
partie de fes caraélères. Nous avons dit au mot
arabesque ( v o y e ^ cet article ) comment l’ornement
étoit né de l’hiéroglyphe. On peut en regarder les
lignes en Grèce comme ceux d’une écriture perdue
ou d’une langue oubliée, dans lefquels l’imagination
des Grecs ne Te plut à voir-que des contours fuf-
ceptibles d’agrément pour l ’oe i l , en raifon de ce.
qu’ils étoient dénués de fens pour l’efprit. Il y auroit
beaucoup de recherches & de rapprochemens à faire
dans cette partie , mais qui feroient auffi oifeux en
eux-mêmes qu’étrangers à notre matière.
De tous les points de reflemblance plaufible , dont
line faine critique avoueroit l’exiftence entre les deux
architeélures, il ne fauroit toutefois réfulter la con-
féquence que la Grèce ait été véritablement tributaire
de l’Egypte,
Ce qu il paroît que les Grecs & les Romains ont penfè
de 2’architeélûre égyptienne.
C’en une chofe allez frappante qu*aveç tant d’inclination
& tant de goût à s’approprier en bien des
genres les idées des autres peuples & leurs opinions,
le peuple grec ait été aufli réfervé avec l’Egypte
dans les emprunts qu’il lui a fait en architeélure. Il
paroît avoir conçu la plus haute admiration pour
la grandeur de fes entreprifes. Ses auteurs & fes
hiftoriens n’en parlent qu’avec refpeél. Selon Hérodote
, qui avoit voyagé dans ce pays , le labyrinthe
par fa grandeur valoit à lui feul tous les édifices mis
enfemble de la Grèce Le travail d’une feule pyramide
i’emportoit encore , d it-il, fur les plus grands
monumens de fa patrie. Cependant , on ne voit pas
que le goût égyptien fe foit jamais mêlé à celui de
leur architeélure , excepté dans de légers détails
encore embellis & perfectionnés par eux.
Le peuple romain avoit adopté l’architeélure
grecque avant d’avoir des rapports avec l’Egypte.
C e pays devint enfin une de les provinces , & il la
gouverna, c’eft à-dire, l’exploita à la manière des
conquérans. La fpoliation de tout ce qui étoit amovible
fut le premier aéle de ce gouvernement. L ’Egypte
reflua toute entière à Rome. Obélifques ,
llatues, colofles, marbres, mofaïques, colonnes,
vafes , uftenfiles, tout ce qui put être tranfporté, le
fut dans cet antre du lion. Les gouverneurs pillèrent
en petit comme le gouvernement en grand. Nul
peuple n’eût par conféquent plus que le peuple j
romain, la connoiflance 4u goût, des arts & de
l ’architeélure de l’Egypte. Toutefois il ne paroît
pas qu’il en ait jamais fait aucune imitation férieufe.
Si l’on excepte Adrien qui eut une manie "pour les
figures égyptiennes , qui fit de fon Antinous, mort
en Egypte, un Ofiris, & qui dans fa maifon de
campagne de Tibur , voulut avoir des lingeries de
toutes les architeélures des nations où il avoit
voyagé, & y fit exécuter, à ce qu’il paroît, quelques
fouvenirs d’édifices égyptiens , on ne voit pas
que la pureté de l’architeélure grecque ait jamais
été altérée à Rome par aucun mélange des formes
ou des ornemens de l’Egypte. On ne yok pas
les Romains aient jamais conftruit rien dam *
goût. Si l’on en découvre des traces, c’eft dans '1?
Arabefques, & fi l’on en foupçonne quelque imita!
tion plus pofitive, ces ouvrages n’auront été qUe ^
produit ifolé au caprice de quelque particulier
à-peu-près comme on voit des édifices chinois amufeî
chez nous les yeux'& le goût blâfé de nos amateurs.
Ne pourroit-on pas conclure de la que les Greçs
& les Romains ne firent jamais aucun cas du goût
égyptien, & regardèrent leur architeélure fous |{
rapport de l’art, avec l’indifférence que des yeux
exercés par l’imitation vraie de la nature doivent
porter à tout ce qui n’en elt que l ’ébauche ou le
déguifement.
