
de cette conduite d’eau par les campagnes qu’elle
fertiliferoit. *
Il paroît qu’un travail du même genre avoit été
commencé au lac d’Averne, & que ce conduit que
1 on montre aujourd’hui comme menant au foi-
dilant antre de la Sybille, ne fut qu’une tranchée
ouverte à un canal qui auroit reçu les eaux de
] Averne. On fait que Néron avoit entrepris de tirer
de ce lac un canal navigable de 160 milles romains,
lequel devoit être allez large pour que deux trirèmes
pu fient y pa fier de front. 11 vouloir réunir ainfi
llome à Baies. Si ces projets ont exifté, il falloir
le procurer une quantité d’eau fuffifante pour alimenter
un tel canal. Il étoit très-naturel de l’aller
prendre dans les lacs qui avoifinent Baies. Ainfi ,
les tranchées qu’on découvre auprès du lac d’Averne
n auront eu d’autre objet que de donner ouverture
a lies eaux pour les jeter dans le canal projeté. On
lait encore que ces projets avortèrent. Mais on
ignore jufqu où peut s’étendre la tranchée en
cpeition1 ; car il paroît que des éboulemens furvenus
a peu de diftance de l ’entrée , l’ont depuis longtemps
rendue impraticable.
EMPANON. ( Voyti chevron de croupe ).
EMPATTEMENT, f. m. C ’eft une plus épaiffeur
oe maçonnerie qu’on laifle devant & derrière dans
le fondement d’ un mur de face ou de refend.
EMP LA C EM EN T, f. m. Place à bâtir, efpace
ce terrain dans lequel on peut faire bâtir.
EMPLACEMEN T, ( jardinage) . C ’eft le lieu
fu r leque! dou etre planté .& d.fpofë un jardin.
C e lt en quelque forte la toile fur laquelle doit
peindre l artifte jardinier.
Il y a deux parties à diftinguet dans l 'emplacement
le terrain & le fite.
Le fite eft le tableau en grand qu’offre l’enfemble
du terrain. C eft de cet enfemble qu’il reçoit un
caractère déterminé , c’ eft du mouvement & du
jeu combine de fes diverfes parties qu’il tire fon ex-
preflion.
A 1 égard du terrais, on fe perfuadetrop facilement
que (es formes font arbitraires, parce qu’elles
(onnrregulieres & d’une grande diverfité. On croir
qu a tout hafard on ne peut manquèr de les imiter,
en évitant les lignes droites & les contours trop fy-
métnques. C ’eff une erreur. Il faut beaucoup plus
d etude qu on ne penfe pour fuivre les principes de
la nature dans la difpofition ou la configuration d’un
terrain. Ce qu on doit rechercher avant tout c’eft
les râlions de la nature & les moyens qu’elle met
en oeuvre pour donner telle ou telle forme à tel eu
xzl emplacement. Ces règles font très difficiles à faifir
«t le (eroient encore plus à développer. Elles s’at-
quterent par l’expérience , & ia théorie eft très-
tniunilarte en ce genre.
Ceçi s’applique Çurtout aux cas où i ’artifte jatdinier
doit façonner lui-même fon terrain & cr^
fon emplacement. En vain, toutefois , croira-t !
pouvoir faire fubir à une plaine les-changement J-
y produifent les accidens d’un terrain montueuv'
En creufant i c i , en exhauffant là., il parviendra
bien à la rendre inégale. Mais il n’aura pas établi
cette tendance générale , cette corrélation que I,
nature obferve dans les pentes & dans les combinai,
fons du fol. Malgré les reffources de l’art & toutes
fes dépenfes, l’oeil fentira bien vite le trait & la C0r.
refpondance du niveau dans les points qui n’auronj
pas fouftert le travail. L ’oeuvre de l’homme femon^
trera au lieu de celle de la nature , & le fpcéfateur.
ne verra dans ces déblais & ces remblais qUe des'
creux ôf des buttes,où il croyoit trouver des coteaux.
, & des vallons.
j v Si les formes du terrain ne font pas un jeu du
hafard, fi elles ne font pas nées du caprice, fi au
contraire, elles font, ainfi que l’obfervation le'démontre,
le réfuitat de l’adion & de la réaâiondê [
certains a g en s il s’enfuit que le choix ne doit pas
en être livré à la fantaifie , qu’elles font foumifesà
des règles , & que lorfqu’on eft obligé de créer ces
formes on doit rejeter toutes celles qui ne paraiflent
pas l’effet néceffaire d’une caufe physique.
