
Jufqn’à quel point les hennés ou les termes
furent-ils employés chez les Anciens dans l’ar-
chiteêlure ? C’eft un objet fur lequel on a plutôt
des préemptions & des vraifemblances que de
graves autorités ; car on ne prendra point pour
telles, celles des médailles. Cependant on ne peut
fe difpenfer ici d’en faire mention. Entre diverfes
médailles qui peuvent fervir à indiquer l’emploi
dont on parle, on en peut citer une en bronze, grand
module , frappée fous Marc-Aurèle : fon revers
•repréfente un temple foutenu par quatre hennés x
au milieu defquels eft placée la ftatuede Mércure,
tenant une patère d’une main & le caducée de
l ’autre. On voit dans le fronton un Coq, un bélier,
nu caducée, un cafque ailé & une bourfe, fym-
boles qui font les attributs du dieu auquel le
temple eft confacré-
On trouve bien quelquefois dans les décorations
arabefques, des hennés ou termes faifant fonction
de caryatides, ou tenant lieu de colonnes.. Les
Modernes en ont fait fouvent ufage de cette manière.
Dans ce cas, les hermès font des efpèces de
caryatides ou de télamons» ( Voyez- ces deux
mots. )
On emploie auffi les hermès x en manière de
pieds-droits ou de piliers, à former avec les grilles
qui s’y appuyent, des clôtures & des enceintes
fermées-
HERMITAGE, f. m. [ jardinage ) , lignifie
la demeure d’un hermite. Ce dernier mot, ainfi
cÿxhemiitage , dérivent du grec tptpos ou du latin
e r èm u s qui veulent dire dêfert.
Dans les premiers temps du chriftianifme, la
ferveur de la dévotion portoit beaucoup de zélés,
chrétiens à fuir le monde , à chercher dans les
contemplations & les auftérités de la vie fblitaire
un refuge contre lés feduâions de la vie licen—
cieufe des cités. Les. déferts de l’Egypte 8c de la
R’hébaïde furtout furent peuplés oïlfuftres péni- 4ens. Leur exemple .devint l’origine des fondations
anonaftiques , dont le principal objet fut deféparer-
<du monde & de la .corruption fociale , ceux qui
23e fe fentoient pas la force né'ceflaire pour rélifter
aux dangers du fiècle..
La plupart des établiffemens monaftiques furent
dans le fait 8c félon le fens du mot, de véritables
hermitages> c’eftrà-dire-, des retraites placées !
dans des lieux écartés du monde , éloignés des
villes , & dans des efpèces^ de déferts« Mais
beaucoup de- couvens auffi dont la règle étoit
moins févëre, furent bâtis dans les villes. A l’égard
de plufieurs autres , l’accr oifTem ent des cités contribua
à fendre leurs demeures moins foEtaires.
La vie foEtaire ou d’hermite , devint infen-
fiblement plus rare.. Cependant il s’en eft toujours
confervé des. traces, &. dans prèfque toute la
chrétienté, il exiftè encore des hermitages ou des
petits bâtimens placés dans des Heux foKtaires.
Ha conüftent ordinairement, en une habitation
ruftique , accompagnée d’une chapelle ou orat0'
avec un petit jardin.
L ’art du jardinage s’eft approprié l’emploi de I
hermitages} comme celui des grottes & ail|
objets femblables , pour introduire de la variétéI
dans la compofition des jardins, & affortirle genre I
8c le motif des fabriques, au genre 8c au carafièreI
des fîtes ou des fcènes que préfentent les diverfes I
parties de l ’enfemble-
Uhemiitagey ainfi que la grotte, exige unI
fite retiré. Quelquefois une grotte peut trouver!
naturellement place au bord de l ’eau, tandi■ I
que Yhermitage demande à être placé dans des I
beux montueux & ombragés. La grotte, dans les!
jardins , eft une imitation des cavernes que nous !
offre la nature. ( V o y e z G r o t t e . ). Yhermitageeft |
une cabane , une maifonnette fimple , bâtie p a r fo |
main de l’homme, ou lorfqu’il eft pratiqué dans I
un rocher, il doit avoir un peu de la régulante'|
qui convient à une habitation. Généralement ua |
hermitage dans un jardin, pour être conforme à I
l’idée originale , doit être une bâtiffe fort fimple, I
compofée de matériaux peu travaillés. Son iuté-
rieur doit rappeler auffi.- aux idées religieufes , & I
produire les impreffions- qui portent à la mélau-1
colie.. Celle de folilude doit y être dominante. I
Ainfi deux ou plufieurs grottes peuvent convena* I
Elément fe trouver placées à côté l’une de l’autre. I
Mais plufieurs hermitages préfen ter oient une idée I
faune y c a r , bien que dans le fait plufieurs lier* I
mites foient quelquefois réunis, une réunion
d'hermitages annonçant une fociété ,. la fenfation I
que l ’art, veut produire, fe trouveroit, par ce I
concours de fabriques, oir diminuée ou détruite.
