plus démontrée f car
je ne fuppofe pas qu’on puiffe donner le uorri
d’imitation, ni à un exhauffement faôiice de terrain,
pour créer une mcnlagne, ni au ravin également
faélice , produit par l’eulèvement des
terres qu’il a fallu trouver pour produire la mon-'
tague. Je ne fuppofe pas qu’on puiffe appeler imi- \
tition , les arbres qu’on a plantés dans telle partie, ;
pour couronner, telle colline, ni les gazons femés i
pour produire l’apparence d’un pré.
Il y aura encore bien moins lieu à concevoir
une idée quelconque d’imitation, fi l’artifte , opérant
en très-grand fur de grandes maffes de
culture , de bois ou de humons , n’a procédé
qu’en biffant ic i, en délruifant là les maffes d’arbres,
ou les élévations de terrain qu’il aura
trouvées. Je pourrai convenir qu’il y aura eu de
l’intelligence à profiter des reffources naturelles,
pour ouvrir des points d é yue agréables, ou pour
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cacher des afpe£ls fâcheux : il y aura eu là tout
l ’art qu’on voudra 5 mais dé l’art d’imitation, il ne
fauroit y en avoir, parce qu’il efl impoflible d’appliquer,
foit à l’enlèmble d’un pareil jardin foit
à chacune de fes parties, l’idée d’un objet qui eft devenu
l’image d’un autre objet, & parce que ce qu’on
doit endive, c ’eft que l’idée même de répétition
que nous avons vue être celle qui s’applique aux
ouvrages mécaniques, fe fait ou l'e laiffe à peine
faifir dans l’ouvrage du jardinage.
En effet , celte prétendue image de la nature
eft la nature elle-même ; les élémens de cet art ne
font que la réalité , qui repréfenle de la réalité *
le' but même de cet art r eft qu’on ne fe doute
pas qu’il y ait de l’art dans fon ouvrage.
La confufion ou l’ignorance dés principes &
des faines idées de l’imitation, a fait trop fouvent i
alïimiler l’oeuvre du jardinage à l ’oeuvre du pay-
fagifte. A lire les traités modernes de l’art des
jardius, on croiroit lire des traités de peinture.
D après l’abus que cés écrivains font des mois &
des locutions qu’ils emploient, on s’imagineroit
que tantôt l’artifte jardinier, revêtu de la puif-
fance du Créateur, produit des fîtes, enfanle des I
points de vue, des perfpe&ives, des lointains, I
crée des forêts & des montagnes, & difpofe en I
maître de tous les effets , de tous les enchante- I
meus du fpeôlaclè de la nature*;, que tantôt, ma- I
niant les pinceaux & poffédant la palette du I
peintre , il diftribue les ombres & les lumières, I
' colore à Ion gré le ciel 8c la terre , anime de fes
tons brillaus les fcènes variées qu’il imagine, &
diftribue fur un efpaéê donné, tous les prefliges |
; de la couleur, tous les contraftes des formes, tous I
les accidens du hafard.
Mais faut-il s’arrêter à prouver qu’entre l’art
du payfagifte & celui du jardinier, il.y a précilé-
menf toute la différence qu’on peut, demander,
pour montrer ce qu’eft 8c ce que n’eft pas l’imi- I
tàtion dans les beaux-arts ?. En effet, tout eft j
image dans le tableau, tout eft réalité dans le
jardin. Tout, dans le tableau, eft fufceplible d’être |
plus ou moins vrai; rien, dans le jardin, ne peut
manquer de l ’être. Eft-ce que le jardinier imite |
les’ dégradations qui -produiiènt des lointains ?
Non, il les trouve tout faits, 8c ill.es laiffe voir.
Eft-ce que l’harmonie, qui fait le charme du.
payfagifte , n’eft pas toute produite dans l’oeuvre
du jardinier ? Je ne veux point pouffer trop loin
une comparaifon qui finiroit par etre ridicule,
•puifqu enfin l ’artifte jardinier n’a rien à faire,
ni avec le ciel 8c les nuages, ni avec la lumière 8c
fes effets, ni avec la terre 8c les eaux, ni avec
tant d’autres objets hors de fon ppuvoir, & <ful
tous prouvent le néant de fon imitation.
Ge n’eft que depuis l’introduâion du. genre
irrégulier de jardinage, que de femblables prétentions
imitatives fe font accréditées. Parce que
de grands jardins irréguliers ont offert des afpeêb
du genre de ceux que recherché le payfagifte, on
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eu b fimplicité de croire que celui qui a voit
olanté le jardin, avoit créé le pay fage. Il l’a créé fi
Ton veut : mais de 1a manière dont celui qui plante
un arbre, le crée; mais entre l ’aâion de planter
l’arbre, que le peintre tranfporte dans fôn tableau3
& l’a&ion d’imiter un arbre, il ÿ a la diftance qui
exifte entre 1a reproduêlion naturelle des êtres,
par rinftinêl des fexes, 8c l’imitation de ces êtres
par les règles de l’art 8c l’aide du' génie.