Quant au choix de l’emplacement, il comporte
peu de préceptes, & il fe fonde fur ce qu’exige la
fanté & fur ce qu’enfeigne l ’économie rurale. Il
faut un air fain que n’altère le voifinage d’aucun
marais, d’aucune eau croupiflante. Il faut un fol
fertile, ^de l’eau à proximité. Il faut un lieu qui
puilte être embelli fans trop de travail & de dé-
penfe , qui puiffe acquérir des vues libres, & ait
pour afpeft des objets variés & riches des dons de
la nature.
En général, il faut choîfir un emplacement divifé
en plaines , en montagnes , en collines & en vallons, i
Un emplacement qui ne confifte qu’en plaine eft trop
uniforme, &les variations que l’art fait y introduire
font trop difpendieufes. Un payfage montueux, oa
paifèmé de collines, offre bien plus de diverfité
dans fes inégalités, dans les coudes & les penchans
du terrain, plus de grandeur & de variété dans fes.
afpeéts , plus de liberté & de hardieffe dans les
Situations des arbres, plus de vie dans les ruifTeaux
& les cafcades, qui ne repofent jamais. Aux moindres
mouvemens du fpeâateur, lesobjets fe montrent
fous des.formes nouvelles, les fituations varientfans-
ceffe , les fcènes fe fuccèdent rapidement , & ces
tranfitions s’opèrent tantôt par des paffages fimples
& préparés > tantôt par des changemens brufques &
fubits.
Il faut principalement rechercher quel eft le caractère
naturel du canton que l ’on veut changer enL
jardin, afin d’en tirer tout le parti poffible. Conr
bien de jardiniers cependant font, leurs plans &
leurs deflins avant de favoir où doit être placé la
jardin. Si la nature, par fa propre difpofition , n’a
pas fourni les grands caractères, & n’a pas ordonné
les principales maiTes d’un payfage , il faut y r.e.~
oncer. Il n’eff pas au pouvoir de l’homme de créer
les matériaux d’un véritable jardin. L’art peut aider
à la nature , mais ne fauroit la fuppléer. On ne
la refond pas, on la fait encore moins.
Si le caraétère naturel de Remplacement eft agréable
& ouvert, on parviendra peut-être à force de
remuement, de déplacement de terre , à force de
plantations * à le rendre mauffade & olftrué, mais
jamais fombre& myftérieux. A-t-il une expreflion
forte & hardiment prononcée, on l’affoiblira ou il
reftera fans effet & la ns accord.
Que l’artiltè fe garde donc de vouloir créer en
déoit de la nature, & d’en prétendre changer les
caraâères. Qu’il ne dife pas, ici je ferai une montagne,
là un vallon ? Se flatter oit-t-il de faire illu-
fion par quelques brouettées de terre qu’il appellera
montagnes , par quelques rocailles maigres ôc méthodiquement
conftruites en moëlons, qu’il donnera
pour des rochers, par une rigole tortillée de quelques
pouces de largeur, qu’il gratifiera du nom
faftueux de rivière.
Si tous les moyens humains font réellement in-
fuffifans pour fabriquer en grand un fite de quelque
importance fur l’échelle vraie de la nature, l’artifte
qui en aura étudié les principes, s’affujettira à la
marche du terrain fur lequel il fe proposera de travailler.
Il n’y projettera que l’efpèce de jardin que
Y emplacement comporte. 11 cherchera à féconder, a
renforcer fon caraétère, à en rendre les effets plus
fenfibles & plus déterminés, à façonner le terrain
ôc non à le refaire.
S’il eft pauvre, qu’il l’enrichiffe par des accidens
analogues & bien placés. Qu’il établiffe des liaifons
s’il eft incohérent.. Qu’il mette enfemble le terrain
& les objets qu’ il lui affocie. Qu’il compofe un tout
fans défunion ni difeordance, dont les parties foient
dans les vrais rapports de là nature.
L’artifte jardinier a , fans doute, le droit de corriger
ou de voiler les défauts de fon emplacement.
Ces défauts n’en font pas pour la nature qui travaillé
en grand & à des intentions fouvent fort
étrangères aux intérêts du payfage, & de l ’efpèce
deplaifirqu’on veutobtenir d’un jardin. L’art évitera
toutefois de fe rendre trop fenfible dans fes correctifs.