Ce qui pourroit no.us arriver à l'égard de /’architecture
égyptienne.
J’abandonne ces préemptions à l’examen de ceux
qui pourroient tenter d’ introduire parmi nous ig
genre & le ftyle de Y architecture égyptienne.
Quand on fait à quel point la manie du changement
tourmente le plus grand nombre des architectes
& des décorateurs fans génie, combien i’appas
de la nouveauté a de force auprès de la multitude,
on ne fauroit s’empêcher de prévoir qu’il fe trouvera
avant peu , & lorfque les deffias des nouveaux
voyageurs feront publics, une foule d’artiftesqui
croiront ^inventer en copiant des élévations & des
frontifpices égyptiens. Il faut s’attendre à toutes
les biiarreries & à toutes les fingeries que lé défit
de produire du nouveau va chercher à accréditer.
Rien cependant, à coup sûr, dans cette architeélure
n’eft analogue à nos ufages , à nos procédés
, à nos formés, à nos idées. Nous n’avons pas
ces grands matériaux,ces plate-bandes monolithes,
ces pierres coloflales, qui feules font en Egypte le
motif ou l ’excufe de ce goût démefuré, de pefan-
teur & d’énormité. Nous n’avons pas ces marbres,
ces granits , dont l’afpeél feùl eft une richefle qui
difpenfe d’en avoir d’autre. Nos édifices ne font
pas & ne fauroient être deftinés à fervir de tables
d’infcriptions. Nous n’avons plus de caraélères fuf*
ceptibles de prêter à l’écriture fculpturale leurs
fignes figurés. Nos yeux habitués aux divifions de
l’architeélure grecque , répugneront à l’uniformité
d’élévations infignifiantes. Toutefois il ne faut pas
défier nos architë&es de nous faire , à l’aide de
vouffoirs, des plate-bandes égyptiennes, de nous
faire des granits en plâtre ou en carton , & même
de nous fculpter des hiéroglyphes en place de bas-
relief , de nous faire des façades dont les profils
feront en creux , de nous faire des pilliers en pbçe
de colonnes, des antres au lieu de périflyles, <!e
fupprimer les divifions qui font nécefaires à l’oeil»
pour voir & pour jouir de ce qu’il voit; c’efi-adire»
en un mot, que l’efprit de mode auroit un tel
afcendant, qu’il auroit la force de faire rétrograder
de quelques milliers d’années la fcience de la
çonflru&ioib
«onftruaion, l’art de la difpofition & le goût de
la décoration.
ÉGYPTIENNE ( salle ). Les Romains, dans
leurs palais, avoient différentes fortes de falles ,
i auxquelles ils donnoient des noms pris ou de leurs
(ufages, ou de leurs formes, ou des pays dont elles
Liroien? leur origine.' ; >
l Selon Vitruve, il y avoit les lalles Cyycenes, les
klles Corinthiennes , les salles Egyptiennes. Çes deux
dernières différoient en ce que les Corinthiennes n’a-
lyoient qu’un ordre de colonnes pofées fur un pié-
Edéfiai ou même fur le pavé. Elles avoient un
architrave & une corniche de bois ou dé ftuc ; au-
I defus de la corniche s’élevoit un plafond en forme
de voûte. Dans les falles égyptiennes , au contraire ,
[fur l’architrave que portent lès. colonnes, pofe un
[plancher qui va de la colonne au mur. Ce plancher
[forme une terrafle extérieure découverte , tour-
Inant à l’entour. Au-defus de l'architrave & à
l’aplomb des colonnes s’élève un fécond ordre
[plus petit ,-jentre les colonnes duquel sont placées
I tes fenêtres-;
[ Quoique l’ufage ait pu donner ainfi à Rome*des
| noms de pays ou de ville à des parties des édifices,
fans que cela indiquât une imitation formelle &
/ pofitive d’une architeélure étrangère, on aperçoit
| pourtant dans la difpofition de la [aile égyptienne,
| telle que Vitruve la décrit, le motif des galeries
ÏCouvertes & des terrafles .de l’Egypte, ainfi que la
I conformation de fes plafonds, & par fuite l’analogie
I qui aura fait adopter le nom en queftion.
| ÉLÆOTHESIUM. C’étoit dans les paleftres le
I lieu où l’on ferroit les huiles & autres drogues dont
I ufoient les lutteurs.
ment ceux qui chercheront Yélégance des proportions.