Comme, dans les jardins, on n’a prefque jamais
de vraies montagnes raboteufes & agr.eftes où.
l’art puiflè cacher lès hermitages on ne fiiuroitles I
mieux fituer que dans, des recoins embarraffés I
d5arbuftesdans des enfoncemens ombragés, où ils I
trouvent naturellement le caraâère de folitude I
qu’ils exigent. Rien ne fauroit contredire davan-1
tage leur deftination , que de les élever fur des I
pièces de gazon ouvertes,- fur des emplacemens I
qui ont quelque chofe de riant, &. au milieu d’ac-1
Gompagnemens. agréables..
Hirfchfèld , de qui nous avons emprunté quelques
uns de ces légers, préceptes de goût fur la ]
forme & le caraâère de Yhermitage des jardins, |
rapporte, dans fa Théorie de T Art des jardins, la
defcription d’un célèbre hermitage en Suiffe. Nous
avons cru, devoir l ’inférer ici..
«• On voit en Suiffe ( dit-il )-, entre Berne &
» Fribourg , & à une lieue. de cette dernière ville»
»• un hermitage très-remarquable par Ion û|e
» & fon exécution. Il eft Habité par un foE-
» taire. Le canton, d’alentour eft un vrai, défèrt
» mélancolique.. On n’aperçoit ni village ni
» chaumière y on ne voit que forêts & rochers.
» Dans le fond coule avec bruit la Save fui
, » un Et plein de rochers,. La profonde folitad&
],afpeQ auftère- du lieu I inCpirent un fen-
■ «nt à la fois paifible & l'ombre. Le canton
Uftdes plus favorables à l’effet de l 'hermitage
e‘ 1 Î1 doit fa célébrité. La rive droite de
k rivière eft b'ordée d’une rangée “ de rocs
hauts de 400 pieds, pleins de crevaffes. Si
très-efcarpés. Une partie de ces rocs le rapproche
de la r iv iè re , & c’eft là qn’un ber-
mile, il y à.cent ans, s eft taillé un eipace
fuffifaut pour y placer un lit , 8c fe mettre
à couvert des injui-es du temps. Son fuc-
ceffeur ne fe contenta point dé cette étroite
demeure j il entreprit d’élargir fa retraite j 8c ,
après des travaux dont il s’occupa fans reli
r e avec un fécond, pendant vingt-cinq ans ,
» il parvint à faire une églife avec fa tour ,
* uue facriftie, un réfectoire , une cuifine , une
ÿ grande faite, deux chambres latérales, deux
» efcaliers , 8c en bas une cave , le tout taillé
» dans le roc. Léglife a foixante-trois pieds de
M iong , trente-fix de large , 8c vingt-deux de
»haut. La facriftie, qui eft du meme côté-,
» eft longue & large de vingt-deux pieds , haute
» de quatorze. La tour de la chapelle, ou de
!» leghfe , a foixante-dix pieds de haut, fur
» fixpieds de large3 elle atteint jufquau fommet
j, du roc. Entre i’églife 8c le réfectoire eft une
!» pièce de quarante-quatre pieds de long & de
» trente-quatre de large. La longueur du réfec-
I» toire eft de vingt-un pieds. A côté eft la
[» cuifine avec fa cheminée , dont le tuyau a
[ » quatre-vingt-dix pieds de haut. De-là ou par-
f » vient à une grande falle , longue de^ quatre-
» vingt-dix pieds & large de vingt-deux. Elle
k eft, ainfi que toutes les autres pièces , munie
[ » de grandes fenêtres qui donnent fur la r i - 1
I » vière. On ne peut, fans être faifi d’horreur ,
I » regarder de ces fenêtres en bas. Il y^ a encore
» deux appartemens longs enfemble decinquante- I » quatre pieds. A côté de la grande falle eft
» ua efcalier dérobé; Quand on voit avec quelle
i » adreffe tout cet enfemble a été exécute dans
I » le roc, on ne. peut qu’être frappe d’admira-
I » tion à l’afpeâ de ce miracle ae patience 8c
| » de travail. Dans la cave fe trouve une fourcè.
