branches font très-flexibles; on le place aufli,
comme garniture, en efpalier, le long des murs
qu’on veut mafquer. Il fe prête à toutes les configurations
que le cifeau fe plaît à lui donner. On
en fait des boules, des obélifques, des arcades, &c.
I f . ( Décoration. ) On donne le nom d'i/') dans
les illuminations (voyez ce mot) , à des bâtis de
menuilerie compofée d’un poteau , autour duquel
s’affemblent en triangle, 8c par étages qui
vont toujours en diminuant de largeur, des planches
fur lefquelles on place des lampions. Il réfui
te , de l’effet pyramidal des lumières , une
forte de reffemblance avec l’arbre de ce nom, qui
fe termine effectivement en pyramide.
ILLUMINATION, f. f. C’eft, fous le rapport de
l’art, une décoration produite par l’effet des lumières.
L ’art de Y illurpination 8c le goût pour cette
forte de fpeCtacle doivent avoir exifté de tous
temps, car l’un & l’autre tiennent à l’idée de
gaieté que le contrafte des lumières avec les té-
nèb res produit néceflairement dans l’ame du
fpedateur. De tout temps on a fait des feux de
joie; de tout temps on a , dans des fêtes nocturnes
, égayé les yeux par la multitude des lumières.
On trouveroit, s’il en étoit befoin, des exemples
de cet ufage dans l’antiquité. Ainfi, dans les
Panathénées, il y avoit une foirée confacrée à un
exercice qui ne poûvoit avoir lieu qu’aux lumières.
Je parle de la courfe aux flambeaux. Dans les
grandes Dyonifiaques , la pompe défîloit prefque
toujours pendant la nuit; les toits, formés en
terïaffes, étoient couverts de fpedateurs , de femmes
furtout, ayant des lampes & des flambeaux
pour éclairer la cérémonie.
Plutarque nous apprend qu’âprès la découverte
de la confpiration de Catilina & la punition
des confpirateurs , Cicéron fut reconduit
chez lui en triomphe, & que les rues de la ville
étoient éclairées, chacun mettant des flambeaux
& des torches allumées fur toutes les portes.
Ce font là des illuminations naturelles, c’eft-à-
d ire , fans ar t, & de la nature de celles qui
ont encore lieu partout, lorfque quelque fête ou
quelqu’événement excite les habitans d’une ville
à éclairer leurs maifons eh dehors, ou à forlir & ;
parcourir les rues, avec des lumières, comme,
par exemple, cela fe pratique à Rome, dans la
dernière foirée du carnaval.
Mais l’art de l 'illumination qui confîfte à produire
des décorations, par l’effet,des lumières, ne
fut pas inconnu chez les Anciens, & un trait de
i ’hiftoire d’Antoine & de Cléopâtre nous fait
voir que ce luxe, connu dès-lors en Orient, ne
ne l’étoit pas à Rome c ’eft ce que prouve l’étonnement
d’Antoine. « Cléopâtre,arrivée dansTarfe,
» invita Antoine à fouper; le repas fut fuperbe ,
» & la falle magnifiquement. parée. Mais ce qui
» frappa le plus Antoine, ce fut le nombre & 1
» difpofition des lumières; elles y étoient pV0(j-a
» guées, mais avec ordre , formant des delTms&
» des compartimens ; ici en lofange, là en cercl
» en forte que l’effet en étoit charmant &nr/
»• fentoit un très-beau coup d’oeil. » (PlutarrrL'
Vie de Marc-Antoine, )
Nous ignorons jufqu’à quel point ce genre de
décoration a pu fe répandre & devenir ufnel ■'
Rome. Chez les Modernes, il y a long-temps qu’il
eft en vogue, & il entre dans la plupart des diver-
ùffemens qu’occafionnent les fêtes publiques &
particulières.
Le fond ou le fupport de ces décorations eft
tantôt un édifice ré e l, tantôt une conftruâi0n
temporaire , qu’on élève exprès pour recevoir
Y illumination _, qui fe compote foit de lumières I
en tranfparent, c’eft-à-dire, renfermées dans des 1
corps diaphanes, foit de lampions, foit de lanternes
de verres de différentes couleurs, que la
lumière qu’elles contiennent réfléchit; ce qu’on
appelle illumination de couleur.
