
leur attribue auffi avec beaucoup de vrai femhlan.ce
la conftruélion du grand égout de Rome fous
Tarquin l’Ancien. ( Voyez Egout , Cloaque.) Or ,
rien ne peut donner une plus haute idée.du l'avoir
& de l’habileté de ces peuples dans l’art de bâtir.
Mais c’eft furtout dans les murailles de leurs
villes que les Etrufques ont déployé la magnificence
delà folidité. Les murs de Fiefoles, d’Arezzo
lent bâtis de quartiers de pierres énormes : Mce-
mbus vetemm proejertïm populi Etrurioe quadra-
tum eumdemque vaflijjintum lapident probaaêre.
L. B. Alberti, lib. V I I> cap. 2. Ces pierres ne font
unies entr’elles par aucun lien de fer n i de bronze ;,
mais leur poli, qui en rend les joints très-ferrés,,
leur fert de liai Ion, & leur propre poids fert à en
fortifier la maffe.
Ce que l’on voit aujourd’hui des murs de Cor-
tone eft du inconteftahlement à l ’art de bâtir des
Etrufques, qui, au dire de Tite-Live , n’avoient
rien épargné pour mettre cette ville en état de
réfifier aux attaques des ennemis. Le temps ,.plus
encore que la guerre, les a détruits en grande
partie. Ces murs, font eanftriufcs de larges pierres
lèches (voyez Goiu, Mufeum etrufcum, tom,. III,
ta p a i . 2 ) de forme carrée; elles font d’une grandeur
giganfefq.ue, & adhérentes entr’elles fans
crampons ni ciment. .La plupart ont en longueur
vingt-deux pieds romains & davantage : leur'hauteur
eft de cinq à fix pieds. Ce qui l’ubfifte aujourd’hui
.de cés murs n’a que vingt-deux ou vingt-
quatre pieds de haut, & comprend cinq à fix af-
fifes., DelFus ces aflifes on a élevé une eon'ftruction
plus moderne & beaucoup moins iolide.
Les murailles de Yolterre étoient bâties dans ïè
même genre de folidité : les. pierres qui les com-
poient font pour le moins auffi énormes que celles
deÇortone. Il y relie encore une porte qu’on appelle
la porte d^Hercule.
Qn ne peut confîclérer ce fyftème de conftru&ion
gigantefque enEtrurie, fans fe rappeler qu’il exifta
au meme degré dans la Grèce à cette époque qu’on
appelle celle des temps, primitifs ; & les murs de
Tyrmthe -, dont le temps n’a pu encore confom-
rae t les reftes , nous montrent jufqu’en cette partie
, uniformité 8c communauté cfe, goût entre les
deux peuples. Or , cette manière de bâtir étant .
celle du flyle primitif3 noos entrevoyons.déjà que
dans ce genre, ainfi que dans tous .les autres,
l ’Etrurie ne peut nous produire que des ouvrages :
correfpondans à ceux de l’antique manière en
Grèce. Ce qui s’expliquera par -la fuite- encore
mieux, lorfqu’on verra que-les caufes. poli tiques
durent arrêter le développement de tous les arte
en Etrarie, à l’époque ou ce pays perdit fa puif-
fance avec fon indépendance, - époque qui, fut
celle de.leur p e rfecUonnement dans.la Grèce.
Les rites religieux paroi fient auffi avoir eu plus
de force & plus d’autorité fur les produirions. des'
arts en Etrur'ie tpi’en Grèce.-Tout, comme cela
refaite d’une multitude de.pafFages d.’éciivain& anc.
iens, étoit réglé par le collège des hamiy
&. leurs réglemens étoient encore en vioU(f J
temps de Yitruve, qui déclare avoir extrait ]
leurs préceptes ce qui regarde la ffifpofiti0û&,
placement des temples dans les villes : A b etrup
h a r u f p i c i b u s d i f c i p lm a n im J ç r i p t i s i t à e i l «lj ■
“ ib - 1 >-ap. 7. Rome qui, p iq u a c o l^
de la Grece, avoit prefque tout emprunté de f,
voifins les Etrufques, leur dut auffi, fans aü„ !
doute, fQn goût de bâtir , & la difpofîtion are?
tecturale ;de les temples. Lors même que le lUXef'
fut répandu fur tous les genres d’édifices *’
les arts de la Grèce fie furent acclimatés
• les pratiques étrufques n’en continuèrent pas moi]
d’avoir lieu dans plus d’un genre demommens
Ainfi , comme nous allons le- voirfions le
même d’Augufte on diftinguoit encore le fiempU
. tolcan des autres fortes de temple, & l’ordoiMauJ
; ancienne continuait de fe faire remarquer àcôJ
des ordonnances grecques.