» Enfin, une petite métairie offre un jardinet
I » compofé de plantes 8c or né de fleurs. *
I (Théorie de Y Art desjardins, tom. I I I , pag, 111 I & i ia., )
dans la conftruaioa des ports de mqr. (T h é
des Vies dés _ architectes , par Milizia. )
HERMOGÈNES ( d’Alabande ). Architeaè grec
qui paroît avoir exercé fon art dans l’Afie mineure,
HERMODORE de Salamine. Cet architeae I ajouta, par ordre de Pofthumius Metellus, un portique
périptère au temple de Jupiter Stator à
I Rome.
On croit encore qu'Hermodore fit conftruire
| le temple de Mars,, dans le cirque Flaminien.
I C’eft peut-être de lui que Cicéron a entendu1
faire mention", dans fon Livre de Vorateur > lorf-
qu’il parle d’un certain Hermodore qui excelloit
fa patrie, comme le témoigne le nom
de la ville de Carie, par lequel Vitruvele défigne»
Cet écrivain fait mention d'Hermogènes en quatre
paffages. Dans le premier ( liv. I I I , chap. i ) , il
le cite fimplement comme auteur du temple pfeu-
do-diptère de Diane à Magnéfie.
Dans le fécond paflage ( liv . I I I , chap. z ) ,
il rapporte cpYHermogènes fut le premier qui établit
fa méthode & les proportions de l’oélaftyle &
dupfeudo-diptère, eu conftruifant dans,la v ille de
Théos le temple de Bacc.hus. L ’invention du pfetir-
do-diptère confifte dans la fuppreffion du rang de
colonnes qui, au diptère, exifte entre le rang des
colonnes extérieures des ailes & le mur de la Cella.
Par-là, dit Vitruve, Hermogénes trouva moyen
de diminuer la dépenfe & d’agrandir l’efpace
couvert autour du temple , pour qu’en cas d’une
pluie imprévue, la mmtitude pût le mettre à. couvert
8c dans le temple & fous la galerie envi-?
ronnant la Cella. Cette méthode n’ôte rien , félon
notre écrivain , à l’afpeôl & à la majefté extérieure
des temples, parce que l’oeil ne s’aperçoit pas
de l ’abfence des colonnes fupprimées. [ I l nous
femble que Vitruve a oublié, de dire ici que le
rang de colonnes Jiipprimé dans le milieu} f e
devoit trouver engagé dans le mur de la Cella.)
Hermogénes s’acquit beaucoup d’honneur par cette
difpofition, qui devint, félon Vitruve 3 la fource
où , dans la fuite , on puifa de nouvelles méthodes.
(Telle fut | par exemple , celle .du pfeudo-péuip-
tère. ) v , 'M
Dans le troifième paffâge ( liv . I V , chap. o ) ,
Vitruve rapporte que quelques architedes anciens
prétendoient, qu’on ne devoit pas faire d’ordre
dorique les temples des dieux, parce que. cet
ordre eft fujet à quelques défauts de régularité.
( Voyez D o r iq u e , F r i s e . ) De ce nombre ( d it- il)
furentTarcbefius,Pytheus &. Hermogénes. Ce dernier
ayant déjà raffemblé des matériaux de marbre
pour conftruire à Baccbus un temple dorique ,
changea d’idée & le fit d’ordre ionique.
A ce fujet Milizia 3 dans fes Vies des architeâtes
( voyez tom. I , pag. 14 , édit, de Parme, 1781 ) ,
dit que ce temple de Bacchus, élevé à Théos par
Hermogénes, & d’ordre ionique , fut oôtaftyle &
moâoptère, c’eft-à-dire , fàns mur environnant
la Cella. Senza muro che forma i l chiufo délia
cella. Milizia conclut ce dernier fait du quatrième
paffage de Vitruve.
Dans ce quatrième paflage , Vitruve cite en
effet Hermogénes au nombre des divers architeâes
grecs qui a voient laiffé des écrits fur leur art.
Hermogenes de oede Diançelonjcoequoe ejlMagne■*
Jioe pfeudodipteros & liberi patris Teo monopteros.
(Vitr. Ev. V I I , præfat. ) — Vitruve a également