La plus célèbre des illuminations fur des édifices
réels eft, fans contredit, celle qui a lieu pour
la fête de Saint-Pierre à Rome, autour de la coupole
de l’églife de Saint-Pierre. Tout le dehors 1
du dôme fe trouve deffiné par un arrangement de I
lumières qui en^ répètent & en "font diftinguer
toutes les formes & tous les détails. A celle première
illumination en fuçcède une autre, formée
de pots à feu, clont le grand éclat fait difpa-
roitrè l ’effet doux & léger de la première, & en
un clin d’oeil, par la promptitude du fervice>la
coupole femble changer de forme & prendre celle
de la thiare pontificale.
Quant aux illuminations qui,ont lieu fur des
batimens temporaires,-'il fe donne peu de fêtes
publiques où l’on n’emploie avec plus ou moins !
de dépenfe cette forte de décoration. C’eft alors
le fait de l’architeèle , d’imaginer des monumens
analogues à l ’efprit de la .fêle, comme tantôt des
temples de la paix , de l’hymen, & tantôt des arcs
ou des portiques, & c ., dont les colonnes, lesen-
tablemens, les formes & les détails font exprimés
par l’effet varié des lampions, desla d ternes, des
Iranfparens , & autres procédés qui s’adaptent à
toutes les combinaifons de l’édifice. Les vides,
les entre-colonnemens & - autres efpaces fembla-
bles fe rempliffent par des luftres, des ifs,&c.
L ’art de ce genre à?illumination eft d’employer
des lumières plus ou moins vives-, plus ou moins
douces, félon la • nature de chaque objet, ce qui
.produit , avec le mélange des. verres colorés, un
fpeâacle agréable aux yeux.
On trouve dans beaucoup de recueils de fêtes
publiques , des dellins d’illuminations qui peuvent
donner l ’idée de ce genre de fpeclacle.
IMAGE, f. f . Synonyme d’idée* ( Voyez cô
mot,)
I M A
, , f. f. Ce mot fignifie, au propre, la re-
! irratat’ion d’un objet quelconque | exécutée par
f ’ Ju üeflin, art entendu dans tout ce qu il com-
„ L & embraffe de manières propres à repro-
5°:re les objets même fanlaüiques. I
T ne image peut être la repréfentation d un
L e t dénué de réalité. Tout ce que notre efpnt
[ , fe figurer au moyen de cette faculté, quou
Lfip-ne par le nom d'imagination, prend des
I formes vifibles fous le pinceau ou fous le cifeau de
l’irtifte. Les êtres furnaturels, à qui les nations
naïennes de l’antiquité attribuoient le foin & le
Gouvernement de la nature & des hommes, ont
leu des images depuis les fiècles les plus reculés.,
I & rien n’atemblé, au vulgaire, prouver autant
Il’exiftence de ces êtres que le s images matérielles
I (idola) qu’ils envoyoient, & auxquelles ils reniaient
un culte. De-là, l^mot image ainfi que le
lurec éidolon, ont été pris dans une figmlicalion
plus reftreinie y & ont défigné particulièrement
■ toutes les reprétentations qui lont 1 objet d un
■ culte religieux. ' . . . 0 ,• I La religion de Moife les profcnvit, & te pre-
I mier précep te "du Décalogu e porte une détente
labfolue de traeer des images de tout objet exil-
I tant dans la nature. Cependant, cet efprit d înn- I unionqui eft fi naturel aux hommes,, fit admettre
■ quelques exceptions à la loi divine , meme du
■ vivant de celui qui l’avoit promulguée^ Nous
■ voyons dans, l’arche fainte & dans le tabernacle
■ de Moife, des images de chérubins, & des rmila-
I tions de fleurs ou de fruits. Cette tolérance s éten-
■ ditparla fuite. Dans le temple de Salomon, dés
■ taureaux de bronze foutenoient le baflin des ablu-
■ tions,& dans le palais de ce meme P rince, des
■ lions d’or Jormoient l’ornement du trône des rois
■ d’Ifraël.
■ Vers le même temps, le goût des Grecs, en
■ préfentant comme objet de culte les formes épu-
I rées des primitives idoles,portoit peu à peu les arts
1 du defïin -au point de perfedlion qu’ils acquirent,
| & donnait aux images le pins haut crédit.
