
Ce qui en fubfifte aujourd’hui confifte dam le
mur &. la porte de la partie antérieure de la Cilla ,
avec une portion en retour de cette même Cella,
dans un pronaos ou périftyle antérieur, que l’on
peut dire être entier puifqu’ il ne lui manque que
la couverture. I l fe compofe de quatre colonnes de
face , 6c de trois lur le retour, en comptant deux
fois celles de L'angle. Rien ne nous apprend fi ce
temple fut amphiproftyle jmais fa pofition ne permet
gu très de le croire. Le temps a tellement d égradé
les fondations de l’édifice qu’il a mis au jour cette
conftruélion iouterraine; on voit par le déchauffe -
mént & par la fupprefiion des degrés qui con-
duifoient au temple, que les colonnes du périftyle
ne. pofoient point fur un maflif qui fut commun a
toutes, mais que chacune avoit fa fondation particulière
bâtie de plufieurs aflifes circulaires, taillées
ruftiquement & inégalement en manière de boffages.
Le terrain fur lequel eft conftruit le temple, le trouvant
très-montweux, l’aire en avoit été nivelée &
aplanie par l’arc. La conftru&ion de ce foubaffement
offroit, dans les angles & dans les côtés, des pierres
régulièrement équarries. Le mifieu du corps avance
eft bâti comme les murs de la ville dont on a parle,
en blocs dé pierres irrégulièrement taillés $ mais lès
degrés du temple cachoient cette dernière conftruc-
tion. Ces degrés n’alloierit point en retour ; les
reftes de profils du foubaffement latéral indiquent
quel?on n’ymontoit point par les côtés.
Ce temple eft d’un ordre dorique , mais tel que
fes proportions & fon mode diffèrent en beaucoup
de celui des grecs, 6c de celui qu’on, trouve chez
fes romains. ,
Voiei les détails & les mefures d’après lefquelles
on pourra le juger :
Les colonnes ont plus de huit diamètres de
hauteur, les entrecolonnemens un peu plus de
deux de largeur ; ceux des côtés font de quelque
chofe' plus étroits. L’architrave rie domine point
dans l ’entablement comme on le voit au dorique
vraiment grec. Les triglyphes de la frife font cependant
di/pofés comme chez les grecs, de manière
que ceux des angles ne portent point d’aplomb fur
l ’axe de la co-lonne j & que le-dernier métope de
chaque coté fe trouve avoir plus de largeur que les
autres.. Entre chaque entrecolonnement fe trouvent
trois triglyphes ; mais, foit par erreur, foit par une
raifon que l’on ne fauroit deviner , il s’en trouve
quatre dans l ’entrecolonnement, en retour du côté
droit du temple.
• La corniche n’a rien de particulièrement remarquable
: on obferve feulement que la cymaife eft
ornée de têtes de lions.
Les colonnes- font cannelées jufqu’aux deux
tiers ; dans le tiers inférieur la cannelure n’eft indiquée
que par pans. Le ftyle de ces-cannelures eft
à-peu-près greGj c’eft-à-dire qu’ elles ont peu de
renfoncement, & font taillées-à vive-arête. Elles
se fe terminent point par une partie circulaire dans
le haut. Une partie liffe qui fert comme de gôr-
gerin au chapiteau, en .termine quarrement le
fommet. «Au- deffus de ce gorgerin font^ trois- petits
liftels* ou filets carrés , reffemblant a ceux des
chapiteaux doriques grées. L’échine du chapiteau,
quoiqu’en plus petit, tient âufii de ce ftyle, ainfi
que le tailloir ou abaque qui eft affez prononcé.
La colonne e ft, à proprement parler, fans bafe,
quoiqu’elle pofe fur un tore fans moulure : les
plinthes qu’on voit aiijourdhui fous chaque tore
ne font que l’ effet du déchauffe ment du fousbaffe-
ment, ou ftylobate, auquel une corniche faifoit
plinthe continue.
La porte du temple arrive à la hauteur des chapiteaux
; félon le précepte de Vitruve, elle eft
pyramidale , & les pilaftres qui font au mur
extérieur de la Cilla font d’un moindre diamètre
que les colonnes; ces pilaftres ont aufli, félon
l ’ufage grec, im chapiteau différent de celui des
colonnes.