Ce qui nous relie de plus clair & de plus iQG0B.
teftabie ( u x Y a r c h i t e c tu r e é tru jq iu e eft fàus contredit
cette ordonnance du temple tofcan, encore envi
g,ueur au temps de Vitruve, puifiqu’il en donne 1«
meftires & les détails,, non, pas, comme d’uiagenre
ou bliém ais ainfi que des- aii.ta.-es temples en ufe
de fon. temps...-Cette ordonnance du temple tolcan
fioul monument que n o usr'ayons de Yarckiteckn
é t r u f q u e , telle qu’elle s’étoit confervée à Romesa
été là fource de beaucoup,d’erreurs dans le fÿftèine
moderne des ordres. Qn lui doit la création d’un
prétendu ordre • tofiean , qu’on a - placé-, dans
l’échellè des ordres, an degré le plus bas, comme
d’autres mépiûfes ©ïit fiait imaginer de placer au
degré le plus élevé , un. prétendu, ordre compolite
qui n’a jamais eu d’exiftence, ou du moins n’a pas
en celle qu’ on % pris, gratui tement là peine de ldi
fiippofer.
Maii l ordonnance toféane n-’eft pas de pure invention
moderne5 feulemelat,. comme on va le
v o ir , on a commis-- l’erreur de prendre pour ua
ordre à part, ce qui régit & ne, fut autrefois que
l ’ordre appelé d o r iq u e , mais pratiqué ën Etrurîe
avec quelques variétés, de p r o p o r t io n & quelques
légères modifications indépendantes de.ce lyftème
imitatif de la charpente ou des. conftrnêtiofls en
Lois, qui eonftitua le caraâère fpécial & original
de Y a r c h i t e c tu r e grecque.
Comme il importe, pour fe convaincre de- cette
identité d origine- entre; l’ordonnance fcofcane.&
-celle des Grecs , d’avoir foins les-yeux 1 efpëcimen
du temple, tolcan reftitué; d’aprèà. lès paroles du
Yitruve ,1e.lecteurenirouverale dejfin pris d’après
celui, de Piranefi, dams lbn ouvrage de là Mcigwfi'
c e n c e d e s R o m a i n s , pag. 57 f i g . 2ip)., & bous
allons rapporter ici la traduction la plus fidèle du
texte de l’architeGe romain fur les ' proportions
&. l ’ordonnaoice du temple fcofcan.
V i tm a e , l ia . I V , c h a p . 7. « On divifera en
» parties toute la longueur du temple. En relraa-
I une de ces parties-, le refte fera pour la.
L 1 è ,r de l’ddiüce ( C. D. ). Sa.longueur fe di-
| f “ en deux par-des-(E. F ..) , & a partie
1 ' 1 , ■ ,.vp ( c’eit-à-d ire , celle qui eft nnnaé-
” fera deftmée à la diftribulion des nefs
I r L L x La partie tenant à la façade ( celle
I oumérotde I ) fera ruSfervée pour la dilinbulion
I L colonnes. On divifera encore la largeur en
K dut parties ( G. H. ) , dont trois a droite , & trois
| î Juche ( 0 . I- & K- H- ) .P0“ es Pellte? neb
lîoW r a le s , ou pour'le* ailes, fi on en donne
l u temple. Les quatre parties reliâmes (L K .) E feront po« 1» » r d u md.cn. L efpace alhgne an
E pronaos qui précède les nefs , fera reparti par
Eles colonnes , de manière que celles de 1 angle
i»(L. M. ) répondent en ligne droite aux antes E oui terminent l’extrémité des murs (N. O.).
I l e , deux du milieu (F - Q- ) s'aligneront aux E mars eompris entre les antes & le miben du E temple ( R. S. ) , de forte qu’entre les antes ( N. E R. S. 0. ) &. les- colonnes dont on a parlé en pre-
■ mier (L. M. ) , on en place d’autres dans le
E même alignement'(T- Y..)k
K » Le diamètre de cés: colonnes , pris- en-bas ,
E aura la feptième partie de leur hauteur. Leur
E hauteur aura lé tiers de la largeur du temple.
E Leur diminution dans le haut, fera d un quart du I» diamètre d’en-bas. Leur bafe aura de hauteur un. I» demi-diamètre; elle fe éômpoferà. d’un focle
»circulaire, ayant, en'hauteur la moitié de là;
I » La hauteur du chapiteau, fera- d’un demi-dià-
| mètre; la .largeur de l’abaque d’un diamètre d’en-
E bas. La hauteur totale du chapiteau fera; divifée
eu trois, parties. XIne. fera donnée au tailloir où
I» abaque, une à l’échine, une àù collarin qui
B comprend l’aftragale 8c l’apophyle.