I La religion chrétienne, entée fur la religion ju-
! (laïque, & fuccédant à la religion païenne, dut
■ être portée à exclure les images de fon culte, &
■ portée aufli à les y tolérer. Ennemie implacable de
■ 1 idolâtrie , elle confacra, dans les premiers temps,
I celte averfion pour les images dont Moïle avoit
■ donné le précepte & l’exemple. Cependant, comme
ce précepte ne fe trouvoit point répét é dans 1E-
vangile, & comme elle reconnoiffoit un homme
dieu, les premiers'chrétiens ne fe firent point
ÜQ fcrupule de reprétenter par des images , quel-
ques objets fymboliques, tels que la colombe & le
•poiffon, emblèmes de la rédemption - & du bap-
teme, & lé fymbole de la croix qu'ils relrouvè-
rcnt dans la réunion de deux lettres grecques qui
font les initiales du nom du Chrift, & en forment
‘C monogramme. Enfin, on attribue à cette an-
8i de quel que s martyrs , retracées par des incruf-
tations en o r , dans le fond circulaire des coupes
de verre employées au fervice des agapes ou fe s tins
fraternels.
Le nombre des chrétiens augmentant de plus
en plus , on avoit commencé , dès ayant Conftan-
tin , à orner d'images peintes les l'allés où fe
tenoient les affemblées religieufes. La crainte de
la profanation rendoit alors allez rare l ’ufage de
peindre les objets de la vénération des chrétiens
fur les parvis de leurs églifes, c ’eft-à-dire , de
retraites qui pouvoient être expofées aux infultes
d’une populace idolâtre. , v
Mais , au commencement du quatrième fiecle,
lorfque, fous Conftan tin-, la religion de-la croix
devint dominante, & que des églifes formées fur
le modèle , non des temples , mais des bafiliques
païennes , furent bâties avec magnificence 8c décorées
avec ricbeffe, les images ne tardèrent plus
à y prendre place & à faire partie de leur décoration.
On orna de peintures, de fculpturës &
même de mofaïques, l ’intérieur des nouvelles bafiliques,
furtout celte partie fituée à leur extrémité,
qu’on apelloit apjîs (voyez ce m o t), ou
voûte hémifphérique.
Les premières images qui furent placées fur les
autels, en c o r e ifo lé sn ’éloient que des ornemens
qui enrichifloient la couverture des livres d é—
glife. Ces images, à l’imitation de celles des dyp-
tiques profanes, étoient ordinairement fculptées
fur ivoire , & elles prirent aufli le nom de dyp-
tiques. On en exécuta bientôt qu’on plaça perpendiculairement
fur les autels, comme objets offerts
à la dévotion des fidèles, & on les éleva fur des espèces
de gradins qu’on plaçoit en tête des autels.
Des images peintes y furent aufli expofées, & devinrent
bientôt ce qu’on appela des retables> lorf- -
que les autels ceffèrent d’être ifolés.
Ces tableaux confervèrent long-temps des traces
de leur origine : ce que témoignoit leur di~
vifion en plufieurs pans, ainfi que les charnières
qui uniffoient ces panneaux & qui -permettoient
de les fermer ou de les ouvrir, non plus à la manière
d’un livre , mais à l’imitation d’une armoire.
L’ufage s’en eft confervé jufqu’à des époques allez
reculées. Des tableaux en forme de portes, exécutés
par des ar liftes flamands, rappellent encore
l’idée des anciens dyptiques.
Au refte , dans les premiers fiècles qui fuivirent
la paix de l’E glife, l’ufage des images làcrées
étoit généralement répandu. On en failoit meme
des ftatues de ronde boffe. Les écrivains byzantins
nous parlent de ftatues coloflales de Jélus-
Clirift & de la Sainte-Vierge, expofées à Conftan-
linople. La figure de bronze repréfentant famt
Pierïe aflis, qu’on voit à Rome, dans la bafilique
rmi nnvtp. fon nom, qui porte Ion nom 7 .e. ft un ouvr.age du fixième
fiècle. Elle fut faite avec le bronze de la ftatué de
Jupiter vengeur, qu’on avoit vu.autrefois dans
le Panthéon d'Agrippa.