De judicieux obfervateurs de l’ordre dorique ont
remarqué, dans les monumeris, trois ftyles bien
diftinélement caraûériftiques des changemens qu’a
efluyé cet ordre. Winckelmann n’a pu voir le monument
qu’on vient de décrire fans y remarquer une
quatrième manière , ou époque des variations du
dorique. Il feroitfort à défirer, comme on l ’a d it ,
qu’on pût fixer, d’une manière, moins conjeélurale ,
la date de la conftruction de cet édifice que quelque
certitude chronologique pût venir à l ’appui des-
induélions qu’on peut tirer du goût ou du caraélere
de cette architecture, 6c qui nous preffent de l’attribuer
aux temps républicains.
Cette architecture, à l’irrégularité près, de ce
triglyphe furnuméraire qu’on a fait obfcrver, eft
pure & fage ; mais le ftyle en eft: grê le , & la
manière en eft: maigre. Tout enfin ÿ porte l’empreinte
de ce goût, communiqué aux Romains.par
les Etrufques -, avant que l’influence direCte du goût
des Grecs, & le luxe des empereurs dans leurs
vaftes entreprifes euflent donné aux monumens cet
air de- grandeur qu’ils refpirèrent dans la fuite.
Il règne dans cet édifice un certain mélange de
goût étrufque, qu’il eft plus facile de fentir que
de démontrer. Le chapiteau a quelque chofe de
tofean, la largeur des entrecolonnemens, l'addition
d’ une efpèee de ba<e , la multiplicité des
triglyphes, qui paroiffent jouer dans la frife plutôt
le rôle d’un ornement de fantaifie qu’y être une
repréfentation de la conftruCtion primitive ; le
caraCtère petit de l ’exécution ; toutes ces chofes,
& beaucoup d’autres nuances faciles a faifir par un
oeil habitué à ce difeernement, empêchent d’y voir
le doriquë élémentaire. Il exifte, entre le goût de
ce monument & celui des monumens vraiment grecs,
la même différencé pour l’art,qu’entre les monnoies
républicaines & celles des villes grecques. Quoique
1 le principe y foit le même , l’art y paroît cependant
rapetiffé & rétréci, mais d’une manière qui annonce
plutôt la timidité que le vice de l’imitation.
:Noits h’àuriohs ofé , fur de'telles' indurions , produire
de femblables conjeCtufes,fi noùS’n avions en
faveur de notre opinion celle du célébré Raph ïol.
:Ce grand homme ayant été nommé architecte ue
l ’églife de Sv Pierre de Rome, & ayartt rëfolu d examiner
par lui-même les veftiges les-plus célébrés de
l ’antiquité 9 avoit defiiné & mefure le temple de
,Cora. Le deflin précieux de cet édifice a été entre
les mains de Winckelmann ,...qui nous apprend que
malgré tous, les caractères1 doriques qu’on trouve
dans ce temple, Raphaëll’avoit jugé un édifice de
l’ordre tofean; ce jugement eft écrit au bas du
delîin, de la main de Raphaël.
On feroit donc tenté de croire, fur-tout d’après
l’infpeCtion du monument., que ce qu’on appelle
l ’ordre tofean, & qui n’a jamais pu être que le
dorique dépouillé de fes principaux caraCtériftiques,
après s’être introduit à Rome, commença à recouvrer
les carâCtèfes du dorique; c'eft-à-dire à fe fondre
dans le dorique par la communication des ouvrages
grées, 6c que l ’édifice en queftion eft comme la
nuance ou le paffage du dorique étrufque au dorique
grec. Les colonnes en effet font dans les proportions 1 que Vitruve indique au tofean ; car, félon Vitruve
; & Pline, le tofean avoit un diamètre de plus que le
dorique : Qiuz feptimam tufcanicce, dit Pline.- O r ,
nos colonnes, fans le chapiteau & le tore d’en bas,
; ont fept diamètres. De plus le tofean avoit nnebafe
‘ & nos colonnes en ont une ; mais les triglyphes que
n’admettoit point le prétendu • ordre des tofeans ,
mais les cannelures qu’il rejetoit aufli, appar-
; tiennent au mode dorique : d’où' il réfulte qu’on
; peut regarder ce monument comme un amalgame
; des deux modes tofeans 6c doriques , & en même
tertips comme le paffage de l ’art & du goût étruf-
I q ue , chez les Romains, à l’art & au goût des
Gre'cs.