\J élégance de la décoration demande un choix
pur & exquis d’ornemens, qui faflent de l’effet fans
trop de travail, qui n’aient rien de chargé, & fe
détachent avec fineffe fur des fonds Mes.
L ’élégance^ a toujours caraélérifé les ouvrages
grecs. Rien de plus élégant que la proportion des
figures grecques. Raphaël, de tous les modernes ,
eft peut-être le feul qui ait eu le fentiment de ce
genre d'élégance. Bramante fut très-élégant & peut-
être trop dans fon architeélure. Le plus grand
maître en ce genre fut Baltazar Perruzzi. ( Voye{ la
vie de cet architeéle au mot p e r r u z z i ).
Les contraires de 1 \Ugance font ou la lourdeur
ou la maigreur.
É LÉG IR, v, aél., fe dit furtout en menuiferie.-
C'eft pouffer des moulures ou autres ornemens
faillans, & former les champs dans le même morceau
en diminuant fon épaifleur.
É LÉ V A T IO N , f. f . , mot technique dont on fe
fert dans l’art de defliner l’architeélure,pour exprimer
la repréfentation d’un édifice, vu dans fes mefures
verticales & horifontales extérieurement apparentes
fans égard à fa profondeur.
Ce que les anciens appeloient orthographia eu
repréfentation d’un édifice faite par des fignes
droites, c’eft-à-dire horifontales, nous l’appelons
élévation géométrale.
L’ élévation perfpettive eft le deflin d’ un édifice eu
égard à fa profondeur , de manière que les parties
reculées de cet édifice , par le moyen de fignes
| obliques, paroiflent en raccourci. C ’ eft ce que les
anciens nommoient feenographia.
ÉLARGIR, v . aél., donner p lu s s e largeur à
quelque chofe. On dit élargir une porte , une baie ,
un panneau, &c.
i ÉLÉGANCE , f. f . , c’eft en architeélure une
qualité qui emporte avec foi l’ idée de grâce, mais
surtout de légèreté.
11 peut y avoir de Y élégance dans la conftruélîon
Q un édifice. Cela fe dira de celui dont l’appareil
înoins coioflal que bien assemblé , se çompofera
jjje pierres précieufement taillées & à joints très-
fins. Ce fut une extrême élégance de conftruélion, 5ue cette insertion d’un filet d’or dans tous les
Ijoints des pierres d’un temple de Cytique, dont
r parle Pline, 1. 36. La brique , lorfqu’elle eft par-
| laitement équarrie , & que les paremens en font
> forme des revêtiflemens très-éiégans.
I L élégance de la forme fuppofe ordinairement
| quelque chofe de recherché dans les contours &
I e ivelte dans les proportions. Quoique Yélégance
| p U. e Propre d e , l’ordre 'ionique, cependant, le
L ormthien comportant encore des proportions plus
I Fgeres, ce sera l ’ordre qü’affeéleront particulière-
Diüion, d'Arc hit. Tome II»
Élévation DES eaux , eft une partie de l ’hydraulique
qui enfeîgne les differentes méthodes,,
non-feulement d’élever les eau x , mais de les distribuer
, tant pour les befoins de la v ie , que pour
l’agrément & la beauté des jardins.
Élévation en talus, eft la conftruélion des
murs de terrafle & de fortification , auxquels on
donne du talus à l’extérieur, quoique toutes les
aflifes foient pofées de niveau, & que le parement
intérieur foit d’aplomb.
É LÈ V E , f. m. Apprentif ou difciple d’un maître*
( Voye^ école ).
É LEVER, v. aél. C ’eft donner de la hauteur à
un bâtiment. C’eft auffi defliner un bâtiment en
élevant des lignes perpendiculaires fur un plan.
ÉLEUSIS,ville voifine d’Athènes,où il refte encore
quelques veftiges d’architeélure. Pococke y vit des
chapiteaux doriques, femblables à ceux d Athènes ,
des veftiges de temples & des fragmens de ftatues*