I »'Suivies.'colonnes on poferà lés tolivës â.cc.ou-
I» p lé e sdont l’épaifféur fera proportionnée à la
» grandeur de l’édificé;, & dont la Largeur fera
» c raie à celle du collarin de la colonne . Cés folives
Bferoht aflemblées à, queues d’byronde , dé mar
|» mère qu’il refie entr’elles: un. intervalle de deux
» doigts-; car. fi ©n ies laiffe; fie. toucher, fâiais que
■ lair joué èntr’eliès, elles s'échauffent,.& le bois le
B pourrit. Sur ces folives 8c’ fur la maeonnerie qu’on
B y établit, fe'projetteront les mutules dans une
B faillie égale au quart du diamètre de la colonne.'
B Leurs têtes recévront les ornemens qu’on y àt-
B tache. Au-dèffus oh.-fera le tympan,avec les froh-
l® tons, foit en maçonnerie , foit en charpente.
I » Sur lelronlonioh difpoféi-a le.camblé, les pannes.
1 * h les ais, de maniéré que le J l i l l i c i d n a n ou
1 81 égout réponde en faillie au tè r L ia r iu m ( c’eft-
B* à-dire, à la huitième partie de la totalité du
I * teélum),» (Voyez, pour l'explication du tertia-
i»wz, ce que dit Yitruve, lia. I I I , chàp. i. |
I u’eft plus facile, comme l’on voit, que dé
rétablir d’après une defcription aulfi détaillée l’o.rdoimaBce'tofcaiie
; 8c une telLereftilution ne faq,roit,
avoir rien d'arbitraire, puifque non-ieulémçnt..
l’enlèmble, mais chacune des parties qui le corn-*
pofient, for ton t néceffairement 8c d’uue manière
inconteftable des mefures 8c des rapports de proportion
que Vitruve a pris foin de nous donner
auffi tous les traduéleurs ou commentateurs de cet
écrivain, dans les figures qu’ils ont placées à côté
de fon texte ; fe font-ils unanimement accordés fur
ce-qui fait le fond de la recherche actuelle. Il y a
bien quelques dilcordances entr eux fur la maniéré
d’entendre la difpofition des colonnes dans leur
rapport avec les. antes , & tnr celle d expliquer
'le mot tertiarium, choies fort indiflerentes, 8c
même tout-à-fait étrangères à 1 objet, qui nous
occupe.
Lorfqu’il s’agit de montrer que Y architecture
d’un peuple fut la même, que celle d un autre,, c©
qu’iL faut prouver en tout,. c’eft l’identité de fyftème
entre l’une 8c l’autre. Nous avons vu dans plus
d’un article, que le fyftème grec, dans l’art de bâ* t
‘ tir , fut fondé fur l’imitation de ce qu’on a appels
la cabane , c’eftrà-dire fur la tranfpofitioia des élé-
mens, des formes, des divifions, des rapports du
boi-s 8c de la çonftruêtion en bois à Y architecture en
pierre. En effet, les diQ’emblances de fyftème en-
treles diverfes architectures^ ne confiftent pas dans,
cela, feul qaon trouve, partout des fupports appelés-,
colonnes, des traveifies, des chapiteaux 8c d’autres
parties qui font les élémens naturels de l’art de bâtir,
8c ne font par conféquent à toutes les archivée- v
tares du monde, que, ce que: font aux diverfes langues
les élémens d© la grammaire a m ver Celle.
Si le fyftème c.onfti tu tif de Y architecture grecque
' eft évidemment écrit dans, toutes les ordonnances „
8c particulièrement'dans l’ordre dorique, le plus-
ficnple parallèle vçt nous prouver, que le meme fyf-.
tème eft tout auffi clairement empreint dan? l’ ordre
1 &. dans. Y architecture des Etrufques.
Cette architecture a même cela de plus parti-cu-.
lier 8c. de plus fighifiGatif encore , fur le fait d’une
eoinfnunè origine avec c ell e d e & G rec s , que l’afage;
pofitif, St non pas feulement figuratif du bois , s y
' étoit confiervé jufqu’au temps- de Yitiîuye. Ainfi
l’entablement conluma à fe faire en bois-, par des»
folives aflèpfo'lées,. 8c le fronton fie pratiqua félon
. la méthode primitive , foit en maçonnerie,. foit en
charpente.'Le-texte de Vitruve porte expreffément
q.u’aù-deâi’us (le l ’architrave on .étàbhfloit une maçonnerie,
8c cette partie ,. qui eft ce que nous ap-
‘ î pelons ' là nous rappelle qu’ainfi dut etre
; primitivement la fri fe. des; Grecs 3, & que les inter-.
■ valles dès- folives du plafond., qu’on nomme métOn
pes, furent d: abord lai fiés vides, puifque, Gomma-
• on l’a dit ailleurs, c’eft»par un de- ces intervalle»
i qù’O reftedansXlphigéme en Tauride d’Euripide ,
i propofe à Piladé de s’introduire dans le temple de
Diane. Ces intervalles furent néceffairement rein*
! plis par la fuite en maçonnerie , ce qui donna lieu
aux ornemensqu’on y appliqua depuis. Ainfi en.