En voulant tout parer , tout nettoyer, on produit
de petites chofes , on ôte à l ’enfemb.le cet air
de négligence & d’abandon qui conflitue la vérité.
Il faut bien fe garder de détruire inutilement les
objets naturels qui fe trouvent dans un emplacement.
On parvient plutôt & plus heureufement à fon b u t,
en fécondant la nature par de légers changemens,
& des additions modérées, qu’en enlevant tout ce
qu elle a fait croître. Bien des chofes q u i, au pre-
uiier.coup-d’oeil, paroiffent fuperflues ou nuifibles,
peuvent fe fondre agréablement avec un nouveau
plan. Un arbre , dont un demi fiècie a formé le jet
juperbe, eft fou vent facrifié fans raifon, mais non
ans l}ne efpèce de facrilége. Qui ne voudroit épargner
jufqu’â ce chêne centenaire , avec fon tronc
ïicatrifé & fes bras en partie defféebés?
On ne doit poir.t outrer ces préceptes & aller
jufqu’à la fuperftition. Tout ce qui intercepte un
afpeéf agréable , tout ce qui eft difparate , tout ce
qui fe refufe à entrer dans un plan général d’em-
belliffement, doit être facrifié; mais rien ne doit
l’être fans néceflïté.
Il feroit difficile de donner quelque règle fixe fur
les bornes que doit avoir Remplacement. Elles font
foumifes à beaucoup de variations dépendantes en
partie de la nature du canton, en partie de l’ordonnance
& de la deftination du jardin même ,
objets qu’il faut avant tout confulter. Cependant,
on peut avancer en général qu’il ne faut pas trop
affujétir ces limites à une figure déterminée, qu’elles
ne doivent pas être trop prononcées, qu’elles font
plus agréables lorfqu’elles vont fe perdre infenfi-
blement dans le vague du payfage environnant, que
lorfque des lignes quelconques en défignent trop
clairement la fin. Un jardin, dont les bornes font
dérobées, paroît non-feulement plus naturel,mais
auffi plus grand. On n’aime pas à voir le terme d’un
lieu qui eft agréable. L ’idée que, parvenus à ce
point, il faudra rebrouffer chemin, nous importune.
Mais une vue qui fe déployé fur des objets qui
s’offrent à nous dans le lointain , fatisfait le befoin
qu’a l’imagination de fe promener dans des efpaces
infinis. L’ame fupporte l’idée de clôture plus difficilement
que le corps n’en fouffre la réalité. Tout ce
qui tend à borner les afpeéts d’un jardin , doit
préfenter encore l’air de n’être pas fini. Une forêt,
une prairie, un lac en feront les bornes les plus
agréables. Outre que ces objets plaifent en eux-
mêmes, l’oeil s’y fixe avec complaifance, parce qu’il
y trouve de l’occupation & de l ’amufement. Il eft
des jardins d’un genre mélancolique, auxquels uné
enceinte clofe peut convenir. De hautes montagnes
ou des forêts rapprochées en feront l'encadrement
le plus naturel.
J1 n’y a pas de règle à donner fur l ’étendue de
Vemplacement. Ses propres convenances, les facultés
du propriétaire , le goût de l’artifte peuvent feuls la
déterminer.
EMPLECTON, ( conflru&lon ). Mot grec qui
défigne une efpèce de maçonnerie dont parle Vi-*^
truve ( /. % , ch. 8 ). Pour la bien connoître, il faut
rapporter les propres paroles de cet auteur. Les
Voici : Altéra quam epeorKsitrov vocant quâ ttiam
nofiri rufiici ûtuntur : quorum frontes poliuntur, re-
liqua ita uti funt nuta cum mattria collocata alternis
attirant coagm’entis. Sed nofiri celentati fiudentes
eretta coda tocantes frontibus Jerviunt, & in media
farciunt fraSlis feparaùm cum materia cezmentis, ita
très fujcltantur in ed flructurâ crufloe, duce frontium,
& una media frafturoe. Greci vero non ita , fed plàna
collocantes, & longitudines coriorum , alternis coag-
mentis in crajjitudintm infirmâtes, non media far-
ciunt, fed è suis■ - frontatis petpetuum & in unatrt
crajfitudinem parictem cpnj&lidont, & preeter calera
interponunt Jingulos perpétua crajjitudine uiraquç