1 On ne fauroit toutefois difconvenir que l’artifte
» jardinier ne doive fe régler fur l’idée du payfage ,
pour .difpefer l’enfemble 8c les détails d’un jardin
; du genre irrégulier : 8c quoique nous ayons con-
tefté à fon art le droit de paffer pour art; d’imi-
| tiltion, dans le feus qui convient aux beaux-arts ,
nous ne pouvons nous refufer à reconnoître, dans
l’ouvrage qu’il produit, la néceffité de fe conformer
aux principes, qui font ceux que fuit la nature
I pour nous plaire, pour nous affe&er, pour produire
[ennous des fenfations de divers genres. Ic i, cet
[ art fe rencontre, dans les élémens de fon imitation,
avec l’art de l’archileOure , 'c’eft-à-dire, que les
[objets dont il difpofe, ne pouvant être l ’image
[ de. rien, ce n’eft que par une difpofiticra de ces ob-
I jets, par leur réunion, par la variété de leur em-
| ploi, qu’il parvient à produire des effets fem-
[ niables à ceux que produifent les difpofkions dés
I mêmes objets dans le fpeêlacle de la nature.
Àinfi, c’eft à reproduire les effets-de ce grand
I fpeêlacle dans des fcènes plus reftreintes , 8c
I d’une, moindre dimenfipn, que confifte l’art dés-
[ jardins’.: :
Or , il ne faut pas douter que le plus grand
[ nombre de ces effets, qui confifteut dans d’heureux
I contraftes, dans les variétés de toutes les fortes-
I de produêlions de la nature, né paillent aufîi
I bien appartenir au genre dès jardins réguliers ,-
I qu’à celui des jardins, irréguliers. Le jardinage
b régulier met fans doute l’art plus à découvert.
I Tout y paroît difpofe, conformé par là main de
I l’artifte. Ce- genre- eft plus fpéeialement du refiort
I de l’architecle ; fes combirraifons fe rapprochent
1 de celles que TarchiteÔluré nous fait admirer.
I -Mais pourquoi feroient-elles interdites à l’art de
I faire un jardin , fi un jardin n’eft en foi, 8c ne peut
I être, pour paroître tel,, qu’un arrangement def-
I tmé an plaifir des yeux î*
K Thute la différence qu’on-peut admettre entre
I |es deux fortes de jardin , c’eft que celui du genre-
I irrégulier fèrefufe à paroître un ouvrage de l’art,
autrement: dit à paroî-trë un jardin,. lorlque l’autre
paroît réellement ce qu’il-eft,
JARRET, f. m. Cemof exprime, dans la ligne
courbe; d’un arc,-cette forte de défaut, qui confifte
eu ce que la ligne éprouve un- manque de
continuité , ou- quelque- chofe- d’angulaire, - qui
fait l'effet de ce qu’on appelle ja r r e t dans 1 union
delà jambe- à la euiffe,
Ainfi on dit qu’il- y a des jarrets dans une
voûte, quand il s’y trouve des parties angulaires.
Les jarrets font des mal-façons de conftruelion
ou d’agencement.
J ARRETER, v. aô. Lorfque, dans une ligné -
courbe ou droite , il fe trouve des parties angulaires
ou ondées; qui dé truffent l’égalité du contour
ou du trait, on dit que cette ligne eft jarretée.
Gn le dit aufli des voûtes 8c des cintres qui ont de
femblables défauts dans la courbe de leur dpuelle»
JASPE. Pierre dure qui s’emploie dans les arts ,,
finon pour la gravure, du moins pour orner des
tables, des meubles & autres objets de luxe.
Le jaj'pe eft une efpèce de quartz. Le quartz
jafpe eft compofé de particules extrêmement fines,
très-ferrées & très-compa£les; auffi il n’a pas la
tranfparence du quartz agate 8c de fes variétés.
Quelquefois il a la furface continue du J île x ,
quelquefois il a l’air terreux d’une argile extrêmement
fine,.
On trouve d esjafpes de différentes couleurs , &
; on diftingue :
i° . Le jafpe vert, plus ou moires clair.: plu-
fleurs fcarabées égyptiens fout de cette fubftance,
20'. Le jafpe roulîâtre, appelé diafpro rojfo par
les Italiens. 3° , Le ja fp e jaune : quelques fuj.ets égyptiens
font exécutés fur cette matière, 4°. Le ja fp è brun,
' 5°. Le jd fp ë violet,
'6;°, Le jafpe noir , ou parangone nero des
Italiens.
70. Le jafpe gris.
8°. Le jafpe blanchâtre.
<f. Le jafpe veiné : ces veines ont quelquefois
l’apparence de lettres; c’eft pourquoi on l’a appelé’
jaj'pe grammatique.
10°. Le jafpe fleuri : on a donné ce nom à celui'
qui contient une grande diverfité de couleurs..
• 1 r°. Le jafpe agate,
12°. Le jà jp e fanguin d’ un fond'vert, fur lequel
la nature a femé des- taches qui lui ont fart
donner ce nom,
JASPE, participe du verbe jafper. On donne'
ce nom à des marbres qui font veinés de couleurs-
■ femblablès à celle du jafpe. ( Voyez Marbre,)
JAUGE, f. f._C’eft, dans une tranchée qu’on-
fait pour fonder, un bâton étalonné , de la profonde
ur que doit avoix cette tranchée, pour la . continuer
également dans fa longueur.
J auge. ( Terme de charpenterie. ) Petite règle
de b o is , dont les charpentiers fe fervent pour
tracer leurs ouvrages 81 pour couper le trait.
J auge. ( Terme d*architecture hydraulique. )
C’ eft la gro fleur d’une ..conduite d’eau, ou d’un