\ La ville de Cora n’offre plus à la recherche des
■ artiftes que des fragmens de monumens mutilés, au
^ milieu defquels on doit cependant diftinguer un bel
autel de marbre, orné de têtes de béliers, de guirlandes
& autres fymboles du même genre.
| CORBEAU, f. m. Pierre de taille qui a plus de
t faille que de hauteur, & qui fert à foulager la
[ portée d’une poutre, ou à foutenir, par encojrbelle-
. ment, un arc doubleau de voûte qui n’a pas de
f dofferets de fond ; on en voit un exemple à la grande
f ecurie des Tuileries, bâtie par Philibert de l’Orme,
i La dernière pierre d’une jambe fous poutre, forme
■ toujours corbeau , & lorfque cette jambe eft une
[piècede bois debout, on met entre elle & la poutre
[ un autre pièce de bois: qui forme également
[corbeau. .
'f Les corbeaux font quelquefois taillés comme les
tnodillons corinthiens, & plus fouvent comme les
j mu tu les doriques, ce qui les fait aufli appeler
f modîltons 6c mutüles.
IL * y a encore des corbeaux en contôles, qui
| font dés glyphes , des goûtes & même des ailes
le portique de Septime-Sévère , à Rome, en offre
de cette efpèee , ainfi que le grand fa Ion de
I.Manly où ils portent des balcons.
C ôrreàü de Ter. Morceau de fer carré, qui
fert à porter ies fabliëres? d’trn plancher , & qu on
fcelle dans le mûr avec tuileaux 6c plâtre; ori
voit encore à Paris d’anciens balçoris foutenus par
làçs -ccr'bea-üx de fer.
.Corbeau, Nom de diffé rentesmachines de guerre
chez ‘les Romains.
CORBEILLE f. f. Ouvrage de feuîpcure qui
imite les corbeilles de joncs ou d’ofier', & que l’ar-
chiteCture emploie dans la décoration. Les ftatues. des
Canephores , repréfentans des prêtreffes portant fur
leurs têtes des corbeilles c-oniacrées à Cérès, ont
peut-être introduit par analogie dans les Caryatides
des efpèces de chapiteaux faits ou décorés en forme
de corbeilles. ( Voye^ C anep'HORE. )
Les corbeilles, ornement allez infipide de l’ar-
chiteélure moderne, font toujours remplies de fleurs
ou de fruits, & quelquefois accompagnées de fef-
tons ; on en fait en plein relief, que l’on place fur
des piedeftaux ou des pieds-droits, & en bas-relief,
que l’on met dans des cadrés ou des paneaux;
on voit des exemples des unes à l’orangerie de
Verfaiiles, & des autres au portail duVal-de-Gracç.
J’ai lu qu’autrefois les bergers de Sicile ornoient
leurs corbeilles ruftiques de fias - reliefs en cire,
repréfentant des fujets champêtres : j ’invite les
fculpteurs modernes à orner également de bas-reliefs,
leurs corbeilles de marbre & de pierre, & à leur
donner par-là ce dégré d’intérêts qui leur manque ,
lorfqu’_elles ne font que de fimples imitations d’ouvrages
de Vanier. ( Voye^ V ase et fleurs, y
CO R D A G E S , f. m. Amas de cordes; cordes
moins fortes que les cables, dont les maçons fe
fervent pour lier les unes aux autres les perches
qui foutiennent leurs échafauds,
CORDEAU,f. m. Corde longue & menue, dont
les architectes & les arpenteurs font ufage pouf
lever des plans, 6c les charpentiers pour alligner
les pièces de bois, les feier & les tailler régulièrement.
Les jardiniers emploient aufli le cordeau, & à
l’aide d’ un piquet qu’ils attachent à chaque
b out, ils tracent les figures des bofquets & parterres
; le cordeau , avec fes deux piquets ou plantoirs
»s’appelle communément, compas de jardinier.
COR DE L IER E , f. f. Petit ornement taillé en
forme de corde fur les baguettesi
CO R D ER IE , f. £ Nom d’un grand bâtiment
couvert, fort long 6c peu large, deftinédans un
Arfenal de marine, à la fabrique des cables 6t
cordages néceffaires aux vaiffeaux. -
La corderie de Rochefort, à l’embouchure de la
Charente, eft une des plus confidérables que l ’on